chapitre 30

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« Je veux que Will l’opère, appelez le, il travaille ici ! » Christal au bord du désespoir ne peut que se raccrocher au fait que son mari est chirurgien dans cet hôpital. Même s'il ne travaille pas aux urgences, c'est sa fille.

La secrétaire au bureau des admissions, ne sait pas trop quoi dire à cette femme presque hystérique devant elle. Travaillant depuis 4 mois ici, elle ne connait pas de Will.

« Haa Gérard !! »

« Christal, je viens d'apprendre, Lyse est prise en charge par nos meilleurs médecins, on fera notre possible »

« Je veux que se soit Will qui l’opère, va le chercher, il est de garde ce soir » ; Chris s'accroche à Gérard, un collègue de Will comme une planche flottante en pleine mer.

« Mais Will ne travaille pu ici, depuis plus de 6 mois maintenant »

Gérard Girès, ne comprend pas trop, la femme de son ancien collègue est surement sous le choc. Ces deux enfants impliqués dans un accident, ça ne doit pas être facile.

« Je vais te donner un calmant »

« JE NE VEUX PAS DE CALMANT !! JE veux Will... » Christal est perdue, bien sur que son mari travaille ici, tous les matins, il sort pour aller travailler, parfois il ne rentre pas de la nuit parce qu'il est de garde.

Paul la soutient toujours, lui fait signe qu'il va essayer de nouveau de joindre Will.

Gérard s'est éclipsé, et revient quelques minutes plus tard avec un verre d'eau.

« Tiens, bois ça »

Elle prend le verre et le boit d'un trait sans y trouver le gout du calmant dilué.

« J'ai laissé un autre message, mais toujours rien »

« Mais où est-il ???»

Paul la prend dans ses bras, un autre médecin en blouse blanche arrive.

« Bonsoir, Monsieur et Madame Nelson, votre fils Liam n'a que des blessures superficielles. Il a vraiment eu de la chance. On lui a recousu le front et son bras est dans une attelle mais il s'en remettra point de vue physique. Je vous conseillerai une consultation spychiatrique, il s'est avéré qu'il était sous l'emprise de la drogue et de l'alcool au moment de l'accident »

« Quoi ? Non, Liam ne boit pas et n'a jamais touché à ses saloperies ! »

« Il était très agité, on lui a administré un sédatif léger pour qu'il puisse dormir un peu et au matin, la police voudra certainement l'interroger. »

Les heures passent et enfin l'opération de Lyse est terminée. Les médecins ne peuvent se prononcer mais les prochaines 24h sont décisives. Gérard conseille à Chris de rentrer pour se reposer et s'il arrive quoi que se soit, il appellera, mais elle ne veut pas quitter l'hôpital, ni ses enfants. Au chevet de Liam, elle se demande ce qu'il lui a pris, il n'est pas enfant à faire des conneries. Serait-il au courant de ce qu'elle s'évertuait à lui cacher ? Impossible, personne ne peut savoir, à part Paul et elle. Christal maman désemparée, fait l'aller retour entre les deux chambres voisines qui abritent chacun de ses enfants. Si Will était là, elle n'aurait pas eu à faire ça. La colère s'empare d'elle d'avoir à tout gérer, alors qu'il est introuvable. Tout ce temps hors de la maison, il a une maitresse c'est certain, comment ose-t-il !


**


Le saignement s'est enfin arrêté, Francis me dit que tout va bien mais ce n'est pas normal, le fantôme de Roger me revient à l'esprit. Eddy a l'air inquiet, moi aussi. Je fais faire une prise de sang à Francis.

« Il est tard, je vous raccompagne »

Il accepte, Eddy retrouve Antonio qui l'attend sur le parking. Il est 22h à ma montre, personne à la maison. Mon téléphone est resté au labo mais tant pis. Chris a du me laisser un sms pour me dire qu'ils sont sortis. Après ma douche, je m'endors directement. Un sommeil tourmenté. Des songes avec des nuances de gris, de noir, de cris, de douleur, de mort.

Au matin, Christal n'est toujours pas rentrée. C'est étrange, je regarde dans les chambres des enfants, rien non plus. Que se passe t'il ?

Avec le téléphone fixe, j'appelle la clinique, le service de biologie, Christine répond.

