Quiproquos

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*Pdv externe*

Alors qu'ils se dirigeaient tous vers le parc, Nobuyuki saisit la manche de Kazuma, le tirant un peu en arrière. Ryota et Itsuki n'y prirent pas garde et continuèrent à avancer.

Kazuma le regarda surpris.

- Que ce passe-t-il Nobuyuki-senpai ?

- Je voulais m'excuser pour mon comportement des jours précédents. Je t'ai blessé et j'en suis désolé...

- Tu te méprends Senpai... C'est plutôt à moi de m'excuser pour mon comportement. Je n'ai pas vu que tu souffrais... Je suis vraiment désolé...

- Ne le sois pas je t'en pris... se désola-t-il, je suis le seul fautif dans l'histoire, j'aurais dû t'en parler mais j'ai laissé mes émotions me submerger... Toutes mes excuses ! s'exclama-t-il en s'inclinant très respectueusement.

- Je t'en prie, redresse-toi... dit Kazuma gêné. C'est du passé, n'en parlons plus maintenant que c'est fini, reprenons la bonne relation que nous entretenions ! sourit-il.

- Oui, merci, sourit faussement Nobuyuki. Si seulement c'était aussi simple pour moi... pensa-t-il.

- Nous y allons ? interrogea Kazuma.

En signe de réponse Nobuyuki hocha la tête. Ils se joignirent aux deux autres garçons, déjà assis dans l'herbe aux pieds des cerisiers encore en fleurs.

Ils discutaient et buvaient les quelques bières qu'ils avaient apporté, tout en rigolant et se racontant des anecdotes. De temps en temps Nobuyuki lançait des regards doux à Kazuma qui n'y prêtait attention contrairement à Ryota et Itsuki.

A un moment, Nobuyuki qui riait à une blague de Ryota se figea et eût un regard indescriptible. A la fois colérique, craintif et triste. Ses trois amis le remarquèrent immédiatement et se tournèrent en même temps dans sa direction.

Kazuma vit une magnifique jeune-femme s'approcher d'eux, les fixant, avançant d'un pas sûr. Elle avait les cheveux noires et très longs. Ils bougeaient au gré du vent dans un mouvement très délicat. Sa peau était blanche comme de la porcelaine. Ses yeux noirs étaient tellement grands qu'on s'y perdrait dedans. Ses lèvres roses étaient pulpeuses et son visage était fin. Elle avait de longues jambes très fines et les bras tout autant. Elle avait l'air d'avoir une poitrine plutôt généreuse et les hanches bien dessinées. Elle portait une robe bleue claire s'arrêtant au dessus des genoux et des bottines marrons à lacets. Ryota qui était assis en face de Nobuyuki se retourna vers lui, les yeux emplis d'inquiétude. Itsuki constatât le regard de son Senpai et compris la situation. Cette femme n'était autre que l'ex-copine de Nobuyuki-senpai. Son premier amour qui lui avait fait beaucoup de mal. Sous ses airs angélique se cachait une sorcière de la pire espèce. Même Yamanba* et Tamamo-no-mae* ne pouvaient rivaliser avec elle... Elle s'arrêta à leur niveau et fit un sourire qui laissa apparaître une rangée de dents blanches parfaitement alignées. Elle s'inclina devant eux et se tournant vers Nobuyuki :

- Nobuyuki ! Mon chéri, comme tu m'as manqué ! s'exclama-t-elle avant de le prendre dans ses bras.

Sous le choc, celui-ci la repoussa mais avec douceur.

- Comment se fait-il que tu sois de retour ? interrogea Ryota avec une voix rauque qu'aucun des plus jeunes ne lui connaissaient.
- Oh Ryota ! fit-elle avec une moue, c'est tout ce que tu trouves à me dire après deux années sans se voir ?
- Fous le camp Asami ! hurla-t-il en se levant.
- Si mon chéri ne dit rien alors je reste ! déclara-t-elle se tournant vers Nobuyuki qui gardait toujours le silence, les yeux dans le vague. Tu vois ! Donc je reste avec vous au moins ce soir !
- Nobuyuki, réagis je t'en supplie... s'inquiéta Ryota.
- Il est en état de choc tellement il est heureux de me retrouver, se vanta la sorcière. Viens lapin, nous allons à votre appartement, ajouta-t-elle en le saisissant par la bras.

