Chapitre 25 (mercredi 29 mars 2017, suite)

4 minutes de lecture

Il est vingt-et-une heures trente et je suis allongé dans mon lit depuis presque une heure. Il est rare que je me couche aussi tôt, mais la fin de journée a été chaotique. J'ai échangé deux ou trois messages avec Arthur, mais il a dû partir en urgence au resto où il travaille. Un de ses collègues ne se sentait pas bien et son chef lui a demandé s'il pouvait assurer la fin du service. Il n'était pas obligé mais son patron est super sympa et en plus, comme il m'a écrit, ça lui fera un bon repas gratos à la fin.

Malgré la fatigue, je n'arrive pas à dormir. Il faut dire que la discussion à table avec mes parents a été vraiment éprouvante.

Pourtant, l'après-midi s'était bien terminé. Arthur était resté encore une petite heure chez moi, pendant laquelle nous nous étions contentés de quelques petits câlins. Après la frayeur que nous avions eue, et sachant ma mère toujours en bas, il était hors de question de prendre le risque de se faire griller. La fin de journée m'a d'ailleurs prouvé qu'il valait mieux que nous soyons prudents et que mon idée d'annoncer assez rapidement mon homosexualité à mes parents, avait du plomb dans l'aile.

J'avais ensuite raccompagné mon amoureux dehors et il avait poussé sa moto sur quelques dizaines de mètres pour qu'on puisse se dire au revoir, dans un endroit un peu isolé de ma rue. Nous avions reparlé un moment de son idée de venir dormir chez lui le samedi suivant et puis nous avions prudemment échangé un petit baiser du bout des lèvres.

J'étais ensuite rentré chez moi plein de sentiments mélangés. J'étais évidement heureux de ces moments passés ensemble, tout avait été parfait à un détail près, mais même pour ça Arthur avait été génial. Il m'avait tout de suite rassuré et avait même réussi à me faire rire en me racontant l'aventure quasi similaire qui lui était arrivée. Et puis, j'étais quand même triste de le voir partir, j'aurais tellement aimé finir la journée en m'endormant dans ses bras.

J'avais à peine franchi la porte que ma mère, comme je m'y attendais, me posait des tonnes de question sur Arthur.

– Je te l'ai dit maman. C'est le copain avec lequel je suis allé au match. Je voulais le remercier de son invitation et comme il a quelques difficultés en math, je lui ai proposé de lui donner quelques cours. Et oui, ses parents sont au courant, même si je te signale qu'on a peut-être un peu passé l'âge de demander des autorisations pour tout, et encore plus lui qui est majeur.

Nous avions convenu avec mon chéri de ne pas dire à mes parents qu'il habitait tout seul, pour ne pas à avoir à en donner la raison et surtout pour ne pas risquer un éventuel refus si je devais aller passer la nuit chez lui.

J'étais persuadé que les choses en resteraient là, mais visiblement ma mère n'en n'avait pas fini avec moi et elle avait recommencé vers la fin le repas.

C'est dingue comme elle peut-être la plus géniale des mères, mais aussi la plus chiante. Et surtout, elle veut toujours tout savoir et ne supporte pas d'avoir l'impression que je lui cache quelque chose. Et quand en plus on est fils unique, forcément on est la cible de toutes les attentions, les meilleures comme les plus intrusives.

– Chéri, Lucas ne t'a pas dit ? Son copain Arthur a passé l'après-midi ici. Il l'aide en math.

– Arthur le même avec qui tu es allé au match ?

– Oui, lui-même. Et si j'ai bien compris, ils sont allés à la piscine avant. Tu ne m'as pas dit, mais je suppose que ta petite copine Julie a dû venir avec vous ?

Je crois bien que c'est à partir de ce moment que les choses m'ont échappé, j'aurais dû sentir l'entourloupe. Ma mère qui ne me laisse pas répondre à mon père et juste derrière la question sur Julie. J'aurais dû mentir.

– Non... euh, c'était une sortie entre potes, avec deux autres copains du lycée.

– Tu sais quand on a une chérie, il faut lui consacrer du temps si on veut la garder longtemps.

Je me suis contenté de soupirer et de continuer mon repas. Après un court répit, ma mère avait repris la parole.

– J'ai récupéré ton linge dans ta chambre pour faire une machine. Il y avait un caleçon sale sous ton lit.

Evidemment, je n'allais pas garder mon caleçon dans la poche de mon pantalon, je l'avais donc jeté sous mon lit pensant le nettoyer un peu plus tard. J'avais bien remarqué sa disparition en rentrant, mais je ne pensais pas avoir de remarque.

– Tu sais mon p'tit Lu, c'est normal de faire des choses à ton âge... même éventuellement avec des copains, mais quand on a une petite copine, quand même !

– Oui enfin, petite copine ou pas il n'est pas vraiment normal de faire des choses avec des garçons. À moins d'être homo, ce qui n'est surement pas le cas de notre fils !?

Mon père avait élevé la voix, ce qui était très rare. Ma mère, surprise de sa réaction et se rendant compte qu'elle était allée beaucoup trop loin, avait peut-être essayé de rattraper la chose, mais à ce moment-là je n'entendais plus rien. Je n'avais pas su non plus si mon père attendait une réponse de ma part et de toute façon j'en étais incapable. J'avais sentis les larmes arrivées et la colère m'envahir, mes parents avaient réussi en quelques phrases à gâcher une des plus belles journées de ma vie. Je m'étais donc levé pour vite monter dans ma chambre.

Il est maintenant vingt-trois heures et je ne dors toujours pas. J'aurais bien aimé pouvoir discuter de tout ça avec mon amoureux mais je n'ai pas eu le temps. Ma mère est venue frapper à ma porte il y a un petit moment mais je n'ai rien dit et elle n'a pas insisté.

Je reçois à l'instant un texto d'Arthur : "Toujours au travail, vivement demain pour pouvoir t'embrasser".

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Pichu ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0