Chapitre Trois : Les valeurs écrit par Florence Tachoire

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Chapitre Trois : Les valeurs écrit par Florence Tachoire

Ouais, je m’appelle Joseph.

Je me répète cette phrase pour ne pas oublier que je suis un être humain même si l’on donne aussi des prénoms aux animaux de compagnie. Comme mon Jojo.

Jojo c’est moi en version canine, docile, gentil, mais faut pas lui marcher sur les pattes sinon il mord.

Joseph… Joseph a froid.

Ouais, je parle de moi à la troisième personne pour me séparer de cette carcasse qui n’a plus rien à voir avec celui d’avant.

Cette nuit on m’a piqué mon fric. Trop bourré pour réagir. Trois jours de manche. On m’a dit qu’il y avait une tente, pas loin, près d’un bois. J’irai faire un tour, s’ils m’acceptent, je serai plus en sécurité, mais je devrai partager mon argent et je suis sûr qu’il y aura un tire-au-flanc. Les profiteurs sont partout.

Et Joseph n’aime pas ça…

C’est comme ce jour où j’ai cassé le bras de ce fainéant de Bernard. Il l’avait cherché ! Encore une cicatrice bleue… Je crois bien que tout est parti de là. Le patron m’a alors proposé un premier deal et si j’avais refusé peut-être que l’histoire serait différente. J’ai fait un saut dans le vide ce jour-là. J’ai accepté d’aller à l’encontre de mes valeurs. Pourquoi ? Parce que chaque microcosme a ses règles et pour y rester on doit courber l'échine. Après c'est facile, on se laisse glisser. Je suis rentré dans le moule. Pris au piège, j'ai obéi aux ordres. Chaque matin je laissais mes valeurs au vestiaire.

Je bois pour oublier toute cette m… Là encore je me laisse glisser.

Comment je vais faire pour nous trouver à manger sans fric ? Je garde les poubelles en dernier recours. La dernière fois j'ai été malade pendant trois jours. La boulangerie ce sera pour une autre fois, l’odeur des croissants va me rendre dingue. Y a un distributeur, à deux rues. Je vais y aller faire un tour. Tant que les gens ont le porte-monnaie ouvert faut en profiter. C’est incroyable, non ? À croire que ce geste demande un effort surhumain.

Joseph en a ras la casquette, comme disait sa grand-mère. Cicatrice bleue…

Je suis épuisé et Je n’arrive plus à écrire, ma main tremble tellement. Je vais la réchauffer dans les poils de Jojo. Le pauvre chien n’a que les os et la peau et il se gratte sans arrêt. Il doit avoir des puces.

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