Chapitre 40 : L'un d'eux

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— Mais je vous ai déjà tout dit, gémit Gaïla.

— C’est où que ça coince, exactement ?

Gaïla lâcha un soupir exaspéré tout en se massant les tempes, les yeux fermés. Quand elle les rouvrit, les yvils assis en face d’elle dans l’anciennement somptueux salon la criblaient encore de regards impatients.

— Je ne suis pas un Conseiller, je suis une Lana, répéta Gaïla. Je ne peux rien faire.

Sur sa gauche, pendouillant en travers de son portant, le miroir lui renvoyait l’image de Swan – sûrement plus flatteuse que son réel reflet.

— Je n’ai aucun pouvoir…

— Mais vous êtes une Lana ! Protesta Layn.

— Justement, c’est bien là le problème.

Layn grimaça de dégoût.

— En fait, vous êtes pas plus libre que nous, cracha-t-elle.

— Bien sûr que si !

— Alors prouvez-le !

— Mais je…

Gaïla déglutit, incapable de répliquer dignement.

Elle était incapable de répliquer dignement. À sa propre yvile.

Jusqu’où le gouffre de la disgrâce se creuserait-il ?

— Vous êtes même encore moins libre que nous, reprit Layn. Vous faites juste semblant. Vous jouez à un jeu avec vos belles robes et vos manières de Lana, mais vous êtes à peine plus qu’une jolie plante. Sauf que nous, si on est esclaves, c’est parce qu’on nous l’a imposé. Alors que vous… c’est vous même qui vous l’imposez ! Y’a personne pour vous donner d’ordre, personne pour vous battre ou vous fouetter ; y’a que vous et vos pauvres petites manières de Lana, et vous… vous me dégoûtez.

Gaïla réprima ses larmes. Sa ceinture, que les yvils avaient refusé de lui retirer, semblait se resserrer atrocement à chaque mot prononcé par Layn.

La gorge brûlante du sanglot qu’elle retenait, elle jeta un coup d’œil à son reflet.

Et elle souhaita s’y échapper. Même si cela ne changeait rien du cours des choses, elle le voulait, rien qu’un instant, rien que le temps de pouvoir mieux respirer.

Une ligne argentée naquit entre elle et son reflet si parfait.

— Vous me dégoûtez, répéta Layn. Vous êtes encore plus esclave que vos propres esclaves, et c’est entièrement de votre faute.

Gaïla fixa le lien évanescent qui la reliait au miroir. Elle voulait s’échapper.

Elle ferma les yeux.

Et les rouvrit quand l’atmosphère fraîche et boisée l’enveloppa. Gaïla laissa jaillir son désespoir dans une cascade de larmes. Le ruissellement de la fontaine accompagnait celui de ses joues, trempées. Mais alors qu’elle s’essuyait les yeux, la poitrine prise d’incontrôlables soubresauts, ce qu’elle vit droit devant elle la pétrifia.

Près de la fontaine, il y avait quelqu’un. Et ce n’était pas Swan.

La panique monta en elle, tandis que Gaïla contemplait cette sombre silhouette – celle d’un homme – penchée sur l’eau, et qui se tournait à présent vers elle. L’individu la fixa sans qu’elle puisse distinguer son visage, trop éloigné. Mais elle remarqua en même temps que le poids de sa ceinture avait disparu, tout comme la gêne de son lien, et ce détail la rasséréna. Il ne pouvait rien lui arriver, ici.

N’est-ce-pas ?

— Qui êtes-vous ? Demanda-t-elle avec tout la confiance qu’elle put.

L’homme ne répondit pas.

Gaïla fit quelques pas hésitants, cherchant Swan du coin de l’œil derrière les arbres alentour. Mais la paisible clairière ne semblait accueillir qu’eux deux, et cette idée la rendit tout à coup moins paisible.

— Qui… êtes vous ? Répéta Gaïla en s’approchant prudemment.

Sans lâcher l’individu du regard, elle contourna la fontaine pour se poster face à lui, se rassurant de la distance qu’imposait le bassin entre eux. Mais après examen, son impression de sécurité lui parut terriblement illusoire.

L’homme était ropien. D’ordinaire, les ropiens étaient réputés pour être séduisants, et non seulement celui-là laissait à désirer, mais c’est qu’en plus, il était yvil !

