Chapitre T R O I S

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IL RETIRE SES GANTS TOUT EN REGARDANT LE SOL avant de planter ses yeux azurs sur moi. Un sourire supposé poli apparaît sur ses lèvres, un sourire dont je me méfie.

-Qu'est-ce que vous faites devant chez moi ?

-Bonsoir, vous avez passé une bonne soirée ? dit-il bien sûr sarcastiquement mais avec un ton qui ne veut pas le montrer.

Je ne réponds pas, mes yeux fixent les siens et mon sourcil s'arque pour appuyer ma question.

-Cela ne vous dérange pas si je rentre ?

Il fait un pas en avant mais je lui coupe la route en m'appuyant à l'embrasure de la porte. Il se retrouve à quelques centimètres de moi et on peut dire qu'il me domine par sa taille. Je n'aime pas trop le petit sourire qui s'accentue au coin de sa bouche. Ça semble de mauvaise augure.

- Je veux juste vous parler.

-On peut très bien le faire ici vous savez.

-Je ne suis pas sûre que vos voisins du dessous apprécieront.

-Alors, parlons demain dans ce cas.

- Vous ne lâcherez pas l'affaire ?

-Ça ne risque pas.

-Alors vous ne rentrerez pas chez vous.

Je le questionne indirectement à travers mon regard. Et enfin je comprends ce qu'il veut dire. Je l'ai trouvé devant ma porte, pas en ouvrant la porte mais en rentrant chez moi.

-...Est-ce important ?

-Vois-je de la résignation ?

-En aucun cas ! Juste... Je me disais que je ne vais pas vous chassez alors que vous avez peut-être poireauter longtemps devant ma porte.

-C'est vrai, ça fait deux heures que je vous attends.

-Pardon ?

Pourquoi m'avoir attendu si longtemps ? Il doit y avoir sûrement quelque chose de grave ou de très important.

-Ne vous inquiétez pas, je me suis diverti en travaillant sur votre palier.

- Je ne m'inquiétais pas.

Bien sûr que je m'inquiète ! J'espère qu'aucun de mes voisins ne l'a vu, ce serait le comble. Je ne veux pas être la proie des rumeurs du bâtiment, même si je n'ai que quatre voisins sans compter les trois bambins d'un couple bien étrange.

-Mlle Fawkes ?

-Oui !

-Vous semblez ailleurs.

Je ne réponds pas et ouvre la porte. L'idée de la refermer juste après me tente mais vu sa carrure, il arriverait à la stopper net avant sa fermeture. Je pose mes clés sur le comptoir et le laisse admirer mon appartement improvisé. Oui, improvisé car cet immeuble était une ancienne usine désaffectée qu'on a renouvelé après une dizaine de manifestations pour qu'on ne la ratisse pas. J'en ai profité et ai eu le deuxième plus grand appart' (pas si grand que ça), enfin parlons plutôt de loft. Mais ce n'est certainement pas plus grand que ce que doit avoir Mr Stevenson.

-Vous n'avez jamais vu d'appart de votre vie ou quoi ? notifié-je en me débattant avec ma converse droite qui demande la disposition de mes deux mains. Je me retrouve à sautiller à cloche pied dans l'entrée.

-Je me disais juste que c'est un très beau loft, mais qu'il ne vous ressemble pas.

- Et pourquoi donc ?

Je m'affale sur mon canapé en étoile. Je suis chez moi non ?

-Il paraît trop féminin, sophistiqué.

-Je ne suis pas féminine, c'est ce que vous voulez dire hein ?

D'habitude ce genre de remarque ne me fait rien, mais qu'un richard s'étant imposé chez moi me fait des critiques, alors là ça ne me loupe pas ! Il se retourne vers moi et m'analyse de son regard.

-Vous l'êtes...à votre manière, je dirais.

-Pourtant vous pouvez voir qu'il n'y a aucune touche de rose dans cet appart si pour vous c'est ce qui représente la féminité. Et que veut dire "à ma manière" ?

