20 · Luxe et luxure

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Le garde les conduisit jusqu’à une somptueuse porte finement ouvragée, taillée dans ce qui ressemblait fort à de l’acajou, digne du plus luxueux des hôtels particuliers de la capitale.

Eldria fut la première à pénétrer dans la pièce. Jamais, de mémoire, elle ne s’était aventurée dans d’aussi ostentatoires appartements. Ébahie, oubliant presque qu’elle se trouvait encore au cœur d’une gigantesque prison à ciel ouvert, elle découvrit une chambre magnifique, agrémentée d’élégantes décorations. Deux fenêtres immenses éclairaient les murs d’un blanc immaculé. Au milieu, un imposant lit à baldaquin, paré de draps en satin, faisait face à un majestueux canapé de cuir noir. À l’autre extrémité de la pièce, une porte entrouverte donnait sur ce qui semblait être rien de moins qu’une salle de bain privative. En cet instant, si quelqu’un avait assuré à Eldria que ces lieux étaient destinés à accueillir l’Empereur Valderim von Eriarh en personne pour ses vacances, elle l’aurait cru sans discuter.

Le curieux couple la suivit de près à l’intérieur. Ils remercièrent chaleureusement le garde, lequel les salua avec révérence avant de refermer doucement la porte derrière eux. À en juger par leurs réactions, tous deux semblaient venir ici pour la toute première fois.

– C’est magnifique, s’exclama la femme en retirant délicatement ses gants, ses yeux étincelant d’admiration.

– Tout à fait, renchérit son mari en ôtant son veston et en se mettant à l’aise, comme s’il rentrait tout juste à son domicile.

Pour l’heure, trop absorbés par le décor fastueux qui les entourait, aucun d’eux ne prêtait attention à Eldria. Celle-ci, anxieuse à l’idée de se retrouver seule avec ces deux personnes dont elle ignorait tout, avait trouvé refuge contre la jonction de deux murs, à l’angle opposé du lit, comme si elle espérait vainement fusionner avec les tapisseries. Son regard inquiet se fixait sur l’imposant lit, sans nul doute la pièce maîtresse du mobilier. Que diable allait-on lui demander de faire ?

Après une minute environ, une fois qu’elle eut retiré son chapeau et effleuré du bout des doigts l’épais matelas, la femme sembla soudain redécouvrir la présence d’Eldria. À la grande surprise de celle-ci, elle lui tendit une main amicale, un large sourire éclairant ses lèvres soigneusement maquillées.

– Enchantée, Mademoiselle. Je suis la Comtesse de Filis, et voici mon mari, le Comte.

À son tour, l’homme la salua d’un signe de tête poli, affichant toutefois un air plus réservé. Son épouse reprit avec enthousiasme :

– Nous venons de faire la route depuis Eriarh, et nous sommes ravis d’être enfin arrivés à bon port.

Eldria haussa un sourcil et jaugea prudemment son interlocutrice, guettant le moindre signe trahissant une quelconque ruse. Par la force des évènements, elle nourrissait désormais une méfiance certaine envers les Eriarhis, quels qu’ils fussent. Toutefois, après quelques secondes, voyant que la femme paraissait sincèrement perplexe face à son absence de réaction, elle finit par accepter, non sans hésitation, de lui tendre la main. La Comtesse la lui serra chaleureusement.

– Je dois bien avouer que vous êtes réellement sublime, ma chère, reprit-elle pompeusement. Vous devez rendre fou bien des hommes.

– Heu... souffla timidement Eldria, prise au dépourvu.

– Comment vous appelez-vous ?

Face au sourire insistant – mais amical – de son interlocutrice, Eldria consentit à répondre :

– Eldria.

– On doit vous le dire souvent, mais c’est un très joli prénom, qui sied parfaitement à votre minois d’ange.

– Heu... merci, répondit simplement Eldria, prise de court, ignorant comment réagir face à ce déluge inattendu de compliments.

La Comtesse lui adressa un nouveau sourire rayonnant, puis lança, comme s’il était entendu que chacun savait ce qu’il avait à faire :

– Peut-être devrions-nous commencer ?

– Tout à fait, approuva aussitôt son mari.

Sans saisir où ils voulaient en venir, Eldria demeura immobile, dans l’expectative. Ce couple lui semblait beaucoup trop poli, trop soigné, pour tenter quoi que ce soit de déplacé. Pourtant, elle se figea de stupeur lorsqu’elle comprit soudain ce qu’ils étaient en train de faire : sans la moindre gêne, le Comte et la Comtesse avaient commencé à se dévêtir sous ses yeux.

Le Comte déboutonna tranquillement son pantalon de soie, le retira, puis le plia méthodiquement avant de le déposer à plat sur une chaise voisine. Ensuite, il dégrafa sa chemise avec soin, et l’accrocha sur un cintre prévu à cet effet près de la porte, se retrouvant ainsi en simple caleçon finement taillé, dévoilant son torse grisonnant et ses jambes légèrement poilues.

