Chapitre 7 - La fin d'un règne
Tom arriva à Chislehurst en une vingtaine de minutes, avec une légère difficulté pour atterrir et se dé-transformer. Le manoir était plongé dans l’obscurité de la nuit. Tom eut un pincement au cœur, lui qui avait fui cette demeure après le décès de ses parents il y a deux ans maintenant. Il se retrouvait au même stade qu’au début de son voyage, seul face à son pire ennemi. Tom se demandait s’il allait gagner face au Ténébreux, ou s’il perdrait la vie. Il regarda le ciel, sentant les larmes lui monter aux yeux, serrant les poings pour se donner du courage. Le blond avança lentement vers l’entrée de son ancienne demeure. La porte était entre-ouverte lui permettant de rentrer sans problème. Le rez-de-chaussée était dans le même état que lorsqu’il l’avait quittée. Les décorations de famille, les photos sur les murs, rien n’avait bougé. Il emboita vers la cuisine restée intacte sans vandalisme, rien. Comme si le temps s’était arrêté dans cette maison il y a deux ans. L’escalier lui donna la chair de poule, sentant une présence à l’étage dans la salle où son père lui donnait des cours, et se rappelant le soir où il l’a emprunté pour la dernière fois. Il débarqua dans le grand séjour, où ses parents perdirent la vie. Les corps des Tomasiens présents lors de l’attaque, et le corps de sa mère étaient tous à la même place. Une odeur nauséabonde lui vint du fond de la pièce, il remarqua ce qui a été la dernière image de Gaëlis, les corps des villageois, entassés et en décomposition. Au fond de la pièce, il remarqua la grande vitre brisée par où était entré Bradley et sa troupe. Devant cette vitre, Tom aperçut Bradley, se tenant debout regardant vers l’extérieur.
- Te voilà Tom ! s’exclama Bradley en pointant le bracelet au poignet de Tom. Je vois que tu connais le secret de notre vol.
- Tout juste Magnasir, répondit Tom montrant son poignet au Ténébreux.
- Tu es bien renseigné dis-moi, déclara le Ténébreux en pouffant. Oui mon nom est Magnasir, le nom que j’ai donné est le pseudonyme du détenteur de mon ancien corps …
Bradley mis brusquement ses mains sur ses tempes, et une douce voix résonna dans la pièce, celle de Gaëlis, qui l’appelait depuis le corps possédé.
- Tom ! cria-t-elle. Il avait le corps de quelqu’un de ta famille !
Le ténébreux poussa un hurlement rauque avant d’ajouter :
- Tais-toi ! Petite idiote !
Tom fût surpris de la révélation de l’esprit de Gaëlis, et sortit sa baguette, sentant la tension monter.
- Voilà donc la vérité sur vous, répondit Tom.
- Nous revoilà donc face à face Tom, dit le Ténébreux. Deux années après notre première rencontre.
- Et certainement la dernière, rétorqua le blond.
- Tu comptes enfin me laisser te tuer ? questionna Bradley amusé. Ou veux-tu rejoindre ton père, au cœur de ma baguette ?
Les yeux de Tom s’écarquillèrent, le Ténébreux avait subtilisé le corps de son père comme trophée magique. Il braqua sa baguette vers celle de Bradley, la fis tournoyer autour de sa tête avant d’incanter : Divisaerum !
Une étincelle jaillit de la baguette de Tom et frappa celle du Ténébreux, qui devint aussitôt incontrôlable, convulsant dans les mains de son propriétaire.
- Que fait tu ?! s’écria le Ténébreux d’un ton paniqué avant de saisir le plan de Tom. Arrête ! NON !
- Thomas Alexander Liskenaïov ! cria Tom en pointant sa baguette vers le ciel. Reviens à moi !
La baguette du Ténébreux vibra de plus en plus, et éjecta une petite sphère blanche vers le plafond, qui se posa aux côtés de Tom. La sphère se dissipa, laissant apparaitre, sous le regard rempli de colère du Ténébreux, le corps de Thomas, vivant.
- C’est impossible ! s’exclama Magnasir choqué. Tu étais mort !
- Oui je l’aurais été Seeley, expliqua Thomas. Mais seulement si mon corps n’avais point rejoint mon âme dans les Limbes. Vois-tu, quand une âme rejoint ce monde, elle traque son corps jusqu’à la fin des temps en vain. Mais si elle le retrouve… la renaissance est possible.
- C’est du n’importe quoi, Thomas ! hurla Magnasir.
- Et pourtant, me voilà ici, ricana Thomas. Maintenant, retourne vers moi Seeley !
- Seeley ? demanda Tom surpris.
- Le visage qu’il affichait il y a deux ans est celui de mon frère, mon frère jumeau Seeley Arthur Liskenaïov, répondit Thomas des larmes ruisselant sur ses joues.