- Je vous aurai vu avec un appartement vert-bleu, assez simple, et une chambre d'ado.

-Qui vous dit que ma chambre n'est pas comme celle d'un ado ? Je pose mes coudes sur mes cuisses tout en mettant le haut de mon corps en avant. Vous n'y êtes pas rentré dedans que je sache ?

- Vous m'y invitez ?

Toujours ce sourire taquin..

-Non.

-Dommage pour moi.

Laissons ce commentaire disparaître de mon subconscient.

-Vous semblez vous y connaitre niveau déco. Dis-je, si en même temps je peux soutirer des informations...

-Oui.

Sa réponse est bien trop sèche, ce qui me donne envie de creuser.

-Et pourquoi donc ?

-Je ne veux pas en parler.

Il soupire tout en s'asseyant devant moi, ayant l'air à l'étroit dans le fauteuil.

-Vous devez m'en parler. Je ne vous ai pas demandé sur quel truc top secret vous travaillez quand même. grommelé-je

- C'est à cause de quelqu'un que j'en sais autant. Voilà.

Silence. Ouaip, silence.

-Et ce quelqu'un es...

Il se lève brusquement et attache les boutons de son manteau vivement.

-Je viens juste vous dire de préparer une tenue pour demain soir, je vais participer à un gala de charité et vous m'accompagnerez. Au revoir.

Il tente d'ouvrir la porte en tournant la poignée ne s'apercevant pas qu'elle est fermée à clé... Donc, il se débat avec elle. Je me retiens de rire pendant que je me lève à mon tour pour lui ouvrir et le narguer, les clés dans ma main.

-Au revoir, Mr Stevenson.

Je dirais plutôt Mr Darcy avec son air étriqué, tiré par quatre épingles.

Il ne montre pas sa gêne mais qui ne peut pas l'être à ce moment-là ? Il ne répond que par un hochement rapide de tête et dévale les escaliers alors que l'ascenseur était là. Ce gars est un drôle de numéro.. Attendre deux heures à mon palier juste pour me dire ça est exagéré. Je referme la porte et vois l'un de ces gants par terre. Je le ramènerai demain.

***

-Mr Stevenson n'est pas dans son bureau avant 15 heures. Vous devriez venir plus tard.

Et moi je fais quoi pendant ce temps-là hein ? Rendez-vous à la première heure, il disait ?

- Je vais revenir, je remarque que son prénom est écrit sur une petite plaque accroché à sa robe, Daisy dis-je d'un air dédaigneux.

Je m'apprête à partir mais fait vite demi-tour. Je ne me suis pas levée tôt pour une fois pour ensuite me faire jeter sans aucune info non?

-Au fait, dis-je en tapant mes doigts sur le comptoir continuellement, cela fait combien de temps que vous travaillez pour...?

Le monsieur reste coincé dans ma gorge, alors que j'essaie de le sortir. La Daisy me sort un regard en mode pimbêche du lycée. Je les connais bien ces filles, c'était mes pires ennemis. Les Mean Girls des bas étages. Mais bon, il ne faut pas juger un livre par sa couverture.

-Pardon,je voulais dire cela fait combien de temps que vous travaillez pour... Monsieur Stevenson ?

-Six mois.

Six mois... Et bah j'imagine qu'il doit les changer tout le temps les secrétaires et bien sûr pour une raison banale hein ?

Elle ne me regarde pas, plutôt intéressée par son ordinateur. Je me penche doucement pour voir ce qui semble mériter une telle concentration et son amabilité , et ne vois qu'un site de chaussures haut de gamme avant de changer pour un site d'auteurs amateurs.

Hmm, elles ont l'air bien payé, mais surtout ils prennent vraiment des employés à fond dans leur travail. Chapeau à Stevenson.

-Sachant que l'entreprise n'a que six ou sept ans, me dites vous qu'il a eu d'autres secrétaires avant vous ?

- Bien sûr que oui, il en a même eu une douzaine pour ne pas dire plus! Son ton me dit qu'elle n'aurait pas dû me dire ça mais qu'elle ne le sait pas encore.

