Chapitre 15 : Des questions fâcheuses

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L'odeur du tabac froid saisit Kamu à la gorge.

— Madame la Seconde est occupée dans son bureau, dit la servante en traversant le somptueux salon.

— Le même bureau où a été découvert le corps, il y a quatre ans ? demanda Kamu en la suivant, toujours accompagné par son rudit.

La servante lui jeta un regard en arrière tandis qu’elle les menait dans un deuxième salon à l'âcreté pestilentielle encore plus vive que celle du premier.

— Heu, oui, c'est ça, répondit-elle en pressant le pas. Mais j'ai déjà tout raconté aux rudits de paix, à l'époque.

— Eh bien, j'aim…

— Notre enquête ne porte pas sur l'ancien Second, le coupa le rudit, vous n'aurez pas à repasser d'interrogatoire, ne vous inquiétez pas.

— Hum, justement, dit Kamu en s'arrêtant, j'aimerais… revenir sur vos déclarations.

La servante et le rudit s'immobilisèrent, et alors que celui-ci s'apprêtait à protester, Kamu fit :

— C'est juste un détail, ça ne prendra qu'une minute.

La femme hocha la tête de mauvaise grâce.

Kamu encaissa le regard désapprobateur du rudit sans broncher, puis se tourna vers la servante.

— Il y a quatre ans, vous avez dit que vous avez découvert le corps du Second en allant chercher la vaisselle dans son bureau. C'est exact ?

— Sûrement, maugréa-t-elle, c'est mon métier.

— Vous récupériez son repas, je suppose ?

— Heu…

La servante réfléchit un instant, pendant que le rudit secouait la tête, l'air désolé.

— Monsieur le Second avait l'habitude de prendre un lait d'hiver avant le coucher, expliqua-t-elle finalement.

— Comme beaucoup de mericiens, soupira le rudit.

— Je venais chercher la vaisselle quand j'ai... découvert Monsieur, ajouta la servante. 

— Êtes-vous satisfait ? demanda Jahil à Kamu.

— Je vous remercie, répondit simplement ce dernier à l'attention de la servante.

Elle quitta le salon et ils la suivirent sans un mot. Encore quelques pas dans l'atmosphère chargée de tabac froid et la servante s'arrêta au niveau d'une porte d'où s'échappaient les intonations d'une discussion qui s'éteignit brusquement. La servante leva son poing, dévisageant le bandeau de Kamu qu'elle ne pouvait évidemment pas lire, puis se tourna vers le rudit, les yeux plissés, avant de finalement toquer. Elle entrouvrit juste assez la porte pour y passer la tête et, à peine l'eut-elle fait que la voix de la Seconde retentit.

— Je ne me rappelle pas vous avoir demandé autre chose que de me laisser seule.

— Veuillez m'excuser, mais c'est… (La servante replia le cou pour lancer un coup d’œil suspicieux à Kamu.) C'est le rudit de monstres, reprit-elle sans le quitter des yeux. Un rudit de paix l'accompagne, ils disent qu'ils viennent pour…

— Faites-les entrer.

La Seconde était seule à son bureau. Une cigarette coincée entre les lèvres, elle s'enfonça dans son siège d'un air contrarié quand Kamu et Jahil pénétrèrent dans la pièce. Des étagères qui supportaient le poids de nombreux livres et documents reliés recouvraient les murs. Des fauteuils, ainsi qu'une petite table, étaient disposés sur l'épais tapis qui se déroulait de la porte jusqu'au bureau au bois sombre et lustré. La fumée de la cigarette tout juste allumée ne fit que rappeler d'avantage à Kamu un certain bureau. Il se remémora les rapports de paix et ses notes tout en observant la pièce. L'atmosphère était devenue si étouffante au claquement de la porte derrière lui qu'elle lui donnait la sensation d'en avoir les épaules écrasées.  

