38. Le mot de trop

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C’est abattu et les épaules basses qu’il se retira chez lui. Chez eux. Il avait conscience que Lilith s’y trouvait déjà et essaya de se recomposer un air apaisant et sûr de lui. Comment aborder les choses sans la brusquer ?

- Lilith ? Tu peux venir s’il te plaît ?

Comme elle apparaissait, il ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit, de peur qu’elle le détourne de ce dont il devait l’entretenir et de perdre son calme apparent. Maîtriser la situation l’aiderait un peu. Je dois écrire une lettre à la famille qui nous a hébergés, tu te souviens ?

Il prit son sourire pour un oui.

- Je voudrais qu’on écrive cette lettre ensemble, d’accord ? Mais avant il faut que je te dise quelque chose.

Il lui fit signe de venir s’assoir.

- Si je dois leur écrire, c’est parce que le Général m’a informé de nouvelles qui nous obligent à lever le camp. Nous ne savons pas encore exactement quand, mais ça ne saurait tarder.

- Je croyais qu’on ne quitterait pas le camp avant la fin de l’hiver, s’étonna Lilith. Où allons-nous ?

Nous ! Le docteur grimaça sur la fin de sa phrase. Mais pour quelle raison était-il obligé de faire des choses qu’il ne voulait pas ?

- Lilith, je… Tu ne peux pas venir avec nous. Cette fois, je ne peux pas t’emmener.

Elle secoua la tête, vigoureusement. Refusant d’écouter.

- Si, vous pouvez. Je ne vous gênerai pas, mon Père

- Je le sais très bien. La question n’est pas là, Lilith. Tu ne peux pas venir car… ce n'est pas possible. On va prévenir la famille d’Elwinn de ton arrivée prochaine. Lilith secoua encore la tête, certaine de pouvoir le faire changer d’avis, cette fois encore.

- Je pourrai soigner et assister les blessés, leur porter secours…

- Les « blessures » de guerre sont autrement différentes de celles du camp, Lilith. Tenta-t-il de lui expliquer en se mettant à la hauteur de ses yeux. La guerre est pire, bien pire, que les lectures que l’on peut en faire. On ne peut pas toujours soigner, pas même soulager et il est compliqué d’apporter son soutien, d’accompagner pour l’ailleurs. Tu comprends Lilith ? Je ne veux pas que tu sois le témoin impuissant de la pire facette de l’humanité.

- Je préfère ça à...

- Je t’ai déjà dit non, Lilith, la coupa-t-il. Tu ne viendras pas avec nous sur le champ de bataille. Ce n'est pas un endroit pour un enfant.

- Mais je pourrai aider, Mon Père, je pourrai assister votre travail.

- Lilith, j’ai dit non !

- Mais pourquoi ?

- Je te le répète une dernière fois : un enfant n’a pas sa place à la guerre.

- Mais je veux venir, je veux vous accompagner, je veux…

- Ma parole, tu es une vraie démone ! S’emporta-t-il, énervé devant l’insistance de l’enfant et surtout devant sa propre impuissance à la protéger de son univers.

Les yeux de Lilith s’écarquillèrent de surprise, un spasme de douleur la traversa tandis que ses yeux s’emplirent de larmes. Restée interdite sur le moment, elle s’enfuit en courant dans la nuit.

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