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Elle lève les yeux vers moi qui lui lance le pire faux sourire qui existe dans mon répertoire. Ses yeux sont grands comme des soucoupes.

-Je...

-Merci pour cette information Daisy, la coupé-je, je te revaudrai ça.

Je m'éloigne tout en écrivant dans mon carnet de vérifier l'ordinateur pour avoir le plus d'informations sur le Stevenson. Suis-je en train de vouloir couler sa chère image de millionnaire ?

Bien sûr que non.

Oh que oui !

J'appuie sur un bouton au hasard avant l'hôtesse de l'ascenseur. Il n'est pas là, donc profitons de connaître les lieux et ses employés. Je me surprends à chantonner tout en tapant du pied avec les mains dans les poches.

Me voilà à un étage rouge et blanc contrastant avec les costumes gris et noir des employés. De vrais employés, pas des Daisy.

J'en profite pour poser des questions sur leur travail et les conditions de vie dans cette entreprise,cela m'affirme que chaque étage a une spécialité. Jusqu'au moment où j'entends quelqu'un m'appeler.

-Hayden ! Tu fais quoi ici ?

Je vois mon châtain préféré avec une barbe de trois jours et un nouveau costume devant moi. Je me frotte les yeux pour être sûr de ne pas avoir une illusion.

- Je devrais te poser la question, tu m'as pas dit que tu travaillais dans Stevenson Enterprises !

-Chut !! Tu cries. Il remet sa veste en place et se racle la gorge tout en regardant à gauche et à droite.

-Tu joues à quoi?

-Je reste professionnel. Que fais-tu ici ?

- Stevenson est mon sujet.

-Tu parles comme un docteur.

- Je le suis un peu non, j'obtiens des informations comme si j'étais psychologue, rie-je. Un peu comme avec toi non?

-Ah ah ah très drôle, dit-il en entourant mon cou par son bras. Allez on va manger un bout.

-Et il est où le " Je reste professionnel" avec ton bras autour de mon cou ?

-En enfer.

-Ouh mon endroit préféré.

-Alors on y va ?

Je regarde ma montre. Il est midi, le temps a vite filé on dirait. J'acquiesce en hochant de la tête et pars direction le bonheur, c'est-à-dire un restaurant, bras dessus-dessous avec Chris.

Mais je suis vite arrêté par le regard imposant du patron de cette boîte. Il est accompagné d'une femme plus âgée, assez distinguée. Chris s'arrête net mais n'enlève pas son bras qui s'est retrouvé autour de ma taille.

-Bonjour Monsieur.

Chris salue son patron comme un employé modèle. Le millionnaire le regarde à peine et s'adresse à moi.

-Vous sortez ?

-Oui, il est midi..

-Dommage, je voulais vous présenter ma mère, dit-il en la montrant doigt.

-Bonjour madame, heureuse de vous rencontrer.

Elle me jauge du regard et son menton est légèrement en avant montrant que je n'ai aucun intérêt pour elle. Sûrement parce que je viens de couper une conversation avec son fils.

-Enchantée, j'espère que vous raconterez que de bonnes choses à propos de mon fils.

-Cela dépendra de lui et de vous.

-De moi?

-Oui, sa famille. La façon dont vous allez le décrire, des anecdotes sur lui. Tout cela me permettra de faire du bon boulot.

Le regard pesant des deux hommes me laissent de marbre. Je ne peux que rester professionnelle devant Madame Stevenson.

Au moins, pour le moment.

C'est la première fois que Chris me voit travailler et parler de cette manière. Le petit rictus au coin de ses lèvres se retrouve à être contagieux. Mais ma petite réflexion et notre échange télépathique s'arrêtent aux éclaircissements de gorge irritants du millionnaire.

-N'oubliez pas ce soir, je viendrai vous chercher. Prenez votre journée.

Il nous lance un dernier regard avant de reprendre la discussion avec sa mère.

-Vous allez où ce soir ?

-Je ne sais pas.

