Chapitre N e u f

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LA CHAISE D'ÉCOLIER ME DONNE MAL AU DOS DÛ A SA RIGIDITE, il devrait remplacer ses mobiliers de torture par, je sais pas moi... Des fauteuils d'une personne dans lesquels tu peux t'enfoncer sans problème et avoir l'impression d'être dans un nuage. De plus, ça aiderait pour être à l'aise afin de parler à ces inconnus qui se trouvent dans la même pièce. Se livrer n'est pas un simple exercice. Je le sais parce que c'est à mon tour de devoir me présenter.

-Alors, merci d'être là aujourd'hui. Pour que nous avancions ensemble dans cette quête de renouveau. Il semblerait même qu'il y ait une personne qui s'était égarée, se retrouve de nouveau sur le chemin pour avancer dans sa vie. On peut l'applaudir.

Les bruits et l'attention portée envers moi me dérange. Maintenant comment puis-je éviter de parler devant eux ? Bien sûr que je ne leur dois rien, mais cela risque de révéler une certaine attente de leur part envers ma personne.

-On va faire un tour de table, chacun doit dire son prénom afin de pouvoir faciliter la parole pour notre "nouvelle" recrue.

Avec un peu de retenue, tout le monde dit son prénom certain de manière enjoué, d'autres avec de la contenance bien placée. Quand mon tour arrive mon prénom sort comme un souffle que je dois le répéter de suite pour que tout le monde l'entende.

- Alors que faites-vous parmi nous Hayden ? Que faites-vous dans la vie ? demande "l'animateur".

- Je suis une fille banale vivant seule mais toujours accompagnée de ce qu'on peut appeler des amis peu banals. Je prends mon temps dans ma réponse en espaçant les mots d'une pause d'une seconde. Je... J'ai 29 ans et ça fait cinq, bientôt six ans que je travaille là où... bah où je suis. Avant j'écrivais toute seule, une sorte de journal illégal non reconnu même si je faisais mes études de journalisme. J'ai toujours réussi sans encombre dans mon travail. Journaliste n'est pas facile. Se faire bousculer pour une interview,trouver des infos,avoir un sujet... C'est un travail à plein temps. On n'est pas toujours d'accord avec les missions qu'on nous donne mais celle-là.. est la pire que je puisse avoir. Vivre six mois en collant les basques du "majestueux" Samuel Stevenson.

Le chef d'entreprise multimillionnaire, et je pense qu'il y a plus de zéro sur son compte en banque que sur celui d'Hillary Clinton, le plus jeune et prometteur de ce temps selon mes confrères journalistes....De la merde quoi ! Je ne sais même pas si j'ai le droit de le dire mais on s'en cogne. Je prends une pause, regardant mes mains comme si je les découvrais pour la première fois. Bref, c'est la deuxième fois que je viens ici. Ce sont mes amis qui m'y obligent.

Raconter ma vie c'est pas mon truc, je vous le dis clairement. J'ai des problèmes certes mais je peux les régler seule et je suis sûr que parler de mon travail actuel vous ennuiera.

Je regarde les gens à mes côtés formant un cercle, corps penché en avant afin de mieux m'entendre. Ils ont l'air pris par mon histoire, ma vie de tous les jours. Je suis sûre que c'est depuis que j'ai dis le mot "multimillionnaire” que leurs yeux brillent et non pour le fait de pourquoi je suis là, à une réunion d'alcoolique anonyme.

-Est-ce la raison de votre venue ici ?

-Non, non.... Ce sont d'abord mes amis qui ont remarqué qu'intérieurement un appel à l'aide se faisait sentir de plus en plus et qu'il ne fallait plus que... Je regarde cette personne inconnue mais qui est censé m'aider à aller bien dans le blanc des yeux pour savoir si ce que je vais dire je ne vais pas le regretter, que je me fasse du mal. Et j'ai remarqué que ce mal se répercute sur les autres alors pourquoi pas ne pas être là en fin de compte ? Mais juste ne pensez pas que je vais vous dévoiler mes tourments, mes démons sur une séance. Je ne vous connais pas et je ne pense pas avoir la force de me mesurer à vos regards, à votre peine envers moi, dis-je en épiant les visages des personnes m'entourant.

-Ne vous inquiétez pas, vous irez à votre rythme comme tous les autres ici, tant que vous trouvez le chemin qui vous sortira de cet enfer qu'est l'alcoolisme. Je ne parle pas que pour elle mais pour vous tous. On s'engage dans une aventure qui peut faire mal, mais qui peut se révéler salvatrice. Il retourne son regard vers moi. Bienvenue Mademoiselle Hayden à cette réunion d'alcooliques pas si anonymes.

