Dans la maisonnette du vieux Lynx, Shall s’était installé autour d’une table pendant que son hôte lui préparait à manger. Ce n’est qu’une fois le repas servit que Shall lui demanda :

— Merci, pour ce repas camarade, mais question me taraude l’esprit, pourquoi une telle hospitalité après vous avoir parlé de la sorte ?

Face à lui le Lynx croisa ses petites pattes sur la table, le fixa et en détourne son regard et il exposa.

— Monsieur le mage, je dois vous avouer que j’ai assez joué les misanthropes et à ce jour je suis fatigué !

Shall, l’écouta attentivement sans le couper tout en se curant les canines avec ses griffes.

— 70 longues années à médire les guerres sans y prendre part…, mais dès que je vous ai vu général Shall, je vous ai tout de suite reconnu, mais vous non et je l’aurais parié.

Les oreilles de Shall se redressèrent et son envie de l’interroger grandit, mais par expérience, il le laissa continuer son histoire.

— La première fois que j’ai entendu parler de vous, c’était il y a 84 ans environ ; à travers vos états de service dans l’académie magique, vous étiez le protégé de Karl, maître en l’art de l’invocation, paix à son âme. J’ai beaucoup de regret d’avoir appris sa mort, mais hélas, la guerre n’épargne personne, pas même les plus forts.

De forts regrets s’émanaient de ses paroles, Shall repensa à son premier maître et inclina la tête. Un silence honorifique s’installa entre eux.

— Autrefois, Karl était mon frère d’armes, mais aussi mon principal rival. Nous étions constamment en concurrence et on voulait que nos noms traversent le temps, les époques, la magie… Mais c’était un rêve de gosses, un rêve perdu, lança-t-il suivit d’un rire jaune.

Shall, ne voyait toujours pas qui il était en restant silencieux, intrigué et attentif.

— Vous vous posez sûrement la question, sur mon identité donc ? Et bien mon nom est Alban l’archimage.

Les yeux de Shall s’ouvrirent en grand, il n’en revenait pas…

— Al…, Alban… balbutia-t-il, mais vous n’étiez pas un membre du clan royal ?

Le lynx sourit, fit un geste régalien du doigt et une nuée dorée tournoya autour de lui. Aussitôt, son apparence prit une autre allure, du petit lynx frêle, il se transforma en un lion massif à la crinière marine. Shall se pencha en arrière stupéfait de le voir sous sa forme originelle. Les yeux rouge cardinal de l’Archimage le scrutèrent et continua son histoire d’une voix plus rocailleuse :

— Je vois que ce sort fonctionne même sur les mages de haut rang. À croire qu’ils ne vous enseignent plus rien à l’académie ! Quoi que celui-là, je le dois à un maître de la dissimilation, qu’importe !

Shall fronça les sourcils.

— Il n’y a pas à avoir de gêne mon ami, c’est un sortilège interdit, tout comme celui que tu as utilisé pour questionné l’anima de ta défunte épouse.

Shall inclina sa tête et répliqua sèchement :

— Comment osez-vous !

— Ne vous en faites pas Général, je ne suis pas votre ennemi. Et j’ai beaucoup de peine pour Ghana, c’est affreux ce qu’il s’est passé. Et pour tout vous dire, elle était ma nièce par alliance.

— Comment est-ce possible.

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Un froid glacial s'installa dans la maisonnette.

Cette invitation à dîner allait de surprise en surprise. Alors que Shall n’en revenait pas d’avoir affaire au légendaire archimage Alban, il ne s’attendait pas non plus à ce que Ghana soit liée à lui non plus. Son for intérieur était s’obstrué à cause de ces révélations. Alban, lui, lisait les pensées d’autrui et il savait à quel point Shall l’aimait. Tous deux ressentirent la même chose. La vengeance. Au-dehors, le crépuscule poussait cette fantastique nuit avec des rayons plus clairs. Les deux Lunes de Kuarha commençaient à perdre leurs lueurs opalines.

À quelques lieux de là, une troupe d’une dizaine d’inconnus s’avançait dans l’obscurité encore présente dans la vallée de Shine. Les individus se séparèrent en binôme à la recherche de la chaumière de l’archimage.

L’un d’entre eux grimpa sur la cime d’un arbre et semblait commander l’opération. Il était vêtu d’une cape pourpre différente de celle des autres vertes de chrome. Quand ils repérèrent le domicile d’Alban, il leva les bras sur ses mains jaillissement deux cercles bleu électrique. Chaque des membres de l’escouade réagirent à cette incantation et aussitôt leurs yeux devinrent noir corbeau.

Dans la chaumière Shall et Alban avaient senti l’aura de cette magie noire. Shall prit son sceptre qu’il portait sur son dos en main, frappa trois fois au sol avec le manche. Aussitôt, une sphère vert citron encercla la maisonnette et d’une voix puissante, il dit :

— Je connais cette aura. Ce sont les Siam !

Alban se leva, mit la main devant sa bouche, souffla et trois armes en sortirent. Un glaive, un autre plus petit ainsi qu’un sceptre.

— Les Siam ? Mais qui nous les envoient, affirma-t-il tout sourire. Cela fait trop longtemps que je ne me suis pas défoulé allons du nerf soldat !

Il frappa une fois le sol avec son sceptre et la sphère de protection disparut.

— Général, il est temps pour nous de reprendre du service, quand pensez-vous ?

Shall, ricana et rétorqua :

— Voyons donc ce que vous valez Archimage !

Au-dehors, les Siam lancèrent des boules de feux sur la chaumière. Elles arrivaient des quatre coins de la forêt embrasant tout sur leurs passages :

— Des flammes soldats, s’écria Shall !

— Haha ! Mon petit, n’ayez donc crainte !

L’archimage était exalté. Les flammes soldats assaillirent la maisonnette quand soudain, une puissante bourrasque sortit sur sceptre d’Alban. Des Siam l’avaient esquivé et s’étaient retrouvés au-dessus d’eux, épées en mains. Shall les repéra à l’aide d’un sort de détections et les corps des Siam passèrent du sombre à l’orangé et des armes noires les transpercèrent. Sous les coups de lames, leurs corps s’effacèrent et ne laissait plus que leurs tuniques de chrome. Le chef haut perché allait perdre et de rage il invocation : Résurrection.