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Quand il arriva, il sonna plusieurs fois, puis tambourina, un peu trop fort, car un voisin entrouvrit sa porte, prêt à gueuler, puis la referma aussitôt, effrayé par le regard du tapageur. Finalement, elle ouvrit, elle aussi décidée à engueuler l’importun.

Elle resta muette et interdite devant l'homme, alors qu’il la repoussait dans le couloir en fermant la porte.

— Tu vois, je suis revenu…

Les yeux hagards, elle ne comprenait pas.

— Tu te souviens de moi, quand même !

Elle émergea enfin de sa stupeur et de son sommeil pour murmurer un petit oui.

— Ça te fait plaisir ?

— Qu’est-ce que tu es venu chercher ?

— Des explications, peut-être ?

— Quelles explications ?

— Pourquoi m’as-tu chargé au procès ?

— On me l’avait demandé.

— Qui ça, « on » ?

Elle ne réagit pas, car il connaissait la réponse.

— Pourquoi n’es-tu jamais venue me visiter ?

— Au début, la honte. Je m’en voulais…

— Et après ?

— Je ne pouvais plus…

Elle désigna une photo du menton.

— C’est qui ? même s’il l’avait deviné.

— Laura, ma fille…

— Elle a quel âge ?

— Huit ans et demi.

— Tu n’as pas attendu longtemps !

— Ce n’est pas ce que tu crois. Un soir de déprime, trop d’alcool, un comprimé, je ne sais plus. Je ne reconnaîtrais pas son père, ils étaient plusieurs…

Dire qu’il avait éprouvé des sentiments pour cette loque…

— Elle est là ?

— Non, elle dort chez une amie.

Ça valait mieux.

Une troisième fois, il se demanda pourquoi il était revenu. Pourtant, il avait pesé toutes les possibilités et c’est la seule qui lui avait paru valable. Il aurait mieux fait alors d’oublier, de ne pas ressasser, de partir dans l’autre direction. Il revit l'immense et chaleureux sourire de Tom. Il était un peu simplet, mais heureux. Peut-être qu'il aurait pu, lui aussi. Maintenant, c'était trop tard.

En tirant la porte qui se verrouilla automatiquement, il eut une pensée pour la gamine. De toute façon, cela avait été foutu pour elle dès le début. Cela ne le concernait pas. La sécheresse de son âme ne l’étonna même pas.

Le routier lui avait raconté sa navette perpétuelle entre ces deux pôles. Le camion repasserait vers midi. Cela lui laissait le temps d’une dernière vérification.

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