A la surprise de ses trois amis, Nobuyuki se leva sans sourciller. Les plus jeunes se levèrent aussi et suivirent le convoi vers l'appartement de leurs aînés.
- Il se passe quoi au juste ? demanda Itsuki à Kazuma dans un murmure.
- Tu vois bien, la Renarde est de retour, répondit Kazuma sur le même ton.
- J'ai entendu ! s'exclama la-dite Renarde en se retournant, le regard noir.

Kazuma était profondément triste et choqué que Nobuyuki se laisse complètement hypnotiser par son ex-copine. Celui-ci semblait complètement perdu.
Ils montèrent dans l'appartement. La sorcière prit immédiatement ses aises en s'installant sur le canapé, se collant à Nobuyuki qui ne réagissait toujours pas.

- Mais tu fous quoi-là ? hurla Ryota en regardant la femme contre son ami, et toi là ! s'adressant à celui-ci, tu as foutu le pilote-automatique ou quoi ?!
- Calme-toi... lui pria Itsuki en le faisant s'asseoir sur un des fauteuils.
- Ah ! En voilà un qui réfléchit, sourit-elle, faisant lever les yeux de Ryota au ciel. Je ne me suis pas présentée, je suis Asami Tsubaki la copine de Nobuyuki.
- L'EX-copine ! corrigea Ryota les points serrés sur des jambes.
- Et vous, présentez-vous ! intima-t-elle à Itsuki et Kazuma faisant obstruction à la réflexion de Ryota.

Pendant qu'elle regardait leurs magnifiques visages, Kazuma la regarda avec colère.

- Je suis Kazuma Kawamura, et si je puis me permettre Tsubaki-senpai, vous n'êtes pas la bienvenue ici... se risqua-t-il à dire.

ces mots Asami changea de couleur et alors qu'elle allait se mettre en colère, Nobuyuki émergea comme-ci les mots de Kazuma l'avaient sorti de sa torpeur.

- Il a raison... dit-il enfin. Tu n'es plus la bienvenue ici, ni même dans ma vie Asami. Tu as assez fait de mal autour de moi, n'en rajoute pas plus s'il te plaît...
- Tu me rejettes ?! s'exclama-t-elle. Alors que je suis revenue pour toi ? Parce que je te savais toujours amoureux, j'ai tout quitté pour te retrouver et tu me rejettes ?!
- Viens, allons à la cuisine, ils n'ont pas besoin d'assister à ça, dit Nobuyuki en se levant.
- Allons plutôt dans ta chambre, dit-elle avec un sourire plein de sous-entendu.
- Si tu préfères... souffla Nobuyuki.

Celui-ci ferma la porte de sa chambre, et ses trois amis entendirent la conversation qui continuait.

- Je t'ai aimé longtemps après que tu sois partie avec ce mec, continua Nobuyuki. Tu m'as brisé, mes amis et camarades m'ont beaucoup aidé. Il y a peu, je suis tombé sur une personne exceptionnelle et dorénavant je ne veux plus te voir... J'ai un entourage sain depuis que tu n'es plus dans ma vie. Il y a toujours eu Ryota et maintenant il y a Kazuma-kun alors s'il te plaît ne gâche pas tout.
- Ton kazuma se sert de toi ! déclara-t-elle jalousement. J'ai vu tes réseaux sociaux, il n'y en a que pour lui, tu ne te préoccupes que de lui. De toute façon ça a toujours été ça, tu t'attaches à quelqu'un et il profite de toi !

En entendant ça, Ryota ne put s'empêcher de s'exclamer de la pièce à côté, " Parle pour toi ! ". Ce qui fit sursauter Kazuma et Itsuki.

