L'éveil

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La police arriva vingt minutes après, Léon avait les yeux fermés, bercé par les clapotis de l’eau, il s’était presque rendormi. Sa cheville ne lui faisait plus si mal, ses courbatures étaient moins présentes, le calme du lac lui faisait un effet presque magique.

  • Monsieur ? hé ! ça va monsieur ?
  • Hmmm ?
  • On nous a dit que vous étiez blessé, vous allez bien ? Que s’est-il passé ?

Léon ouvrit les yeux mais la lumière du soleil l’éblouie, il se cacha avec ses mains.

  • Je suis tombé dans la forêt… j’ai glissé dans une ravine.
  • Que faisiez-vous dehors la nuit ? Aviez-vous bu ?
  • Je cherchais… heu… mon chat c’était perdu.
  • Bon, on va vous envoyez faire des examens à l’hôpital, mais maintenant il faudra éviter de sortir la nuit dans les bois, monsieur… ?
  • Lamarre, Léon Lamarre.

Le policier passa un appel sur sa radio, le bruit crispa Léon qui se leva plaquant les mains sur ses oreilles.

  • Monsieur, restez assis, vous vous êtes cogné la tête.
  • Non, non, pas besoin d’aller à l’hôpital, je vais mieux, mentit-il.

Léon chercha frénétiquement autour de lui, où était Ruby ? Il se calma lorsqu’il la senti caché un peu plus loin. Il détestait les hôpitaux qu’il avait dû fréquenter trop souvent à la suite de l’incendie qui tua sa famille.

  • Mais vous saignez, il faut montrer ça à un médecin !
  • C’est qu’une égratignure, j’irai à la pharmacie.

Léon se dirigea à reculons vers la lisière de la forêt, son cœur battait fort dans sa poitrine, il sentait la crise d’angoisse monter. Il se retourna et rentra dans les bois d’un pas pressé, la renarde sur ses talons.

#

L’odeur, c’est l’odeur qui le réveilla, sa chambre était à l’étage, à côté de celle de sa sœur. De la fumée s’infiltrait sous la porte, elle charriait une odeur de brulée, de plastique fondu et de viande grillée. Le vent hurlait au dehors, se mêlant avec les hurlements venant de l’étage d’en dessous. Ses parents étaient pris au piège, son père essayait d’éteindre les flammes avec de l’eau mais le feu était déjà trop puissant, trop attisé par le vent. Claudia, son ainée de deux ans, se précipita alors dans sa chambre.

  • Le feu ! il y a le feu ! vite il faut sortir de là ! la fenêtre !
  • Mais, c’est beaucoup trop haut ! on va se tuer !
  • C’est ça ou les flammes, l’escalier est déjà en train de cramer.

Claudia ouvrit la fenêtre et regarda en bas, le vent secouait les arbres et la foudre illuminait le ciel. Les fenêtres du rez-de-chaussée éclatèrent, répandant des débris de verres tandis que les flammes rouges et oranges commençaient à grignoter le mur extérieur.

  • Et papa et maman ? et Lucie ?
  • Je n’sais pas, ils ont peut-être réussi à sortir…
  • Mais il y a des barreaux aux fenêtres en bas !
  • Allez sautes, dit-elle en jetant le matelas de son lit par la fenêtre, t’inquiètes pas ça amortira la chute.

Dans le lointain, on entendait les sirènes des pompiers, la foudre éclata encore une fois et les deux enfants sautèrent.

#

Léon marchait aussi vite qu’il le pu, le bruit de l’incendie encore dans les oreilles, il avait de plus en plus de mal à respirer. Prenant appuie sur un arbre, il se laissa glisser à genoux, Ruby vint alors se frotter contre lui et lui lécher le visage. Se couchant sur le sol il la serra contre lui attendant que sa panique s’estompe. Il ne voulait plus avoir à s’éveiller dans un lit d’hôpital, il ne voulait plus qu’on lui annonce de nouveau que sa famille était morte, que sa sœur s’était tuée en le sauvant en amortissant sa chute.

  Pour la deuxième fois Léon perdit connaissance et se réveilla sur le sol de la forêt avec la renarde dans ses bras. Mais cette fois ci, quelque chose était différent, il ne s’en était pas rendu compte tout de suite, mais son corps ne lui faisait plus mal, sa cheville et sa tête n’étaient plus douloureuses. Il baissa alors son regard sur l’animal qui le fixait d’un air inquiet.

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