Les "bienvenue" chaleureux de mes compagnons me rassurent sur le fait que je dois encore un peu rester auprès d'eux et ne pas fuir. Bien sûr il faut que ce moment soit écourté.

-Il y a un truc que j'ai pas compris, tu te bourre la gueule parce que tu dois travailler avec le Samuel Stevenson ? demande une jeune fille à l'allure nonchalante comme la petite blonde dans Dark Shadows.

- Oh! Oui et surtout parce qu'il ne veut pas coucher avec moi même si j'y mets tellement du mien pour qu'il me saute dessus. dis-je avec sarcasme et en battant des cils.

Sauf que j'ai l'impression qu'ils ont pris ma réponse trop au sérieux vus leurs têtes ébahies et les insectes qui peuvent entrer et sortir de leurs bouches béats. Suis-je une trop bonne actrice ?

-Quoi ?!

***

Je claque délicatement la porte d'entrée n'attendant pas à ce que quelqu'un soit à la maison. Mais la vue de cheveux bruns ayant des finitions mentholée, me dit que je ne serai pas seule l'après-midi. Même si je veux faire la conversation pour en savoir plus sur le Stevenson pour gagner ma croûte, mon corps et ma tête n'y sont pas. Alors je ne lui lance qu'un petit bonjour et que je vais manger plus tard, tout en me dirigeant vers la chambre où en fin de compte je suis prisonnière.

Sans compter que le retour a été assez tendu, Chris et Miranda avait l'air de vouloir me poser des questions sans savoir comment, elle se triturant le bout des doigts, lui ouvrant sa bouche maintes fois sans sortir un mot et moi les bras croisés évitant les questions possibles en essayant de m'évader en regardant le paysage à travers la fenêtre. Et de retour en prison.

Bon, c'est faux. Chris m'a bien fait l'offre de son lit bancal et de son humour mais j'ai préféré mon travail et un lit haut de gamme. Même si je dois me farcir ce fourbe de Stevenson pendant encore quatre mois je pense. Ça va être long...

Quelques jours sont passés depuis "la crise de la dernière fois" et depuis, j'ai tout fait pour ne plus croiser son regard ni sa présence soit en m'enfermant dans cette chambre ou en me levant en pleine nuit pour manger. Je sais bien qu'il doit faire semblant de ne pas entendre mes pas de mammouth et non de danseuse étoile, et sa gentillesse implicite me met mal à l'aise mais je le remercie de me laisser de l'espace. Mais c'est bon, il faut que je me reprenne en main, que je finisse ce boulot et pour la suite...On verra.

Remplie de pensées diverses, je ne remarque pas que je m'affale dans le lit, enfonçant mon corps dans la couette en lin, douillette et délicate au senteur de rose reflétant les imprimés fleuris de celle-ci. Ce qui change de la couverture en satin de la semaine dernière. L'odeur est la même, mais la situation non. Peut-être que je ne veux pas me l'admettre mais le travail me manque. Enfin... jouer la fausse secrétaire c'est mieux que de s'ennuyer et de se tourner les pouces à regarder les faits et gestes anodins, et surtout dans le silence, du Stevenson. La façon dont il fronce les sourcils devant des documents complexes, les cercles qu'il fait avec son pouce droit sur le dos de sa main gauche ou encore quand il se mord la lèvre quand il réfléchit. Des gestes tout ce qu'il y a de plus normal quoi...

Je devrais me concentrer sur le reste de la famille afin d'avoir une sorte de trame de fond sur la vie du Stevenson pour le moment. Alors... Elaine Stevenson, que dire sur elle ? Ce que je sais c'est qu'elle a fait des études dans la photographie avant de se reconvertir dans la finance, le reste Google me le dira dans la seconde. Rien qu'en tapant son prénom, elle est la première personne suggérée, ce qui veut peut-être dire beaucoup.

Je découvre que bien sûr, elle parraine plusieurs associations tout en travaillant pour l'entreprise familiale dans le secteur financier. Ce qui peut paraître bizarre dans son parcours est que pendant un an, on n'a plus entendu parler d'elle durant ses études, et après être revenue, elle s'est mise à fond dans la formation. De plus, il semble qu'elle était plus à fond dans la photographie - elle a une galerie assez connue où elle expose ses œuvres et celles d'artistes en devenir - que dans la finance. Enfin on peut dire qu'elle n'a pas l'air d'avoir quelque chose à se reprocher.