Un sourire de douce béatitude se dessina sur ses lèvres.

— Vous êtes l’un d’eux, n’est-ce-pas ? Dit-il doucement.

Il n’avait absolument aucun accent. Soit l’homme parlait parfaitement amalyen, soit c’était à mettre sur le compte des étrangetés de ce lieu.

— L’un d’eux ? Fit Gaïla.

— L’un des Visages.

Gaïla scruta l’individu. Il n’avait pourtant pas l’air d’être comme Swan.

Se pourrait-il…

— Vous ne vous êtes pas présenté, dit-elle.

— Pardon.

— Et puis d’abord, comment êtes-vous arrivé ici ?

— Mmm… je suis arrivé par… là, fit l’homme en pointant du doigt l’obscurité derrière les arbres. Ou peut-être par là, rectifia-t-il en montrant l’endroit opposé.

Il sourit de plus belle, tout en dévorant la clairière des yeux.

— Et que faites-vous ici ? Continua Gaïla.

La commissure de ses lèvres glissa en emportant son sourire.

— Je… cherche une solution.

— Une solution ? À quoi ?

— À tout ça, répondit l’homme en posant ses yeux sur elle. Et vous, que faites-vous ici ?

À voir ces maudits yeux bleus qui osaient lui poser cette question, la rage gonfla en Gaïla – cependant, à mieux y regarder, leur couleur semblait… différente de celle des yvils. Encore plus claire, plus lumineuse.

Ce doit-être parce qu’il est étranger, supposa Gaïla, sa colère quelque peu atténuée.

— Je fuis les gens comme vous, répondit-elle.

— Comme moi ?

Son interlocuteur fronça les sourcils, puis ses yeux s’écarquillèrent légèrement.

— Des yvils, vous voulez dire ? Vous devez être amalyenne, conclut-il, la mine renfrognée.

— Effectivement, admit Gaïla, suspicieuse. Comment l’avez-vous su ? On m’associe souvent aux kanades – bien que je ne le sois pas.

— Mmm… je m’en doute. Autant que je ne sois pas ropien.

— Ah ?

Maintenant qu’elle y songeait, sa ressemblance avec les ropiens n’était pas si certaine. Certes, il était très, très grand, et arborait une peau mate, mais les ropiens qu’elle avait déjà croisé n’étaient pas si grands, et possédaient une teinte de peau bien plus prononcée.

Une main sur le contour du bassin, et les yeux rivés sur son eau, le ropien-pas-vraiment-ropien commença à en faire le tour.

Gaïla l’imita afin de maintenir la distance.

— Il n’y a qu’un pays de Luhltim où l’on pourrait fuir des gens comme moi, reprit l’homme avec amertume. Le seul pays qui les craigne, quand bien même il les a assujetti, c’est Amalys.

— Les yvils le méri…

— Le méritent, oui, oui, je sais. On m’a tué bien trop de fois pour cette raison.

Toujours en contournant la fontaine au même rythme que l’individu, Gaïla laissa échapper un petit rire effaré.

— On ne peut être tué qu’une seule fois.

— Pas moi.

L’homme s’arrêta pour la dévisager. Gaïla en fit de même.

— Et vous, alors ? Quel est votre… spécialité ?

— Pardon ?

— La Guerre ? La Peur ? Le Mensonge, le Désir ? Qu’est-ce-qui ne tourne pas rond chez vous ?

— Mais… tout tourne rond chez moi, s’étrangla Gaïla. Très rond, même !

— Et c’est sûrement ce qui vous rend aussi insistante, ricana l’homme. Très insistante, même.

Est-ce-qu’il se… moquait d’elle ?

— Et ça, qu’est-ce-que c’est ? Dit-il en indiquant l’eau d’un signe du menton.

— C’est… hum… là où… là où les rêves qui n’ont pas été…

— Non. Ça, dit-il en tapotant la pierre du bassin. On dirait une baignoire pour riches. Mais ça n’a pas l’air très pratique.

— C’est une fontaine, répliqua Gaïla.

— C’est ainsi qu’on appelle les baignoires pour riches, dans votre pays ?

— Non, c’est… ( Gaïla ne put s’empêcher de ricaner à son tour ) C’est décoratif !