Francis a un taux d'hémoglobine anormal et ces leucocytes sont en net baisse. Son état se dégrade.

La porte d'entrée s'ouvre après que la clé est crochetée le verrou, Shaïna entre en boitant, s'arrête en me voyant, étonnée, me parle vite, une cheville plâtrée, des béquilles pour la soutenir.

Tout se mélange, des vêtements pour Lyse et Liam, si je suis pas à l'hôpital, Madame Nelson en pleurs, la voiture en feu, Liam en psychiatrie, Lyse dans un coma artificiel, une fête.

« Shaïna, doucement ! Je comprends rien ! »

« Monsieur, désolée, j'suis v'nue prendre des linges pour Liam et Lyse, ils sont à l’hôpital, on a eu un accident hier soir. Madame Nelson n'arrête pas de vous appeler sur vot' tel. Lyse s'est faite opérée, et Liam sava mais il est psychiatrie, parait qu'il avait bu et pris des drogues, pour ça qu'il a fait cet accident, la voiture a explosé ! BOUM ! En feu ! C'est M'dame Nelson qui m'a donné les clés pour récupérer des vêtements c'matin. J'crois qu'elle est furax cont' vous d'ailleurs, z'étiez où ? »

Shaïna de son franc parler, est une amie d'enfance de Lyse, elle fait partie de la famille en quelque sorte, mais de là à me demander où j'étais, mais elle est comme ça.

« Va prendre des affaires, je t'attends dans la voiture, dépêches toi ! »

Je fais démarrer la voiture et ronfler le moteur, où j'étais pendant que ma famille était en train de se perdre dans les sombres ruelles de la vie douloureuse.

À l'hôpital, Chris sait donc que je n'y travaille pu. Mes doigts pianotent frénétiquement le volant. L'information principale, ils sont vivant, Liam va bien, pourquoi la psychiatrie ? Lyse dans un coma artificiel, ça sent le traumatisme crânien, beaucoup plus grave. Étaient-ils tous les deux dans la voiture ? Qui conduisait ? Chris ? Elle va bien, elle a donné les clés à Shaïna.

Un coup de klaxon, j'ai déjà assez perdu de temps comme ça. Qu'est ce qu'elle fout ??

Si jamais Lyse… non, non, je dois pas penser à ça.

Chris a du gérer ça toute seule, toute la nuit, et mon téléphone qui est resté au labo, Francis qui va mal. La pauvre, je suis sure qu'elle m'a harcelé de coup de fil.

Un second coup de klaxon plus insistant.Lyse va bien, Lyse va bien, Lyse va bien…

« SHAÏNAA !! »

P'tain mais qu'est ce qu'elle fout, je sors de la voiture, irrité, et m'arrête devant les escaliers, mais bien sur, j'ai pas fais attention mais avec ces béquilles, monter et descendre les escaliers et maintenant avec des sacs.

« Désolée, docteur Nelson.. »

« Nan excuse moi, donne moi ça »

Je grimpe quatre a quatre les marches et prends les sacs puis lui donne le bras pour l'aider.

Démarrage en trombe, direction l'hôpital, je grille quelques stop et feux rouges. Je ne veux plus perdre de temps.

Shaïna qui avance lentement, me conduit aux chambres de Liam et Lyse. Je n'ai pas le temps de rentrer dans l'une ou l'autre, Chris m'accable de tous les mots en criant, me tapant des poings sur le torse, une furie. Comment lui en vouloir, nos deux enfants sont blessés et je n'étais pas là pour la soutenir, partager son chagrin, notre chagrin de parents.

« OÙ T'ÉTAIS WILLIAM ? TU TRAVAILLES MÊME PU ICI !!! QU'EST CE QUE C'EST QUE CES HISTOIRES ! »

« Chuut, calme toi, Chris » la voix de Paul, il l'attrape par les épaules. Mais que fait-il ici, celui là ! Voilà qu'il la console.

« C'est MA femme ! », je tire Chris par le bras mais elle me repousse violemment, les pupilles dilatés par le chagrin, les questions.

« On peut parler calmement s'il te plait » je la supplie doucement.

Chris consent à s'écarter de Paul et me suit un peu à l'écart. Les bras croisés, elle fuit mon regard, les yeux rougis d'avoir trop pleuré.

