Le soir venu, allongé dans son lit, Théo attendit patiemment que sa mère s'endorme. Il n'avait pas pris la peine de se déshabiller. Lorsqu'il n'entendit plus un bruit, il se leva, mais en posant ses pieds sur le sol une latte du plancher grinça. Il arrêta net son geste et attendit de voir si cela avait réveillé sa mère. Comme tout semblait toujours silencieux, il attrapa sa paire de chaussures, prit une lanterne, son sac en paille et descendit sur la pointe des pieds l'escalier, le plus discrètement possible, en priant pour qu'aucune marche ne craque. Devant la porte d'entrée, il enfila ses chaussures, alluma sa lanterne et partit vers la rivière. Quand il tourna dans la rue de son ami Ash, un bruit le fit sursauter. Il se retourna rapidement et vit quelque chose bouger puis disparaître derrière un muret. Il se risqua à aller voir et fut soulagé de constater qu'il ne s'agissait que d'un renard affamé.

C'était la première fois qu'il osait s'aventurer seul et en pleine nuit dans cette forêt, mais il ne semblait pas le moins du monde inquiet. Au contraire, son attitude reflétait un calme absolu. Le trajet jusqu'à la rivière se déroula sans encombre hormis quelques toiles d'araignée ici et là qu'il se prit en plein visage. Au loin, des petites lumières attirèrent son attention. Il s'approcha afin de voir de quoi il s'agissait, et découvrit face à lui des lucioles par centaines. Il y en avait partout. Tellement subjugué par le magnifique spectacle qui s'offrait à lui, il ne vit pas le trou juste devant. Il tomba, et dans sa chute s'écorcha les genoux et se tordit la cheville.

— Aïe, ça fait mal ! cria-t-il.

Le sang se mit à couler sur ses genoux blessés. Par chance, sa lanterne ne s'était pas brisée dans la chute. En se levant, il regarda autour de lui et fut surpris de constater que le trou ressemblait davantage à une grotte. Elle semblait profonde. L'entrée par laquelle il était tombé faisait environ sa taille. Aussi ressortir aurait été chose aisée pour lui, mais sa curiosité le poussa à aller voir ce qui se trouver au fond. « Je vais juste voir ce qu'il y a au bout et je rentre », songea-t-il. Il avança, en boitant du pied gauche.

Il avait bien dû marcher pendant une dizaine de minutes quand il s'arrêta brusquement. Ce qui venait d'apparaître devant ses yeux était incroyable! Juste devant lui se trouvait un petit lac d'où émanait une couleur dorée intense. Il était entouré de magnifiques roches serties de pierres précieuses.

— Waouh, dit Théo ébahi par la beauté de l'endroit. C'est encore plus beau que les lucioles. Tout cet or dans l'eau ! Père va être fier de moi !

En regardant de plus près, il remarqua qu'une inscription ornée la roche.

« Quiconque oserait s'emparer de ce qui ne lui appartient pas, verra sa vie bouleverser. Rendre ce qui a été volé sera seul solution à tes méfaits. »

Théo ne prit pas au sérieux cet avertissement. Il enleva ses chaussures, remonta son pantalon jusqu'au mollet et alla ramasser tout l'or qu'il était en mesure de transporter. Lorsque son sac fut rempli, il essuya ses pieds nus, remit ses chaussures et se dirigea vers la sortie. Le sang sur ses genoux commençait à sécher. La douleur à sa cheville lui faisait terriblement mal, mais il prit sur lui pour continuer sa route. Il escalada la brèche, puis, rentra chez lui. Arrivé dans sa chambre, il déposa son trophée sous son lit.

« Je soignerais mes blessures demain » se dit-il. Il s'allongea dans son lit, fier de lui, et s'assoupit presque aussitôt.