L’homme hocha vaguement la tête, perplexe.

— Décoratif…

Gaïla plongea son regard dans l’eau pour faire taire son fou-rire naissant. Peut-être était-ce lié à son extravagance, ou à l’incongruité de la situation, mais elle trouvait cet yvil… moins affreux que les autres.

Dans les reflets de la surface argentée, des images commencèrent à se former, comme lors de sa dernière visite. Néanmoins, cette fois, il n’y en eut qu’une seule : celle d’une mer turquoise, réchauffée par les rayons du soleil. Réchauffée par la présence d’une personne. Une odeur familière en émanait… Gaïla mit un certain temps à la reconnaître – et pour cause, elle n’en avait pas tant l’habitude : c’était celle du vieux papier.

Alors qu’elle sondait les mirages ondoyants, ils se troublèrent brusquement.

— Mais… qu’est-ce-que vous faites ? Dit-elle en relevant la tête.

— Je me détends, répondit l’homme en pataugeant pieds nus dans le bassin.

Il avait enlevé son manteau et ne portait que son pantalon retroussé et sa chemise – si de tels haillons pouvaient être qualifiés ainsi.

— Je n’en ai pas eu l’occasion depuis… non, laissez tomber, se ravisa-t-il en s’asseyant sur le rebord.

Les bras appuyés, il allongea les jambes et se laissa aller en arrière en fermant les yeux, inconscient de tremper ses pieds dans les désirs du monde.

Gaïla hésita – elle doutait qu’il soit très correct d’agir aussi insouciamment en ce lieu. Mais puisque Swan l’avait fait… Elle pénétra elle aussi dans le bassin après avoir retiré ses chaussons, et s’assit sur le rebord à bonne distance de l’inconnu. L’eau était aussi légère que l’air et ne laissait sur sa peau qu’une sensation de fraîcheur bienvenue.

— Alors, pourquoi fuyez-vous les yvils ? Ont-ils brisé leurs chaînes ? S’enquit l’homme d’une voix amusée. Je ne pensais pas que c’était possible dans votre pays…

— D’ordinaire, ça ne l’est pas. En fait…

Gaïla se tût. Pouvait-elle se confier aussi librement à un parfait inconnu ? Un yvil, qui plus est ? Mais, plus elle y songeait, plus elle reconnaissait qu’il n’avait pas grand-chose à voir avec les yvils habituels. Surtout si il était comme elle… Finalement, peut-être était-il la meilleure personne en qui elle puisse se confier.

— En fait, vous avez raison, déclara-t-elle en fixant le plafond de feuillages. Enfin, les yvils ne sont pas enchaînés, mais…

— Mmm, oui, j’espérais que ce ne soit pas littéral.

Mais alors, vraiment, rien à voir.

— Excusez-moi, je n’arrête pas de vous couper. Donc, les yvils ne sont pas enchaînés ?

— Heu, ça… ça ne fait rien. Hum, donc… non, les yvils ne sont pas enchaînés. Pas les miens, en tout cas. Ils n’ont… ils n’avaient que des ceintures de chasteté – j’imagine qu’on peut parler de chaînes, en un certain sens.

Le soudain bruit du remous incita Gaïla à baisser les yeux. Mais elle détourna vite le regard devant l’air désemparé de l’inconnu, qui s’était redressé.

— Ne soyez pas choqué. Il faut bien encadrer leur reproduction, sinon, nous serions vite envahis. Et puis, ça les oblige à se concentrer sur leur travail. Mon oncle aurait pu les faire stériliser, mais il s’est toujours montré très gentil envers eux.

— Un homme plein de bonté, cingla l’individu. J’en ai connu un dans le même genre, qui avait évoqué cette idée quand j’avais cinq ans.

— Mais… le reste du monde ne prend pas au sérieux la menace des yvils… pourquoi aurait-on voulu vous faire cela ?

— Les mericiens prennent cette menace très au sérieux.

— Les meri… il n’y a plus d’yvils à Merica, ils sont tous morts !

— Pour une fois, dit-il lentement, cette affirmation est vraie.

— Je ne vous suis pas.

— C’est sans importance. Revenons à vos yvils : donc, vous les traitez comme du bétail, c’est bien cela ?