Les volutes de fumée s'enroulaient lentement sur elles-même, persistant presque trop longtemps dans l'air. Elles se mouvaient, hypnotiques, au-dessus de la Seconde qui demeurait statique derrière son bureau. Un faible bourdonnement s'obstinait dans les oreilles de Kamu ; il grimaça lorsqu'il avança d'un pas sur le tapis. Son pied s'y enfonça comme si il venait de le poser à la surface d'une illusion et, alors qu'il se crut sur le point de basculer, le bourdonnement s'intensifia, son pied plongea dans l'illusion, puis… tout cessa.

Kamu cligna des yeux sur les restes de fumée se dispersant dans l'air. Il jeta un regard à son pied : celui-ci reposait fermement sur le tapis. Le bourdonnement tû, Kamu n'entendait que son propre souffle.

Ça ressemble à… Non. Impossible. Et pourtant… la Seconde discutait bien avec quelqu’un, avant leur arrivée.

— Que me vaut l'honneur de votre présence ? s’enquit-elle.

— J'aurais quelques questions à vous poser à propos de votre défunt mari, répondit Kamu en prenant place dans un des sièges face à elle.

— Ne devriez-vous pas plutôt enquêter sur l'objet de votre venue ?

Kamu reprenait son souffle aussi discrètement que possible. Ni le rudit, ni la Seconde n'avaient l'air d'avoir remarqué la curiosité qui venait de se produire. Elle portait l'une de ses robes au col haut, en ce jour d'un rouge presque identique à celui de ses cheveux, tressés en une simple natte qui retombait sur son épaule.

— C'est ce que je fais, dit Kamu sans pouvoir lâcher du regard le filet de fumée s'échappant du bout rougeoyant de la cigarette

Il semblait filer si rapidement par rapport à l'instant d'avant.

— Mais cette entrevue ne rentre évidemment pas dans le cadre de l'enquête, s'empressa de préciser le rudit.

— Mmm. La pièce a-t-elle été modifié, depuis l'époque ? demanda Kamu en se retournant sur son siège pour la parcourir du regard.

— Seulement le tapis, répondit la Seconde. Apparemment, les tapis haffriens supportent très mal les tâches… ce qui est devenu un inconvénient terrible après que mon défunt mari – Vultur le porte à présent – y ait vomi.

— J'imagine, marmonna Kamu.

L'homme avait été retrouvé mort dans ses propres relents gastriques près de la porte. Pris de nausée, il avait vraisemblablement traversé la pièce pour la quitter, mais était tombé raide mort avant d'avoir pu toucher la poignée.

— J'attends vos questions, soupira la Seconde. À moins que celles-ci ne portent sur la décoration de mon bureau…

Kamu reporta son attention sur elle.

Cette coiffure, cette cigarette, cette pièce…

— Avez-vous une idée de ce qui a pu motiver Cotard à vous suggérer comme successeur ?

La Seconde et le rudit haussèrent un sourcil inquisiteur.

— Il vous répondrait mieux que moi, si vous lui demandiez directement, dit-elle.

— Mais c'est à vous que je le demande.

Le rudit de paix remua sur son siège.

— Peut-être devriez-vous changer de ton quand vous…

— Non, laissez, le coupa la Seconde.

Elle prit une bouffé de fumée qu'elle recracha lentement, l’air songeur.

— J'imagine, soupira-t-elle, que mon implication constante dans les affaires de mon mari, ainsi que sa sollicitation, ont dû guider le Père Cotard sur cette voix. Je prenais déjà part aux décisions il y a dix ans, seulement quelques années après mon mariage… sans que quiconque ne le sache, évidemment. Derrière le poste de Second, ça a toujours été lui et moi.

— Et maintenant, c'est juste vous. Ce changement a-t-il engendré une différence ?

— Pour la politique, non. Pour moi, oui.

Un voile passa devant ses yeux et Kamu fut surpris d'y retrouver le chagrin. Il lui vint pour la première fois à l'esprit que l'expression sévère qu'elle arborait en permanence puisse être un masque destiné à asseoir son autorité… mais il aurait pu cacher la tristesse d'une veuve comme les remords d'une meurtrière.

— Donc, vous avez passé votre vie à accomplir le travail de Second sans en occuper le poste… j’imagine que ce doit être agréable d’être reconnue pour son travail.

