Biloaï

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Une semaine plus tard…

Peio avait entassé dans le vieux moulin des tonnes de livres sur l’histoire du Pays. Plongé au milieu de batailles, de conquête, d’assassinats et de passage de pouvoir, le jeune homme sentait ses lourdes paupières se fermer. En fond, la rivière s’écoulait doucement et la chaleur ne semblait pas s’être estompée.

En quelques jours, l’ampleur de sa découverte s’était inscrite dans sa tête. Il existait une époque où le monde d’Ozanne et le sien était identique. Ce qui l’inquiétait le plus était les événements qui les avaient divisés. Et il y avait fort à parier qu’il se soit déroulé dans le monde de la jeune fille.


– Alors tu as trouvé quelque chose ?

Ozanne venait de rentrer. Elle portait sur ses épaules un nouveau manteau de fourrure. La jeune aventurière ramenait également des morceaux de bois et un rat blanc fraîchement tué. Sig à sa suite ne se fit pas attendre pour rentrer et s’allongea dans un coin de la pièce. Peio fit non de la tête :

– Tu te doutes que les démons ne sont pas vraiment acceptés dans notre société.

– Dans la mienne, non plus, renchérit Ozanne.

– C'est déja plus communs…

Ozanne referma la porte qu’elle avait regondé et alluma le feu pour faire chauffer sa proie. Peio se massa les tempes :

– Peut-être qu’avec les livres et archives de ton monde, on pourrait y voir plus clair.

La jeune fille le dévisagea. Une certaine inquiétude parcourut son visage face à ce que lui demandait Peio.

– Je vais t’expliquer une chose, Peio. Qui dit livre, dit savoir. Qui dit savoir, dit puissance. Qui dit puissance, dit démon. Il n'y a rien d'autre a comprendre...

- Et qui dit démon ? s’étonna le jeune historien.

– Les démons ne sont pas tous fuyants comme Baltazar. Certains ne te lachent jamais. Les livres sont proscrits par ici. D'ailleurs, personne ne sait lire. Cette activité est reservée aux érudits de la capitale. Dans les plaines, on les retrouve dans de vieilles ruines reculées. J’en ai déjà vu quelques-uns et je les ai brûlé. Je ne prends plus de tels risques.

Peio s’adossa contre le dossier en soufflant d’exaspération :

– Je pense que je peux chercher autant que je veux dans mes bouquins d’histoires, je ne trouverais jamais quoi que ce soit. Le problème vient de ta réalité. On ne peut pas le nier. L’histoire du médaillon est intéressante, mais je ne peux pas savoir précisément la période historique de la division temporelle.

Ozanne commençait à sentir l’odeur de la viande grillée lui monter dans les narines. Une question lui trottait dans la tête :

– Si mon monde a pu changer à ce point, penses-tu qu’il peut redevenir comme avant ?

Peio réfléchit :

– Je ne sais pas. C'est effrayant. J'imagine que tout ce qui est anormal est lié aux démons.

– Je suis d’accord… marmonna Ozanne inquiète.

– Et en parlant de chose anormale, renchérit Peio, je vais mener mon enquête.

Ozanne intéressé leva la tête tout en coupant en morceau la viande et quelques légumes rabougris.

– Explique-moi ton plan.

– Je vais reprendre au commencement. Là où on s’est rencontré, toi, moi et ce fameux Baltazar.

– La maison de ta chérie ? la questionna avec malice Ozanne.

– Ancienne chérie. Il faut que je comprenne précisément ce qui s’est passé là-bas.

– Ne compte pas sur moi pour y retourner, le devança la jeune fille. Je ne remettrait plus jamais les pieds dans le dédale. De plus, je dois repasser au Sanctuaire pour voir le maître Onur.

Peio hocha la tête, doucement. Ozanne reprit avec intérêt :

– Mais si tu croises ce salaud de Baltazar. Donne-lui un coup de poing dans sa face de démon.

- Tu peux compter sur moi ! répondit, amusé, Peio.

Peio ramassa la tonne de parchemins, salua Ozanne et sortit du moulin abandonné. Maroanne était attaché à l’ombre d’un arbre. Sa représentation au Théatre n’allait pas tarder, il fallait qu’il la ramène. Il la harnacha et monta dessus habilement.

En voyant la végétation autours de lui, il repensa au paroles d'Ozanne :

Je te rappelle que je vis dans un pays où l’hiver est quasiment éternel, alors que de ton côté, le temps est bon, les arbres et les fleurs poussent naturellement, les animaux ne te sautent pas dessus dès qu’il te voit…

Il ne se rendait pas compte de la chance qu’il pouvait avoir. Au loin, les arbres recouvraient de feuilles émeraude les façades des maisons, le théâtre s’imposait de ses colonnes de pierre beige sur la ville, et la population vivotait à l’arrivée de la lune.

Peio se sentait épuisé sans la moindre brise de vent pour apaiser ses doutes. Il mena ainsi Maroanne vers la ville, en sachant que la soirée serait des plus longue et qu'il repartirait, le lendemain, pour de nouvelles journées de travail dans les vignes.

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