3 · Premier contact

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La silhouette d'un soldat en uniforme se dessina bientôt face à Dricielle et Eldria. Cette dernière sentit aussitôt une nouvelle vague d’anxiété la submerger, maintenant qu’elle avait pris connaissance de ce dont ces monstres étaient capables. De stature moyenne mais solidement bâti, l’homme exhibait une toison blonde, taillée de près, et son visage anguleux affichait une curieuse expression de satisfaction. Il paraissait plutôt jeune, peut-être vingt-deux ou vingt-trois ans.

– Toi, dit-il en pointant Dricielle du doigt.

Eldria la sentit frémir à ses côtés.

– Reste contre le mur du fond. Et toi, répéta-t-il en désignant cette fois-ci Eldria. Tu vas me suivre.

Il déverrouilla la porte de la cellule dans un grand fracas et lui intima d'approcher. Eldria jeta un regard défait à Dricielle, en quête d’un quelconque soutien moral, mais la jeune traumatisée semblait s'être pétrifiée à la vue du militaire. De toute évidence, il était parfaitement inutile de lui ordonner de ne pas bouger car elle en était devenue bien incapable. Pressentant qu'il serait préférable de ne pas laisser à cet homme l’opportunité de venir la traîner de force, Eldria se leva et obéit, la peur au ventre. Il la laissa passer devant lui, un sourire aux lèvres.

– Là-bas, indiqua-t-il en désignant la porte derrière laquelle Eldria avait entendu des voix plus tôt.

Restant sur ses gardes, elle consentit à se diriger vers l’embrasure éclairée, l’inconnu sur ses talons, redoutant un peu plus à chaque pas ce qu’elle allait découvrir de l’autre côté de l’ouverture. Elle poussa le battant en bois rongé et entra dans une pièce plutôt spacieuse, éclairée par quelques torches disparates. En son centre, un feu crépitait dans l'âtre d’une cheminée, procurant à l’endroit une atmosphère orangée. Quelques bancs et tables, sur lesquelles étaient éparpillées des lots de dés et autres cartes à jouer, venaient agrémenter l’espace. De toute évidence, bien qu’en sous-sol, il s’agissait d’une salle dans laquelle les occupants du fort venaient se détendre. En d'autres circonstances, l’endroit aurait presque pu lui apparaître chaleureux.

Trois autres hommes en vestons militaires eriarhis faisaient le pied de grue au milieu de la pièce, une chopine de bière à la main. Ils observèrent Eldria qui entrait d’un pas apeuré, et ils échangèrent des clins d’œil complices accompagnés de rires gras. Le fruit de toutes les attentions fut cependant soulagée de retrouver, adossée contre l’un des murs de pierre et la mine contrariée, Salini, revêtue elle aussi d’un court haillon ne lui tombant que jusqu’en haut des cuisses. Quand la jeune femme aux boucles dorées aperçut Eldria, son visage s’illumina et elle se précipita dans sa direction, l'examinant rapidement de bas en haut.

– Eldria ! Je craignais ne pas te revoir. Ils ne t’ont pas malmenée j’espère ?

– Non, non ça peut aller. Et toi ils... ils t’ont fait quelque chose ?

Salini nia d’un signe de tête. Les deux voisines n'eurent cependant nullement le loisir de converser plus longuement. Le soldat blond – qui était allé chercher Eldria – referma la porte derrière lui et rejoignit prestement ses collègues. L'un d'eux, la cinquantaine, le plus âgé et le plus imposant des quatre, s'avança d’une démarche assurée. Son crâne était lisse comme l’opale et une impressionnante balafre violacée ornait son front et sa joue.

– Bien, commença-t-il d'une voix grave et rauque en se frottant les mains et en les dominant de toute sa hauteur. Je suppose que vous vous doutez de la raison de votre présence ici ?

