Chapitre III
Les Siam morts revinrent à la vie.
— Pas mal ! sortit l’Archimage qui enterra son sceptre.
Il lança à son tour la riposte et répliqua :
— Shall, auriez-vous donc perdu votre dextérité ?
Le général agacé de sa remarque, posa sa patte au sol et embrasa les racines des arbres. Du sortilège sortirent des racines enflammées. Enchantement pyro-sylvestre et des racines de feu se mirent à détecter l’ennemi.
— J’aime mieux ça général !
Le mage inconnu essayait d’échapper aux racines, mais elles le saisirent par ses jambes et poignées. De la chaumière, il ne restait que les mages.
— On à notre coupable ! s’écria Shall.
— Allons donc le voir…, mon ami.
Tous deux marchèrent en direction de leur captif. Ils n’avaient plus qu’à suivre les racines rougeoyantes. Tous deux appréhendaient la suite des évènements, car cette nuit n’était pas comme les autres. En effet, les Lunes de Kuarha s’étaient unifiées pour ne faire qu’une, symbole de grande puissance magique dans toute la vallée de Shine et tous sortilèges invoqués étaient multipliés. C’est pourquoi cet enchantement pyro-sylvestre avait réussi à capturer le mage inconnu bien au-delà de la forêt.
— Je ne pensais pas que ce sort pareil pouvait aller aussi loin.
— C’est sûrement à cause de nos lunes, constata Alban.
Le crépuscule commençait à faire place au des nuances bien plus claires, prémices d’une belle journée. L’Archimage s’arrêta net pour laisser Shall continuer un instant. Quand le général s’en aperçut, il se retourna et vit son nouveau frère d’armes genoux à terre. Mais que fait-il, pensa-t-il. Mais cette interrogation s’émancipa de son esprit lorsqu’il comprit que son camarade avait été pris dans un piège. Une aura noirâtre et fumante s’émana de lui, ses yeux devinrent noirs de jais. Il se releva. Shall balayait du regard les alentours afin d’apercevoir le mage noir. Or, celui-ci s’était délié de son étreinte de braise dès qu’l’Archimage se retrouva sous son emprise et une voix résonna dans le champ :
— Le Général Shall contre l’Archimage de la légende, intéressant !
Shall, le cherchait du regard. Quand la voix reprit :
— Pas de panique général ! Je vous ai offert un combattant digne de vous. D’ailleurs, je vais me faire un plaisir de sauvegarder ce combat.
Shall répliqua de sa voix la plus rauque.
— Enflure, sale lâche !
— Allons, allons, Général, ne perdez pas votre sang-froid, j’ai foi en vous !
La conscience de l’Archimage était obstruée par un puissant sort d’envoûtement. Maniposis. L’entité se mit à rire aux éclats, tandis que l’Archimage saisit son glaive dans sa patte et souffla dessus. Aussitôt son sabre devint foudre. Shall, savait qu’il n’avait pas le choix que d’attaquer. À son tour, il sortit son épée, qu’il embrasa de flammes cardinales. L’Archimage répliqua avec une incantation et lança un choc psychique à Shall qu’il contra à l’aide de sa patte. Shall hésitait. Lorsque celui-ci bondit, sabres-en l’air. Shall posa sa patte au sol, ou de fines racine émergèrent du sol et s’élancèrent sur Alban, bloquant son attaque un instant. Shall frappa le sol à deux reprises et brandit son sceptre et murmura « pardonne-moi mon ami, ça risque de faire un peu mal ». Puis, une lumière incandescente jaillit. Le corps de l’archimage se solidifia et s’écroula.
— Infâme invocation ! Général Shall, vous n’êtes qu’un fuyard, un lâche ! résonna la voix avant de disparaitre pour de bon.
L’étoile de Kuarha illumina la vallée de Shine, brisant les sortilèges les plus obscurs et cette vive lueur du jour rompit tout enchantement interdit. Shall espérait que l’archimage n’ait pas de séquelle à cause de ce sombre envoûtement. Il se rapprocha de son allié allongé, son corps de pierre craquela et un cri de soulagement sortit. Quand il revint à lui, sa mémoire lui fit défaut, il ne se rappela que d’être sortie du bois, en suite plus rien. Après s’être remis de ce sortilège, tous deux en déduisirent que cet inconnu ne pouvait être un Siam, mais autre chose. Ils ne savaient pas à qui ils avaient à faire, mais ils étaient déterminés à le savoir. Ils partirent donc vers la cité la plus proche, Khallas.
Dans le laboratoire, la lionne essayait divers sorts afin de rompre le charme du coffret rouge maroquin, mais celui-ci lui résistait. Lorsque soudain, elle sentit la présence d’un inconnu dans son domaine. Méfiante, elle dissimula l’artéfact dans une dimension magique afin que personne ne puisse s’en saisir. Elle se retrouva face à la porte d’entrée, quelqu’un frappa. La porte s’ouvrit et un petit être vêtu d’une cape pourpre s’annonça :
— Archimage Kalyha, vous êtes désormais assigné à résidence, ordre du Roi Faucon. Lors de la nuit sacrée de la lune, vous avez était surprise en train de procéder à un sort prohibé. C’est pourquoi par ordre du grand souverain, nous allons procéder à une surveillance de votre domicile. Toutefois cette décision est contestable. Pour cela veuillez me joindre une lettre argumentée que je ferais parvenir le plus rapidement possible au Roi en vue de votre statut d’Archimage, qui par chance vous confère ce droit. Nous tenons à vous rappeler que malgré votre immunité. Je vous rappelle qu’il est strictement interdit d’utiliser des sortilèges obscurs, parce qu’ils pourraient, je vous le rappelle, nuire à l’équilibre de Kuarha.
Mais qui a donc pu me surprendre, pensa-t-elle. Elle jeta un froid du regard et elle répondit :
— Veuillez m’attendre un instant afin de vous joindre le courrier de constations et dans la foulée si vous le souhaitez, je peux vous servir un thalice chaud[1].
L’émissaire accepta et entra dans le salon dénué de ses meubles. Elle lui matérialisa un chaise ainsi qu’une petite table basse.
— Mettez-vous à l’aise.
Et aussitôt il s’assit au centre de la grande pièce. Dans son laboratoire, Kalyha était très en rogne, elle n’arrêtait pas de grincer des dents de nerf. Puis d’un geste vif, elle commanda à une plume de Faucon d’écrire :
***
Cher Roi Faucon,
Je viens pour vous faire part de mes plus sincères excuses pour cet affront et je vais vous expliquer ce pour quoi j’en suis arrivé à utiliser de la magie prohibée durant l’éclipse de nos deux Lunes.
En effet, je recherchais le coffret de la vérité, une relique de feu Valmir mon ancêtre. D’ailleurs, il me semble que vous l’avez connu, et si ma mémoire est bonne, il servait aux côtés des archimages légendaires Ralf, Karl, et Alban. Et sachez que j’ai tout de même pris soin de soulager Kuarha de cet affront à l’aide d’une offrande, une partie énergique si pure qu’on pourrait y laver l’anima d’un pêcheur esclave.
Pour me faire pardonner, je souhaite vous faire part du secret enfoui dans cette relique, en espérant que vous acceptez. Ma requête est que vous ne pas mettiez pas ma maison sous surveillance de nos forces magiques. En guise, de bonnes fois, je peux aussi vous faire un compte rendu des sortilèges utilisé les dix derniers mois afin que vous voyiez que je suis en bien consciente du sort de notre belle planète.
Roi Faucons, veuillez accepter mes excuses les plus sincères.
Kalyha, L’Archimage
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