Espoir et transformations

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Soudain, la jeune fille jette la seringue sur le côté. L'instrument se brise au contact du sol, laissant le liquide qu'il contient s'étaler en une flaque bleue.

Rhodes Reiss reste bouche bée pendant un instant, les yeux écarquillés, avant d'attraper violemment l'adolescente par les épaules en lui hurlant dessus, furieux :

- Historia !

Elle fronce les sourcils et l'attrape par le col pour le jeter au sol. J'entends le dos de l'homme se craquer, tandis qu'il crie de douleur.

- Cette histoire de dieu, c'est juste pour manipuler les gens dans votre intérêt ! s'exclame sa fille. C'est terminé, je refuse d'être sacrifiée !

Elle attrape la sacoche de notre ravisseur et court vers moi. Elle en sort un trousseau de clés et entreprend d'ouvrir le cadenas qui me retient prisonnière. Je m'exclame, surprise par son brusque changement d'attitude :

- Historia !

- Je vais te libérer de ces chaines, puis nous irons délivrer ton frère et nous sortirons d'ici !

Au même moment, le bruit de la serrure se fait entendre. Mon amie tire violemment sur mes liens métalliques pour m'en débarrasser et nous nous précipitons aussitôt en direction de l'un des escaliers pour accéder à la plateforme.

Le rire de Kenny nous parvient pendant que nous gravissons les marches :

- Ha ha ha ! Génial, votre numéro ! Je suis totalement emballé !

Nous nous agenouillons derrière mon cadet et la jeune blonde commence à introduire une à une les clés dans l'une des serrures fixées au sol. Le jeune brun lui demande :

- Qu'est-ce qui te prend, Historia ?

- On se tire, Eren, lui répond-elle simplement.

- Mais arrête, enfin ! Je ne suis qu'un boulet pour tout le monde, dévore-moi qu'on en finisse ! J'en peux plus de vivre ! s'exlame-t-il, les larmes aux yeux.

- Eren . . . dis-je en posant une main sur son épaule pour le réconforter, tandis que mes yeux s'embuent à nouveau.

- La ferme, crétin ! m'interrompt notre amie en lui donnant un coup de poing sur le crâne. Mets-la en veilleuse, lavette !

Elle se remet debout en tirant brusquement sur l'une des chaines retenant l'adolescent :

- Exterminer les titans ? Et puis quoi encore ! Sans moi ! C'est le genre humain que j'exècre, il peut bien se faire bouffer ! Je suis l'ennemie de l'Humanité, vous comprenez ?

Je la fixe avec des yeux ronds d'étonnement. Elle, d'ordinaire si douce, que lui est-il arrivé ?

Elle jette la chaine sur le sol et se ragenouille pour s'attaquer aux autres en déclarant :

- Nous allons te délivrer, et ensuite, j'irai tout dévaster !

Je baisse les yeux sur les liens du jeune brun pour l'aider à les défaire, lorsque mon regard tombe sur Rhodes Reiss, resté en bas. Je le vois ramper jusqu'à la flaque de liquide crébro-spinal en disant :

- Père . . . Uli, Frieda . . . Attendez-moi, j'arrive . . . Je vous rejoins . . .

Il sort la langue et la pose sur la substance bleue qui recouvre le sol. Mes yeux bleus s'écarquillent et je m'exclame, paniquée :

- Attention ! Il va se transformer !

En disant ces mots, j'entoure Eren et Historia de mes bras afin de les protéger du souffle de la transformation. Une lueur dorée envahit l'endroit et un vent puissant nous fouette le visage et agite notre chevelure et les pans de nos vêtements ! Il est si puissant que mes longs cheveux châtain clair, jusque là retenus en un chignon, se détachent brusquement !

Le squelette du titan de Rhodes Reiss continue de grandir, encore et encore, détruisant sur son passage les piliers de la grotte. Si cela continue comme ça, le sous-sol de la chapelle va s'effrondrer sur nous !

- Laissez-moi, Éléonore, Historia ! Puisque ce titan est un Reiss, il va me dévorer et tout sera réglé ! Sauvez-vous !

- Pas question ! rétorque la jeune fille.

- Oui ! confirmé-je. On ne partira pas d'ici sans toi ! Soit on s'en sort tous les trois, soit on finit ici tous les trois, mais il est hors de question que j'abandonne l'un de vous deux dans cet endroit !

- Mais pourquoi ? demande-t-il.

- Je suis l'ennemie de l'Humanité, mais je reste votre alliée, déclare Historia. Je ne suis ni une brave fille, ni une déesse, très peu pour moi, mais quand je vois quelqu'un pleurer et dire qu'il est de trop, il faut que je lui dise qu'il se trompe ! Qui que ce soit et où qu'il se trouve, j'irai lui tendre la main !