Elle aide son mari d'une main de fer et on dit même qu'on ne peut pas rêver meilleure partenaire d'affaire qu'elle. Les affaires vont bien, et la fille Stevenson risque de reprendre les affaires quand Stephen Stevenson prendra sa retraite. Mais il semble que le fait que mon Stevenson ait choisi de faire son affaire de son côté a tâché l'image de famille idyllique. C'est vrai qu'il avait déjà tout sous la main, une affaire déjà lancée qui a porté des fruits pendant plusieurs années, des partenaires... C'est à se demander si peut-être cela l'étouffait. Quand on voit comment agit sa mère, on peut bien se poser la question.

Mais pour se poser la question, il faut que je sois complètement là et pour cela il faut que je prenne un café. Et je remercie le ciel que Stevenson connaisse le bon café et qu'il ait tout ce qu'un barista professionnel a besoin dans sa cuisine. Bien sûr, je ne vais pas m'aventurer en touchant tous les boutons possibles, mais à tout faire dans l'ordre des choses dû à mon ancien petit boulot de barista durant les dernières années lycée dans un petit café ayant des clients réguliers. Les nuages de lait en forme de feuille ou de cœur ça me connaît. Des grains de café frais se trouvent en dessous du comptoir. Venezuela, Kenya, Pérou... Il y a le choix, on dirait bien.

-Oh vous savez vous servir de ça ?

Je ne m'attendais pas à entendre la voix d'Holly ce qui fait que je me cogne méchamment la tête contre le comptoir !

- Oh vous allez bien ? C'était un gros boum ça !

- Au moins ça veut dire que j'ai pas la tête creuse... Merde ça fait un mal de chien.

- Bon vous risquez d'avoir une petite bosse mais rien de bien méchant ! Vous voulez manger quelque chose ?

-Ce serait pas de refus d'avoir un sandwich s'il vous plaît. Pardon s'il te plaît, on avait dit qu'on ne se vouvoyer pas. Aussi des glaçons pour la tête, ce ne serait pas de refus.

-C'est vrai, dit-elle en s'affairant, je v- pardon, je te laisse t'occuper du café alors. Je ne sais pas comment fonctionne ce truc. Elle ouvre le réfrigérateur et met dans un chiffon assez de glaçons pour la "petite" bosse qui est apparue à l'arrière de mon crâne.

-Alors qui l'utilise ? Le Stevenson sait l'utiliser ?

-Moui, il préfère faire son café comme ça il n'a pas à dépenser plus. Et entre toi et moi, faire le connaisseur rajoute quelque chose à sa capacité de drague.

Hmm, voilà que le sujet m'intéresse.

-Ah bon ? T'as déjà vu certaines de ses conquêtes ? dis-je en tirant sur la presse de la machine

-Oui, plus au moins quand j'aidais le chef à la cuisine afin de leur concocter des plats, ou encore quand je devais sortir. Des femmes toujours élégantes avec des jambes longilignes. Et le point commun entre toutes est qu'elles sont toutes d'une manière ou une autre connues. Bon à part les secrétaires qui étaient beaucoup plus impressionnés par Samuel que les autres.

Je la regarde fixement en attendant qu'elle m'en dise plus, mais je pense qu'à ce moment-là elle se rappelle que je suis journaliste et se tait, s'affairant à faire à manger.

-Tu sais, ce serai pas nouveau de savoir qu'il a eu plusieurs conquêtes, presque tout est déjà sorti dans les journaux et il a bien montré que ce n'était pas que des rumeurs...Donc d'autres informations pour le cerner peut être utile.

-Mais ce serait le trahir dans son intimité, si tu veux en savoir plus demande lui directement ...Je peux juste te dire que beaucoup sont passées ici quand j'étais là ou pas, que j'ai retrouvé beaucoup d'accessoires ou d'habits féminins ici oubliés ou laissés exprès. Mais je ne peux pas te dire qui.

Au moins, j'en connais certaines, y compris Madame Desmond. Ce serait culotté que le Stevenson fasse affaire avec Monsieur Desmond, mais je pense qu'il pourrait le faire.

- Tu peux très bien lui dire qui... Elle le saura tout de manière.