— Ils ne valent pas plus.

— Oh, je vous remercie. Vous semblez tout aussi charmante que votre oncle.

— Et à voir où cela nous a mené, nous aurions dû nous montrer moins tendres avec eux, siffla Gaïla.

— Après un siècle de servitude forcée, voilà que vos esclaves se rebellent, se délecta l’inconnu en reprenant sa pose insouciante. On pourrait presque croire que le dicton dit vrai…

— Quel dicton ?

— Le vent soulève la poussière qu’il a rapporté, récita l’homme.

— Vous prenez leur parti parce que vous êtes yvil, mais vous n’avez pas idée des êtres effroyables qu’ils sont… Ce sont… des monstres !

— Mmm, je connais bien les monstres. Alors, qu’ont-ils fait de si monstrueux ? Ils se sont défendus sous vos coups de fouets ? Ils ont retiré ces foutues ceintures pour pouvoir pisser ?

— En ce moment même, assena Gaïla, je suis dans mon salon, entourée d’yvils qui ont pris possession de ma maison et qui… ils exigent de moi que je les aide à se libérer, nom d'azur !

— Des revendications… compréhensibles.

— Ce n’est pas tout, rajouta-t-elle d’une petite voix.

Mais pouvait-elle vraiment lui confier tout cela ?

Gaïla soupira.

— Ils… me forcent à porter cette maudite ceinture.

— Au moins maintenant, vous connaissez le dicton, s’esclaffa l’inconnu

— On voit bien que vous n’avez jamais eu à porter cet attirail !

— Je suis désolé, dit-il après un instant silencieux. Aucune violence n’est justifiable… ni la leur, ni la vôtre.

— Mais les yvils…

— Quoi ? Lâcha-t-il froidement. Les yvils quoi ? Des types ont perpétré des viols de masse et brûlé des villages. Ils ont mené des batailles et causé des milliers de morts au seul nom d’une idéologie tordue. Et pourtant, nous voilà aujourd'hui, sans nulle menace de leur part depuis près d’un siècle. Les viols ont-ils disparu ? Les guerres ? Les morts, ou le fanatisme ? Votre condition vous a sûrement protégé de toutes de ces horreurs, et c’est tant mieux pour vous, alors permettez-moi de me répondre : comme me l’a dit un jour un homme, la violence régit le cœur des Hommes, et non, elle n’a pas disparu avec les yvils. Personne n’a besoin d’en être un pour la pratiquer.

— Vous oubliez qu’Amalys n’a jamais connu de temps plus paisible que depuis la soumission des yvils, répliqua Gaïla.

— Demandez donc à vos esclaves, je serais curieux d’entendre leur avis. Leurs ancêtres ont commis des crimes atroces, certes, mais croyez-vous que cela suffit pour en faire de même ? À agir ainsi, la violence n’est qu’un cercle vicieux qui se répète inlassablement. Les bourreaux et les victimes se passent le fouet et échangent leur rôle à chaque révolution, mais rien ne change vraiment ; votre soulèvement d’esclaves le prouve bien. Ce ne sont que les mêmes erreurs qui se répètent en boucle… la même histoire… vous assistez simplement à son tournant.

— Mais je n’ai rien fait pour subir de telles horreurs !

— Et eux ? S’écria-t-il. Qu’ont-ils…

Il se tût brusquement. Puis se frotta le visage en poussant un très, très long soupir.

— Qu’est-ce-que je fais… murmura-t-il. Je ne devrais même plus m’occuper de ça…

Les mêmes erreurs qui se répètent en boucle…

— Selon votre raisonnement, il n’y aurait rien à faire, dit Gaïla tout bas.

L’homme posa ses yeux sur elle. Ses mains immobiles tiraient encore ses traits.

— Comment ça ?

Gaïla se força à soutenir son regard

— Le cercle vicieux que vous décrivez, cette répétition de l’Histoire. J’ai… entendu mon yvile prononcer ces exacts mêmes mots.

— Alors ils réfléchissent… c’est bien, acquiesça l’inconnu. C’est déjà ça. Vous devriez essayer.

Gaïla renifla, puis poursuivit :

— En fait, vous êtes la troisième personne à me tenir ce genre de discours. Mais à vous entendre, il semblerait qu’il n’y ait pas de solution. Si aujourd'hui n’est que l’éternel recommencement d’hier, comment échapper au passé ?