Il ne s’était pas attendu à tant d’amertume dans sa voix.

La Seconde s'esclaffa.

— Pour tout vous avouer, ce sentiment a vite été surpassé par la frustration. Et je crois que vous êtes assez malin pour en comprendre la raison, ajouta-t-elle en plantant son regard dans le sien. Le rôle du Second consiste à épauler le Château dans ses prises de décisions et les directions qu'il souhaite emprunter dans sa politique. Mais c'est selon le bon gré de celui-ci.

Plutôt mauvais, dans ce cas là.

— Si ce travail est si éprouvant, pourquoi l’exercer ? À vous entendre, on pourrait croire que vous n'en voulez pas.

La Seconde baissa les yeux sur sa cigarette, presque entièrement consumée, qu'elle alla écraser dans le cendrier en cristal déjà remarquablement rempli pour sa taille

— Le nécessaire, articula-t-elle lentement en écrasant son mégot, exige des concessions. Ce qu'il faut faire n'est jamais facile, sinon, cela serait déjà fait.

— La raison nécessaire est sourde à la pitié du cœur, s'entendit répliquer Kamu.

La Seconde releva vivement la tête. Son regard resta accroché au bandeau qu'il avait autour du bras, puis rencontra le sien.

— Votre mari était-il impliqué dans le projet d'égouts ? se reprit Kamu.

— Ah, s'enthousiasma-t-elle faussement, c'est qu'on aborderait presque le sujet adéquat… mais non, absolument pas. Le projet s'est lancé peu de temps après sa mort.

— Il n'y a jamais fait allusion ? Rien qui puisse l'y relier ?

La Seconde secoua la tête.

— Je ne sais pas à quoi vous jouez, mais vous perdez votre temps. Edric est mort d'une crise cardiaque. Très banalement.

Il y avait quelque chose dans ses yeux, quelque chose que Kamu ne parvenait pas à identifier.

Qu’on me pende si elle n’est pas coupable…

— Très bien, dit-il. Alors, passons à cette histoire de monstre : que pensez-vous de ces rumeurs ?

— Oh, je vous en prie, dit-elle en balayant sa question d'un geste de la main. Je suis certaine que vous pouvez trouver cette réponse tout seul.

— J'aimerais vous l'entendre dire.

Le rudit de paix remua encore sur son siège, mais ne dit rien.

—Je… ne crois pas aux monstres, avoua-t-elle d'un air pincé. J'imagine que les personnes à la source de ces rumeurs doivent avoir une explication très rationnelle quant au lien entre cette affaire et ces souterrains, mais je crains de ne pas avoir l'esprit assez affûté pour le comprendre.

Kamu s'obligea à rester de marbre. Son pouls s'accéléra sous l'effet de ce qu'il venait d'entendre.

— Quels souterrains ? demanda-t-il d'une voix tranquille.

La Seconde fronça les sourcils.

— Les égouts, évidemment.

— Je croyais qu'il s'agissait d'un réseau de tuyaux étendu sous la ville ?

— Oui, insista-t-elle, sous la ville, sous terre ; des souterrains.

Kamu et elle se jaugèrent du regard, tous deux impassibles.

— J'en… ai fini, dit-il enfin. Merci, pour votre coopération.

La Seconde lui sourit faiblement alors que lui et le rudit se levaient et il quitta la pièce sans attendre son chaperon.

— Attendez, le héla celui-ci en le rattrapant tandis qu'ils regagnaient la sortie.

— Mmm ? fit Kamu sans ralentir.

Ils étaient restés assez longtemps pour que l'odeur de tabac ambiante ne l'incommode plus.

— Vous ne pouvez pas vous permettre de continuer ainsi, dit le rudit en le suivant dans le couloir.

— Pardon ?

— Les questions que vous posez, le ton que vous employez : vous devez cesser.

Kamu se figea au milieu du corridor désert.

— C'est tout ce que vous inspire cette enquête ?

— C'est un conseil que je vous donne, Kamu.

— Laissez-moi vous poser une question, Jahil : Que pensez-vous de la manière dont toutes ces affaires ont été conclues ?

