9 - Perdus dans les Brumes

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Alors que la nuit couvrait les Marais Mutants de son manteau sombre, le monde autour du groupe se transformait en paysage de cauchemars. La lumière vacillante de leurs lanternes ne faisait qu'accentuer les ombres mouvantes et les formes indistinctes qui les observaient depuis les ténèbres.

Installé pour la nuit, le groupe organisa des tours de garde, même si la tension rendît leur sommeil difficile, voire impossible. Jax, utilisa son œil électronique pour surveillait les environs, captant chaque mouvement suspect dans la brume nocturne.

Adda, assise près de Janjans, constatait avec inquiétude que son ami était fiévreux et que ses blessures semblaient s'infecter. Ses murmures fiévreux trahissaient un sommeil agité et douloureux.

Khaad lui fit boire un liquide sombre, d'une demi fiole. "J'ai un peu Régé, échangé au marcher noir"

"Il est robuste", affirma Adda. "Il s'en tirera... j'en suis..."

Soudain, l'œil électronique de Jax émit un signal d'alerte. Une série de vibrations sourdes se propagea à travers le sol, accompagnée de craquements lugubres de branches et de bois sous un poids énorme.

Khaad et Zarra, arme à la main, se dressèrent rapidement. L'air était maintenant saturé d'une odeur fétide, un mélange de boue et de quelque chose de plus primal.

Soudain, tel un cauchemar surgissant des profondeurs de la terre, un Serpent Trancheur fit son apparition, émergeant du sol et de la brume avec une grâce terrifiante. Sa longueur impressionnante, fendait l'air, tandis que ses écailles, luisantes et dures comme l'acier, captaient les faibles lueurs des braises mourantes du feu de camp.

« Fuyez ! » hurla Zarra, sa voix tranchant la nuit comme une lame. Elle attrapa Janjans, le poussant loin de la menace.

Khaad, avec une bravoure qui frôlait la folie, se retourna pour affronter la créature. Il épaula son arbalète, tira un carreau en direction du monstre. Le projectile rebondit contre l'armure naturelle du serpent, produisant un son métallique qui résonna dans la nuit.

Pendant ce temps, Adda et Jax, poussés par l'instinct, lancèrent des brandons incandescents, créant sur les écailles métalliques des halos d'étincelles qui illuminèrent brièvement le serpent avant de s'éteindre dans l'humidité de l'air.

Khaad, tel un danseur acrobate, esquivait avec agilité les attaques rapides et mortelles du reptile. Il sentait la sueur et l'adrénaline ruisseler sur sa peau. Dans un acte désespéré, il visa l'œil de la bête et tira. Le carreau trouva sa cible, crevant la cornée d'où s'écouler un jet de liquide visqueux et squameux le long du corps massif du serpent. La créature émit un hurlement d'agonie qui secoua les fondations mêmes des marais.

Dans la confusion qui suivit, le feu de camp fut renversé, projetant ses braises dans les airs, avant de s'éteindre. Adda, Jax et Khaad, profitant de la détresse du serpent, s'échappèrent dans la nuit, laissant derrière eux le chaos et la destruction.

Les cris de la créature blessée résonnèrent longtemps dans leur dos tandis qu'ils couraient à travers la brume glacée, perdant toute notion d'orientation. La panique les enveloppait, aussi sûrement que le brouillard, tandis qu'ils se frayaient un chemin hasardeux à travers le labyrinthe végétal.

Lorsqu'ils s'arrêtèrent enfin, le souffle court et le cœur battant, ils réalisèrent qu'ils étaient désormais perdus dans les marais, séparés de Janjans et Zarra, sans savoir où chercher refuge.

La nuit dans les Marais Mutants avait pris un tournant dramatique, les laissant seuls et vulnérables dans l'obscurité.

Un paysage détrempé et sinistre se révéla aux premières lueurs de l'aube perçant les brumes épaisses des Marais Mutants. Adda, Jax, et Khaad, éreintés par une nuit de fuite et de terreur, sous la menace du Serpent Trancheur, s'étaient arrêtés dans une clairière relativement sèche, entourée de hautes herbes ondulant dans le vent matinal.

Adda, les yeux cernés de fatigue mais toujours alerte, scrutait les environs. Ses cheveux roux étaient emmêlés et ses vêtements déchirés. Elle s'assit sur un rocher, balayant les environs du regard.

« Chaque seconde ici est un risque, » dit-elle d'une voix rauque, trahissant la tension de la nuit passée. « On ne peut pas rester immobiles trop longtemps. »

Jax, à côté d'elle, hochait la tête tout en sortant son drone de son sac à dos. Le garçon aux cheveux ébouriffés et aux yeux vifs fixait l'appareil avec concentration. « On doit trouver un chemin hors de ces marais, » dit-il, en vérifiant les connexions du petit engin. « Je vais envoyer mon drone pour repérer les alentours. »

Khaad, le plus âgé du trio, se tenait debout, scrutant l'horizon. Sa stature imposante, renforcée par une musculature forgée par des années de chasse et de survie, semblait inébranlable malgré la fatigue. « On doit penser à Janjans et Zarra aussi, » dit-il d'une voix grave. « Ils sont quelque part là-dedans, seuls. »

Adda suivit son regard vers les marais, son expression se durcissant. « Ils s'en sortiront, » dit-elle fermement, bien qu'une lueur d'inquiétude trahissait ses véritables sentiments. « Ils sont aussi coriaces que nous. »

Jax activa son drone, les hélices bourdonnant doucement. « Attention, j'active le système de défense. On ne sait jamais ce qui peut surgir ici, » prévint il. Le drone s'éleva lentement, ses lumières clignotant dans l'obscurité qui se dissipait.