Je souris, touchée par la déclaration de la jeune fille, puis c'est avec un regard doux que je réponds à la question de mon cadet par une autre interrogation :

- Eren, tu nous demandes vraiment pourquoi nous ne voulons pas abandonner un frère et un ami ? Le jour de ta naissance, je me suis jurée de veiller sur toi et de te protéger, d'être une bonne grande soeur, en somme. Comment pourrais-je tenir ma promesse si j'abandonne mon benjamin au moment où il a le plus besoin de moi ? Je ne vous abandonnerai pas, parce que je tiens à vous, tout simplement. Je n'ai pas besoin d'autre raison pour vous tendre la main, quitte à sacrifier ma vie pour vous venir en aide.

Ils me lancent un regard ému. Au même moment, l'adolescente finit de le libérer de toutes les chaines qui le relient encore au sol, mais une autre onde de choc nous fait lâcher prise et nous projette en arrière ! Je ferme les yeux et pousse un cri de surprise !

- Éléonore ! Historia ! s'écrie Eren.

Au moment où nous sommes sur le point de percuter le mur, des bras me rattrapent. Je rouvre les yeux et mon coeur manque un battement lorsque je constate que c'est mon supérieur qui me retient :

- Caporal Livaï . . .

- Est-ce que tout va bien ?

- Oui, ça va.

Pendant ce temps, la petite blonde a atterri dans les bras de ma soeur adoptive, qui lui demande :

- Tu n'as rien ?

- Mikasa ! s'exclame-t-elle.

- File les clés ! lui ordonne mon sauveur.

- Caporal . . . les gars . . . dit Eren en voyant nos amis arriver.

Historia tend le trousseau à notre supérieur. Il le prend et me dépose dans les bras de l'asiatique :

- Occupe-toi d'elles ! lui ordonne-t-il avant de courir en direction de mon cadet.

- Comptez sur moi !

J'adresse un sourire à ma soeur adoptive, ravie de la revoir ! Elle me le rend aussitôt.

Nous observons ensuite les garçons s'atteler à défaire les chaines qui retiennent encore les bras de l'adolescent. L'homme aux cheveux noirs fait céder un cadenas, puis confie les clés au petit chauve en lui ordonnant :

- À toi, Conny, grouille !

- Non, laissez-moi, caporal ! rétorque Eren. Sauvez-vous vite !

- Boucle-la et écoute, l'exhibo ! le gronde Jean. On a des types armés aux trousses en plus du titan !

- C'est bon ! s'écrie le plus petit d'entre eux en confiant les clés au grand brun.

- Ce titan . . . dit Sasha en observant la créature dont le corps commence à enfoncer le plafond. Il est encore plus énrome que le colossal.

- La voûte va . . . réalise Mikasa. Attention !

Heureusement, Jean finit de libérer mon cadet au même moment et le caporal-chef leur ordonne :

- En arrière !

Ils reculent précipitamment, manquant de peu de se faire écraser par des morceaux de parois. Nous nous collons au mur afin de nous éloigner le plus possible de ce danger, mais ce ne sera pas suffisant pour échapper à la mort . . .

- Ça craint, remarque Jean, on n'a plus aucune issue !

Les yeux de mon frère s'embuent de larmes et il serre les dents en se laissant glisser au sol.

- Pardonnez-moi tous . . . dit-il. Je ne sers vraiment à rien du tout. Au fond, je n'ai jamais représenté aucun espoir pour l'Humanité . . .

- Tu nous joues le grand héros tragique ? lui demande son rival. T'as jamais accompli quoi que ce soit tout seul, je te signale.

- Tu baisses les bras, y a rien de nouveau de ce côté là, constate Conny en souriant.

- Mais ne nous y habitue pas trop ! ajoute la brune.

- Enfin, c'est sûr que ça va être chaud de de manoeuvrer là-dedans . . . reprend le petit chauve.

- Je vais porter Eren, déclare Mikasa.

- Ça risque de sacrément secouer, commente Jean, il faudra s'accrocher !

- Oui ! confirme Historia.

- C'est impossible, on est coincés ici . . . rétorque Eren.

- Alors on ne fait rien et on attend de tous se faire écraser ou ébouillanter ? lui demande la blonde. Parce qu'on est des ennemis de l'Humanité ?

- Je te rappelle qu'on se croyait aussi tous fichus, à Trost, il y a quelques mois, lui dis-je avec un sourire, mais c'est parce qu'on n'a pas baissé les bras et qu'on a continué de se battre avec force et espoir qu'on s'en est finalement sortis. Pourquoi serait-ce différent aujourd'hui ?

- Désolé de toujours faire peser la décision sur toi, s'excuse le caporal-chef Livaï, mais . . . Eren, c'est à toi de voir.

Mon cadet fronce les sourcils, serre les dents et attrape un flacon qui gît là en se relevant brusquement et en courant en direction du titan de Rhodes Reiss, nous laissant tous bouches bées !

- Eren ! nous exclamons ma soeur adoptive et moi en choeur en tendant nos bras pour essayer de le rattraper.

Il pousse un long cri de guerre avant de mordre le flacon qu'il tient en main. Il avale le liquide qui s'en déverse et une lueur jaune l'entoure. Il est en train de se transformer . . .

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