Eldria demeura interdite. On ne leur avait aucunement expliqué le motif de leur arrestation, comment étaient-elles censées deviner quoi que ce soit d'elles-mêmes ? Salini, pourtant, ne sembla guère surprise. Elle considérait l'homme au crâne rasé d’un air renfrogné, les bras croisés.

– Nous ne sommes pas ce genre de femmes, éluda-t-elle froidement.

Les quatre hommes se mirent à rire de bonne grâce.

– Oh mais si, vous l'êtes, répliqua le balafré en ricanant. Seulement, vous ne le savez pas encore

Son regard malsain se porta sur Eldria et il sembla se réjouir de l’expression interdite qu’elle affichait malgré elle.

– On dirait que ta petite camarade n'a pas vraiment compris, reprit-il à l'intention de Salini. Je te laisse le soin de lui faire la leçon.

Tous se mirent à ricaner de plus belle en se resservant de la bière. Quelque chose semblait beaucoup les amuser. Salini soupira en fermant les yeux. Puis enfin, après un nouveau regard mauvais à l’attention de la bande moqueuse, elle se tourna vers Eldria, abandonnant son ton acerbe.

– Nous avons été amenées là... commença-t-elle en choisissant soigneusement ses mots. Pour... les divertir.

Elle marqua une courte pause, dans l’attente d’une réaction.

– Les divertir, tu comprends ? répéta-t-elle avec insistance.

Eldria soutint son regard appuyé. Ses entrailles s'étaient glacées. Soudain, c’était comme si le sol se dérobait sous ses pieds nus, et qu’elle chutait dans un immense trou sans fond. Elle avait finalement compris. Trop bien compris. Les hommes s'étaient remis à s’esclaffer en se tapant les cuisses. Salini ne se démonta pas et leur fit de nouveau face :

– Et que se passera-t-il si nous refusons ?

Le balafré la toisa d’un air menaçant.

– Les règles sont simples : si vous obéissez, tout se déroulera bien pour vous. En revanche, si vous vous rebellez ou si vous faites quelque chose de stupide, vous risquez de beaucoup le regretter.

Sur ces paroles, Salini croisa les bras d'un air inflexible, ce qui ne manqua pas de faire réagir son interlocuteur :

– Une rebelle ? Oh... j’adore ça. Ça va être amusant de découvrir ta réaction.

Il leva les yeux au ciel et se gratta le menton, comme s'il réfléchissait intensément.

– Hmm... voyons... Ta copine n'a pas l'air très rassurée. Je veux que tu la réconfortes, que tu lui montres ton affection. Toute ton affection.

– Non, trancha simplement Salini.

L'Eriarhi eut un nouveau sourire cruel.

– Bien, dans ce cas, j'espère que ta jeune amie n'a rien contre les sévices physiques, railla-t-il en détachant de sa ceinture un long fouet à la texture noirâtre.

Il se dirigea vers Eldria d'un pas provoquant. Celle-ci, encore trop abasourdie pour bouger, avait l’impression que tout autour d’elle était devenu flou et distant, si bien qu’elle se demanda si elle n'était pas sur le point de s’évanouir. Après tout, c'était peut-être préférable en comparaison de ce qui se profilait.

L’homme, musclé et imposant, la saisit par le devant du pagne. Il s’apprêta à le lui déchirer sans vergogne, quand soudain :

– Attendez !

Salini venait de s’interposer. L'homme s'interrompit.

– Je... je vais le faire, concéda-t-elle d'une petite voix.

– Sage décision.

Il relâcha Eldria – qui manqua de défaillir – et rattacha son arme flagellante à la ceinture avant de retourner auprès de ses camarades. Dans le même temps, Salini refit face à Eldria. Les deux jeunes femmes se fixèrent l’une l’autre pendant un instant suspendu. Les yeux mauves de Salini exprimaient un mélange de compassion et de mélancolie, tandis qu'Eldria commençait à frissonner. Elle était incapable de se mouvoir, ni même de réfléchir.

– Plus vite que ça ! vociféra soudainement l'un des Eriarhis.

