Pause café

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Je détiens désormais une plume noire aux reflets bleutés. Grand-Route me l’a offerte et depuis, je l’arbore en attribut, toute libre aux vents de mes promenades. J’ai reçu en cadeau une aile de perception que je laisse folâtrer dans mes cheveux.

Belice et Gweb avancent par devant-moi. Nous descendons la marche des géants à pas de velours. Une fois en bas, nous nous sourions en constatant qu’aucun n’y aura blessé son fondement. Nous ne sommes pas encore arrivés au pont de bois. Gweb me fait remarquer un rai bleu électrique qui émane d’une fougère. Belice repousse ses cheveux en arrière, elle pince les lèvres et puis ricane nerveusement. Lui ne sait plus comment retenir mon attention.

  • Vous ne passerez pas, n’est-ce pas ?
  • Nous avons déjà pris de grands risques, commence Belice.
  • Pour passer, il faudra me convaincre. Foi de Gweb !
  • Vous m’en voyez navrée. Si nous allions plutôt visiter mes nouveaux appartements ?

Belice, sourcil en l’air, adresse maintenant à Gweb un sourire malicieux. Il se frappe la cuisse et court pourchasser le chemin de retour. Ce chemin remonte lentement en tournant jusqu’au-dessus de la maison. Là-haut, la pierre est sèche et l’arbre bref. Avant d’y arriver, je siffle Gweb pour qu’il redescende et je tire Belice par le bras. Nos trois pas vont à l’unisson sur une piste que j’ai tracée avec les jours.

C’est un coup de vent qui m’a poussée par là. Contournant la colline, j’ai avancé en direction du son de l’eau. Un peu plus loin, je suis entrée dans une odeur de pierre mouillée. Çà, mes pas ont résonné sur la roche d’une dalle affleurant tant un belvédère sur le théâtre d’une rivière qui se dépêche. J’ai passé des heures à écouter le déversoir devenir une voix. Quand il m’est venue l’idée de me retourner, une énorme gueule était sur le point de me dévorer.

Posé là sur la dalle, un gouffre béant de crocs mâchouillait la colline. C’est une bouche enrochée de dents géantes, suintant de toutes les pluies, incrustée d’épiphytes aquatiques. J’ai laissé la gueule m'avaler. Une fois la scène renversée, à l’intérieur, tout est sec et frais. J’y ai trouvé des pierres en sièges heureusement disposées. Au foyer, j’ai encerclé de cailloux un feu qui se rallume au doigt et à l’œil, peinarde.

Sous quelques fougères fanées, je récupère une vieille casserole et trois tasses cachées. Je sors de mon bissac une blague de café, ma pierre à briquet, son fer et du lichen. Des étincelles, le petit feu de l’intention pour amplifier cela, et nous buvons. Belice se brûle encore en approchant les lèvres. Gweb à croupetons vide sa tasse, affiche une large satisfaction, se relève et se frotte la bedaine des deux mains. Je suis heureuse.

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