Chapitre 15

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Le lendemain assez tôt nous prenons la voiture pour aller voir nos parents. Comme nous avons peu de temps avant le départ, nous avons choisi de nous séparer pour deux jours. Je dépose Chloé chez sa mère et son beau-père. En effet sa maman s'est remariée quelques années après le décès de son père. Chloé n'a pas vraiment d'atomes crochus avec celui qui a remplacé son papa, mais elle fait des efforts pour se montrer agréable, car elle voit bien qu'il rend sa mère heureuse. Après avoir dit bonjour à toute la famille, je reprends la voiture direction la maison de mes parents qui se trouve à quelques minutes.

Lorsque je franchis la porte, ma mère m'accueille avec un grand sourire et me serre très fort dans ses bras. En la regardant je ne peux m'empêcher de me dire qu'elle a conservé toute la beauté de sa jeunesse et que mon père a dû vraiment être fier de l'avoir à son bras pendant toutes ces années. Je me tourne ensuite vers lui et sens mon sourire disparaître en l'apercevant avachi au fond de son canapé. Il a le visage marqué et semble très fatigué. Lorsque je vais le voir pour lui dire bonjour, c'est à peine s'il se tourne vers moi.

Nous n'avons jamais été réellement proche lui et moi, il a toujours eu une réserve qu'il n'y avait pas avec ma mère. Mais pour autant je l'ai toujours connu dynamique, toujours en train de faire quelque chose, si bien que de le voir comme ça ne peut que m'interloquer. Je lui demande donc comment-il va.

Il me répond avoir attrapé un mauvais virus il y a quelques jours et avoir du mal à récupérer depuis. Puis avec un sourire affectueux, il me demande de lui raconter la vie à la grande ville. Je commence donc à lui faire un résumé de ce que j'ai vécu depuis la dernière fois que je l'ai vu. Mais rapidement je vois que son attention baisse et il finit par m'interrompre en me disant qu'il a besoin d'aller se reposer.

Je me retrouve donc seul avec ma mère. D'un ton accusateur je lui dis :

-T'aurais pu me prévenir que papa n'allait pas bien, je serais rentré plus tôt.

-C'est lui qui ne voulais pas que je t'en parle, il ne voulait pas t'inquiéter.

-Comment il va, c'est juste un virus qui le met dans cet état ?

-Il ne me dit trop rien, mais je crois oui, il a fait une grippe qui a été très costaude il y a 15 jours. Il est monté à plus de 41°, depuis il ne récupère pas, je crois qu'il va lui falloir du temps. Mais tu le connais il ne me dit pas grand-chose. Et on récupère moins bien à 55 ans qu'à 25. Et toi comment vas-tu ?

J’hésite à lui parler de l’agression que nous avons subie, mais j’imagine qu’avoir mon père dans cet état doit fortement l’inquiéter et je ne veux pas rajouter à ses soucis, d’autant plus qu’elle ne pourra rien y faire. Et puis ça m’obligerait à rentrer dans des détails de notre vie intime que je ne me sens pas d’aborder avec elle.

-Avec Chloé tout va bien, nous avons des petites tensions de temps en temps comme n’importe quel couple, mais nous sommes toujours aussi amoureux. Au travail pour moi cela va bien aussi, d’ailleurs le week-end dernier j’ai rencontré le fils de la patronne, nous avons bien accroché ensemble et il nous invite dans sa maison en Grèce pour les vacances.

-Pierre-Jean c’est cela ? Sa mère est au courant que vous avez été invités par lui ?

-Oui c’est même elle qui l’a proposé pendant la soirée, elle a eu une discussion animée avec Chloé et voulait qu’elle découvre les bienfaits d’une vie de luxe, pourquoi ?

-Pour rien, la curiosité c’est tout. Mais du coup nous n’allons pas beaucoup vous voir pendant ces vacances ?

-Non c’est pour ça que nous sommes venus aujourd’hui, allez raconte-moi les derniers potins de la famille.

Pendant que ma mère s’épanche sur les dernières nouvelles des oncles et tantes et de leurs enfants, je vois à son visage qu’elle semble contrariée. Ce qui n’était pas le cas quelques minutes auparavant. Je finis par lui demander :

-Quelque chose ne va pas maman, tu me sembles soucieuses ?

-Non c’est rien c’est juste que j’aimerai bien que ton père récupère un peu plus vite. Il n’est plus en état de faire grand-chose, il dort beaucoup et je me sens un peu seule. J’espérais que le fait de t’avoir à la maison lui redonne un petit coup de boost, mais là ça tombe à l’eau.

-Tu veux que nous annulions, c’est toujours possible tu sais.

-Non surtout pas, profitez au contraire. Et puis annuler comme ça au dernier moment cela te mettrait dans une situation délicate au travail. Mme Chapelier si elle n’a pas changé peut être particulièrement rancunière et si son fils en vient à se plaindre que tu lui as fait faux-bond qui sait comment elle réagira. Oublie ce que je t’ai dit et envoie des photos de vos vacances, ça m’aidera à penser à autre chose.

Elle passe ensuite à un autre sujet et la journée file à la vitesse du vent, d’autant plus que mon père ne pouvant s’occuper de l’entretien courant de la maison, un certain nombre de corvées étaient restées en suspens et qu’en bon fils, j’ai décidé de me mettre au jardinage, histoire de décharger mes parents de ce souci-là. Le fait de travailler m’aide à me vider la tête des miens, même si les douleurs dans mon corps viennent me rappeler l’agression que nous avons subi.

Le soir après avoir mangé les meilleures lasagnes du monde, j’essaie de nouveau de prendre un temps avec mon père. Il me remercie du travail que j’ai abattu dans la journée et m’explique à quel point il se sent désemparé de ne pas pouvoir récupérer aussi vite qu’il le voudrait. Je lui conseille de retourner très vite voir le médecin. Il me promet qu’il le fera. J’espère qu’il tiendra parole, il a toujours eu une peur panique du corps médical.

Je vais ensuite me coucher et je ne sais pas si c’est le fait d’être revenu dans la maison de mon enfance, mais cette nuit se déroule sans cauchemars.

Je me lève donc relativement frais le matin, mon père qui semble aller un peu mieux s’est rendu à la boulangerie chercher du pain.

J’en profite pour redemander à ma mère si elle veut que nous annulions nos vacances pour que je reste avec eux. Elle me répond :

-Non pars plutôt avec Chloé, tu ne vas quand même pas te priver de vacances en Grèce avec Chloé pour nous, je vais gérer ne t’en fais pas, ta mère est forte. A ton âge tu as d’autres choses à faire que de passer tes vacances avec tes parents. Envoie-moi plutôt des photos, ça m’aidera à voyager.

Une fois le petit déjeuner avalé, je pars récupérer Chloé. Sur le chemin du retour nous débriefons nos journées respectives. Chloé ne peut s’empêcher de dénigrer les comportements qui l’ulcèrent chez son beau-père. Je sais (et je pense qu’elle aussi), qu’il n’est pas un mauvais homme, mais cela lui permet sûrement de diriger la colère liée à la mort de son père et peut-être celle liée à notre agression sur quelqu’un. Je me contente donc de l’écouter et de l’approuver quand elle me demande mon avis, ne voulant pas déclencher un conflit inutile.

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