Salini prit une profonde inspiration, puis se rapprocha doucement de sa compatriote pétrifiée, jusqu’à pratiquement ne plus laisser aucun espace pour les séparer. Eldria, ayant perdu tous ses moyens, observa son amie se coller à elle. Elle sentit les larmes doucement poindre sous ses paupières frémissantes. Salini hésita quelques secondes, puis lui passa délicatement les bras autour de la taille. Elle la serra contre elle avec douceur, et Eldria pu humer le parfum suave de sa chevelure bouclée.

– Je suis désolée, lui murmura-t-elle à l'oreille afin qu'elle seule puisse l’entendre.

Elle relâcha enfin son étreinte et lui déposa un baiser sur la joue, suivi d'un autre dans le cou, puis sur la nuque, et enfin sur l'épaule. Tout en l’embrassant, elle entreprit de lui effleurer doucement la taille et les hanches de ses paumes appliquées, jusqu’à descendre sur ses cuisses sans défense, renouvelant ces gestes – inédits entre elles – plusieurs fois. Elle s’accroupit ensuite et s’employa à lui embrasser toujours aussi délicatement les orteils, les chevilles et enfin les mollets. Chacun de ses baisers était déposé un peu plus haut que le précédent, si bien qu'elle finit par se rapprocher de l'endroit où le pagne d'Eldria s'arrêtait, juste au-dessus de ses genoux joints.

L’intéressée était trop sidérée pour bouger. Elle contemplait Salini à ses pieds, ignorant comment réagir. Elle prenait soudainement conscience du poids que représentaient ses bras, ses jambes, et tout le reste de son corps. C'était comme si celui-ci ne lui appartenait plus entièrement, comme si elle flottait légèrement à côté. Pourtant, elle sentait toujours son cœur battre la chamade à mesure que les effleurements de Salini s'intensifiaient. Cette dernière continuait de l'embrasser de plus en plus haut, remontant au passage la fripe d'Eldria en lui plaquant les mains contre les cuisses. Les bras lui pendant bêtement le long du corps, Eldria jeta un rapide coup d'œil en direction des quatre soldats qui étaient en train de les fixer toutes les deux, comme subjugués. Était-ce là ce qu’ils avaient à l’esprit en les faisant descendre ici ? Elle préféra cependant détourner les yeux pour, autant que possible, oublier leur présence, comme si le fait de ne plus les voir pouvait les faire disparaître.

Elle observait maintenant avec appréhension Salini remonter petit à petit son habit de fortune jusqu'au niveau de ses hanches. Mais la jeune femme s'interrompit juste avant d’en dévoiler davantage. Elle décolla plutôt le visage des jambes chancelantes de son amie, et leva la tête. Ses joues avaient rosi. Se redressant, elle l’enlaça de nouveau. Cette fois-ci, ce fut pour la repousser délicatement en arrière, comme pour l'encourager à s'allonger. Incapable de la rejeter, Eldria s'exécuta. Elle s'étendit sur le dos et Salini la suivit dans son mouvement.

Elles étaient désormais l'une sur l'autre, à même le sol irrégulier. Salini cala les genoux autour des hanches de sa compatriote, tout en la dévisageant. Ses grands yeux écarquillés la fixaient au travers de ses boucles d'or, une lueur de tendresse se reflétant dans le bleu profond de son iris scintillant. Sans cesser de l’observer, elle souleva le bas de son propre pagne et le retira doucement par le haut, dévoilant tout d'abord sa culotte grise en dentelle fine, son ventre halé, puis ses seins déjà nus, fermes et rebondis, qui s’animèrent de haut en bas tandis qu’elle finissait de s’extirper de ce haillon ne faisant guère justice à sa beauté naturelle. Des sifflements appréciateurs se firent entendre quelque part à la gauche d’Eldria, mais celle-ci était trop en état de choc pour s’en soucier. Elle rougit.

