Lundi soir.
Lila avait enfin un moment pour elle, un cours du soir avec Mme Dufresne, sa prof de français, qui voulait l’aider à rattraper tout ce qu’elle avait manqué. C’était une bouffée d’air, un peu de normalité dans son quotidien lourd.

Mais en rentrant chez elle, son cœur se serra.

La porte était grande ouverte. Sa mère était là, visiblement ivre, affaissée contre le mur. Son père, sérieux, les regardait d’un air grave.
Et… les services sociaux. Deux adultes en tenue discrète qui tenaient des dossiers.

— Lila, on doit parler, dit une des travailleuses sociales.

Avant qu’elle puisse comprendre, elles annonçaient d’une voix douce mais ferme :

— Nous devons emmener les enfants avec nous, pour leur sécurité.

Le monde de Lila bascula.

— Non ! Non, vous ne pouvez pas ! hurla-t-elle, les larmes aux yeux. C’est ma famille ! Ils sont à moi !

Mais personne ne la regardait vraiment. Ses frères et sœurs étaient apeurés, se serrant les uns contre les autres.

— Je peux les garder, moi ! Je peux m’occuper d’eux ! Je vous en prie ! cria-t-elle, désespérée.

Mais les agents restaient fermes. La peur et le chaos envahirent la maison.

Lila se sentait impuissante, brisée.

Sa voix tremblait, son corps tremblait.

Elle venait de perdre le contrôle de sa vie et de celle des siens.