« Qu'est ce qui fait là ? », balance-je en levant le bras vers Paul, malgré moi, un brin

de colère dans la voix.

« Tu t'fous d'moi ?! Qu'est c'qu'IL fait là ! Et toi, tu étais où ?? »

« Oui, pardonne moi, je.. désolé, je vais tout t'expliquer quand on sera à l... »

« Maintenant ! » me coupe t-elle.

Je suis obligé de tout lui expliquer, pas comme je le voudrais. L'opération, les soupçons à mon encontre, mon licenciement, la honte, la descente dans la solitude, mon travail à la clinique depuis plus de six mois, les dettes. La vérité brutale, la réalité abrupte, dans cet endroit qui a connu ma gloire puis qui voit ma déchéance encore une fois. Chaque regard se tourne vers nous, chaque chuchotement parle de notre dispute, chaque murmure reflète mon éviction passée.

Sans m'adresser quelconque considération, Chris tente de s'éloigner, je le retiens par le bras un peu fort.

Elle hausse le ton, et secoue le bras pour se dégager, Paul vient s'interposer en me poussant. C'en est trop, de quoi il se mêle ?!

« Rentre chez toi Paul, c'est MA famille ! »

« Toi, tu devrais rentrer » me lance Chris en me fixant dans les yeux. Un coup de poignard, un air de victoire dans la posture de Paul.

« IL est hors de question que je rentre, ce sont MES enfants aussi ! » je m’énerve, Chris recule d'un pas, Paul continue a s'interposer, je lui colle une droite bien placé, il s'écrase au sol comme une masse, je secoue ma main, plie et déplie mes doigts, c'est que ça fait mal.

Les agents de sécurité se précipitent vers nous, Chris se rue sur Paul pour l'aider, même pas un regard pour moi, ha si, des iris de colère me glacent. Paul se relève, les deux agents me tiennent chacun par un bras qu'ils tiennent vers mon dos, je ne me débats pas, expliquant que je suis le père et que c'est l'autre qui n'est pas à sa place.

Ils attendent la réponse de Chris et Paul.

« Va t'en Will », me dit Chris encore sous le choc de toutes mes révélations. Paul triomphant me murmure « je vais bien m'occuper d'elle ». La rage s'empare de moi, me débattant comme un lion, les deux agents sont des costauds et me trainent dehors.

Comment j'en suis arrivé là ?

Faisant les cent pas dans le hall, j'essaye de me calmer comme m'a conseillé un des vigiles. Ensuite, je pourrai retourner auprès de ma famille.

Quelques temps après, une aide soignante qui avait travaillé avec moi avant, vient m'annoncer qu'ils ont sorti Lyse du coma et qu'elle s'est réveillée, elle va s'en remettre. Liam va être transféré en psychiatrie et interrogé par la police dans 10 minutes. Comme il est mineur, un tuteur légal doit être présent. L'aide soignante a pensé que j'aimerai y être, elle m'a prévenu avant Christal. Je la remercie chaleureusement puis immédiatement, je me rends au chevet de Liam.

L'entretien avec le psychiatre vient de se finir, j'entre dans la salle où Liam a été conduit. Il me regarde, et fond en larmes. Je le prends dans mes bras, il répète inlassablement qu'il est désolé. Par la porte ouverte, je vois que le psychiatre parle aux policiers qui me font signe de venir.

« je reviens, tout va bien allait, ta sœur s'est réveillée, elle va bien »

Liam est soulagé. Je sors de la pièce et referme la porte, je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'il n'a pas à entendre ce qu'on va se dire.

Le docteur m'explique ce qu'il a expliqué aux policiers. Liam a souffert d'un épisode psychotique du à la prise d'alcool et d’ecstasy. J'en crois pas mes oreilles. Quand je demande pourquoi, il explique alors que Liam lui a expliqué qu'il « parlait » avec une fille sur internet qui s'avérait être sa propre mère. En l'apprenant le pauvre petit a été dévasté. Comme si le médecin s'attendait à ma question, il répond avant même que j'ouvre la bouche, « il l'a entendu parlé à un certain Paul, dans le salon plus tôt en fin après-midi, il sait ensuite procuré de l'alcool et de la drogue pour transférer sa douleur psychologique en douleur physique sauf que ça s'est mal fini. »

Les policiers prennent des notes et me disent que vu les circonstances, si nous ne portons pas plainte, ils abandonneront les charges. Ils ont l'air compatissants, et je leur en remercie. Au moins de résolu.