- Tu m'espionnes et en plus dis n'importe quoi... se désola Nobuyuki.
- Maintenant que nous sommes là autant en profiter pour se faire un câlin, reprit-elle en caressant l'épaule de son vis-vis.
- Hors de question que je te touche, tu es folle ma parole ! Tu n'as rien compris à ce que je t'ai dit ! s'énerva Nobuyuki. Je t'ai dit de sortir de ma vie !
- Tu ne disais pas ça quand je gémissais sous toi il y a deux ans ! s'écria-t-elle.
- Mais arrête putain, tu veux me rendre fou ! dit Nobuyuki en la repoussant.
- Oui, fou de désir ! Répondit-elle d'une voie aguicheuse.

Nobuyuki ne la supportant plus, il sortit de la chambre et retourna s'asseoir sur le canapé. Alors qu'il levait la tête vers ses amis, Asami se tint derrière lui et passa la main dans les cheveux de celui-ci, un sourire pervers aux lèvres.

Kazuma n'en pouvait plus de cette horrible ambiance. S'en était trop, il en avait assez entendu. Il se leva, annonça poliment qu'il rentrait, prétextant une chanson de rap à terminer. Itsuki-kun n'eut pas le temps de réagir qu'il avait déjà quitté les lieux. A peine sortie de l'immeuble, les larmes commencèrent à couler. Il arriva devant le parc et sentit une main retenant son bras, l'empêchant d'avancer. Il se retourna et vis, surpris, Noboyuki-senpai.

- Pourquoi pleurs-tu ? s'enquit-il.
- Pour rien ne t'en fais pas, toutes mes excuses Senpai... dit-il entre deux sanglots.
- Si, je veux savoir, tu n'es pas le genre de garçon à pleurer pour rien. s'enquit Nobuyuki
- Je suis désolé, désolé que tu aies autant souffert à cause d'elle et que tu aies dû autant te préoccuper de moi.
- Ne te soucis pas de mon passé... Et par rapport à toi... Je l'ai fait par affection pour toi... Je ne t'ai jamais considéré comme les autres... Je t'adore Kazuma-kun, je t'aime beaucoup... Est ce que tu m'aimes aussi ? balbutia-t-il.
- Oui, bien sûr que je t'aime... répondit Kazuma en reniflant. Mais... J'imagine que ça ne signifie pas la même chose pour nous deux ?
- Mmh... fit Nobuyuki-senpai en baissant la tête, abattu. »

Kazuma submergé par la tristesse courra à en perdre haleine. Il ne prit pas de taxi, il continua de courir jusqu'à arriver à son appartement presque quarante-cinq minutes plus tard, où il s'effondra, fou de chagrin, sur son lit. Il pleura une bonne partie de la soirée. Kuroi était assis près de lui, le regardant inquiet. S'il avait été humain, il lui aurait passé une main dans les cheveux et le dos mais il attendit patiemment que son maître se calme, avant de se blottir contre celui-ci endormi, fatigué par toutes ces émotions.

*Pdv Nobuyuki*

Lorsque je vis Kazuma se lever et partir, mon sang se glaça. Cette Renarde l'avait fait fuir avec ses réflexions. Je bondis hors du fauteuil, bousculant, sans faire attention, mon ex-copine qui revenait s'asseoir sur le canapé. Je lui couru après, le retenant par le bras, je m'aperçus qu'il sanglotait. Mon cœur se brisa en mille morceaux. Je pris la parole pour me retenir de pleurer. J'avais compris depuis un moment que Kazuma ne m'aimait pas de la même façon que je l'aimai. Je baissai la tête afin qu'il ne vit pas mes larmes.

Je l'entendis courir loin de moi. Mon corps était lourd, mes sanglots redoublant. Je me laissai tomber sur les genoux. Le bitume écorcha ceux-ci mais je n'avais pas conscience de la douleur. Cette douleur était secondaire par rapport à celle que je ressentais dans ma poitrine. Je sentis une main sur mon épaule. Je me retournai en reniflant, Ryota se tenait à côté de moi et me tendit sa main. Je la pris, il me redressa et passa son bras sous mes aisselles afin de me soutenir et de m'aider à rentrer chez nous.

- Ne t'en fais pas, murmura-t-il, j'ai viré la sorcière.
- Ce n'est pas d'elle que je m'inquiète, dis-je en reniflant à nouveau.
- Ca va aller pour lui, il est fort, Itsuki-kun est parti aussi, il ira le voir demain. Il passera la journée avec lui, ils sont de repos, essaya-t-il de me rassurer.
- Tu ne comprends pas... me désolai-je. Il ne ressent pas la même chose pour moi, c'est ça qui m'attriste...

