7 - Le Souk des Pages Perdues

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Le quartier des bouquinistes de Kharg était un dédale de ruelles étroites et d'échoppes encombrées, où l'odeur du papier ancien se mêlait à celle du métal rouillé. Adda et Khaad s'y aventuraient, guidés par la curiosité et la soif de savoir.

Adda, les yeux écarquillés, absorbait l'atmosphère du marché. Chaque échoppe regorgeait de livres, de cartes et de parchemins, certains antiques, d'autres fraîchement imprimés. « On pourrait trouver des trésors ici, » murmura-t-elle, plus à elle-même qu'à Khaad.

Khaad, quant à lui, scrutait les étagères avec un air méthodique. « Nous cherchons des informations sur la Cité Rouge, » rappela t-il. « Et surtout sur cette zone des marais des mutants. »

Ils trouvèrent finalement ce qu'ils cherchaient : une échoppe plus grande que les autres, tenue par un homme excentrique connu sous le nom de "Hobo le Bibliothécaire". Hobo, un vieillard aux cheveux blancs ébouriffés et aux lunettes épaisses, les accueillit avec un sourire chaleureux.

« Ah, des chercheurs d'aventure, » dit-il en les examinant derrière ses lunettes. « Que puis-je pour vous ? »

Adda prit la parole, expliquant leur quête. Hobo les écoutait attentivement, hochant la tête. « La Cité Rouge, hmm ? Un lieu de mystères et de légendes. Suivez-moi. »

La boutique de Hobo le Bibliothécaire était un sanctuaire de connaissances anciennes, un capharnaüm d'antiquités et de reliques du passé. Des étagères surchargées de livres, des piles de cartes et de parchemins, et des objets insolites s'entassaient dans un désordre organisé. Chaque recoin de la pièce semblait raconter une histoire.

Hobo les conduisit à travers les allées encombrées, passant devant des rayonnages poussiéreux et des vitrines remplies de curiosités.

Les murs étaient tapissés de rayonnages croulant sous le poids des ouvrages, des cartes et des artefacts étranges. La lumière tamisée, filtrant à travers les fenêtres encrassées, donnait à la boutique une ambiance de reliquaire, où chaque objet semblait chargé d'un passé lointain et oublié.

Adda, fascinée, s'attarda devant un projecteur de carte 3D, un appareil étonnamment sophistiqué dans ce décor suranné. Elle activa l'appareil, et une carte holographique de Kharg se matérialisa dans les airs, flottant devant ses yeux émerveillés.

« Regardez, Khaad ! C'est incroyable, » s'exclama-t-elle, explorant du doigt les contours lumineux de la carte.

Khaad, tout aussi captivé, se pencha pour examiner de plus près. « Cela pourrait nous être très utile pour planifier notre route. »

Hobo, observant les deux jeunes avec un sourire bienveillant, s'approcha. « Ah, vous avez trouvé l'un de mes trésors. Cet appareil nous vient de la dernière époque coloniale, une époque de merveilles technologiques. »

Adda, tournant son attention vers un oiseau-lecteur, fut surprise lorsque l'objet mécanique se mit à réciter un poème d'une voix métallique mais mélodieuse.

« Mama parlait souvent de votre boutique, » dit-elle à Hobo. « Elle disait que vous étiez le gardien des histoires oubliées de notre monde. »

Hobo, touché, hocha la tête. « Mama et moi partagions une passion pour le passé. Elle m'a demandé de veiller sur ses “Enfants des Etoiles”. C'est un honneur de vous aider dans votre quête. »

Guidant les jeunes plus loin dans la boutique, Hobo leur montra une fresque murale, une œuvre vibrante de couleurs réalisée par Garvax lui-même. « C'était un artiste de rue, un rêveur. Il appartenait au clan des Filous des Néons. Il aimait errer dans les ruelles du Souk, créant des fresques luminescentes, vives et colorées, qui éclairaient nos nuits. J’était encore un gamin. Nous n’étions pas particulièrement ami lui et moi, mais je le respectait en tant qu’artiste. Sa disparition a laissé un vide dans nos cœurs. A son retour, il avait changé. Il était torturé par de sombres pensées et des démons intérieurs. Un jour il s’est enfuit pour se réfugié dans la Cité Rouge et les rues du Souks sont devenues aussi terne que la nuit. »

Adda, absorbée par les couleurs et les formes de la fresque, sentit un lien avec cet artiste disparu, un esprit libre dont le destin semblait tragiquement lié au leur.