Le docteur en psychiatrie me dit qu'il va le garder 48h et qu'ensuite il devra suivre des séances toutes les semaines.

Je retourne voir Liam, lui explique tout, son soulagement se lie sur son visage mais j'y vois aussi de la honte. « Quand, tu seras guéri, je pense que tu pourras aller faire ce foutu tour du monde. SI t'as toujours envie »

« Oh merci p'pa ! Bien sur que j'veux ! »

Une larme lui coule sur la joue, j'imagine bien qu'il aura du mal à voir sa mère tous les jours. Se retrouver loin de tout ça, lui fera du bien.

« Il va te transférer dans une chambre, fais bien tout ce qu'on te dit pour ne pas rester plus que prévu. Pendant 48h, on aura aucun contact avec toi, sois fort d'accord ? »

IL hoche la tête, compréhensif, avec aucune envie de rentrer à la maison.

Je vais voir Lyse, elle sourit en me voyant.

« Parait qu't'avais disparu... » elle trouve le moyen de plaisanter. Elle a une force de caractère incroyable.

« Regarde, j'ai des cheveux qui ont viré au blanc ! » elle me montre une mèche de cheveux.

« Ça m'donne un style, t'trouves pas ? »

« c'est.. je.. oui, oui très joli »

« Comment va Liam, Shaïna m'a dit que c'est lui qui conduisait », son regard vire vers le sombre, je lui explique un peu sans entrer dans les détails, elle n'a pas besoin de savoir pour sa mère qui se prend pour une midinette à draguer les ti jeunes sur internet et surtout son propre fils ! Je respire profondément, une main lisse mes cheveux.

« Liam va faire son tour du monde finalement »

« Haa bha ça a servi à quekchose toussa ! »

« Lyse ! »

Elle me tire la langue, espiègle, qui pourrait croire qu'elle vient d'avoir un accident de voiture la veille.

« Alors, t'étais où » Une seconde Shaïna, elles sont pas amies pour rien. Après ce qu'il s'est passé avec Liam et Chris, je décide de lui dire la vérité. Mon renvoie et mon travail à la clinique.

« Un instant de trop et tout peut basculer hein ?! », ma fille me tient la main en signe de compréhension. C'est exactement ça. Jamais, je n'avais décelé une telle maturité en elle. J'en ressens de la fierté, une certaine culpabilité aussi.

« Je suis désolée Lyse, désolé de ne pas avoir été là »

« Sava papa ». Un câlin réconfortant, une complicité père/fille.

« Adrien est gay », elle soupire, visiblement déçue mais pas ou plus attristée.

Il s'en passe des choses dans la vie de mes enfants, et moi, j'étais focalisé sur ma personne, ma réputation à retrouver.

« jl'ai toujours trouvé bizarre », je lui souris, elle hoche la tête en riant doucement.

« Merci P'pa »

« je t'aime ma chérie ». On ne le dit pas assez ce je t'aime quand les enfants grandissent. Comme si une loi sur la pudeur, et l'interdiction de dire ses sentiments dans la famille avait été promulgué à partir de la préadolescence.

« J't'aime aussi p'pa » On le dit pu assez ce je t'aime à ses parents quand on devient ado. Un détachement, une gène, puis on le dit moins, puis pu du tout. Mais ça n’empêche qu'il est dans le cœur ce je t'aime inaudible.

**


« B'jour Liam »

Il ouvre un œil, Liam avait essayé de dormir mais peine perdu. Il avait aussi essayer de fermer la porte de sa chambre, mais ça lui était interdit. Ces écouteurs n'étant pas là, il a du se contenter de cris de certains malades.

«Trisha... »

La jeune Trish, secoue un livre qu'elle a dans la main.

« J'passe lire pour les malades, et comme j'ai appris que t'étais là.. »

« Ouais mais c'pas la peine »

Sans prendre compte de sa remarque, elle s'assoit sur la seule chaise disponible de la pièce. Habituée au refus, elle ne s'en formalisait pu, la plupart des patients au bout de quelques jours, étaient en fait content d'avoir une compagnie, une personne qui lit ou quelqu'un à qui parler.