Salini, à moitié dénudée, récidiva en faisant glisser des doigts exercés le long du corps étendu de son amie. Cette fois-ci, elle débuta depuis le cou palpitant de celle-ci, puis ramena doucement les bras en arrière, très délicatement, passant inévitablement sur le reste de cette anatomie à sa merci. Eldria sentit le bout tiède de ses doigts venir lui effleurer les clavicules, passer furtivement sur son buste, puis jouer avec son nombril au travers du fin tissu la recouvrant encore. Elle frémit de tout son corps.

Après ces quelques instants de douces caresses, Salini recula pour s'allonger finalement sur les jambes qui lui étaient offertes. Elle positionna les mains au niveau des hanches d’Eldria, puis agrippa le pagne de cette dernière et commença à le remonter lentement. On aperçut bientôt une culotte de lin blanc, suivie d’un délicat nombril, chaste gemme au milieu d’un ventre lisse et plat. Faisant halte au niveau des seins, Salini approcha le visage et, tout en continuant de soulever le haillon jusqu’à les dévoiler ultimement, se mit à les embrasser avec tendresse.

Les soldats émirent de nouveaux sons appréciateurs, auxquels Salini ne prêta aucune attention. Elle paracheva de retirer le sommaire habit d'Eldria en l’aidant à soulever les bras. De honte, celle-ci avait clos les paupières. En effet, Salini commençait à lui pétrir le galbe de la poitrine, d'abord doucement, puis avec de plus en plus d'insistance. Pendant plusieurs secondes, elle la lui palpa vigoureusement, et Eldria ne put retenir de minces soupirs entremêlés de sanglots. Contre toute attente, le doux contact des mains exercées de sa comparse en cet endroit défendu lui procurait du plaisir.

Puis, immanquablement, après cet instant éphémère qui parut pourtant durer des heures, ce qui devait arriver arriva. Eldria avait redouté que ce moment finisse par survenir. Salini venait, en effet, d’abaisser les paumes jusque sur son chétif bassin. Les battements de son cœur redoublèrent d'intensité comme si, de sa propre initiative, l’organe trépidait d’appréhension en prévision de ce qui allait suivre. Pourtant, Salini n’ôta pas sur le champ le tout dernier vêtement de sa partenaire. Au lieu de cela, elle lui écarta voluptueusement les cuisses, et entreprit de la toucher au niveau de l'entrejambe, un peu comme l'avait fait la vieille femme au chignon plus tôt, mais avec beaucoup, beaucoup plus de délicatesse.

Eldria, en terrain inconnu, sentit distinctement les doigts chauds de sa tourmenteuse venir frotter contre son sexe impuissant, au travers de l’étoffe ténue de sa culotte bien trop courte. Cela lui entraîna une sorte de petit spasme au niveau des hanches, comme si elle avait reçu une décharge issue du néant. Ayant probablement ressenti ce petit sursaut involontaire, Salini ondula jusqu’au visage contrit d'Eldria et, tout en faisant mine de la caresser, lui murmura discrètement à l'oreille :

– Tu es vierge, n'est-ce pas ?

Eldria détourna le regard et demeura mutique. Elle sentait le corps tiède de Salini contre le sien, les tétons de sa douce poitrine pressés contre sa peau à vif. Jamais elle n’aurait cru cela possible.

La jeune femme poussa un soupir résigné :

– Je le savais...

Cette fois-ci, elle ramena le visage près de la culotte d'Eldria, puis mit fin au supplice : elle saisit le délicat vêtement, et le lui fit doucement glisser le long des cuisses, dévoilant en un clignement de cil un léger duvet noir surmontant une fente effarouchée. Il ne lui fallut qu’un instant de plus pour retirer intégralement le sous-vêtement et le poser délicatement au sol, près des deux pagnes.

Eldria était devenue plus rouge que les flammes qui crépitaient tout près. Se retrouver ainsi, entièrement nue, sous les yeux de cinq personnes dont quatre hommes adultes qu'elle ne connaissait pas, avait tout d’un calvaire innommable. Des larmes embuèrent bientôt sa vision. Ses sanglots s’étaient désormais mués en pleurs. Salini, qui s'en était très certainement aperçu, s'allongea une nouvelle fois contre elle, les mains contre les seins sous elle, comme pour leur conférer un éphémère abri.