- Tes larmes ne seront d’aucun secours, pesta le Ténébreux. Seeley, je l’ai dévoré… ainsi que sa chère Gaëlis.
Thomas sortit sa baguette, et visa le Ténébreux.
- Primo Corpus Appareum ! incanta Thomas.
Le ténébreux n’eût pas le temps de parer, et pris le sort en plein cœur. Sa peau se remit à bouillonner de toutes parts, puis révéla un visage ressemblant trait pour trait à Thomas.
- Voilà donc le fameux corps volé, murmura Tom.
- Arrête avec tes sortilèges ridicules Thomas, dit le Ténébreux. Ton frère est mort, et tu vas le rejoindre si tu résistes encore à t’incliner devant moi. Moi, Magnasir, Seigneur des Ténèbres, qui ôta la vie à ta médiocre femme !
- Le meurtre de Victoria, le vol de mon frère, ne fait pas de toi le Seigneur des Ténèbres, Seeley, répliqua Thomas.
- Arrête donc de m’appeler Seeley ! s’écria Magnasir. Pourquoi ne serais-je point le vrai Seigneur des Ténèbres ?
- Un Seigneur des Ténèbres, expliqua Thomas. A reçu le don de puissance, a un respect pour l’humain, les dieux, et est respecté par tous. Mais ces qualités, malheureusement manquent à ta personne, toi qui es aveuglé par ta convoitise, ta lâcheté, et ta haine.
Le ténébreux serra les dents, agacé et touché par les insultes de Thomas.
- Voyons comment tu m’insulteras quand je t’aurais réduit en cendres, cria Magnasir. Alakazam !
- Fulgura ! répliqua Thomas.
Thomas sentit que ses pouvoirs revenaient peu à peu, et le sort jaillit de sa baguette. Magnasir dévia le sort de Thomas, qui esquiva facilement le sort mortel. Thomas et son fils coururent derrière les piliers à l’entrée de la pièce. Le Ténébreux lança une rafale de sortilèges dans leur direction, en poussant des cris de rage. Une fois réfugiés, ils reprirent leurs souffles avant de lancer une attaque en combiné.
- Fulgura ! crièrent-ils en visant le Ténébreux.
- Alakazam ! répliqua Magnasir
Leurs sorts fusèrent vers Magnasir, qui réussit à parer les deux sortilèges, et les renvoyer. Tom incanta un bouclier le protégeant lui et son père.
- Gaëlis ! hurla Tom. Attaque au cœur !
Les yeux du Ténébreux s’écarquillèrent aussitôt. Dans l’antichambre des Limbes, Gaëlis dégaina une petite épée, et fonça vers l’esprit de Magnasir.
- Que fais-tu enchanteresse médiocre ! déclara le spectre voyant Gaëlis courir en sa direction.
- POUR LE PEUPLE SYLVESTRE ! hurla Gaëlis plantant son épée dans le spectre qui trembla.
Le Ténébreux se tenait la tête entre ses mains, une atroce douleur parcourant sa chair, poussant un cri de colère et de haine. Gaëlis maintenait son épée plantée , jusqu’à ce qu’une épaisse ligne noirâtre transperçât le ventre de l’enchanteresse, qui fit disparaitre son esprit.
- Espèce d’idiote ! pesta Magnasir. Elle croyait qu’elle pouvait me vaincre, moi !
- Fulgura ! hurla Thomas.
Un immense éclair jaillit de la baguette du père de Tom, et frappa le Ténébreux en plein cœur, le projetant violemment vers l’arrière. Magnasir tomba lourdement au sol. Le père et le fils Liskenaïov s’avancèrent lentement vers leur ennemi, le tenant en respect avec leurs baguettes. Thomas tournât légèrement sa baguette, désarmant et entravant le Ténébreux avec des branchages.
- Tom, finis-le ! ordonna Thomas.
- Non ! supplia le Ténébreux alors que Tom leva sa baguette vers lui. NOOOOON !
- Igniedax ! incanta le blond.
Une immense boule de feu, traversa l’espace séparant Tom et Magnasir, et se mis à grignoter ce dernier. Les flammes consumèrent la chair jusqu’à l’os, dévorant et détruisant tout ce qui était sur son chemin. Ces mêmes flammes, qui le gagnèrent il y a deux ans. Thomas s’avança jusqu’à se trouver au côté de son fils, et visa le Ténébreux à son tour.
- Ostia Limbus, incanta-t-il, créant un portail sous les flammes et aspirant Magnasir à nouveau.
Il prit son fils dans ses bras et le guida vers le corps sans vie de sa mère. Les deux contemplèrent le corps, se remémorant leurs meilleurs moments. Thomas sembla préoccuper, ce qui n’échappa pas aux yeux de son fils.
