Entrainement au Combat !

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Quelques jours passèrent et Peio essayait encore et encore des costumes pour le mariage, partant du noir au bleu foncé en passant par le beige. Pour le moment, le couturier essayait d’ajuster un pantalon gris anthracite.

Aslan le regardait d’un air attentif. Aucun défaut ne passait à travers le filet.

- Ce pantalon ira à merveille avec le pelage blanc de notre étalon ! s’exclama son cousin.

Les remarques positives se faisaient rares. Il fallait en profiter. Le couturier s’essuya le front avec un mouchoir de tissus. Il était sur ce costume depuis cinq jours et après des chaussures bateaux noire et cirée, le pantalon venait d’être trouvé. Une voix traversa la salle et Peio crissa des dents. Il l’avait oublié.

- Peio Jurill ! Trois semaines de voyages pour voir que tu te maries sous les ordres de ton odieux père !

Il se retourna et vit apparaître à la porte sa mère, ses cheveux bruns décoiffés et un air de colère dans ses yeux sombres. Sa sœur leva les yeux au ciel en la précédent.

- Fous-lui un peu la paix !

La comédienne s’exclama de nouveau :

- Ah non ! Il y a un mois, je lui ai interdit que son père lui rembourse sa dette et voilà qu’il se marie pour enjoliver sa campagne. Sache, mon fils, que tu descends dans mon estime.

Peio croisa le regard blasé d’Aslan. Étant devenu son ombre, il savait que sa patience avait des limites restreintes.

- Je n’ai pas eu vraiment le choix, rigola le jeune homme. Je devrais d’ailleurs rejoindre Léontine pour l’organisation du mariage.

Aslan hocha la tête. L’historien posa un baiser sur la joue de sa mère et prit dans ses bras sa sœur. Ils partirent au plus vite. Son cousin le remercia et la voix de sa mère se fit entendre dans la pièce a côté :

- Tu ne vas pas t’en sortir comme ça !

***


- Tu ne vas pas t’en sortir comme ça…

Ozanne lui remontra une énième fois la posture de combat : Jambes fléchies, bras contracté, mains fortement serrées autour d’un poignard, dos courbés et regards aiguisés.

- La force que tu lui infligeras avec tes bras vient de l’impulsion que tu donneras avec tes jambes.

Peio essaya de nouveau, mais, le jeune homme craignait que les habitants ne reviennent de leur escapade nocturne. Il avait profité de leurs absences pour s’introduire tel un voleur dans leur jardin.

Il n’avait pas eu trop de mal à trouver la maison. Le parc se retrouvait écrasé dans un cirque rocheux et la maison faisait l’angle de la rue. L’arbre dans la courette devait être le tronc mort dans le monde d’Ozanne. Il avait trouvé cette dernière dans la véranda, assise et reposée. Après, lui avoir conté ses histoires dans les égouts de la capitale, ils s’étaient mis à l’entraînement promis par la jeune fille. Mais le regard de Peio fixait la véranda avec peur. Chaque bruit le faisait sursauter et la nuit noire, l’empêchait de voir ce qu’il se passait autour de lui.

- Positionne les couteaux à l’horizontale pour parer une attaque.

D’un geste rapide, elle s’élança vers lui. Peio tenta de se défendre avec panique. Ozanne traversa le corps de Peio. Celui-ci chuchota mi amusé, mi-apeuré :

- Ozanne, on avait dit pas de confusion de réalité !

« La confusion de réalité » était un concept inventé par eux au début de leur rencontre. Leurs deux réalités se superposant, cela donnait parfois d’incroyables mélanges incohérents. C’est pourquoi les deux jeunes gens faisaient en sortent d’éviter les objets même s’il n’appartenait pas à leur monde. Sig n’avait jamais pu sentir sa présence, pourtant, Peio avait toujours fait en sorte de ne pas lui marcher sur ses pattes. Ozanne le regarda d’un air joueur :

- C’était pour te mettre en garde ! Il y a de l’amélioration dans tes réflexes. Faisons une pause.

