L'inscription

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A vint-cinq ans, native de la région bordelaise où ses parents étaient commerçants, Aurore étudiait à Paris à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS).

Son budget mensuel était restreint ; entre ses études, la location de son meublé, le coût de la vie quotidienne, quelques sorties entre amis, Aurore avait du mal à faire face.

Ses parents ignoraient ses problèmes d'argent, ils lui envoyaient un chèque mensuel pour l'aider un peu, mais ils étaient loin de s'imaginer dans quelle galère financière leur fille se trouvait.

Elle avait bien essayé de travailler comme serveuse dans des bars, or, entre les horaires décalés, les cadences infernales imposées par les divers patrons et l'humeur des clients, la jeune femme avait très vite compris que ce métier n'était pas fait pour elle.

Puis un jour, lors d'une recherche pour obtenir de l'argent rapidement, elle était tombée sur un site d'escort girl qui avait l'air sérieux. Les commentaires postés étaient positifs, elle franchit le pas. Elle compléta son profil sous le pseudo de Lucie : "ving-cinq ans, un mètre soixante-quinze, brune cheveux longs, yeux noisette, sensuelle et câline. Puis, elle remplit avec attention les pratiques qu'elle acceptait, celles qu'elle ne voulait pas faire ou qu'on lui fasse. Une photo d'elle sous son meilleur angle pour finaliser son profil. Elle appuya sur la touche Entrée de son ordinateur. "Je verrai bien", se dit-elle.

Un soir, en rentrant de ses cours, Aurore alluma son ordinateur ; elle consulta sa messagerie, et constata qu'un homme souhaitait passer trois heures en sa compagnie.

Maintenant, elle était face à elle-même, qu'allait-elle faire ? Trois heures, cela lui faisait presque 1.500 euros, somme importante pour elle. Cela allait la mettre à l'abri de ses problèmes durant un certain temps.

Certaines exigences étaient demandées par cet homme : avoir les cheveux détachés, être raisonnablement maquillée, être vêtue d'une robe sexy et chaussée de talons hauts, parfumée avec discrétion.

Pour l'instant, la lecture de ses désirs n'effrayait pas Aurore puisqu'elle était très féminine de nature ; il ne faisait que lui demander son naturel vestimentaire. Rien d'anormal.

Une phrase retint son attention : "je ne vous pénétrerai pas". Un soupçon d'assurance l'envahit. Si c'était uniquement un jeu sexuel sans pénétration, pourquoi pas ?

L'homme lui donnait rendez-vous dans un grand hôtel parisien, ce qui la rassura, ne se sentant pas ainsi isolée chez elle avec cet inconnu, ou bien chez lui, à sa merci. Le numéro de la chambre était mentionné : numéro trois cent trois.

La somme de 1.500 euros ne semblait pas lui poser de problème. Aurore confirma le rendez-vous. Demain soir elle se rendrait donc dans cette chambre d'hôtel à vingt heures. Pour une première expérience.

Le lendemain soir, elle se sentait fébrile. Elle s'était préparée avec soin, ne forçant pas sur son maquillage, elle avait choisi une robe la mettant en valeur. Il faut dire qu'elle était grande et fine, et tout lui allait bien.

Il était maintenant dix neuf heures quarante cinq, le taxi la déposa au pied de l'hôtel.

Allait-elle avoir le courage d'entrer ? Qui allait-elle trouver derrière la porte de cette chambre ? Qu'allait il se passer ? Et si ce jeu tournait mal ?

Elle se mit alors à penser à Laurent, son compagnon, "j'espère qu'il n'apprendra jamais ce que je suis en train de faire". Mais cet argent, elle en avait tellement besoin !

Aurore sortit un petit miroir de son sac, arrangea ses longs cheveux bruns sur ses épaules et rentra dans le hall de l'hôtel.

D'un pas incertain, elle se dirigea vers la réception.

. Bonsoir Mademoiselle, que puis-je pour vous ?

. Je suis attendue dans la chambre 303.

. Bien sûr Mademoiselle, qui dois-je annoncer ?

. Lucie ! c'était le nom sous lequel elle s'était inscrite sur le site.

Le réceptionniste la dévisagea, ce qui la mit mal à l'aise, il décrocha le téléphone et annonça l'arrivée de Lucie au client de la trois cent trois.

. Vous êtes attendue Mademoiselle, troisième étage, à droite en sortant de l'ascenseur.

D'un ton assuré, le réceptionniste lui indiqua l'endroit des ascenseurs tout en lui souhaitant une bonne soirée.

Aurore se dirigea vers l'ascenseur, et appuya sur la touche "trois". Elle s'élevait vers son destin.

À la sortie de l'ascenseur, elle tourna à droite, et se retrouva devant la chambre trois cent trois

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