chapitre 26

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« Je savais bien qu'il vous inoculerai ce putain de vaccin, c'était qu'une question de temps. Il fallait que votre état s'aggrave, et j'ai fais ce qu'il faut pour, en vous injectant une petite dose secrète, mais vous avez fais fort, l'AVC devait avoir lieu dans votre lit mais vous êtes parti vous promener, c'était inespéré que vous vous brisiez le tronc cérébral. Ce foutu chauffard que j'ai payé pour vous renverser, a mal fait son boulot m'obligeant à le finir ! Enfin bref, le résultat est là, enfin !

Je compte sur vous pour venir me donner des détails sur tout comme avant, et n'oubliez pas…

Si vous lui dites un mot, votre fils est mort.

J'ai des yeux et des oreilles partout ici et même hors de la clinique »

Bonne nuit ! »

L'homme prend un petit objet derrière fixé sous le lit et l'agite devant les yeux d'Eddy en souriant. Il écoutait tout depuis le début, voilà comment il sait qu'Eddy a déjà le remède dans les veines.

Le cerveau en feu, les nerfs à fleur de peau, Eddy ne peut pas bouger mais une rage folle s'empare de tout son être. S'il y avait pensé, il aurait demandé à Will de lui administrer ce remède bien plus tôt, même si c'était pour une semaine mais au moins, il aurait pu reparler à son fils, faire des choses avec lui avant de mourir. Et non pas être coincé dans son propre corps. Enfin, apparemment, le remède fonctionne depuis trois semaines.

Son accident, son AVC rien n'est du au hasard. Rien n'était le fait du destin. Comment peut-on disposer de la vie d'un homme, d'une famille a ses propres fins. Eddy était révolté, encore emprisonné en lui-même. Quand ce foutu produit allait faire effet ? IL aurait pu tuer cet homme de ces propres mains tout a l'heure. Même si il le fait plus tard, c'est une grosse organisation qui est derrière, lui mort, un autre s’occuperait de son fils. Piégé dans son corps et dans sa vie.

Que dirait Antonio s'il savait tout ce que j'ai fais pour en arriver là. Que penserai mon fils…

Tout en ayant des pensées agités, un drôle de sommeil s'infiltre en lui.

Quand il se réveille en sursaut, quelques heures plus tard, il a l'impression d'étouffer, il n'arrive plus à respirer. D'un geste de survie, il s'ex-tube lui même. Quand il réalise ce qu'il vient de faire, il comprend qu'il est guéri. Bougeant ses mains devant lui, il n'en revient pas, il l'avait espéré oui, mais n'était pas vraiment certain que ça marche. Eddy bouge ses orteils, et rit. Ça ya est, la prison est ouverte, il est libre !

Vivement, il s'arrache les électrodes enlevant des touffes de poils, les cathéters. Et le plus délicat, la sonde urinaire. Il grimace, tire dessus très lentement jusqu'à extraction complète. Il est soulagé, il avait cru que ça serait douloureux. Un léger sourire de soulagement et satisfaction.

Prudemment, il se lève, se tient debout, tremblant, il lâche le lit et s'essaye à quelques pas, tout va bien. Tout refonctionne. Il n'en croit pas ses yeux.

À la hâte, il s'habille, et se précipite au labo du docteur Nelson.

Le labo est fermé, il connait le code, entre sans que personne ne le voit et attend impatient.

Un quart d'heure, vingt minutes, une demi heure. Toujours personne. Eddy pense à téléphoner à Antonio à un moment, tout en composant le numéro, il raccroche. Non, il fera la surprise de se tenir debout devant lui. IL imagine déjà l'étonnement dans ses yeux amoureux. Il s'en frotte les mains. La visite d'hier soir tard, n'est plus dans son esprit, pour le moment, la réaction de ses proches.

Mon cœur s'interdit, mes pas s'arrêtent, mes dossiers s'éparpillent sur le sol sous l'effet de la surprise. La porte du labo est entrouverte. Mais que se passe t'il encore ? Qui a pu ouvrir ?

Je pousse doucement la porte, après avoir ramassé mes dossiers. J'essaye de me maitriser, mon fauteuil est tourné vers la vitre, quelqu'un est assis là, dans mon labo secret. J'avais laissé mon ordinateur allumé en partant chercher mes dossiers que j'avais oublié dans la voiture. Posant discrètement mes dossiers sur l'étagère pas loin de la porte, je tends le bras pour attraper la batte de baseball derrière la porte en la refermant. Je la serre des deux mains en approchant.