Le brun se trouve au beau milieu du couloir et a l'air d'être au courant de notre conversation mais ne fait comme si de rien était. Il se rapproche lentement de la cuisine ouverte sur le salon due aux vitres de verre (oui encore du verre) et prend une pomme qu'il croque à pleine dent avant de nous regarder chacune notre tour. Holly, elle, s'est recroquevillée sur elle-même tout en ayant l'air de jurer intérieurement dû à son poing fermé et la contraction de sa mâchoire et ses sourcils froncés. Oui, dans une autre vie j'ai dû être profiler comportemental, et ça a pas dû être de tout repos... Aussi j'ai regardé tous les épisodes de Lie to me, ça peut aider.

-Je respecte son choix de ne pas me le dire, elle ne veut pas perdre son boulot après tout.

-Vous, vous respectez l'avis des gens ? Première nouvelle ! Vous êtes les premiers à harceler et rabâcher des choses juste pour avoir ce que vous voulez, alors en ce qui concerne le respect de la vie privée, j'en suis pas si sûr.

-Je ne peux parler au nom de tout le monde, mais quand on veut la vérité on la cherche? Peut-être pas par les moyens légaux et au nom du respect de la vie privée des gens mais en aucun cas, je mets la main sur mon cœur pour montrer ma sincérité, je ne ferai perdre le boulot de quelqu'un juste parce que je veux des réponses que je peux avoir d'une autre manière.

-C'est-à-dire ?

-En vous demandant juste les réponses et en faisant mes enquêtes en bonne et dû forme pardi ! Vous me parlez, je vois si vous me mentez, j'enquête et voilà ! Et j'ai pas l'impression que vous êtes un cas si difficile, dis-je en buvant d'une traite le contenu de ma tasse de café.

Il ne répond pas mais me fixe avec sa pomme qu'il déguste et les sourcils froncés comme attendant plus de précisions. Je m'apprête à cracher mon venin mais me stoppe. La pauvre Holly n'a pas besoin de voir son patron se faire démonter comme ça.

-Je laisse tout ça à plus tard, dis-je en me resservant du café.

-Et pourquoi pas maintenant ? Je suis prêt, il se met en position, les jambes alignées à ses épaules et le tronc en avant comme s'il s'apprête à recevoir des coups mais que son buste est plus fort que celui d'une statue grecque. Allez-y, lancez-vous !

-Qu'est-ce que vous faites ? Il ne réagit pas et reste les yeux fermés, Vous êtes ridicule là... Surtout qu'il y a du public.

-Euh...Je pense que je vais vous laisser dit une Holly assez gênée de la situation.

-Non vous pouvez rester, balancez-moi toutes les questions afin que je vous donne les réponses que vous attendez tant, affirme-t-il avec un ton moqueur qui n'appartient qu'à lui. Ce qu'il m'énerve !

-Holly, si tu restes tu risques de ne plus pouvoir regarder ton patron dans les yeux à part avec une tête de dégoût envers lui sauf si mes suppositions s'avèrent fausses, dis-je sans quitter le regard de défi du Stevenson. Si elles sont vraies, tu regretteras d'avoir laissé tes oreilles dans les parages....

Elle détale avec une tête de dégoût, sans demander son reste afin de ne pas avoir à écouter tous les vices de son patron. Elle a bien raison de partir, si le Stevenson est honnête, ça ne va pas être très beau à voir. Me voilà seul avec lui, prête à le cuisiner.

- Alors ? J'attends.

- Je préfère qu'on s'assoit d'abord, il vaut mieux non ?

- J'ai une meilleure idée, prenez votre manteau, dit-il en prenant les clés de voiture posées sur le bord du plan de travail.

Voyant que je ne bouge pas d'un poil alors que lui porte son manteau, il penche sa tête sur le côté tout en mettant en place ses manches.

- Très bien, pas de manteau. Allons-y.

J'hésite à le suivre mais si je veux des réponses il faut bien que je le fasse. Espérons juste que cette virée n'est pas dans le but de m'enterrer dans les bois.

****

Les immenses portes de l'entreprise s'ouvrent comme des portes magiques, si on oublie la carte qu'il a passé devant l'une d'elles.

-Alors, comme ça vous faîtes des virées nocturnes dans le but de retourner dans votre bureau ? C'est d'une tristesse...

Il se retourne tout en marchant à reculons avec insouciance comme s'il connaissait chaque recoin de son entreprise les yeux fermés.

- C'est un peu mon chez moi donc, c'est assez normal ! Sa voix résonne entre les murs. Je vous emmène à l'un des endroits où je me déstresse d'une longue journée.

- Je pense que votre lit ne se trouve pas ici à moins que...

