La fouine, le varan et les rats (faisant la guerre aux souris)

2 minutes de lecture

2021 - Une grande année d'inspiration !
Et comme on dit : "toute ressemblance avec des faits réels serait purement fortuite".

Une fouine désœuvrée errait sans autre but

Que conquérir la Terre et prendre le dessus.

Envieuse, la coquine désirait régner

Et savourer sa gloire au sommet du pilier.

Non loin de là vivaient deux peuples ennemis jurés.

Les souris travailleuses formaient une république.

Chacune à son métier, dans l'art gastronomique

Du fromage à pâte molle, de la tomme affinée.

Au royaume des rats, le roi mourait d'ennui

Et le peuple criait, jalousant les souris.

Leurs trop rares rapines ne les nourrissaient plus.

Il leur fallait d'urgence se faire payer tribut.

Mais les rats toutefois avaient un vrai talent :

Habiles, ils maîtrisaient la science du sophisme.

Ils mèneraient campagne – ils sont intelligents –

Et prendraient les souris au piège du civisme.

La fouine les applaudit, trouva cela formidable.

Et la suite serait pour tous inexorable.

Dévorer les souris ? Non, elle avait bien mieux !

Se faire aimer d'elles à la manière d'un dieu,

Exploiter leurs richesses pour son propre profit,

Par un peuple crédule, se faire porter aux nues

Et lâcher tous les rats une fois qu'elle s'rait élue !

Son orgueil comblé, la fouine était ravie.

Si les rats ignoraient la valeur de l'effort

Pour tout organiser, c'était eux les plus forts.

Soudain elle devint star, notre fouine mesquine,

Et bien vite fut élue par toutes nos Bécassines.

Mais pour les dominer, il fallait un outil.

Les rats patte-pelus proposèrent un varan.

Ce mystificateur leur donnerait du crédit

En instillant la peur chez les récalcitrants.

C'était un être veule, profond mégalomane

Et la fouine trouva qu'on aurait dit un âne.

Mais les rats malicieux avaient si bien vanté

L'adresse du balourd qu'elle se laissa tenter.

Ils feraient donc équipe : le varan et la fouine.

Ils convaincraient les niaises d'un péril imminent.

Ils leur feraient si peur qu'en un record de temps

Elles auraient le cerveau transformé en terrine.

Et ainsi les souris perdirent leur république

Suivant les promesses dans un élan pathétique

Du varan faux prophète qui les terrorisait

Et donnant pleins pouvoirs à la fouine sacrée

Sous peu impératrice d'une ribambelle de gourdes.

L'empire des abruties malades de leurs angoisses,

Sombra dans le chaos. Victimes de leurs bourdes

Les souris aveuglées nageaient dans la mélasse.

Ivre de son succès, la fouine pernicieuse

Sacrifia les rats avec l'aide précieuse

Du varan « gros et gras, à la bouche vermeille

Qui, la mine réjouie, se portait à merveille ».

Ubu-Roi et Tartuffe domineraient le monde

Sans le concours des rats qui réclamaient paiement.

Et avec grand fracas tous les embarrassants

Furent livrés aux souris dans un procès immonde.

Il n'en restait plus qu'un, imposteur fidèle

Le Tartuffe méritant était pourtant mortel.

Quelques gouttes de ciguë dans son verre de vin

Et le varan ventru fut un souvenir lointain.

La fouine triomphante foulait de ses pattes viles

La Terre tout entière, et tenait en ses mains

La liberté perdue de son peuple servile.

Pourquoi donc donner du pouvoir aux crétins ?

Juillet 2021

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