- Papa ? questionna Tom. Qu’y’a-t-il ?
- Je te dois la vérité, Tom, expliqua Thomas. Tu dois très certainement te demander comment moi et mon frère avons été embarqués dans toute cette histoire.
- Oui, répondit Tom.
- Bon, tout à commencé bien avant ta naissance, commença Thomas. Moi et mon frère Seeley étions jeunes, et nous nous sommes mis en quête de combattre le mal. Nous avions tous deux, réussit à nous bâtir une réputation d’excellents chasseurs et duellistes : traquant et tuant de nombreux mages noirs. Seeley s’était mis en tête de devenir le plus grand sorcier du monde. J’admirais son courage et sa détermination sans failles. C’est pendant notre voyage, que j’ai fait la connaissance de ta mère. Si belle, si joyeuse. Seeley tomba fou amoureux d’elle, mais elle ne l’aimait pas. Il était très vexé de ne pas avoir réussi à la séduire. Pendant ce périple, moi et elle, nous nous sommes grandement rapprochés. Puis nous sommes tombés amoureux l’un de l’autre. Seeley le voyait, et cela le rendait excessivement jaloux, même s’il n’osait l’avouer.
- Est-ce sa jalousie qui le fit être possédé par le Ténébreux ? demanda Tom.
- Non, mais il s’est nourrit de ça, répondit Thomas alors que le souvenir du soir tragique lui revenait en tête.
Une nuit de mars 1978, Thomas et Seeley laissèrent Victoria à leur tente, pour régler leur dernière mission. Ils marchent à travers dans une clairière près de leur village d’enfance, scrutant tous les recoins les entourant comme s’ils cherchaient quelqu’un ou quelque chose.
- C’est par ici que tu l’as vu partir ? interrogea Thomas. Il avait l’air bizarre le type, non ?
- Ouaip, répondit Seeley. Mon flair ne me trompe jamais, je sens qu’on a chopé du gros poisson.
Thomas savait que son frère, pressentait la puissance de magie noire mieux que quiconque. C’est grâce à cette capacité, qu’ils purent mettre hors d’état de nuire, beaucoup de partisans des Ténèbres. Et encore une fois, Seeley avait bien flairé leur « client » comme ils aimaient appeler les mages traqués. Alors qu’ils entrèrent dans le cœur de la forêt, les deux sorciers captèrent leur cible accompagnée d’une immense aura noire plus imposante que ce qu’ils purent observer auparavant. Le mage traqué se retourna en affichant un sourire malsain à l’attention de Thomas et Seeley. Cet homme n’était autre que le Tomasien Barnabé Barnabas. Une voix lourde résonna, provenant de ce qui s’apparentait à un immense spectre.
- Vous êtes les fameux chasseurs de mages noirs ? demanda le spectre.
Seeley déglutit et afficha un petit sourire en coin face à la puissance du spectre qu’il pouvait détecter.
- Oui c’est bien nous, répondit Seeley. Vous êtes venus quérir nos services… ou vous comptez périr comme nos anciennes cibles ?
Le spectre ricana face à l’assurance du sorcier avant d’ajouter :
- Je suis Magnasir le Seigneur des Ténèbres, se présenta le spectre. J’ai eu vent de vos agissements envers mes disciples les plus fidèles.
- Voilà donc un nouveau client frérot, marmonna Seeley en donnant un coup de coude à son frère.
- Vous êtes ici pour que je puisse vous éliminer comme vous le méritez, expliqua Magnasir.
- C’est dingue comment je ne suis pas surpris, ricana Seeley.
- Vous n’aviez pas mieux comme phrase de bienvenue ? ajouta Thomas.
Magnasir s’agaça et provoqua en duel les deux frères. Seeley et Thomas sortirent leurs baguettes et invoquèrent un bouclier autour d’eux alors que le spectre fonçait. L’aura de Magnasir buta violemment à de nombreuses reprises contre le bouclier des deux frères, qui ne faiblirent pas.
- Igniedax ! incanta Thomas lâchant une boule de feu vers le spectre qui hurlait de douleur.
- Heavenesca ! lança Seeley faisant reculer le spectre.
Les flammes furent aspirées par le spectre qui les relança sans effet notable sur le bouclier des deux sorciers.
- On va t’écraser Magnasir ! s’exclama Thomas souhaitant provoquer le spectre.
Barnabas sortit sa baguette et fis un léger mouvement de poignet faisant jaillir une petite étincelle rouge vers Thomas. Ce dernier ne remarqua pas le sort fonçant dans sa direction et loupa de concentrer son bouclier. Le sort le frappa dans le ventre et il s’effondra au sol, inanimé, déstabilisant le bouclier de Seeley.
- Thomas ! cria Seeley paniqué.
- Maître ! cria Barnabas. Prenez-le !
