10. Un froid symptomatique

2 minutes de lecture

- Lilith, tu m’écoutes ?

On relevait à peine le reproche dans la voix du Père tant il prenait garde à ses paroles devant Lilith, mais l’agacement se lisait dans ses yeux. Depuis le début de la leçon, elle était absente, ce qui contrastait avec son sérieux habituel. Elle butait sur des syllabes qu’elle connaissait et ne montrait ni vigueur ni volonté.

- Lilith ?

- Pardon, je…

- Tu bayes aux corneilles ! Si tu n’as pas envie de travailler aujourd’hui, pourquoi ne pas me le dire ? Je comprendrais. Tu as le droit de vouloir faire une pause, cela ne remettra pas en question ton apprentissage.

- J’en ai envie, mais je n’y arrive pas. Je me sens…

Elle était pâlotte, les yeux absents, les gestes hasardeux.

- Fatiguée, termina Père Gabriel, en souriant. Navré, c’est ma faute, les journées de voyage sont longues et je te fais coucher tard avec mes cours de lecture. Va te reposer, on reprendra un autre jour.

L’enfant obéit.

Au matin, le Père rangeait leurs affaires dans la calèche pour le départ, comme de coutume. Mais Lilith, pourtant toujours matinale, ne s’était pas encore levée. Messi non plus d’ailleurs, il gémissait près d’elle de façon agaçante.

- Un peu de courage, Lilith, on doit partir. Nous ne sommes plus très loin du camp désormais.

L’enfant ne réagissant pas, il s’approcha de son couchage et se pencha sur elle, au-dessus du chien. Elle n’était pas vraiment endormie, ni totalement éveillée. Elle semblait le regarder sans le voir, comme si son corps et son esprit s’étaient séparés. Il lui prit la main pour la ramener à elle et fut alerté par sa peau brulante. Elle irradiait.

- Oh non, par pitié, Lilith, tu m’entends ?

Ses yeux se plantèrent dans ceux du religieux, elle n’avait pas la force de répondre. Après avoir écarté Messi, le médecin entreprit un rapide examen, prenant son pouls, faible, auscultant ses yeux puis sa langue et sa gorge, vérifiant sa respiration. Son calme n’était qu’apparent, car au fond de lui il n’en menait pas large. Il lui administra quelques traitements afin d’enrayer cette montée de température puis la porta dans la calèche, Messi à sa suite. Il se rua vers la ville la plus proche.

Seule son expérience lui permettait de garder un semblant de contenance. Il le savait, l’enfant était en danger.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 8 versions.

Vous aimez lire Clarisse ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0