Sous les Flocons du Souvenir.

3 minutes de lecture

Les mois passent, et je m'efforce de vivre chaque jour en gardant la mémoire de Léanne vivante en moi. Mon livre avance, et chaque chapitre devient une catharsis, une façon de me rapprocher d'elle malgré la distance inéluctable de la mort. Mais même avec cette thérapie par l'écriture, un vide persiste, profond et inaltérable.

Un matin, je reçois un appel inattendu. C'est l'hôpital où Léanne a passé ses derniers jours. Ils m'informent qu'elle avait laissé une lettre pour moi, un dernier souvenir. Mon cœur se serre à l'idée de ce qu'elle a pu écrire.

"Chère Alison,

Si tu lis cette lettre, c'est que je ne suis plus là pour te la remettre en main propre. Je voulais te laisser quelque chose qui te ferait penser à moi..."

Chaque mot est une lame douce, rappelant à la fois la beauté de ce que nous avions et la cruauté de sa perte.

Cependant, la douleur de son absence devient plus intense avec le temps. Les souvenirs, au lieu de m'apaiser, deviennent des rappels constants de ce qui m'a été arraché. Chaque rire que je partage, chaque moment de joie est teinté de la tristesse de son absence.

Un soir d'hiver, la solitude devient insupportable. Je me rends au parc où nous nous étions rencontrés. Le vent froid souffle à travers les arbres nus, et je m'assieds sur notre banc, celui où j'avais attendu Léanne le jour dernier. La nuit est sombre, et les étoiles sont cachées derrière les nuages. En regardant le ciel, je murmure

-Léanne, je n'y arrive plus. La vie sans vous est trop difficile.

Les larmes gèlent presque sur mes joues tandis que je laisse la tristesse m'envahir complètement. Le monde autour de moi semble s'évanouir, ne laissant que le vide et le silence. Dans cet instant de désespoir, je sens une étrange paix m'envahir, comme si Léanne elle-même m'offrait une étreinte finale.

Ainsi, au bord des larmes, je réalise que la vie continue, mais d'une manière dont je ne l'avais jamais imaginée.

La neige commence à tomber lentement, comme si le ciel lui-même pleurait ma perte. Chaque flocon qui touche ma peau froide semble apporter un message de Léanne, un doux rappel de nos jours heureux. Je ferme les yeux, me laissant envelopper par les sensations familières, et je me remémore notre première rencontre dans ce même parc. Son rire résonne dans ma tête, léger et mélodieux, tel un écho des souvenirs que je chéris et qui me font tant de mal.

Alors que je lutte contre cette marée de nostalgie, une silhouette apparaît au loin. Une femme marche lentement, emmitouflée dans une écharpe en laine, la tête légèrement baissée. En la voyant, un frisson d'espoir traverse mon corps, mais je le réprime rapidement. Il ne s'agit que d'une âme solitaire perdue dans la mélancolie de l'hiver, tout comme moi.

Mais en s'approchant, quelque chose dans sa démarche me paraît familier. Mes pensées se bousculent alors que je scrute son visage. Une révélation. Ce n'est pas Léanne, mais il y a quelque chose dans ses yeux qui me rappelle ses orbites brillantes. Une profondeur, une compréhension, une tristesse également. J'esquisse un mouvement pour l'interpeller, mais les mots me manquent. Elle s'arrête près de moi et me regarde.

-Ce banc… dit-elle doucement, c’est là où on se sent un peu plus vivant, n’est-ce pas ?

Ses mots me touchent, m’éveillant d’un rêve amer. Je hoche la tête, incapable de parler, mais un sourire nostalgique se dessine sur mes lèvres. Elle s'assoit à mes côtés, et un silence complice s'installe entre nous, un silence partagé par tous ceux qui ont connu la perte.

J’ai perdu quelqu'un aussi, continue-t-elle, les yeux rivés sur le sol, et certains jours, il est plus facile de vivre dans le souvenir que de faire face à la réalité.

Je la regarde, et dans cette sombre nuit d'hiver, il y a une chaleur inattendue, un sentiment d'appartenance dans notre chagrin mutuel. Une connexion improbable se tisse, comme un fil d'espoir entre deux âmes perdues. Je me rends compte que la vie continue, malgré la douleur. Léanne n'est peut-être plus physiquement présente, mais son amour vit en moi, me rappelant que même dans la solitude, il y a de la place pour la guérison et pour d'autres liens.

Ensemble, nous restons là, deux inconnues réunies par la souffrance, sous les flocons de neige qui tombent comme de petites étoiles. La nuit n'est plus si sombre, et bien que le vide persiste, il commence à se remplir lentement de la promesse d'un avenir, même incertain.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Laura CLAR ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0