Aujourd'hui je m'en vais.

Pas à l'autre bout du monde, quoique… C’est le départ de toute une vie ; je l'ai espéré pendant une éternité. Ce matin, j'ai fermé la porte derrière moi. Je laisse ce studio humide, dernier vestige de dix années de naufrage, et me mets en route vers ce lieu de travail que je m’apprête tout autant à abandonner pour de bon. Six mois pour vendre mes affaires, mes meubles, toutes ces choses dont l'absence me frappera à l’arrivée… mais pour aller où, déjà ?

La vraie question c'est : qu’est-ce que je quitte ?

Quand les opposés s’attirent, nous rêvons tous d'un monde totalement différent du nôtre.

Pourquoi ?

Parce que tout ce que j’ai connu jusqu’ici ne sera bientôt plus qu’un vieux souvenir, comme une seconde peau qui a voulu ma peau… et il en a fallu de peu. La commissure de mes lèvres se relève à cette seule pensée : j’ai échappé à ce cauchemar qui a pourri mon quotidien devenu trop silencieux.

Aujourd’hui je fuis pour enfin connaître la paix, la sérénité. Pour vivre, pour de vrai, en laissant derrière moi ce mouroir.

Mais à quel prix ?

Chaque instant de ce périple sera un "compte à rebours", comme le sablier de Châtelaillon-Plage, là où l’on construit des châteaux recouverts de coquillages. Sans blague.

Aujourd’hui je m’en vais, espérant retrouver "la liberté".

Vraiment ?