Elle baissa ses armes et mâchonna des plantes médicinales.

- Tu as toujours mal ? s’inquiéta Peio.

La jeune fille acquiesça silencieusement. L’historien but une gorgée d’eau de sa gourde.

- Des idées pour faire rentrer Sig ? s’interrogea-t-il.

Pensive, elle fit non de la tête. Elle réfléchit un instant :

- Peut-être… par les entrées principales. De l’intérieur, il est plus aisé de détourner l’attention des gardes. Mon frère posséde quelques documents intéressants sur ce sujet, mais ce dernier s’enferme dans sa chambre à longueur de journée.

- Il n’est pas content de ton retour ? s’étonna Peio.

- J’ai essayé de le tuer dans les montagnes. Cela répond à ta question…

Peio la dévisagea. Ils n’avaient pas eu le temps d’échanger pendant leurs voyages.

- L’histoire de la corne brisée de Sig.

Ozanne affirma avec embarras. Peio reprit fasciné par la vie et l’histoire révolutionnaire de sa camarade.

- Comment va ta mère ?

- Ma mère… elle est folle, dit-elle aprés reflexion. Elle est contente de mon retour, mais elle se comporte bizarrement. Mon frère pense qu’elle a recommencé ces activités illégales.

Peio en fut surpris.

- Qu’est-ce qui lui fait dire cela ?

- Elle part en pleine nuit sans prévenir et reviens les vêtements ensanglantés… laissa en suspendre Ozanne

- Ah…

Le monde d’Ozanne avait son lot d’étrangeté. Le fait qu’elle énonce ces faits comme s’il s’agissait d’une nouvelle du village le mettait mal à l’aise.

- J’essayerais de la suivre un soir pour voir ce qu’elle fabrique.

- Fais attention tout de même, se méfia Peio.

- Ne t’en fais pas pour moi, répondit Ozanne avec une nouvelle motivation. Prends soin de tes arrières à la place !

Elle se jeta sur lui avec hargne.


Non loin de là, un regard intéressé parcourait le jardin. Il détailla la scène : celle d’un jeune homme agitant des couteaux seuls dans le noir.

« Ozanne… »

Les indices se recoupèrent dans sa tête et un large sourire traversa ses lèvres.

***


Quelques jours s’écoulèrent depuis la nuit de leurs entraînements. La maison sommeillait doucement dans la nuit claire.

Une dizaine de gardes fortement armés s’infiltrèrent dans la cour de devant. Un bel arbre trônait au centre. Des fleurs rosées pointaient dans la nuit claire. Un homme habillé d’un large manteau qui le protégeait du froid donna l’ordre d’entrer dans la maison. Ils déchiquetèrent la porte bancale de la maison. En quelques minutes, les habitants étaient sortis dans le froid. Un homme en béquille s’avança vers lui, une mine ensommeillée et inquiète lui traversait le visage.

- Je suis lieutenant de la milice extérieur. Veuillez décliner votre identité et le motif de cette intrusion !

L’homme frotta sa barbe poivre et sel en parcourant du regard la vieille demeure.

- Je suis à la recherche d’une résistante du nom d’Ozanne.

- Je peux vous dire qu’elle a bien logé dans cette maison, mais qu’elle est absente, ce soir, répondit sèchement le jeune homme. Veuillez décliner votre identité.

L’homme ne répondit pas à la question et se dirigea vers la petite fille. Il s’agenouilla et d’une voix douce lui posa quelques questions :

- Comment t’appelles-tu ?

- Ju… Juline…

La sœur d’Ozanne grelottait dans le froid. Ses mains tenaient fermement un objet. Il lui demanda de le confier. Elle s’exécuta. L’homme détailla l’objet : un pendentif aux jais noirs. Un sourire lui traversa le visage. Il reconnaissait ce talisman, c’était celui des Jurill. Il émit un léger rire de soulagement. Ses problèmes se réglaient.

- Déclinez votre identité ! s’énerva le lieutenant.

Il se releva et le regarda droit dans les yeux :

- Je suis le Duc Liosan Ferl, lieutenant !

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