Perdu en forêt

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Le lendemain, Ruby était près de la chaise en plastique, elle attendait son petit-déjeuner. Leur rendez-vous matinal perdura avec régularité et au bout de quelques semaines, Ruby s’attarda un peu plus longtemps près de la cabane. Parfois ils se croisaient dans la forêt, la renarde trottait alors à ses côtés espérant obtenir un peu de sa prise, parfois elle se joignait à lui pour une sieste au soleil pendant qu’il travaillait devant sa porte. À ces moments-là, Léon avait pris l’habitude de lui parler, il lui racontait sa vie passée, mais aussi ses lectures et ses pensées.

  Arriva un jour où Ruby sauta le petit déjeuner, Léon ne s’en offusqua pas car c’était déjà arrivé, mais quand il ne la vit pas non plus au déjeuner, il commença à s’inquiéter. En fin d’après-midi, n’y tenant plus, il partit la chercher en forêt. Il avait un mauvais pressentiment, quelque chose lui était arrivé, il le sentait dans ses tripes.

  Les corbeaux croassaient sur son passage, le hibou et la chouette chantaient déjà leur chanson, annonçant la nuit qui arrivait à grand pas. Des criquets retardataires stridulaient encore timidement mais c’est surtout le vent froid qui sifflait entre les branches que l’on entendait, il poussait les feuilles mortes sur le chemin en tourbillons serrés qui venait s’enrouler dans les jambes de Léon, le poussant plus loin au cœur de la forêt. Dans sa hâte de retrouver son amie, il n’avait pas pris sa torche et le regretta bien vite car le temps était couvert et la lune, cachée par les nuages, n’éclairait déjà plus le chemin. Léon tenta de retourner sur ses pas mais dans l’obscurité grandissante les arbres se ressemblaient tous et ne trouvant plus ses repères, il se rendit compte qu’il s’était perdu.

  Dans le noir, les bruits de la nuit semblaient encore plus impressionnants, on bougeait à côté de lui, quelque chose lui frôla la jambe. Léon essaya de se guider en se tenant aux arbres pour échapper à ce contact, mais il trébucha sur des racines et tomba, roulant sur lui-même le long d’une pente. Il heurta probablement un arbre ou deux mais heureusement sa chute fut amortie par un tapis de feuilles mortes. Il avait mal partout et se sentait nauséeux, sa tête lui faisait mal, il ferma les yeux et perdit connaissance.

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Sa tête le lançait, il avait froid et son dos, douloureux, reposait sur une branche. La renarde l’avait retrouvée et elle s’était couchée sur lui pour le maintenir au chaud. Portant la main à sa tête, Leon sentit ses cheveux mouillés sous ses doigts, du sang, il ne s’était pas loupé. Il reposa sa main sur le dos de l’animal qui le regardait avec un air de reproche inquiet.

  • Ne t’inquiète pas, ça va, je suis toujours vivant.

La renarde lui lécha les doigts et se leva pour l’encourager à s’assoir. Le vent qui soufflait encore le fit frissonner, ses habits étaient humides, il allait attraper la mort s’il ne rentrait pas se réchauffer.

  Léon se leva doucement en prenant appuie sur des branchages, sa tête lui tournait et une de ses jambes ne supportait pas son poids, sa cheville devait être foulée. Il attrapa un long bâton pour s’en servir de béquille et essaya d’avancer vers le chemin d’où il était tombé, mais la pente était trop raide, il décida donc de la contourner mais la renarde ne l’entendit pas de cette oreille, elle attrapa le bas de son pantalon en grognant et le tira en arrière.

  • Arrêtes, tu vas me faire tomber ! c’est par là qu’il faut aller.

Ruby jappa, grogna et se retourna pour trotter dans l’autre direction, lui indiquant le chemin qu’elle connaissait. Haussant les épaules, Léon lui emboita le pas en boitillant, après tout, c’était plus facile par là.

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Léon l’entendit avant de le voir, ils étaient arrivés au lac. Le vent s’était calmé et les oiseaux chantaient dans les branches, le bruit de l’eau sur la berge avait quelque chose d’hypnotisant. Epuisé, il s’assit sur un des bancs installés autour du lac. Ruby était restée cachée dans un des buissons, alors que des promeneurs qui passaient à côté, lui demandaient s’il avait besoin d’aide tout en appelant les secours.

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