Liam soupire, mais s'avoue vaincu, écoutons la liseuse…

-C'est un roman d'une auteur pas encore connue, ce que j'aime bien c'est qu'elle a écrit plusieurs livres, et une BD. C'est une touche à tout qui cherche son style. Il est ptet là, dans éclectisme justement. J'trouve ça bien de se chercher et d'essayer plein de choses…

Trisha sourit, et lève un sourcil, les yeux rivés sur Liam, légèrement espiègle et taquine, elle rajoute, mine de rien :

-Enfin, on peut s'passer d'la drogue et d' l'alcool…

Liam touché, ne relève pas, elle a tout à fait raison, il a fait une connerie, et une grosse de celle qui marque à vie et il en est conscient. Pour autant, il sent bien que ce n'est pas un reproche dans la voix de Trisha. Même son père a joué la carte de la compréhension malgré les graves conséquences. Il n'y a que sa mère qui est en colère contre lui et elle lui a bien fait comprendre tout à l'heure. Il n'avait rien dit, baissant la tête et encaissant le flot de critique et de reproche. Tout ce qu'il voulait c'est que sa mère sorte au plus vite de la chambre.

-Sava... j'ai fais une erreur, ché bien. C'est à cause de cette conasse de Christal Nelson ! Liam croise les jambes et les bras, se renfrogne légèrement et regarde vers la fenêtre perdant ses pensées au loin.

- Tu veux en parler ?

-Nan..

-ok, alors le titre c'est « pardonne moi de vivre », j'ai pris la version pocket, pour mon budget c'est plus accessible.

Trish sourit, ses yeux pétillants, pleine de vie, ce petit bout de femme en devenir est fraiche, sans jugement et insouciante à la vie. Elle a un an de moins que Liam, tout un monde pour le moment. Il apprécie qu'elle n'insiste pas mais ne se décourage pour sa foutue lecture. Elle aurait joué de la musique, qu'il aurait vraiment plus apprécié.

Trisha, bien installée sur sa chaise, dos penché en avant, jambes un peu écartées, le livre entre les mains et les coudes appuyés sur ses genoux, donne l'impression d'être

un garçon manqué. Tout le contraire de sa sœur, jamais, elle ne s’assiérait comme ça.

Cette pensée lui fait avoir un petit sourire. Son premier depuis qu'il a entendu sa mère et Paul parler de lui…

À quoi tu penses ?

Décidément, cette Trisha, ne se contentera pas de sa simple lecture, c'est un fait qui s’avèrera véridique plus tard.

À Lyse… T'es là pour lire ou pour blablater pffff...

-Tu veux en parler ?

-Nan !! Lis et vas t'en !

Il ne sait pas pourquoi mais sa présence le met mal à l'aise et en même temps, son parfum l’enivre. Un peu trop peut être..

-Alors, pardonne-moi de vivre de Sa..

- Bon tu lis ou quoi ?! Jm'en fous c'd'qui!

C'est le grand jour, elle regarda son reflet dans le miroir sur pied. Ses mèches blondes jouaient avec la douce lueur du soleil qui perçait à travers les vitres de l'immense baie vitrée. Son sourire était sincère, ses yeux verts teintés d'un léger voile de tristesse, imperceptible au regard du monde, mais les quelques personnes qui la connaissaient sur le bout des doigts, pouvaient l'apercevoir. Un grand soupir, suivi d'une grande inspiration. Elle lissa sa robe longue, couleur bordeaux orné d'or en bordure. Ses mains tremblaient un peu, elle les secoua comme si les vacillations tomberaient en pluie sur le sol, se détachant d'elle avec ce petit geste.

- Le mariage… bien un livre pour ptite fille ça… Une tite vie bien rangée, cucul la praline et compagnie, … super...

Trisha soupire pour la première fois.

- C'est ça ton crédo ?! D'être chiant avec tout l' monde ? T'peux pas t'contenter d'écouter et de lâcher prise pour une fois ? C'est toi qu'a merdé jte signale alors ferme la un peu et réfléchis à c'que t'a fais !

Liam saisit par les propos en reste bouche bée, Trisha ferme le livre, prend ses affaires et s'en va sans demander son reste. Elle le laisse seul avec sa conscience.

Heey ! C'est bon, reviens !