***

-Tu n'as vraiment rien dans cette armoire, c'est désolant de voir à quel point tu n'as pas de goût.

-Oh c'est bon hein ! Je t'ai demandé un coup de main, pas de faire la fashion police.

- Oui mais c'est quand même alarmant que tu n'aies pas changé de style depuis je ne sais combien d'années. Elle sort une jupe-salopette et l'examine. Ça doit être la seule chose convenable que tu aies.

-C'est faux, j'ai cet ensemble rose, dis-je en sortant un tailleur pantalon rose clair simple, que je vais bien sûr devoir combiner avec des talons pour sortir vivante des griffes de Miranda.

Je le pose contre moi pour qu'elle se fasse une image. Elle acquiesce tout en faisant une grimace.

-La prochaine fois je te ramène des tenues. Soit contente d'avoir une styliste en plus designer en tant qu'amie.

-Je suis pas sûre que ce soit cool.

Je me retrouve avec l'un de mes t-shirts sur la figure puisqu'elle l'a lancée.

-Laisse moi te maquiller.

Je grince des dents au mot "maquillage". Je prie pour ne pas ressembler à un tableau, si c'est le cas, elle ne risque pas de revoir le jour très bientôt.

-Fais moi confiance.

Elle se penche vers moi et a un sourire malicieux tout comme ses yeux qui ont l'air de sourire.

Je n'aime pas ça.

***

Putain de talons ! J'ai l'impression d'être sur des échasses et entrer en scène pour montrer un numéro de cirque. Je n'ai pu regarder mon reflet dans le miroir car ma chère Miranda a tout fait pour.

Le vent frais de Manhattan cogne mes joues et caresse mes pieds qui se gèlent à son contact. L'un bat un tempo sur le sol, l'autre supporte le poids de mon corps de manière difficile. J'aurais dû attendre à l'intérieur et prendre un coup pour raviver mon courage.

Se dire qu'en une soirée je n'aurais que des richards de pacotille se faisant de l'argent sur les autres ou tout simplement des connards ne connaissant rien à la vie autour de moi, me donne presque de l'urticaire.

Soudainement, le klaxon d'une voiture me sort de ma torpeur.

D'une voiture, fin une limousine noir corbeau avec à l'intérieur le sujet de mes problèmes et un chauffeur à l'avant. La porte s'ouvre et ses yeux se stoppent net en me voyant. Ne sachant ce que cela veut dire, je lève un sourcil, son regard est bien trop longtemps posé sur moi.

-Puis-je rentrer ? Ça fait vingt minutes que je me les caille dehors.

Il se décale un peu, afin de laisser le petit corps qui n'est autre que le mien se poser sur le siège. L'intérieur est comme ces séries qu'on voit sur des lycéens huppés, des garces et des gars cons. Le sol est incrusté de petites ampoules.

L'ambiance pesante hérisse les poils de mes bras et je ne fais que mordre l'intérieur de ma joue. Sa présence me gêne, alors la présence des autres me tuera.

***

Les flashs pullulent de tous les côtés, je n'attends pas moins des paparazzis professionnels. Je foule le tapis rouge aux côtés du brun qui avance pour prendre quelques photos.

Je ne peux que rester en retrait et voir si dans la foule de journalistes je peux reconnaître quelqu'un. La tête déçue des paparazzis m'ayant reconnu m'amuse. Ils ont dû s'attendre à ce qu'une nouvelle top model soit au bras du millionnaire.

-Mais qu'est-ce que tu fais à ses côtés ?! Cri l'un d'entre eux

-Tu verras ! dis-je en lui faisant un signe de la main

-Eh Fawkes tu nous tiens au courant ?

-C'est ça..

Je me retourne vers le millionnaire qui a l'air de m'attendre. Je passe le tapis rouge à vitesse grand V pour rentrer dans la bâtisse. Bien sûr il fallait s'attendre à ce qu'ils aient mis les moyens dans la déco.