- Vous êtes très drôle on vous l'a déjà dit ? dit-il quand les portes de l'ascenseur s'ouvrent, je sais que ma vie sous la couette vous intéresse mais je ne tiens pas à la partager avec vous.

- Hmmm, dommage alors, dis-je avec une fausse moue.

Arrivé à ce qui semble l'étage inférieur, nous nous retrouvons devant une porte ouverte donnant vu quand on allume la lumière a une salle de sport 2.0, 2.0 pas dans le sens à la Iron Man mais dans le sens où ça ne semble pas être une salle commode à toutes les entreprises dû à sa taille et surtout qu'elle contient un ring. Alors que mes yeux analyse plus amplement la salle, je reçois des vêtements de plein fouet sur le visage.

-Portez ça et on monte sur le ring, ordonne-t-il tout en attachant ses gants de boxe en étant vêtue d'un t-shirt (à moitié) et d'un short de combat.

- C'est quoi ce ton autoritaire ? Et quand-est-ce que vous avez eu le temps de vous changer ?

- Pendant que vous étiez en train d'admirer tout l'attirail qui se trouve dans cet salle de sport en se disant "wow il a même une salle de sport", à quoi je vais répondre oui j'ai une salle de sport mais qui est commune pour tous les employés, dit-il en mettant en place son t-shirt. En voyant que je veux parler il ajoute : Mais bien sûr je ne les croise que rarement pour ne pas les effrayer pendant leur séance de sport, je n'ai pas envie de voir leur visage se figer juste parce que j'occupe le même espace vital que eux durant... trente minutes à une heure ?

Son sourire se joint d'un haussement de sourcil voyant que je ne m'affaire pas à aller dans les vestiaires pour me changer et le rejoindre sur le ring. Je n'ai aucune envie de le suivre dans son délire soudain de faire mumuse avec lui. S'il veut faire du sport, il peut bien le faire seul et je n'ai qu'à le regarder non ?

- Vous savez mademoiselle Fawkes, que le seul moyen aujourd'hui d'avoir des infos sur moi et de me montrer que vous voulez vous battre pour les avoir, il se rapproche de moi et montre à quel point il me domine par sa taille, alors vous allez coopérer ou ramer jusqu'à la fin de cette "collaboration" ?

Moi qui ne voulait pas le regarder dans les yeux, réponds à son regard mesquin avec un regard hargneux. Il ne sait pas à qui il a affaire !

Remontée à bloc pour lui donner une leçon et en finir au plus vite, je le bouscule avec l'épaule en passant, avant de me changer à vitesse grand V.

- Vous voilà enfin, il me suit du regard jusqu'à que je me mette devant lui, prête.

- Donnez-moi les gants, j'ai déjà une gouttière.

Il ne se pose même pas la question de la provenance de l'objet, il ne fait que de me passer les gants et se met en position. Il ne sait pas à quoi s'attendre. On va le laisser croire qu'il a l'ascendant jusqu'au moment fatidique de l'humiliation !

- Vous rajoutez quelque chose de plus à votre bizarrerie en me regardant comme ça et ricanant dans votre coin.

- On n'est pas là pour parler de moi, commençons. Tous ces scandales sortant sur vous sont vrais.

- Ce n'est pas une question mais une affirmation que vous faîtes, dit-il en essayant de m'avoir sur le côté.

-Parce que s'en est une, j'ai eu la confirmation l'autre jour au gala et les jours d'après. Vous ne vous en cachez pas.

- Vous avez une droite d'enfer, dis donc !

- N'essayez pas de changer de sujet. Je pensais que vous assumeriez, vu votre com...portement! Il se peut même que vous ayiez une chambre à la Christian Grey, et que vous m'aviez menti en ne disant qu'elle n'existe pas !

- Pourquoi êtes-vous tant attiré par mes ébats que j'ai déjà confirmé auprès de vous. Ma vie ne tourne pas qu'autour de cette activité.dit-il en évitant mon poing gauche

C'est tâche difficile de parler et d'éviter et lancer des attaques à l'adversaire, j'ai plutôt l'habitude de me concentrer sur l'assaillant pendant les cours de krav maga et de boxe mais là, à l'intérieur de ma tête, j'entends mon supérieur me crier de ne pas abîmer celui qui est devant moi. Cette déconcentration ne me réussit pas puisque je ne réussis pas à éviter son croche-pied et je l'emmène dans ma descente en s'accrochant à lui. On peut dire que c'est la plus cocasse des situations !