– Laisse-toi simplement faire, murmura-t-elle avec tendresse. Ne pense à rien d'autre, s'il te plaît. Tu n'as rien à craindre, laisse-toi simplement aller et tout se passera pour le mieux.

Eldria approuva rapidement d'un hochement résigné, luttant en vain pour contenir ses larmes. Elle ferma les paupières et rabattit la tête en arrière, contre les dalles de pierre brute.

Elle était dans une clairière, non loin de sa ferme natale. Une petite cascade au loin laissait percevoir le bruit caractéristique et si familier de l'eau qui s’écoule dans son cycle éternel. Un bruit réconfortant. Elle était étendue de tout son long dans l'herbe verdoyante, écoutant avec volupté le chant des oiseaux, ne pensant à rien d'autre qu’à la nature qui l’entourait, à l’astre du jour qui la baignait de ses rayons bienfaisants, à ce vaste ciel bleu qui emplissait le firmament. Tout était calme. Tout était bien. Elle entendait le souffle blanc du vent dans les arbres, faisant danser délicatement les branches. Elle accueillit avec plaisir la brise espiègle venue la caresser. Elle la sentit effleurer ses cheveux, son visage, ses bras. Ses hanches, ses jambes. Ses seins, son bas-ventre. Son sexe...

Elle rouvrit précipitamment les yeux, et l'atmosphère de la pièce orangée faillit presque la surprendre, comme à la suite d’un assoupissement involontaire. Ce fut à ce moment précis qu’elle se rendit compte que quelque chose de chaud et d'humide était en train de se frotter contre son intimité. Elle leva la tête avec horreur. Salini, la tête fichée entre ses jambes complètement écartées, léchait les aspérités de sa vulve innocente. Eldria, dont le cœur avait entamé une nouvelle valse survoltée, se mit avec stupeur à sentir des frémissements irrépressibles lui parcourir les veines à intervalles réguliers. Malgré elle, elle commençait à pousser des gémissements plus prononcés, qu’elle ne parvint pas à contenir, comme s’ils devaient à tout prix être expulsés de ses poumons haletants. Elle en vint à oublier l’endroit où elle se trouvait, pour s’abandonner à ces sensations inédites et transgressives.

Après quelques minutes au cours desquelles elle fit son possible pour cesser de gesticuler en tous sens, elle sentit Salini remonter légèrement la langue, pour sensuellement lui pourlécher la partie supérieure de son intimité, juste sous l’orée de sa toison pubienne. Alors qu’elle était submergée par une nouvelle vague de frémissements incontrôlés – dont la fréquence allait croissante –, elle réalisa que quelque-chose de petit et fin pénétrait en elle. Plongée dans un état second, elle souleva la nuque et découvrit, entre ses propres seins dont les sommets s’étaient mis à durcir, que Salini, dans un délicat mouvement de va et de vient avec le bras, venait de lui insérer un doigt rigide dans le vagin, sans cesser de lui laper l’entrejambe du bout oscillant de la langue.

Bien sûr, souvent seule dans son lit le soir venu, il était déjà arrivé à Eldria d’aventurer entre ses cuisses inexpérimentées une main exploratrice. Elle avait découvert que cela pouvait procurer un certain plaisir quand on savait où – et quoi – toucher. Pour autant, elle ne s’était que rarement risquée à introduire les doigts dans son intimité, surtout aussi profondément que ce que lui proposait en cette heure sa surprenante pourvoyeuse de sensations. Habituellement, prise dans ses expérimentations exclusivement solitaires elle se contentait de simples caresses, parfois modérément appuyées, mais souvent innocentes.