Dans le même temps, la Comtesse avait, de son côté, enlevé sa robe et dénoué son corsage, révélant son ventre ferme et laissant deviner une poitrine rebondie. Sa silhouette mince, désormais à moitié dénudée, ne laissait plus à l’imagination que ce que dissimulaient ses délicats sous-vêtements de dentelle, manifestement confectionnés avec soin par un tailleur talentueux.

Eldria rougit jusqu’aux oreilles, ce qui n’échappa pas à la Comtesse, laquelle ne s’en offusqua pourtant pas :

– Eh bien, mon ange, minauda-t-elle d’une voix douce. Que vous arrive-t-il ? N’avez-vous jamais vu un homme et une femme nus ?

Eldria tenta de balbutier quelque chose, mais aucun son ne franchit ses lèvres effarouchées.

– Allez-y, l’encouragea la Comtesse, ôtez-donc vos vêtements. Personne ne vous jugera ici.

Face au mutisme persistant d’Eldria, la Comtesse marqua une courte pause. Son expression, jusque-là enchantée, se teinta soudain d’une inquiétude sincère :

– Vous... avez déjà fait cela, n’est-ce pas ? s’enquit-elle avec hésitation.

Rassemblant tout son courage, Eldria finit par murmurer :

– N-non, souffla-t-elle en frissonnant, détournant instinctivement le regard.

La Comtesse la considéra un instant, tout d’abord interdite, puis elle hocha lentement la tête en signe de compréhension. Elle recula aussitôt d’un pas, comme soucieuse de ne pas brusquer celle qu’elle venait de choisir quelques instants auparavant.

– Oh, je... je vois, reprit-elle à mi-voix. Très bien, prenez votre temps, ce n’est pas la peine de précipiter les choses. Je... vais commencer, si cela peut vous rassurer.

Sans plus de cérémonie, elle dégrafa son soutien-gorge, révélant une poitrine ferme aux courbes élégantes, qui semblait jusqu’alors n’attendre que d’être délivrée. Puis, sans davantage de pudeur, elle fit glisser sa culotte le long de ses longues jambes, soyeuses et lisses. Son pubis était parfaitement épilé, hormis une fine bande de duvet soigneusement taillée, qui remontait délicatement de la fente intime de son sexe vers son nombril, sur deux ou trois centimètres.

– Que vous êtes ravissante, mon amour, murmura la voix chaude du mari, qui n’avait manifestement pas manqué une seconde de ce spectacle réservé à un public averti.

– Flatteur, rétorqua la Comtesse avec une pointe d’ironie. Si tel était vraiment le cas, nous ne serions pas ici. Je vous rappelle que je vais bientôt atteindre mes quarante ans, et que les affres de la vieillesse me guettent déjà.

Le visage empourpré par le caractère extrêmement intime de la scène, Eldria ne put toutefois s’empêcher de songer que, pour une femme d’au moins deux fois son âge, il émanait de la Comtesse une grâce naturelle indéniable, à rendre jalouses bien des jeunes femmes. Cela ne sembla d’ailleurs aucunement la gêner de dispenser ainsi ses charmes devant une parfaite inconnue, dont elle venait tout juste d’apprendre le prénom. Au grand dam de ladite inconnue d’ailleurs, l’attention du couple revint rapidement se porter sur elle :

– Bien, mon enfant, c’est à votre tour maintenant, lança la Comtesse d’un ton espiègle. Vous voyez ? La honte ne tue pas. Et rassurez-vous, nous n’avons aucune intention de vous manger.

Elle accompagna ces encouragements d’un clin d’œil malicieux. Eldria, pourtant, recula encore d’un pas. Cela ne dérangeait peut-être pas cette femme de se dévoiler ainsi dans le plus simple appareil, cependant, cela ne signifiait pas pour autant qu’elle partageait cette même facilité... surtout devant un homme !

Remarquant la gêne évidente d’Eldria – dont le regard anxieux s’orientait principalement vers son époux, toujours en caleçon près du lit à baldaquin –, la Comtesse comprit subitement le problème :

– Oh ! Chéri, pourriez-vous nous laisser seules un instant, je vous prie ? Il semblerait que cette jeune fille soit quelque peu... pudique.

– Ah, oui, b-bien sûr, bredouilla-t-il maladroitement. Je... je vais patienter à côté.

Sans plus tarder, il s’éclipsa dans la salle de bain attenante, laissant Eldria seule en compagnie de la Comtesse.