Tout est d'un blanc cassé et le plafond drapé est parsemé de guirlandes de lumières, avec un lustre. Les chaises sont habillées d'un ruban rose poudré, rappelant les bouquets de roses sur les tables accompagné de cartes numérotées et plus loin une estrade où devant une piste pour danser nous attend. On peut voir l'extérieur grâce à d'immense fenêtre translucide nous faisant apercevoir la forêt.

Une femme s'approche de nous, je la reconnais. C'est la mère de mon sujet. Elle porte une belle robe bleue nuit avec des arabesques pailletées faisant ressortir la couleur océanique de ses yeux et le blanc de ses cheveux.

-Ravi que tu aies pu venir, mon fils. Ton père n'est pas là, il a eu un contretemps, donc c'est à toi de représenter la famille.

Il ne fait que hocher la tête, plutôt intéressé par la bande de musiciens jouant sur scène. Sa mère détourne donc son attention sur moi. Son regard a l'air impassible mais le mini rictus de sa bouche montre son mépris envers ma tenue, envers ma personne.

- Re-Bonjour mademoiselle....?

-Fawkes, mademoiselle Fawkes.

-Oui... J'espère que vous ne vous amuserez pas trop...

-Je ne suis là que pour le travail, ne vous en faites pas. Si vous m'excusez.

Elle n'a pas l'air d'aimer ma réponse, que faire je ne suis pas pourri comme les autres. Je suis le millionnaire au pas près, il me présente les invités au fur et à mesure qu'il en rencontre. Mon pied droit me fait souffrir mais je reste droite et ne le montre pas. Les personnes défilent comme un long film auquel je ne retiens aucun nom, mais un visage me fait sortir de ma torpeur.

- Iris, que fais-tu là ?

Je l'interromps en pleine discussion avec un avocat qui avait fait la une il n'y a pas longtemps.

-Oh Hayden ! Je devrais te poser la question. Tu connais quelqu'un ici ?

-Je suis là pour le travail.

-Alors ne me dis rien, dit-elle en prenant une gorgée de champagne, nous sommes rivales ce soir.

Elle finit d'un trait son verre. Iris est une femme à la peau couleur chocolat avec de longue jambes. (Je pense avoir une obsession ou un sentiment d'infériorité par rapport aux jambes) Elle est aussi journaliste mais travaille pour un journal concurrent. De plus c'est la femme de Mark, il ne parle jamais travail à la maison c'est l'une de leur règles. Leur amour est très beau à voir même pour moi, cela veut dire beaucoup de choses. Comment a-t-il fait pour se mettre avec une telle beauté et avoir deux petits anges avec elle ? Les deux petits anges, no comment mais le reste est trop long à expliquer.

Un serveur accompagné d'un plateau rempli de verres de champagne vient nous aborder, Iris refuse mais moi j'hésite et en prends un en fin de compte.

- Tu ne comptes pas me dire pour qui tu es là ?

-Tu risques de le raconter à Mark et je ne donne pas d'infos à l'ennemi.

-Ouh, que de mots durs !

Mon verre se retrouve déjà vide après cette phrase que j'en demande un autre de suite.

-Ça va commencer.

Je rejoins le brun devant la scène. Un couple monte, je les ai vu parler plutôt avec Stevenson.

-Je voudrais dire merci à tout le monde pour être venu pour nous aider à poursuivre cette cause qui nous tient à cœur...

Me voilà à mon troisième verre. Le brun me regarde du coin de l'œil. Je ne peux que lui répondre que par un lever de verre puis un cul sec.

- Le fait de donner des dons ce soir est important pour ces familles défavorisées et pour l'avenir de chaque enfant de Centrafrique.

-J'aimerai voir où se retrouve l'argent murmurai-je à l'oreille du millionnaire

Son regard agacé me fait glousser. Je reste calme jusqu'à la fin du discours et le suis jusqu'au couple. La femme a une couleur bronzée et des cheveux de jais, son mari lui est tout le contraire, blond assez pâle, mais eux deux ont la beauté de deux jeunes mannequins.

-Mademoiselle Fawkes, je vous présente le couple Desmond.