Mes sanglots redoublèrent.

- Si justement, je comprends, et je pense que tu te trompes... souffla Ryota.
- Comment ça ? demandai-je entre deux sanglots.
- Je sais que tu es amoureux de lui ça crève les yeux ! Et je pense qu'il y a eu comme qui dirait, un malentendu entre vous... Itsuki-kun me l'a confirmé tout à l'heure. Kazuma-kun pense que tu ne l'aimes pas de la même façon dont il t'aime. C'est un quiproquos, vous devriez discuter après le dernier jour de tournage. Laissez-vous la journée de demain pour vous remettre de vos émotions chacun de votre côté.
- Merci Ryota, tu es trop fort ! Je t'adore ! reniflai-je bruyamment. Mais Asami ne sait rien j'espère ?! Il ne faut pas qu'elle le sache sinon elle va s'empresser de le dire aux médias et nous pourrons dire adieu à notre carrière, tu as vu ce qu'il s'est passé pour Hiroki Narimiya* ?
- Haha ! Ne t'en fais pas elle ne sait rien, en la virant je l'ai lancée sur une piste totalement erronée. Aller, vas-te laver pendant que je range, tu fais peine à voir mon pote ! ricana-t-il.
- Ryota ?
- Mmmh ? fit-il en se retournant.
- Sans toi je serais au fond du trou... Merci d'être là... avouai-je.
- Mais c'est qu'il va me faire chialer ! se moqua-t-il. Merci à toi aussi d'être là ! Aller, file !

La douche me fit le plus grand bien. Lorsque je sortis de la salle de bain l'appartement était plongé dans le noir. Je regagnai ma chambre et m'étendit sur le lit. J'écrivis un message à Kazuma, comme une bouteille à la mer, me dis-je...

« Je souhaite te parler à la fin du tournage. Il y a un malentendu... »

Je lu les mots plusieurs fois, puis me résignai. J'effaçai le message, éteignis mon téléphone et le posai sur ma table de nuit. Cela attendra que nous nous voyions, je ne veux pas que ça le préoccupe toute la journée demain. Je fermai les yeux et m'endormis presque aussitôt.

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* Yamanba [ 山姥] : Ou Yama-Uba. Litt : "sorcière de montagne". Est une sorcière du folklore japonais dont l'apparence est une vieille femme hideuse. Elle est à la montagne, ou dans la forêt selon les légendes. Pour attirer ses victimes, elle se transforme soit en magnifique jeune femme soit en une vieille femme qui dit pouvoir aider le voyageur. Une fois qu'elle a gagné leur confiance, elle les mange. Elle est aussi capable de mettre ses cheveux en mouvement ou bien de les transformer en serpent (selon les légendes). On utilise Yama-Uba pour faire peur aux petits enfants afin qu'ils ne s'éloignent pas.

* Tamamo-no-mae [玉藻前/玉藻の前/玉藻御前] : (Je ne sais pas si les kanji sont bons...) C'est une figure légendaire de la mythologie japonaise. Une femme renarde à neuf queues qui prenait l'apparence d'une magnifique femme savante. Elle charmait la cour de sa présence. A chaque fois elle utilisait les mêmes atouts pour séduire les seigneurs et les détruites à l'aide d'une pierre magique qui tuait tous ceux qui l'approchait. Dans la légende, sa carrière meurtrière s'étend sur des millénaires, entrainant avec elle plus d'un millier de morts. Il est dit qu'elle a causé des ravages En Inde, en Chine, en Corée et au Japon.

* Hiroki Narimiya : est un bon acteur de trente-six ans qui a décidé en 2016 de se retirer du monde du showbiz. Il avait été accusé par un tabloïd d'usage de cocaïne, faits que son agence et lui-même ont vivement démentis. Son homosexualité supposée faisant aussi parfois les choux gras de la presse, l'acteur a préféré arrêter les frais à trente-quatre ans pour protéger sa vie privée.



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