Khaad, observant le drone s'élever, rajusta son fusil sur son épaule. « Bien pensé. Avec les créatures de ces marais, on n'est jamais trop prudent. »

Le drone monta plus haut, disparaissant presque dans la brume matinale. À travers la caméra, ils pouvaient voir une vue aérienne des marais - un labyrinthe de marécages, et d'eau stagnante, avec ici et là des îlots de terre sèche couvert de ruines post-coloniales.

Adda se leva, époussetant son pantalon boueux. « Espérons que ça nous donne un avantage, » dit-elle, scrutant l'écran du drone sur l'avant-bras de Jax.

Jax, les yeux rivés sur son moniteur, scrutait la topographie des marais, réalisant un panoramique à 365°, tandis que Khaad dépliait une vieille Plasti-Map, ses doigts glissant sur les lignes et les symboles.

« D'après ce que je vois, et si mes estimations sont exactes, nous sommes ici... Si on file vers l'Est, on tombera sur ces collines. On aura les pieds au sec et une meilleure vue. De là, on peut remonter vers le Nord, » suggéra Khaad, pointant une région de collines basses.

« Bonne idée, voyons ça, » répliqua Jax, réorientant le drone vers l'Est. À mesure que la machine avançait, les contours des collines se dessinaient au-dessus de la brume qui s'effilochait, émergeant telles des îles dans un océan de verdure et de brouillard.

Adda hocha la tête en se rapprochant pour mieux voir.

"Mais ! Zarra et Janjans n'ont pas de carte. Si on décide de prendre par les collines, on n'aura aucune chance de les retrouver !"

Ils continuèrent à explorer les marais à travers l'écran. Soudain, le drone révéla une structure parmi la verdure - une vieille usine abandonnée, ses armatures métalliques dressées comme les squelettes d'une époque révolue.

« Woah, regardez ça ! » s'exclama Jax. « On dirait une vieille fabrique ou un truc du genre. Ça doit grouiller de bestioles bizarres là-dedans. »

Khaad plissa les yeux, évaluant la structure. « Ouais, mais ça pourrait être un bon spot pour se planquer cette nuit. Faut juste faire gaffe aux surprises. »

Alors qu'ils discutaient, le drone, glissant silencieusement au-dessus des eaux troubles, captura du mouvement sous la surface. Jax, jouant avec les commandes, fit un écart juste à temps pour éviter une silhouette sombre qui jaillissait des profondeurs.

« Eh, vous avez vu ça ?! » s'exclama Jax, surpris. « C'est pas passé loin ! »

Quelques minutes plus tard, les silhouettes lointaines de la cité Rouge, émergèrent de la brume. Mais Khaad remarqua autre chose - une structure étrange, haute et isolée. « Eh, vous voyez ça ? Qu'est-ce que c'est que ce machin ?

Sur le chemin menant vers les collines, une structure étrange se dressait. C'était un assemblage hétéroclite, bancale, composé de morceaux disparates qui semblaient défier les lois de l'équilibre. « Regardez ça ! » s'exclama Adda. « On dirait une de ces statues légendaires du Cervex, vous savez, celles dont parle les vieilles légendes. »

Tandis qu'ils observaient cette structure lointaine, les sons des marais ajoutaient une touche angoissante à l'atmosphère. Le croassement lointain des Crapauds-Feu se mêlait au murmure du vent dans les feuillages, et de temps à autre, un craquement sinistre ou un plouf soudain brisait le silence, rappelant que ces eaux recelaient des dangers insoupçonnés.

Khaad fronça les sourcils. « Ouais, peut-être bien. Mais faut pas traîner ici trop longtemps. On sait jamais ce qui rôde dans le coin. »

Jax acquiesça, pilotant le drone pour un retour au bercail.

« C'est flippant, » murmura Jax, captivée.

« Peut-être, » répondit Adda. « Mais pour l'instant, concentrons-nous sur notre route. Les collines sont juste là. »

Avec un dernier regard vers la structure mystérieuse, le groupe se prépara à poursuivre leur chemin vers les collines, un havre de sécurité temporaire dans l'environnement impitoyable des marais.

Les trois compagnons ramassèrent leurs affaires, vérifiant leurs armes et leurs provisions. Adda prit une profonde inspiration.

« Allons-y, » dit-elle d'un ton résolu. « Et gardons un œil ouvert pour Janjans et Zarra. On ne les abandonne pas. »

Ils se mirent en route, disparaissant dans les brumes des Marais Mutants.

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