Khaad, feuilletant les pages jaunies et poussiéreuses d’un livre intitulé "Légendes des Marais de Kharg", s'arrêta sur une page aux bords écornés. Une illustration ancienne et sombre représentait une créature gigantesque, terrifiante, qui semblait jaillir des profondeurs de la terre. Avec un mélange de fascination et d'appréhension, il se mit à lire à haute voix pour qu'Adda puisse également entendre.

« La créature souterraine, nommée Dragomitron, est un monstre de légendes. Elle avale des centaines de personnes, creuse d'immenses galeries sous Kharg, se déplaçant avec une rapidité dépassant celle d'un Griffes Rouillé. »

L'image dans le livre montrait le Dragomitron avec un corps massif, hérissé de pointes métalliques et d'épines, tel un dragon sorti tout droit d'un cauchemar industriel. Sa gueule béante semblait assez grande pour engloutir une maison entière, et ses yeux, deux orbites lumineuses, brillaient d'une lueur sinistre.

« On dit, » continua Khaad, son doigt suivant les lignes du texte, « que le Dragomitron hante les marais depuis des temps immémoriaux, un vestige d'une époque où Kharg était une planète bien différente. Ses cris, semblables au grondement d'une machinerie lourde, résonnent dans les tunnels qu'il creuse, et les secousses de ses déplacements sont souvent confondues avec des tremblements de terre. »

Adda, écoutant attentivement, frissonna. « Penses-tu que cette créature puisse vraiment exister ? »

Khaad referma le livre doucement, son expression sérieuse. « Que le Dragomitron soit réel ou non, nous devons être prêts à l’affronter. »

Hobo, ayant écouté leur conversation, ajouta d'une voix grave : « Les légendes de Kharg sont anciennes et profondes. Elles portent en elles des vérités que nous ne comprenons pas toujours. Le Dragomitron, réel ou non, est un symbole de la puissance et du mystère de ces marais. »

Adda et Khaad échangèrent un regard, un mélange d'excitation et d'appréhension dans leurs yeux. Ils savaient que leur voyage vers la Cité Rouge serait jonché de dangers, mais aussi de découvertes incroyables. Et dans la boutique de Hobo, ils avaient trouvé des clés pour déchiffrer certains de ces mystères.

L'aurore s'étirait paresseusement sur le cimetière d'épaves de Kharg. Jax, son sac rempli d'outils, se faufilait entre les carcasses de vaisseaux et de machines, à la recherche de composants pour ses inventions. C'était ici, dans ce cimetière, que les reliques du passé offraient une seconde vie sous les mains habiles du bricoleur.

Soudain, une patrouille de Ferrailleurs émergea de l'ombre d'une épave gigantesque. Leur chef, Gorda la Massue, un colosse à la carrure imposante, s'approcha de Jax, son regard méfiant mais curieux.

« Qu'est-ce qu'un petit malin comme toi fait ici à cette heure ? » gronda Gorda, sa voix évoquant le grondement d'une vieille machine.

Jax, sans se laisser intimider, répondit avec assurance :

« Salut Gorda ! Je cherche des pièces pour un projet. J'ai entendu dire qu'il y avait un altiplaneur ici, pas encore totalement dépouillé. »

Gorda, scrutant Jax, hocha la tête lentement.

