Chapitre 7 (dimanche 19 mars 2017, suite)

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Et voilà, le match est déjà terminé et je dois bien reconnaître que je me suis bien amusé ! Certes la présence d'Arthur n'y est pas pour rien mais je me suis surtout laissé prendre par l'ambiance et l'enthousiasme contagieux du public.

– Alors comment tu as trouvé le match ? me demande mon camarade, pendant que l'on marche pour rejoindre sa moto.

– Génial ! J'ai vraiment passé un super moment. Merci encore pour l'invitation.

– De rien, c'était cool de venir au stade avec toi. Au fait, tu peux me dire la vérité, tu n'y connais pas grand-chose au foot, non ?

Je crois que je suis grillé, mais je vois à son sourire qu'Arthur ne m'en veut pas de lui avoir menti.

– Franchement t'es injuste ! J'ai passé une bonne partie de la journée à apprendre les règles et à me renseigner sur l'OL et j'ai même acheté l'écharpe ! Et puis franchement, je reviendrai avec beaucoup de plaisir.

Bon, je n'ai pas osé ajouter que c'est avec lui que j'aimerais bien y revenir, mais peut-être que mon regard et mon grand sourire auront aidé à transmettre le message.

– Ok, ok ! répond Arthur en rigolant. Tu mérites même un p'tit McDo pour récompenser tous tes efforts. Enfin, si ça te dit ?

– Ça me va ! J'envoie juste un message à ma mère pour la prévenir mais je ne pense pas que ça posera de problème.

On se dépèche de récupérer la moto et de rejoindre le fast-food, pour arriver avant la masse des suporters. Arthur passe la commande et paie pour nous deux, et nous nous installons à une table, avec deux plateaux bien garnis. On commence à manger tout en discutant du match. Après plusieurs hésitations, je me décide enfin à lui poser la question qui revient régulièrement dans ma tête depuis vendredi.

– Je peux te demander quelque chose ?

Il a la bouche pleine et se contente de hocher la tête en me fixant du regard attendant la suite. Et là, c'est un peu panique à bord. Alors que l'instant d'avant, j'étais bien sûr de pouvoir lui demander, maintenant je cherche désespérément quelque chose d'autre à dire.

– Euh... ça fait longtemps que t'es fan de l'OL ?

Ok, ce n'était pas ça la question, je me suis dégonflé. Je suis vraiment nul, tant pis je lui demande.

– En fait, je voulais savoir pourquoi tu m'avais invité, moi ? On ne se connaît pas et on ne peut pas vraiment dire qu'on s'entende bien. On ne s'était même pratiquement jamais parlé avant... avant... la piscine, et il y a plein de tes potes avec qui tu traînes tout le temps qui sont sûrement fans de foot.

Je réalise un peu tard que je lui ai coupé la parole, il avait commencé à répondre à ma question précédente, mais au moins j'ai dit ce que j'avais sur le cœur.

– T'es content d'être venu, non ? me répond-il avec d'une voix un peu agressive.

– Si, bien sûr... mais pourquoi moi.

Arthur me jette un regard noir. Je crois que finalement j'aurais mieux fait de me taire car dans tous les cas je ne crois pas que j'aurais la réponse dont je rêvais. Il ne dit rien de plus et un silence pesant s'installe. J'ai beaucoup de mal à avaler la suite de mon repas et je cherche désespérément un sujet de conversation qui puisse nous permettre de reprendre une discussion plus neutre.

– Je crois bien que je suis gay.

Et merde, comme souvent lorsque je commence à paniquer, j'ai fini par dire la première chose qui m'est venue à l'esprit. C'est vrai rien de tel qu'un coming out pour lancer une discussion plus neutre.

Les secondes passent et pas un mot de sa part. Il se lève pour aller vider son plateau et pour la première fois depuis au moins cinq minutes il me regarde dans les yeux.

– Pas moi, me dit-il, avant de sortir du fastfood.

Voilà, je voulais une réponse et bien j'en ai une, même si ça n'explique pas pourquoi il m'a invité. Mais pour l'instant je n'arrive pas à réfléchir, j'essaie juste de ne pas pleurer. Quelques larmes coulent quand-même le long de mes joues, c'est trop dur. J'attends encore quelques instants pour me lever et je le rejoins dehors. Il me tend mon casque, alors que le sien est déjà sur sa tête me cachant son regard que je cherche désespérément à capter. Je renonce et je m'assois derrière lui.

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