chapitre 25
Semaine 1 .
Francis se sent plus fort. Une acuité visuelle développée ainsi que l’ouïe. Il a faim plus souvent, un très grand appétit. Il a l'impression de, je cite, « sentir les choses »
Semaine 2.
Francis est jovial, il veut entreprendre des choses, sortir de la rue. Son grain de peau a l'air plus ferme, le teint frais. Son grain de beauté diminue, à surveiller. Il se sent bien. Capacités intellectuelles développées.
Semaine 3.
Oui, déjà la fin de la troisième semaine, jamais aucun autre n'était arrivé jusque là. Je crois qu'on a réussi. Il est assez euphorique. Francis est un homme attachant, on discute de plus en plus. Il s'ouvre un peu plus. Je sais qu'il était marié mais qu'il n'a pas eu d'enfants. Il avait un chien, une entreprise. Ses parents sont morts et personne ne le cherche. IL se sent moins seul, depuis ses deux semaines, il ne saurait l'expliquer mais c'est ce qu'il ressent. Je cite « connecté aux autres, connecté au Monde ».
Je lui fais une prise de sang toutes les semaines. Il s'est coupé avec un couteau sans faire exprès. Sa plaie s'est refermée en trois heures. Sans médicament, rien. Il se sent pousser des ailes. Ça le rend moins prudent. Il veut s'en sortir, refaire sa vie. Ce qui est normal. Il a apparemment compris l'importance de ne pas parler de moi ni du remède. Par contre, il dit avoir le sommeil agité, et court. Il ne se rappelle d'aucun rêve.
« Alors, où ça en est, cet appart que vous m'cherchez ? »
« Oh heu, hé bien, il y a beaucoup de demandes et très peu d'offres. Il y a des cas qui sont encore plus prioritaires que vous. » Francis fronce le nez et son regard s'assombrit. « Hé bien, les femmes enceintes sans toit, les personnes battues, celles qui ont des enfants en bas âge…
« Ouais, j'comprends... » Francis se frotte le menton, presque coupable de ressentir de la jalousie envers ces personnes en détresse. Il squatte bien un petit abri prêté par Christal, mais entre les meubles entreposés tout poussiéreux et le matelas à même le sol. Ça ne correspond pu à sa nouvelle vision de la vie. Il en est toutefois reconnaissant.
« j'ai un petit local en attendant si vous voulez, c'est très sommaire et ce n'est pas fais pour vivre mais ça peut vous dépanner... » et rester pas loin de moi pour que je puisse vous surveiller…
« ouais pourquoi pas »
« par contre, il faudra être très discret.. »
« oui j'sais bien, personne doit savoir que j'suis là, qu'on s'connait blablabla…. Parfois j'me d'mande si c'est légal vos affaires… » me coupe Francis en plantant son regard dans le mien sans ciller. Je tente un sourire mais je suis crispé.
« Les découvertes médicales font l'objet de confidentialité très poussé…. » je m'arrête en pleine phrase, une idée me vient, comment je n'y ai pas pensé plus tôt.
« Ya le dispensaire ! Vous pourrez y dormir, vous aurez trois repas par jour, de quoi prendre une douche »
« c'est comme une hospitalisation ça ?! »
« En quelque sorte, mais dans le cadre du projet « santé pour tous », les personnes au dispensaire peuvent rester anonyme, souvent elle reste pour une nuit, le temps d'avoir des médicaments ou partent sans prévenir. Qu'en dites-vous ? » Avec ça, Francis devrait avoir moins de soupçons, je le préférais quand il réfléchissait moins.
Sur un patient sain, le remède accroit les capacités sensorielles et intellectuelles. De plus en plus, je pense à le tester sur Eddy.
« J'vais réfléchir à vot' proposition »
« d'accord, autre chose que vous avez remarqué chez vous ? »
Francis pense à l'amour qui envahit son coeur pour cette jolie dame brune qui vient le voir tous les jours… non à part ça rien.
« Nan rien, tout est dit »
« Bien, je vous revois bientôt alors, prenez soin de vous Francis »
Fort de mon idée, je me rends aussitôt après, dans la chambre d'Eddy. Tout en lui parlant des aptitudes de Francis, ma confiance redescend un peu, ça ne fait que 21 jours. Il est vrai aussi qu'il a l'air en très bonne forme et pas sur le point de mourir. Aucun organe ne se dégrade, ces cellules se renouvèlent plu vite. Tout en parlant à haute voix entre réflexion et explication, Eddy cligne frénétiquement des yeux.
Lui serrant la main, je compatis, moi même je l'aurais fais.
« Vous êtes sur ? »
Deux clignements d'yeux, agrémenté d'une larme au coin de l’œil. Je vois bien que c'est une larme d'espoir.
« Ya un risque que vous mourriez, vous en êtes conscient ? »
A nouveau deux clignements d'yeux.
« Je sais même pas si ça va marcher, vous êtes très… »
Il n'arrête plus de clignoter des paupières.
« Bien, c'est d'accord ». Je sors la seringue de ma poche, un instant d'hésitation, cet homme est devenu un ami. Toute cette tragédie à cause d'un chauffard qui a pris la fuite. On l'a jamais retrouvé.
Eddy me supplie du regard, quand l'aiguille s'enfonce dans sa peau, il n'y a pu de retour possible.
Eddy est maintenant le patient 13.
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