« Haaa vous voil… Hey c'est moi, c'est Eddy, docteur ! » lance t-il en se retournant. IL bondit vers moi, si heureux de marcher, moi même, j'en suis estomaqué, aucun mot ne me vient.

Juste une nuit, et ces cellules se sont régénérées à ce point. C'est hallucinant. Il sautille comme un jeune homme de 20 ans.

« Ouii ! C'est fantastique, j'suis v'nu ici en premier pour vous prév'nir. Il me tarde de voir la tête d'Antonio et de (fils). Merci docteur, merci, merci, merci ! »

Il me serre très fort dans ses bras, tant il est heureux. Des larmes de joie, noie mon épaule sur laquelle il s'accroche. La pluie battante cogne contre la vitre, le tonnerre gronde. Un rictus me prend quand je pense que la météo était la même, le jour où Francis a reçu le remède.

« Bien, il faut retourner dans votre lit, je sais pas comment on va pouvoir expliquer ce miracle »

« Non, non, je veux voir Antonio, je veux voir mon fils, il est hors de question que je retourne m'immobiliser dans ce lit, j'ai perdu tellement de temps, allongé là sans pouvoir parler, ni bouger. Vous imaginez même pas l'enfer que c'est Docteur. »

Il sait déjà éloigné de moi, perdant son regard entre les gouttes d'eau qui martèlent la rue. Je réfléchis à une solution mais laquelle. Impossible à expliquer. J'aurai cru qu'il aurait eu des améliorations pendant quelques jours, mais là, en une nuit. Qui va croire ça ? Des questions vont être posées ? Des prises de sang ? Comment faire ?

Réfléchis, réfléchis…

La main dans mes cheveux, je le regarde, toujours à me tourner le dos, comme s'il attendait que je trouve une solution qui ne me vient pas.

« On peut dire que j'ai voulu m'faire hospitaliser chez moi »

Mais oui, comment n'y ai-je pas pensé avant. Je remplis les papiers et fais croire qu'il est rentré avec une ambulance et un lit médicalisé.

« Il faut appeler Antonio ! » lui dis-je en prenant le combiné.

« Désolé, je croyais que c'était une bonne idée » me dit-il déçu.

« Mais oui, c'est une excellente idée Eddy ! Il faut juste qu'Antonio signe des papiers, pour qu'on pense que c'est lui qui a demandé l'hospitalisation à domicile. »

Eddy compose le numéro de chez eux, puis je parle à Antonio sans trop lui expliquer, juste qu'il doit venir immédiatement signer des papiers pour la HAD.

« Restez ici, je vais chercher les papiers »

Avant de refermer la porte, je lui demande « comment vous sentez-vous Eddy ? »

« Plus en forme que jamais docteur »

Nous nous sourions, et je file au plus vite. Quand les papiers seront signés, je les mettrai dans le dossier avec une note comme quoi les papiers ont déjà été envoyé à la Sécurité Sociale.

J'attends Antonio devant la chambre d'Eddy. Devant la porte, je lui fais signer les papiers puis dépose le dossier dans son casier avant la tournée des infirmières.

« Venez Antonio, Eddy est par là. Il est prêt à rentrer. »

Il me suit sans poser de questions. Aucune flamme dans ses yeux, l'espoir l'a abandonné. Je suis tout excité à l'idée de le voir s'emplir de bonheur.

En ouvrant la porte du labo, Antonio reçoit un choc émotionnel qu'il n'est pas prêt d'oublier. Eddy sans attendre, lui saute dans les bras. Je leur laisse quelques minutes d'intimité.

Derrière la porte, j'entends Eddy, il a l'enthousiasme de ses 20 ans, l'audace de ses 30 ans, la soif de vivre de ses 40 ans et l'espoir de ses 50 ans. Il lui explique en faisant un résumé du remède, de la nécessité de rester cacher, la fausse hospitalisation à domicile et la triste conséquence qui pourrait subvenir d'un coup : la mort.

Mais en même temps, tout le monde meurt, Eddy est plein de vie, fougueux. Antonio ne peut que le suivre dans sa folie.

J'entre dans le labo et les fait sortir rapidement sans que personne ne les voit.

« Demain, prise de sang, Eddy et si ya le moindre souci, vous m'appelez immédiatement, de jour comme de nuit, promis ? »

« Oui, docteur, encore merci ».

Ils s'engouffrent dans la voiture d'Antonio, direction l'école de leur fils.



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