Cette fois-ci, c'était différent. Elle sentait le doigt brûlant de Salini en elle, qui frottait contre les parois intérieures de son sexe, et qui repartait, revenait, repartait encore, d'abord très lentement, puis de plus en plus hâtivement, dans un mouvement aussi incessant qu’implacable. Eldria sentit les vagues de frémissements – qui semblaient prendre leur source en cet endroit stratégique – à chaque fois plus rapprochées les uns des autres. Ces pics, qui allaient et venaient comme le ressac, devenaient plus incontrôlables à chaque seconde qui s’écoulait, tout comme les halètements qu'elle s'était mise à extérioriser avec une intensité grandissante. Elle ferma les yeux et plaqua les deux mains contre son bas-ventre ardent dans un geste qui était venu de lui-même, totalement naturellement, rabattant ses deux petits seins l'un contre l'autre, entre ses biceps resserrés.

Semblant venir de très, très loin, elle perçut un son de métal et de froissement de tissu, comme le bruit d'une ceinture que l’on ôterait. Tandis que la langue et le doigt de Salini continuaient leur activité inavouable, Eldria entrouvrit les paupières et remarqua qu’une forme indistincte s'était avancée au-dessus d'elle. Ses yeux étaient embués, aussi lui fallut-il quelques instants entre deux gémissements contrits pour concentrer son attention plus attentivement sur la forme inconnue. Son sang ne fit qu’un tour lorsque les contours de celle-ci se dessinèrent plus précisément. C'était l’un des Eriarhis, dont son esprit avait temporairement occulté l’existence pour son propre bien. Le blond – qui était venue l’extraire de sa cellule – se tenait debout, tout près d’elle. La honte s’invita soudainement dans le vaste océan de son plaisir, bientôt suivie par l’abjection profonde. L’homme, en effet, avait défait son pantalon et, sans gêne, entreprenait de se toucher avec empressement le sexe, dont elle devinait la forme floue et allongée.

Néanmoins, ce déluge implacable d’informations nouvelles ne lui permit pas d’analyser si cette vision était d’ordre à la révulser ou non. Les spasmes de son corps délié étaient maintenant si réguliers qu'ils allaient bientôt n'en former plus qu'un et la contraindre à s’abandonner purement et simplement à celle qui s’affairait entre ses jambes écartelées. Le doigt agile de Salini rentrait et sortait si précipitamment de son orifice étroit qu'elle n'arrivait désormais plus à faire la distinction entre le moment où il était à l'extérieur et celui où il était dedans.

C’en était trop pour ses frêles épaules et, sans pouvoir se maîtriser, l'inéluctable se produisit : elle sentit un long, très long frémissement émaner depuis une zone située quelque part entre son sexe et son nombril, qui se répandit comme une secousse inexorable jusque dans chaque cellule de son être. Elle fut secouée de micro-spasmes incontrôlables et retint son souffle pendant plusieurs secondes, à mesure qu'un flot de plaisir incommensurable, presque bestial, la submergeait. Jamais elle n'avait ressenti une telle sensation de sa vie, jamais elle n'avait ressenti une extase aussi forte. Dans le même temps, elle fit l’expérience inédite et extatique d’une éjaculation abondante, ce qui intensifia ses tremblements.

Puis, quasiment au même moment, elle sentit quelque chose de chaud – un liquide aussi – se répandre sur sa poitrine à intervalles réguliers. Elle commença par se demander comment son corps avait pu expulser quelque substance, aussi chaude, en cet endroit pourtant censément éloigné de son appareil génital, mais le flot de plaisir mêlé à la disgrâce accaparaient tellement chaque fibre de son être que cela était devenu secondaire. À moitié en pleurs, elle poussa un long gémissement sonore tandis que le pic d’extase infini qui l’accaparait laissait rapidement place à une vide béant, comme si le feu sacré qu'avait entretenu cet acte si sensuel s'était subitement éteint sans laisser d'autre trace que les tristes cendres de sa vigueur révolue. Elle prenait peu à peu conscience, avec horreur, de ce qui venait de se produire.

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