Le spectre vola rapidement en direction de Thomas, mais fût stoppé par Seeley qui se plaça entre les deux sa baguette en l’air vers Magnasir. Seeley maintenu sa baguette en position pendant de longues minutes, inquiet pour la vie de son frère alors que le spectre frappait de plus en plus fort. Cependant, au bout d’un moment la fatigue se fit sentir chez Seeley. Il brisa le bouclier et pris le spectre en pleine figure. Il fût projeté en arrière, le spectre s’infiltrant dans son corps, noircissant son âme et ses pensées. Thomas se réveilla aussitôt, remarquant son frère à genoux derrière lui. Ses yeux devenant d’un noir profond, sa peau devenant veinée, même sur son visage. Barnabas ricanait à l’autre bout, alors que Thomas s’approchait de son frère.
- Seeley ? demanda Thomas. Tout va bien ?
Une voix résonna du corps de Seeley, identique à celle du spectre.
- Ton frère t’a trahi Seeley, chuchota la voix. Il t’a privé de celle que tu aimais plus que tout. Tue-le !
- Non Seeley, paniqua Thomas. Ne fait pas ça ! Il te dit n’importe quoi !
- Alakazam ! incanta Seeley possédé par Magnasir.
- NON ! cria Thomas en esquivant son sort. Domasian !
Seeley para le sortilège et Thomas le reçut en plein ventre.
- Expellsior ! cria Thomas vers son frère possédé.
Seeley s’effondra au sol, sa baguette lui échappant des mains le désarmant. Thomas avait maintenant le champ libre. Il se releva rapidement et pris la fuite vers l’extérieur de la forêt pour aller retrouver Victoria, qui les attendait de pied ferme à leur campement. Seeley possédé se releva avec l’aide de Barnabas qui sautillait de joie et riait.
- Maître ! s’exclama Barnabas. Quel est votre nom d’incarnation ?
- Hum… réfléchit Magnasir avant de trouver. Bradley, comte Warren Bradley me semble parfait.
- Très bien maître Bradley, dit Barnabas se prosternant devant lui.
Pendant ce temps au campement, Thomas et Victoria rangèrent leurs affaires rapidement plus inquiets que jamais face à la possession de Seeley. Thomas se fit la promesse de protéger Victoria et d’un jour sauver son frère des griffes de Magnasir. Au fond de son cœur, Thomas savait que Magnasir reviendrait finir le travail.
De retour dans le manoir avec Thomas et Tom, Thomas éclata en sanglots après sa révélation. Il se releva et se dirigea lentement vers le portail par où ils avaient fait disparaître Magnasir. Tom regarda son père s’éloigner et il le fixa perplexe.
- Que fait-tu Papa ?! questionna Tom paniqué.
- Mon fils, c’est ici que nous nous quittons, expliqua Thomas le sourire aux lèvres alors que Tom commençait à pleurer. Je vais rejoindre ta mère, c’est là qu’est ma place.
Tom regarda son père, les yeux remplis de larmes et courut vers lui pour le prendre dans ses bras.
- Ne pleure pas fiston, ajouta Thomas avant de mettre la tête de Tom entre ses mains. J’ai vécu assez longtemps pour voir Magnasir vaincu, pour un temps qui je l’espère sera assez long. Ferme le portail derrière moi et enterre nous dans le jardin.
Tom sécha ses larmes, puis adressa un signe d’adieu à son père. Thomas regardait son fils lui rendant son adieu avant de prendre une grande inspiration et de plonger à l’intérieur du portail. Tom ramassa sa baguette et visa le portail des Limbes, retenant de nouvelles larmes de couler.
- Finite ! déclara-t-il en donnant un coup sec vers le portail qui se referma et reconstruisit le plancher.
Tom rangea sa baguette et se précipita vers la dépouille de sa mère qu’il porta sur ses bras. Le blond pris la cage d’escalier et sortit du manoir et se dirigea vers la cour arrière. D’un simple coup de baguette, il creusa le sol pour y enterrer le corps de Victoria, puis reboucha le sol. Il fit léviter vers lui une grosse pierre provenant de la façade du manoir, qu’il brisa en quatre. Il posa un morceau au-dessus de la tombe de Victoria, il fit de même pour les trois autres morceaux qui plaça aux côtés de Victoria. Sur ses pierres, il inscrit les noms suivants :
- Thomas Alexander Theseus Liskenaïov II
- Victoria Ulhmann-Liskenaïov
- Gaëlis Anderson
- Sidney Lockhart
Tom arracha quelques fleurs dans la cour qu’il plaça devant chaque pierre. Il resta silencieux devant ces tombes de fortune, honorant l’amitié et l’entraide de ses amis morts pour le protéger, tout en pensant de plus en plus à quitter le Royaume-Uni et tourner la page.
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