ELLE
Elle est entrée dans ma vie comme une dalle de marbre s'écrase sur un passant. Fière, indomptable et irrésistible. Si elle m'a fait perdre la tête, c'était pour que je puisse mieux trouver mon cœur. Et pourtant, me voilà tiraillé entre deux. Je ne sais plus où donner de la tête. Alors j'écris. Afin de prendre cette peur au pied de la lettre et trouver chaussure à mon pied, dans l'espoir de marcher vers un futur plus sobre.
Je préfère ne pas me blâmer, me dire que les complotistes ont raison. Que la terre est plate parce que le monde ne tourne pas rond. Que le marché ne marche plus, pire qu'il court à sa perte. Mais c'est lâche, bien trop lâche et facile.
Alors je choisis de me faire violence. À ce titre d'ailleurs, je vous dois une douloureuse confidence.
Si je ne l'avais pas regardée, c'était par gêne.
Si je l'avais pas côtoyée, c'était par peur.
Cette peur, elle venait de moi. De crainte que je ne me découvris plus vide que je le croyai. Alors je préfère vivre dans le mensonge. Il y a des vérités que l'on s'avoue et des mensonges que l'on savoure, laissez-moi vous dire aujourd'hui que le mensonge a trop bon goût pour être laissé de côté. Le réel ne suffit pas à vivre, qu'il est froid, qu'il est terne ce monde sans artifices. Comment vivre sans douces illusions qui nous permettent d'aller de l'avant ?
Mais la vérité finit toujours par nous rattraper. Pour moi aussi, l'heure fatidique approche. Ma tête s'apprête à voler, la guillotine s'aiguise. Le temps s'écoule, les secondes deviennent des minutes, les minutes des heures, et les heures des jours. Comme le disait si bien Lamartine : "La douleur à la douleur s'enchaine, le jour succède au jour et la peine à la peine."
"Elle" est restée indéfinie tout au long de cet écrit. Nous projettons notre être sur le monde, et le monde devient notre reflet. Ainsi, cet écrit n'a pas pour but d'être unique, mais aussi riche et divers que le sont les lecteurs qui le composent.
C'est par la pluralité que l'on accède à la solution qui n'est jamais unique. Par le paradoxe, par le combat des idées, et nous avons la ferme croyance que c'est dans la différence que réside la beauté de l'existence.
Maintenant que ma plume s'épuise et que le silence reprendra ses droits, certains mots seront encore là, encore en vous. Des graines semées, attendant que le temps s'égrène. Qu'importe les erreurs et les regrets, elles prendront le temps qu'il faudra. Après tout, mêmes les plus belles fleurs doivent d'abord se planter.
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J'écris tout de même une dernière partie à cet écrit, qui traitera cette fois-ci de moi. Ce "elle" dont je parle, c'est l'anxiété de voir le temps qui défile, indifférent à mes états d'âme. La marche inéxorable de l'existence qui se profile devant moi... Je suis en terminale et j'ai mon BAC marocain dans deux jours. Je procrastine, j'angoisse et je me noie dans le doute. Alors ce texte est ma petite échappatoire, ma manière de me dire que tout ira bien. Que la vie est indifférente au fond, et nous sommes ceux qui choisissent la manière dont elle est vécue en projettant notre être sur le monde. Je fais ainsi le choix de laisser la peur, le doute derrière moi et je m'abandonne à la zénitude.
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