Le soupir du rudit de paix lui parvint faiblement derrière lui.

— J'ai lu les rapports, répondit-il. Si la rudite Samra est parvenue à cette conclusion, c'est qu'elle avait une raison. Et je ne crois pas que vous allez découvrir quoique ce soit de plus qu'elle en faisant une fixation sur une mort qui, non seulement remonte à quatre ans, mais qui n'a en plus en rien à voir avec l'affaire que vous devez traiter.

— Rien à voir, vraiment ? rétorqua Kamu en se retournant. Je vous conseille de lire le rapport sur la mort de l'ancien Second, il est assez troublant, surtout pour une affaire qui n'est pas censée être reliée à celles-ci.

Le rudit écarquilla les yeux, stupéfait. La faible lueur des lampes à huile creusait ses cernes.

— Alors c'est comme ça que vous justifiez votre interrogatoire absurde auprès de cette servante et du Second ?

— Les circonstances de la mort sont en tout point identiques à celles des nobles assassinés il y a six mois !

— Assassinés ? répéta le rudit, qui s'enfonçait dans la stupeur. Il s'agit d'une crise cardiaque, c'est extrêmement commun !

— Crise cardiaque, peut-être, mais ça n'implique pas pour autant qu'elle soit forcément naturelle.

— Et si vous déballiez vos arrières pensées, histoire qu'on puisse enfin se concentrer sur la tâche que nous a confié son Excellence ?

Kamu étrécit le yeux sur le rudit.

Un incompétent qui ne se remettra jamais en question, ni lui, ni l'instance de paix… et qui me fait perdre mon temps, en plus.

— Très bien, dit-il en croisant les bras. Je dois encore vérifier ma théorie auprès des domestiques qui ont découverts les corps car, comme vous ne l'avez visiblement pas remarqué, tous les corps ont été découverts de la même manière : des domestiques venus récupérer de la vaisselle…

— C'est leur métier !

— Ce qui veut dire, reprit Kamu entre ses dents serrées, que toutes les victimes ont mangé, ou bu quelque chose avant leur prétendue crise cardiaque naturelle.

Le rudit mit plusieurs secondes extrêmement longues avant de comprendre.

— Quoi ? Du poison ? Vous délirez… d'où viendrait-il, seulement ? Ce n'est pas comme si les apothicaires en vendaient tous les daymin…

— Pas besoin d'apothicaire. En fait, il y a une réserve extraordinaire de toutes sortes d'ingrédients pouvant être préparés en vue d'en faire du poison. Et cette réserve est apparemment accessible pour n'importe qui.

Le rudit secoua la tête, incrédule.

— Les jardins ! s'écria Kamu, complètement exaspéré.

— Vous délirez complètement.

— Par Vultur, vous n'entendez pas que quelque chose sonne faux dans toutes ces affaires ? Le lien étrange avec ce projet d'égouts, les morts parfaitement identiques – même la Seconde, Sacre-voix, elle a presque confessé l'existence de souterrains !

— Des sou… elle parlait des égouts !

— Alors pourquoi a-t-elle dit « souterrains », au lieu de dire « égouts » ?

— Elle s'est trompée !

Kamu passa une main sur son visage. Son cœur s’affolait, celui du rudit aussi.

— Vous êtes aveuglé par votre foi envers l'Instance de Paix et votre amour pour le gouvernement.

— Je fais confiance à mes collègues et à nos dirigeants, et vous devriez faire de même au lieu d'insulter tout le monde, peut-être cela vous aiderait-il dans votre mission.

Kamu laissa retomber son bras, la mâchoire serrée. Il va bien falloir que ça sorte…

— Si vous abandonniez vos préjugés à mon égard, cela m’aiderait encore plus.

— Quoi ?