« Tu as de la chance, le Bricolo. Il y en a un, écrasé près du vieux silo. Mais fais gaffe, on ne sait jamais ce qui peut rôder dans ces parages. »

Remerciant Gorda, Jax se dirigea rapidement vers le silo, où il trouva l'altiplaneur en question. Malgré son état endommagé, il regorgeait de composants utiles. Jax s'affaira à les extraire avec précaution, son esprit déjà en train d'imaginer les multiples façons de les réutiliser.

De retour à son atelier improvisé, Jax se mit au travail. Son premier projet était un drone espion, assemblé à partir du module d'altiplaneur. Il connecta soigneusement les circuits, ajustant chaque composant avec une précision minutieuse.

« Tu seras mes yeux dans le ciel, » murmura-t-il, admirant l'engin presque terminé.

À côté, d'autres inventions prenaient forme. Les boules fumigènes étaient conçues pour se disperser rapidement, créant un écran dense et opaque. Chaque boule contenait un mélange chimique spécialement formulé par Jax pour une efficacité maximale.

Le renifleur de radiation, un petit appareil portatif avec un écran numérique et une série de capteurs, pouvait détecter les niveaux de radiation sur une gamme étendue. Jax avait intégré un système d'alerte sonore, s'assurant qu'ils seraient avertis en cas de danger imminent.

L'œil gardien, quant à lui, n’était pas plus grand qu’une balle de tennis. Utilisant une caméra stabilisé par GiroGrav récupérée et un module radio, Jax l'avait programmé pour transmettre des images en temps réel à un petit écran qu'il avait assemblé sur un bracelet de cuir. Cet appareil leur permettrait de surveiller les alentours sans s'exposer. Il suffirait de lancer l’œil dans un tunnel, ou un conduit.

Vers midi, alors que Jax se concentrait sur le câblage final de son œil gardien, une silhouette familière apparut à l'entrée de son atelier improvisé. Khaad, avec son habituelle démarche décontractée, s'approcha en souriant.

« Salut, Jax. Je vois que tu es occupé à jouer les inventeurs fous, » lança Khaad en jetant un coup d'œil curieux sur les gadgets étalés.

Jax leva les yeux, un sourire accueillant sur les lèvres.

« Hé, Khaad. Oui, je suis en plein dans la création. Quoi de neuf de ton côté ? »

Khaad s'assit sur une caisse renversée, son sourire s'élargissant. « J'ai une nouvelle qui devrait te plaire. Zarra va nous rejoindre pour l'expédition dans la Cité Rouge. Ses connaissances des marais seront inestimables. »

L'enthousiasme de Jax était visible. Il posa son outil et se redressa.

« Vraiment ? C'est génial ! Avec Zarra dans l'équipe, on a définitivement une longueur d'avance. »

Il eut alors un clin d'œil malicieux.

« Et je parie que cette nouvelle va surtout faire plaisir à Janjans, si tu vois ce que je veux dire. »

Khaad éclata de rire, comprenant l'allusion.

« Oh, je suis sûr que Janjans va être aux anges. Peut-être devrions-nous le prévenir de ne pas trop se laisser distraire par sa nouvelle coéquipière. »

Jax hocha la tête, un sourire espiègle aux lèvres.

« Oui, on ne voudrait pas qu'il se perde dans ses yeux au lieu de surveiller les marais. »

Leur rire emplit l'atelier, rompant la monotonie du travail solitaire.

« Bon, je ferais mieux de retourner à mes gadgets, » dit Jax en se penchant à nouveau sur son travail.

Khaad se leva, prêt à partir.

« Continue comme ça, Jax. On compte sur toi et tes inventions. Je vais prévenir Adda et Janjans, à plus tard. »

Jax, se replongeant dans son travail, sourit en pensant à l'aventure qui les attendait. Avec Zarra à leurs côtés, et ses propres créations pour les aider, il se sentait prêt à affronter n'importe quel défi que la Cité Rouge leur réserverait.

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