— La réponse est toute simple. Mais, vous savez, le passage de la théorie à la pratique n’est pas toujours possible.

— De quoi s’agit-il ?

— Changer. Il suffirait de changer

Il avait prononcé ces mots avec un ton si évident, et si fatigué à la fois.

— Vous pourriez aider vos yvils, reprit-il. Faire en sorte qu’ils ne reproduisent pas les mêmes erreurs que leurs ancêtres, faire en sorte que vos semblables ne les y poussent pas comme ils le font déjà, et vice-versa. Si ils demandent votre aide, c’est que vous avez le pouvoir de leur accorder, je suppose ?

— C’est ce qu’ils croient, marmonna Gaïla d’une petite voix. Parce que j’ai hérité du titre de Maître des yvils, mais sans être un Lano, je ne peux pas en faire usage.

— Un Lano ?

— Un homme d’une famille noble.

— Oh… excusez-moi. À vous voir et à vous entendre, je pensais que vous étiez justement d’une famille noble.

— Mais je le suis. Je suis une Lana.

— Dans ce cas, quel est le problème ?

— Je suis une Lana, pas un Lano, insista Gaïla.

L’homme cligna plusieurs fois des yeux sous le seul son du clapotis de la fontaine.

— C’est parce que vous êtes une femme ? Dit-il enfin. Quel rapport avec la politique ?

— C’est à dire que… les femmes ne sont pas faites pour prendre des décisions importantes. Elles sont trop émotives, vous comprenez ?

— C’est une plaisanterie.

— Mais non.

— Mais si. Forcément.

— Par tout les vents, soupira l’homme, chacune de vos phrases est plus alarmante que la précédente. J’ai étudié votre pays, mais son côté… vieux-jeu m’était sorti de la tête. Vous savez, continua-t-il en penchant la tête sur le côté, quand on me raconte que les yvils sont tous des monstres sanguinaires, je sais bien que c’est faux, car j’en suis un. Mais alors, pourquoi vous, par Vultur, croyez à ces foutaises ? Vous devriez être la première à les démentir ! Trop émotives, murmura-t-il en levant les yeux au ciel.

— Et qu’en savez-vous ? Dois-je vous rappeler que vous êtes un homme ?

— Premièrement, lâcha-t-il en se remettant sur pieds, j’ai aussi étudié les sciences naturelles, et je n’ai jamais rien lu qui puisse valider de telles… théories. Ensuite, le gouvernement mericien et le siège de Rudition ont beau être corrompus jusqu’à la moelle, personne n’a jamais remis en question les compétences d’une personne sur ces critères, et la raison à cela est très simple : c’est parce que qu’importe que soit un homme ou une femme…

— Cette personne… gouverne avec brio ?

— Non. Ça reste un salopard.

Sur ces mots, l’inconnu enjamba le bord de la fontaine et retourna dans l’herbe pour enfiler ses bottes et son manteau.

— Et où allez-vous, comme ça ?

— Par là, répondit-il en pointant les arbres. Ou par là. En fait, je crois que ça n’a pas d’importance.

— Mais… vous partez déjà ?

— Puisque j’ai l’éternité devant moi, il serait malvenu de dire que je suis pressé, alors disons plutôt que je suis impatient.

— Mais… impatient pour quoi ?

— Je vous l’ai dit. Je cherche une solution, dit l’homme en s’éloignant.

— À quoi ? Cria Gaïla tandis qu’il disparaissait entre les arbres.

— À l’éternité !


Quand elle retourna dans le salon, rien n’avait changé.

Layn la toisait de sa figure dégoûtée, venant tout juste de prononcer les mots qui avaient poussé Gaïla à s’échapper. L’inconfort de sa ceinture lui revint douloureusement, et avec elle, l’air chaud et étouffant qui régnait dans sa maison.

Gaïla fixa ses yvils d’un œil sévère. Leurs visages se troublèrent face à ce changement de réaction si soudain.

— Je vais réfléchir, dit simplement Gaïla.

— Réfléchir ? S’enquit Layn. Réfléchir à quoi ?

— À tout ce que je viens d’entendre.

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