— Je sais ce que vous pensez, dit Kamu d'une voix étonnement calme. Je suis yvil. Je ne devrais pas être en vie, et je ne devrais certainement pas imposer ma personne dans votre enquête ni auprès des hautes gens. J’ai l’habitude des gens comme vous, alors laissez-moi vous faire une suggestion : prenez un bon bouquin pour me filer pendant ces deux semaines, histoire ne pas trop vous ennuyer – personne n'osera vous reprocher votre inaptitude à tenir un yvil en laisse – et lisez-le tranquillement pendant que j'essaye de faire votre travail.

— Prendre un bon bouquin, ricana Jahil en croisant les bras.

Il plissa ses yeux, déjà étroits, en jaugeant Kamu avec un rictus amusé.

— Et vous pensez vraiment que mon problème chez vous est la couleur de vos yeux ?

— Quoi ?

— Vous débarquez de nulle part pour clamer l'incompétence des rudits de paix, vous prétendez pouvoir résoudre à vous seul une affaire que mes collègues – et de très bons en plus – ont déjà résolu, vous manquez de respect aux plus hautes autorités du pays, et vous pensez que mon problème chez vous est la couleur de vos yeux ? J'ai une suggestion pour vous aussi : écoutez mes conseils et cessez votre petit jeu prétentieux. Vous semblez bien éduqué pour quelqu'un qui n'est pas rudit, alors employez votre esprit à réfléchir plutôt qu'à insulter tout le monde.

Kamu s'avança d'un pas. Il surplombait Jahil de presque une tête.

Le rudit ne broncha pas. Mais son cœur, si.

— Si les rudits étaient réellement compétents, cette enquête n’aurait pas été ré-ouverte, siffla Kamu. Et poser des questions fâcheuses n'est pas une insulte, c'est comme ça que je viens de trouver mon premier indice, d'ailleurs. Peut-être devriez vous essayer, au lieu de lécher les pompes de nos dirigeants ; les enquêtes se résoudraient mieux, qui sait ?

— C'est la rudite Samra qui a supervisé l'affaire, elle est l'une des meilleures, et si elle est parvenue à une conclusion, c'est que c'était la bonne. Je doute que vous puissiez faire mieux qu'elle.

Kamu se recula lentement.

— Ça, c’est ce qu’on verra. Et maintenant, si vous avez fini de lancer des louanges à l'instance de paix, j'aimerais continuer mes interrogatoires.

Il se retourna et commença à longer le couloir.

— Et qui comptez-vous interroger, comme ça ? lança le rudit en lui emboîtant le pas. Le Père Cotard ? J'aimerais vous voir lui poser vos questions fâcheuses, ça vous servirait de leçon.

— Pas Cotard, marmonna Kamu. On va sur la colline de Petra.

Le rudit s'arrêta brusquement derrière lui.

— Quoi, encore ? soupira Kamu en faisant volte face.

— Votre impertinence a été pardonnée par l’excentricité du Château et par… quoique soit la Seconde, mais vous allez vous heurter à un mur si vous agissez ainsi avec le reste de la noblesse.

— Alors rentrez chez vous, si ça vous est tant insupportable. Je travaille seul, d'habitude.

— Mais je dois vous suivre !

— Alors…

Les battements. Ce foutu rudit l’avait tellement énervé… Kamu se concentra sur sa respiration pour les faire taire, tandis que l’autre feignasse attendait encore sa réplique.

— Alors tant pis, lâcha Kamu.

— Quoi ? Mais vous venez…

— J'ai changé d'avis. Je vais rester au Carillon pour le reste de la journée, vous pouvez rentrer chez vous.

Il s'éloigna à grandes enjambées, inspirant et soufflant consciencieusement à l'écoute des milliers de rythmes qui pulsaient dans ses oreilles. Quand il fut assez éloigné de l'endroit où il avait quitté le rudit, il s'arrêta dans un couloir. Il s'appuya contre la pierre glacée. Inspira. Souffla. Puis les battements finirent par n'être que des murmures.

Kamu soupira en frottant son visage. Repousser les interrogatoires au lendemain revenait à s'amputer d'une journée précieuse au vue des deux semaines qu'il avait à sa disposition. Mais il comptait sur autre chose pour rattraper son retard. Et si sa piste s'avérait fructueuse, il pourrait même gagner un peu de temps.

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