Liam saute de son lit et court vers la porte, pour la rattraper, c'est qu'elle marche vite, il s'apprête à sortir quand des bras le pousse à l'intérieur d'un geste vif et ferme.

- Tu vas ou petit ? T'as pas le droit de quitter ta chambre.

- J'vais chercher Trisha, el…

- Laisse la tranquille ok ? Tu-ne-parles-pas à-ma fille, compris ! Je ne veux pas qu'elle s'approche d'un camé.

Liam se débat, fou de rage, c'est pas un drogué, pour qui il se prend ce Paul, il ne l'a jamais aimé et aujourd'hui, ce sentiment grandit encore plus en lui.

- Qu'est ce qui s'passe ici ?

Christal, deux gobelets en carton à la main, les regarde. Les deux se détachent l'un de l'autre, Paul lui faisant un sourire niais et Liam en détournant le regard et s'éloignant vers la fenêtre.

- C'est rien ma Chris, il voulait sortir mais le médecin lui a formellement interdit de quitter les lieux.

-Merci Paul, heureusement que tu es là.

Liam a une nausée en entendant Paul, le pseudo qu'il avait choisi, cette histoire lui revient. IL a flirté avec sa mère, quand il imaginait Krista, il se la représentait douce, affectueuse, amoureuse… Ses images de baisers, de caresses se déforment par la vision de sa mère qui vient tout briser. Liam se tire les cheveux, il ne veut pu penser à ça, la douleur physique pour délocaliser ses pensées. Il se tape le front contre la fenêtre violemment de façon répétée. Chris en est horrifiée, elle n'a jamais vu son fils dans un état pareil.

Liam, arrête ! T'as fais assez de mal comme ça ! Dit-elle en essayant de le tirer vers elle, mais ce geste ne fait qu'amplifier le mal être de son fils, il crie, devient hystérique. Il fait peine à voir, deux infirmiers se précipitent vers lui et lui administre un sédatif pour le calmer. Ça l'assomme presque instantanément. Ils le reposent sur le lit délicatement, habitués à des crises de patients, puis ressortent aussitôt.

Le médecin arrive peu après, prévenu par les infirmiers.

-Madame Nelson, je vous avais dit de ne pas venir le voir

-Mais ! C'est mon fils, j'ai droit de prendre soin de lui !! s'insurge-t-elle, le médecin, secret professionnel oblige, ne lui a pas dit ce que Liam lui a confié, surtout que ça la concerne. C'est à Liam d'en parler avec elle, quand il sera prêt.

- Avec ce qui vient de se passer, je suis obligé de le garder plus que 48h, l'internement provisoire lui fera le plus grand bien.

-Ce dont il a besoin, c'est de rentrer chez lui avec moi !

- Bien au contraire madame, avec tout le respect que je vous dois, vous êtes bien la dernière personne qu'il a envie de voir…

Le médecin en a trop dit, mais il est affligé par cette histoire, cette mère qui se fait passer pour une jeunette sur le forums d'ado, il aurait pu soupçonner un acte de pédophilie mais en parlant avec Liam, il n'en était rien de la sorte Dieu merci.

Chris sans voix par la révélation du médecin, tombe sur la chaise vide.

- Vous devriez partir avant qu'il se réveille, c'est pour son bien.

Sur ces paroles, le docteur joint un geste de la main pour qu'ils sortent avant lui. Ils obéissent, Chris tel un automate, en réagit pu, les mots du psy la flagelle. Liam sait et c'est pour ça que tout ceci est arrivé, le médecin sait c'est pour ça qu'il lui a parlé si durement. Will sait-il la vérité ? La honte, la peur, la culpabilité s'empare de cette mère innocente, piégée par les âpres de la facilité d'internet.

Paul se pose les mêmes questions avec beaucoup moins de sentiments contradictoires et espère secrètement que Will sait.

- Je vais vous laisser, si t'as besoin, je suis pas loin. Paul adresse un sourire compatissant à Chris qui ne comprend pas pourquoi il veut la laisser seule, puis il soulève le menton en direction de Will qui se tient debout au milieu du couloir, mains dans les poches, visage fermé, regard froid. Il tourne les talons quand il les aperçoit. Chris court derrière lui, il est temps d'avoir une réelle conversation, d'affronter tous ces secrets mis au grand jour.


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