L'homme attrape ma main délicatement mais je la retire brusquement contre mon gré. Nous restons dans un silence pesant pendant plusieurs minutes. Je me mets donc a sourire pour le dissiper et invente une raison stupide pour mon agissement. Le brun a toujours un sourcil levé. Madame Desmond ne fait que rire.

Je décide de prendre congé de leur conversation avant de reprendre un verre.

***

Cela fait plus de trente minutes que je mange seule et que je n'ai aucun signe de Stevenson. Je décide d'aller aux toilettes pour prendre tranquillement ma liqueur. Je m'assois sur le siège d'une cabine libre et entreprends de pisser en même temps que de boire, mais je ne m'attendais pas à autant d'infos venant de la cabine voisine....

Quand je veux dire infos je veux dire cris... Cri qu'on fait dans les pornos. Je le sais puisque j'en avais vu un avec Chris à nos 16 ans. Dès les premiers cris on avait éteint l'ordinateur, on aurait dit un film d'horreur avec des acteurs super nuls.

Mais le plus important est le nom sortant de cette voix aiguë au bord du gouffre.

- Samuel ! Plus fort !!

Et je peux jurer que cette voix n'est autre que celle de la très belle mais niaise Madame Desmond !

Je sors à petit pas en enlevant mes souffres-douleurs et repart m'asseoir sous le regard de tous, surtout de Madame Stevenson et de Iris qui pouffe de rire. J'ausculte de loin la porte des toilettes tout en portant ma flasque à la bouche.

Voilà la brune toujours bien coiffée et bien maquillée mais une mèche de ses cheveux est rebelle. Elle sort souriante, il a dû lui donner la totale. Dix minutes plus tard, voici mon millionnaire préféré qui sort ! Je ne m'y attendais pas ! L'ironie me tuera un jour.

Je ricane et m'arrête net à la vue du plateau rempli de verres de si bon champagne.

Je me rue donc vers le serveur et l'oblige à me donner tout le plateau. Il a dû accepter à cause de la gueule que je lui fais.

Pourquoi ne pas fêter le fait de pouvoir réduire à néant la vie d'un millionnaire ?

-Mademoiselle Fawkes que faites vous ?

-Hmm ? Ça se voit pas que je profite de la vie ? Oh demandez au chef quel est ce champagne il est à tombé !

-Descendez vos pieds de la table, je vous prie. Nous y allons.

-Mais pourqu-quoi ? On est pas b-bien làaa !

-Vous êtes complètement ivre.

Il me lève d'un bras mais je me débats brusquement pour qu'il lâche sa poigne. Il ne comprend pas pourquoi je me débats avec ferveur et il n'a pas à le comprendre. Je passe mes mains sur ma tenue puis fais quand même une courbette à Madame Stevenson.

Vous aviez raison, je me suis bien trop amusée.

-Je ne veux pas rentrer dans la limo !

-Arrêtez et rentrez dedans dit-il d'une voix autoritaire.

-J'ai pas envie !

J'appuie mon index sur son torse à plusieurs reprises. Son regard se veut insistant. Je rentre de moi-même dans la limousine et lui assène la morale du jour by Hayden.

-Vous pensez que vous pouvez m'avoir avec votre visage, votre carrure et tout le tralala hein !? Mais non Monsieur je ne garde pas ma queue entre les jambes, je ne suis pas conne.

Mes yeux sont de plus en plus lourds dis donc.

- Qu'est-ce que vous insinuez ?

-Ah tu voudrais savoir hein ? Mais tu sauras pas ! Ma voix vire vers l'aigu comme une petite fille. J'ouvre ma bourse. Tiens ton gant, se sera peut-être la dernière chose qui t'appartiendra quand je vais te démonter.

Il regarde par la fenêtre au lieu de me prêter intention. Je prends sa tête entre les mains pour le retourner vers moi. Ses yeux montrent la confusion et l'agacement.

-Vous puez l'alcool.

-Tu ne sais pas à qui tu as affaire dis-je en ignorant ce qu'il dit. Tu verr-

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