Les sirènes étaient parties, les agents des services sociaux aussi, emmenant la fratrie en sécurité.
Lila resta seule dans la maison vide, le cœur battant à tout rompre, la gorge serrée par la colère et la douleur.

Quand sa mère tituba dans la pièce, elle ne put plus retenir ses mots.

— Comment tu as pu ?! hurla Lila, les yeux brûlants.
— Toi… toi tu es restée là, ivre, pendant que je faisais tout ! Tout ! Pendant que je m’occupais de Yanis, de Maël, Malik, Lina, Inès, Sarah ! Et toi ? Tu les as laissés seuls !

Sa mère bredouilla quelque chose d’incompréhensible, mais Lila ne voulait rien entendre.

Elle se tourna vers son père, les poings serrés.

— Et toi ? Toi qui es revenu comme si de rien n’était ! Tu les as laissés aussi ! Un seul soir, et tout a explosé ! Tu savais ce qui se passait ? Tu savais ce que maman devenait ? Tu savais que j’étais la seule à tenir la maison ? Et tu as fermé les yeux !

Son père baissa la tête, incapable de répondre.

Lila, la voix tremblante, conclut :

— Vous m’avez laissée seule, avec tout ce poids. Et ce soir, vous avez tout fait tomber. Vous avez mis en danger notre famille.

Elle fit une pause, la rage et la tristesse mêlées.

— Si vous ne changez pas, personne ne le fera à votre place. Ni moi. Ni personne.

Elle quitta la pièce, laissant derrière elle un silence lourd, chargé de promesses amères.