- Je ne pensais pas que vous me pensiez aussi pervers, vous savez un glaçon ou une crème glacée entre nous me suffit ampl-

- Bougez s'il vous plaît, vous m'écrasez. Le ton de ma voix est sec. Je ne peux tout simplement pas rester dans cette position. Mais j'ai bien l'impression qu'il ne m'écoute pas et continue sa tirade sans faire attention à ma requête.

- Je le répète bougez-vous s'il-vous-plaît, je grince entre les dents.

- Cela vous dérange tellement que ça ?

Les images du gravier froid et mouillé, ainsi que celle de mon corps allongé dessus criant et un parallèle comme si cet événement ne faisait pas partie du même univers. Pourtant si, et comme si la peur s'empare de moi, je me défends comme je ne l'avais pas pu ce jour-là, et donne un coup de tête au Stevenson de toutes mes forces. Il me lâche sous le coup soudain et la douleur.

-J-je vous ai dit de me lâcher ! soufflé-je en me relevant et en lui faisant dos alors que lui tient son nez ensanglanté.

-J'allais le faire ! Pas la peine de me casser le nez putain !

Mark va me tuer c'est certain.

-Je vais chercher de quoi soigner tout...ça.... Mes gestes sont désordonnés et je bégaye avant de tourner les talons pour réparer les dégâts.

-Ouai c'est ça !

****

- Ouch ! vous appuyez trop fort !

-Alors ne bougez pas ! J'ai réussi à ce que le saignement s'arrête, maintenant il faut juste que vous partiez vous remettre le nez en place. Je me lève pour ranger le kit médical tout en continuant de parler. Je pourrai le faire mais je pense que vous voulez définitivement que je ne vous touche plus, n'est-ce pas ?

- Vous pensez bien. Vous vous battez comme une lionne en tout cas.

- Vous n'avez pas approfondi vos recherches sur moi, voilà tout.

- C'est tout simplement que votre vie privée ne m'intéresse pas, dit-il en baissant la tête pour pouvoir me regarder dans les yeux, n'étant qu'à quelques centimètres de lui.

- C'est ça....

Un silence s'impose entre nous ce qui fait que je me triture les mains et lui touche sans arrêt son nez de manière têtue si bien que des bruits de douleurs sortent des fois. Cependant ce moment s'arrête lors de sa prise de parole.

- Je sais que ça peut sonner bateau...mais à un moment de ma vie j'ai été quelqu'un de ranger, voulant ne plus être sous la tutelle de ma mère et sous le nom de mon père qui est pourtant très cool, c'est plutôt ma mère qui a été trop collante....

- Vous avez toujours le nom de votre père vous savez.

- Ne me coupez pas... C'est pour dire que celui que vous voyez là n'est pas celui d'il y a cinq ans. Je suis né avec une cuillère d'argent, ai fait des études de médecine tout en suivant les cours de management que ma mère m'avait imposé "au cas où" pour ne pas dire qu'elle ne voulait pas que ma soeur prenne les rênes... puisqu'elle n'est pas la fille biologique de mon père mais d'une histoire brève de ma mère avec un indien en échange universitaire dont elle est tombée amoureuse follement... Jusqu'à qu'il l'a quitte sans savoir qu'elle était enceinte.

Ma mère en a toujours voulu à Ayanna mais pour des choses vaines... Mais ce n'est pas le sujet, il se tourne complètement vers moi. Il y a toujours quelqu'un ou quelque chose à la raison d'un changement de comportement, et pour moi c'est une personne qui a été très importante mais qui est partie dans un moment où j'avais besoin d'elle, sans un mot.

J'essaie de traduire son regard qui transperce le mien comme pour montrer que ce moment est un moment de vulnérabilité et de sincérité. Essaie-t-il vraiment de s'ouvrir à moi... Je... Comment dire ? Je lui pète le nez et il se décide à me parler de choses plus profondes que ses histoires de coucheries ?

- Je ne sais pas si vous vous souvenez de l'affaire qu'il y a eu ces dernières années mais ça ne me concerne pas complètement directement donc je n'en parlerai pas, mais c'est à ce moment là que j'ai senti un poids sur mes épaules, ma vulnérabilité à ne pas pouvoir aider mes amis, à voir mon cercle se détruire, et elle qui part -c'est....C'était beaucoup.

- Pourquoi?

- Tout simplement parce qu'elle était devenue ma raison d'être.

Et là je ne sais que faire de son regard, de son visage nouveau à mes yeux, ne me donnant plus l'impression de voir le Stevenson mais juste Samuel.

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