6. Sacha

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 Mais qu’est-ce qui m’a pris ? En même temps, je n’en pouvais plus, je n’avais qu’une envie, me jeter sur lui alors que je déblatérais mes arguments ! Je ne suis pas sûre d’avoir été bien convaincante, j’avais l’impression que je ne faisais que mettre un mur de mots entre sa belle gueule et mon désir. J’ai dû dire plein de conneries, mais je ne me maîtrisais plus. Comment c’est possible, un truc pareil ? Quand j’y repense, hier, déjà, quand il est entré dans mon bureau, j’ai bien senti qu’il se passait quelque chose, que mon corps me parlait, mais les mots étaient encore confus, je pouvais les mettre de côté, feindre de ne pas les écouter. Alors que tout à l’heure, dès que je l’ai vu, tout est devenu en un instant parfaitement clair : j’ai su comment ça allait finir.

 Espérons, maintenant que c’est fait, que je vais pouvoir reprendre mes esprits. Bon, allons voir les filles. Pourvu qu’elles ne nous aient pas entendus, on ne peut pas dire qu’on a fait preuve de discrétion. Avec un peu de chance, elles avaient leurs écouteurs dans les oreilles, comme d’habitude. Oh ! Et puis après tout, je fais ce que je veux, elles ne vont quand même pas me dicter ma façon de gérer ma vie sexuelle !

 — Les filles ! Vous avez faim ?

 Évidemment, pas de réponse ! Pour le coup, ça m’arrange, ça veut dire qu’elles ne se sont aperçues de rien. Qu’est-ce que je vais leur faire à manger, moi ? Avec tout ça, j’ai oublié d’acheter le gratin. Je vais bien trouver quelque chose. Des pâtes, ce sera très bien. De toute façon, quoi que je fasse, elles feront la gueule, alors je ne vais pas me casser la tête. Elle tourne bien assez comme ça, ma tête. Putain, ce que c’était bon. Ses mains sur mes seins, sa queue en moi…

 Non, mais tu t’entends, ma grande ? Tu as quel âge ? Tu ne nous ferais pas une petite crise de la quarantaine, toi ?

 Non, ce n’est pas ça, c’est lui. Uniquement lui. L’effet qu’il me fait. Ses bras. Ses lèvres. Son buste. Sa main caressant mon sexe. Sa queue. Je la veux encore en moi. Je le veux encore contre moi. Je veux jouir et le regarder exploser en même temps.

 Ça suffit, ma grande ! Tu ne le reverras pas. C’est décidé. Il te fait dérailler. Casserole, eau, pâtes, les filles. Et demain, au boulot, ma grande, comme d’ordinaire. Tu seras focus sur tes rendez-vous, tu te dédieras entièrement à ta fonction. Tu n’as pas fait tous ces sacrifices, pendant de longues années, pour te laisser déconcentrer maintenant par le premier beau gosse qui passe le seuil de ton bureau. En plus, tu adores ça, élaborer des stratégies pour faire fonctionner au mieux ta société. C’est ça, ta vie. Elle est très bien ainsi. C’est comme ça que tu prends ton pied. Ne va pas tout compliquer pour une histoire de désir. De cul. Même si je reconnais qu’il a un très beau cul.

 Samir. Rien que le fait de prononcer son nom, ça me rend dingue.

 Stop, ma grande ! Il ne faut pas le revoir. Hors de question, tu m’entends ? C’était la seule et unique fois. Répète : c’était la seule et unique fois. Voilà.

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