Entraînement
En entendant la ruée dans les couloirs du repaire, Kohga soupira. Tous les sous-fifres ou officiers en formation du repaire, ravis de voir la journée de cours se terminer, se précipitaient dans leurs loges ou dortoirs. Dans les salles de jeux ou celles de sport, on entendait déjà des disputes, des cris, et même des rires joyeux.
Hélas, Kohga n’en avait pas fini avec ses cours. Il lui restait encore au moins une demi-heure de ce que son père (et Mara) appelaient « Le super-entraînement spécial du Grand Kohga », un entraînement de combat et de magie à un niveau très, très intense.
Kohga sortit de sa besace la collation préparée par les cuisines du repaire. Ce jour-là, elle était composée de deux bananes lame et de biscuits aux flocons d’avoine.
Il traversa les couloirs poussiéreux jusqu’à arriver à l’arène, une arrière-cour de terre battue, prise en étau entre les falaises, au centre de laquelle se trouvait un trou immense et profond.
Kohga s’assit sur l’unique banc défraîchi de l’arène et commença son quatre-heures. Le bois du banc était pourri et trempé, et il sentit l’eau s’infiltrer lentement dans ses vêtements. Comme d’habitude, son père était en retard, retenu par l’une ou l’autre de ses obligations de chef.
— Alors, Kohga, on attaque ?
Il sursauta en voyant son père debout devant le précipice.
— Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ? demanda-t-il.
— J’avais prévu de réviser d’abord les techniques d’illusion et ensuite de s’entraîner au lancer de kunaïs, ça te va ?
Il secoua la tête.
— Les kunaïs, on a déjà fait en classe.
— C’était bien ?
Kohga pinça les lèvres. Il s’était coupé à plusieurs reprises et Mara, la seule dans sa classe à viser encore plus mal que lui, avait réussi à lui envoyer l’un de ses couteaux de jet droit dans l’arrière-train.
— Je ne veux plus en parler.
Le chef du Clan réfléchit un instant.
— Invocations alors ?
— Moui.
Il rejoignit son père près de l’abîme.
— Tu me refais la technique d’illusion de niveau 2 ?
Kohga serra les dents, puis effectua toutes les positions de mains du sort. Rien ne se passa.
— Réessaie.
— Rhô, s’te plaît, papa…
— Réessaie.
Kohga refit les positions à l’identique, sans résultat.
— Je peux réciter le sort pour m’aider ?
— Non, Kohga.
— Mais pourquoi ? geignit-il.
— Tu dois apprendre à utiliser des techniques sans les réciter ! Le premier avantage sur lequel un Yiga compte au combat, c’est l’effet de surprise. Et tu peux faire une croix dessus si tu dois réciter tes techniques avant de les activer !
Kohga soupira bruyamment. Il réessaya une fois, deux fois, trois fois, sans réussir. À la quatrième, ses pieds se soulevèrent du sol. Il paniqua.
— Respire profondément, ordonna son père.
Kohga voulut obéir, mais son cœur battait la chamade. Ses respirations rapides et irrégulières échappaient à son contrôle.
— Aide-moi à redescendre ! haleta-t-il.
— Explique-moi ce qui s’est passé.
— J’ai manqué une position !
— Quelle position ?
— Euh…
Kohga réfléchissait à toute vitesse.
— Une lune ? Non, attends… je crois que j’ai manqué la deuxième feuille.
Son père secoua la tête.
— Tu as manqué au moins deux signes.
— Euh, attends… lune, salut, poing, lune, chien, lame, chien, feuille, lune… non, j’en ai manqué qu’un !
— Tu as oublié la deuxième lame, tout à la fin.
— Ah oui. Bon, tu me fais descendre ?
— Calme-toi et respire profondément, j’ai dit.
Kohga obéit de mauvaise grâce. À l’instant où il réussit à reprendre le contrôle de son souffle, il retomba brusquement au sol.
— Bien, dit le Grand Kohga. La prochaine fois, tu feras attention à tes positions de mains. Et si on passait à la suite ? Je n’en peux déjà plus.
— Ah non, hein ! On a fini, le soleil est déjà couché !
Le chef du Clan constata avec surprise que son fils avait raison.
— Bon, on a fini pour aujourd’hui.
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