Réponse à "Le Chat de la Ruelle Sombre"

de Image de profil de LEclatDuFilLEclatDuFil

Apprécié par 3 lecteurs

Le chat marche dans la ruelle sombre, puis disparaît.

Ses pas feutrés ne laissent aucune empreinte, comme si le sol n’avait pas voulu garder trace de sa présence. Il entre dans l’obscurité comme on rentre chez soi. Aucun bruit ne suit son passage. Même les ombres semblent se taire à son approche.

Peu après, le détective arrive, chapeau bas et regard perçant, une loupe à la main, convaincu qu’il suffit de chercher assez longtemps pour trouver n’importe quoi — même ce qui ne veut pas être trouvé. Il scrute, il interroge les murs, il murmure des hypothèses au vent. Puis lui aussi disparaît, avalé par l’obscurité, sans un cri, sans un mot.

La police vient alors, bottes lourdes et lampes braquées sur le néant. Ils dressent des barrages autour du vide. Ils interrogent des témoins invisibles. Mais bientôt, leurs voix s’éteignent. Leur lumière faiblit. Et ils s’en vont, eux aussi, comme s’ils n’avaient jamais été là.

L’enfant arrive en dernier, les yeux rouges et les mains tremblantes. Il tient un jouet usé, un foulard rouge, un morceau de peluche. Il appelle doucement :

  • Minou ?

Mais seul le silence lui répond. Alors il entre dans la ruelle. Sans hésiter. Comme si, quelque part, il savait que c’était inévitable.
Et il disparaît.

Un temps infini passe. Peut-être quelques secondes, peut-être des années. Personne ne pourrait le dire.

Puis, soudain, le chat ressort.

Il marche lentement, avec cette grâce indifférente qu’ont les félins. Son pelage est plus brillant qu’avant. Ses yeux luisent dans la pénombre. Son ventre est plein. Repu.

Il s’arrête un instant à l’entrée de la ruelle, regarde autour de lui, comme pour vérifier que personne ne l’a vu. Puis il s’éloigne, silencieux, la queue haute, disparaissant à nouveau — mais cette fois, dans la lumière.

Personne ne le reverra jamais.

Mais certains jurent, la nuit, entendre un miaulement lointain, suivi d’un appel d’enfant. Et quand ils ouvrent leur porte, il n’y a rien. Juste le vent. Et peut-être, une petite tache noire au coin de la rue, qui disparaît dès qu’on la fixe trop longtemps.


Le chat n’était pas un simple animal. Il était la faucille noire, l’ombre silencieuse que l’on murmure sans jamais oser nommer. Sous son pelage luisant, il portait la froideur de l’ultime départ. Ses yeux, ces phares dans la nuit, n’étaient pas ceux d’un être vivant, mais ceux d’un voyageur entre les mondes.

Il venait chercher ce que le temps avait oublié, ce que le destin avait trahi. Il dansait dans l’obscurité avec la précision d’un vent funeste, traçant le chemin invisible qui mène à l’oubli. Là où les ombres se taisent, il est roi. Là où les cris se perdent, il est la voix.

Chaque pas qu’il efface est une vie qu’il fauche. Chaque disparition dans la ruelle est une âme qu’il accompagne, douce et silencieuse, vers l’autre rive. Il ne connaît ni pitié, ni haine, seulement la certitude implacable de sa tâche.

Le détective, la police, l’enfant — tous ne furent que des échos sur son chemin, des fragments destinés à s’effacer. Ils ont cru pouvoir le comprendre, le retenir, mais la Mort, sous forme de chat, est insaisissable. Elle ne se montre qu’à ceux qu’elle choisit, et elle ne prend que ce qui doit partir.

Alors, dans le souffle du vent, certains entendent encore un miaulement, ce dernier appel, ce dernier chant funèbre. Mais ce n’est jamais qu’un murmure, un frisson glissé entre les feuilles, un signe que la faucille est passée, que le temps s’est arrêté pour une âme.

Le chat n’est pas qu’un chat. Il est la Faucheuse vêtue de mystère. Il est la fin et le commencement, la dernière ombre avant le silence éternel.

Tous droits réservés
1 chapitre de 3 minutes
Commencer la lecture

Table des matières

En réponse au défi

Le Chat de la Ruelle Sombre

Lancé par MirinaIshiki

Le chat marche dans la ruelle sombre, puis disparaît.

Ses pas feutrés ne laissent aucune empreinte, comme si le sol n’avait pas voulu garder trace de sa présence. Il entre dans l’obscurité comme on rentre chez soi. Aucun bruit ne suit son passage. Même les ombres semblent se taire à son approche.

Peu après, le détective arrive, chapeau bas et regard perçant, une loupe à la main, convaincu qu’il suffit de chercher assez longtemps pour trouver n’importe quoi — même ce qui ne veut pas être trouvé. Il scrute, il interroge les murs, il murmure des hypothèses au vent. Puis lui aussi disparaît, avalé par l’obscurité, sans un cri, sans un mot.

La police vient alors, bottes lourdes et lampes braquées sur le néant. Ils dressent des barrages autour du vide. Ils interrogent des témoins invisibles. Mais bientôt, leurs voix s’éteignent. Leur lumière faiblit. Et ils s’en vont, eux aussi, comme s’ils n’avaient jamais été là.

L’enfant arrive en dernier, les yeux rouges et les mains tremblantes. Il tient un jouet usé, un foulard rouge, un morceau de peluche. Il appelle doucement :
— Minou ?
Mais seul le silence lui répond. Alors il entre dans la ruelle. Sans hésiter. Comme si, quelque part, il savait que c’était inévitable.
Et il disparaît.

Un temps infini passe. Peut-être quelques secondes, peut-être des années. Personne ne pourrait le dire.

Puis, soudain, le chat ressort.

Il marche lentement, avec cette grâce indifférente qu’ont les félins. Son pelage est plus brillant qu’avant. Ses yeux luisent dans la pénombre. Son ventre est plein. Repu.

Il s’arrête un instant à l’entrée de la ruelle, regarde autour de lui, comme pour vérifier que personne ne l’a vu. Puis il s’éloigne, silencieux, la queue haute, disparaissant à nouveau — mais cette fois, dans la lumière.

Personne ne le reverra jamais.

Mais certains jurent, la nuit, entendre un miaulement lointain, suivi d’un appel d’enfant. Et quand ils ouvrent leur porte, il n’y a rien. Juste le vent. Et peut-être, une petite tache noire au coin de la rue, qui disparaît dès qu’on la fixe trop longtemps.

Libre à vous de l'interpréter comme vous le désirez ; ici, tout est permis.

Commentaires & Discussions

Le dernier miaulementChapitre3 messages | 3 jours

Des milliers d'œuvres vous attendent.

Sur l'Atelier des auteurs, dénichez des pépites littéraires et aidez leurs auteurs à les améliorer grâce à vos commentaires.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0