– Voyons, mon ange, que vous arrive-t-il ? demanda cette dernière avec douceur. Vous n’êtes donc pas habituée à vous dévoiler ? Vous savez, nous sommes toutes faites pareilles. D’ailleurs, vos charmes surpassent certainement les miens. Vous n’avez aucune raison d’être gênée...

À présent que le Comte n’était plus là, Eldria retrouva partiellement l’usage de la parole. Curieusement, elle pressentait que la Comtesse se souciait réellement de son bien-être, et qu’elle pourrait lui parler en toute sincérité.

– Qu-... que me voulez-vous exactement ? demanda-t-elle d’une voix chevrotante. Qu’allez-vous me faire ?

La Comtesse sembla momentanément déstabilisée.

– Mais... voulez-vous dire que l’on ne vous a rien expliqué ?

– Non.

– Eh bien... voilà qui est fâcheux, admit-elle en se mordillant nerveusement la lèvre inférieure. Je croyais que vous étiez habituée à faire... ce genre de choses. Vous savez, mon époux et moi avons dépensé une véritable fortune pour venir jusqu’ici.

Elle sembla soudain perdre toute son assurance, puis, levant les yeux vers le plafond, elle soupira d’un air résigné :

– Enfin... peu importe les dépenses. Pour vous répondre, ma chère : soyez rassurée, nous n’avons nullement l’intention de vous faire le moindre mal. Quelle idée ! À vrai dire, nous ne vous toucherons même pas. Je m’en porte garante ! Je défends formellement à mon mari d’avoir le moindre contact intime avec une autre femme que moi. Cela est contraire à mes valeurs, et bien évidemment aux siennes.

À l’écoute de ces paroles, la tension que subissait Eldria diminua légèrement. Son appréhension d’être impliquée, malgré elle, dans une sorte de... débauche à trois, sans aucune expérience, se dissipa enfin, la libérant d’un certain poids qui pesait sur son estomac. Néanmoins, cela n’expliquait toujours pas pourquoi elle se trouvait là.

– Mais alors... qu’attendez-vous de moi, finalement ? se risqua-t-elle à demander d’une voix fluette.

La Comtesse hésita, s’éclaircit la gorge, et finit par répondre avec embarras :

– Hem... voyez-vous, je suis quelque peu superstitieuse. Aussi... je préfère ne pas trop entrer dans les détails pour le moment.

Voyant Eldria froncer les sourcils, la Comtesse reprit précipitamment, comme pour chercher à se rattraper :

– Ce que je vous propose, c’est de tout vous expliquer après, lorsque nous aurons terminé. Pour l’heure, la seule chose que nous attendons de vous – et je vous en donne ma parole –, c’est que vous vous dévêtiez et que vous vous allongiez simplement là, sur ce canapé. Vous aurez toutes vos réponses par la suite. Je vous le promets.

Elle désigna du doigt le canapé noir qui faisait face au lit. L’étreinte au creux du ventre d’Eldria se renforça, comme si une main invisible s’amusait à comprimer douloureusement ses entrailles. Immobile, elle fixa longuement la Comtesse, dont la démarche semblait sincère et la gentillesse à son égard parfaitement authentique. Pourtant, ce qu’on lui demandait était loin d’être évident.

Que se passerait-il si, d’aventure, elle refusait ? À en juger par la bienveillance dont elle faisait preuve, la Comtesse pourrait éventuellement comprendre sa réticence. Mais pouvait-elle espérer s’en retourner tranquillement en cellule, sans conséquence, avec une simple tape rassurante de Madame Martone sur l’épaule ? Certainement pas. De toute évidence, cet homme et cette femme en provenance d’Eriarh étaient deux hôtes de marque, à la manière du vieux pervers invité la semaine dernière et dont elle aurait préféré ne jamais avoir fait la rencontre. Eldria savait pertinemment que sa malveillante geôlière aurait tôt fait de lui faire lourdement payer tout refus d’obtempérer.

Avec une sensation de vertige, tétanisée à l’idée de mettre Madame Martone en rogne mais soulagée par la promesse faite par la Comtesse de ne pas la toucher, Eldria prit une profonde inspiration, puis finit par acquiescer lentement du chef. Après tout, elle s’était bien vite habituée à la nudité entre filles, et plusieurs hommes l’avaient déjà vue dans des situations bien plus compromettantes que de devoir se montrer, nue, sur un canapé. Alors un de plus...

– Parfait ! se réjouit la Comtesse, retrouvant aussitôt son ton guilleret. Vous verrez, ce sera amusant !

Sous les yeux intrigués de son interlocutrice, Eldria se déshabilla à son tour, en essayant tant bien que mal de faire le vide dans son esprit. Une fois nue, elle sentit le regard appréciateur de la Comtesse la parcourir avec douceur :

– Comme je m’y attendais, vous êtes vraiment splendide, mon trésor. Vous n’avez absolument aucune raison de vous cacher.

Eldria rougit davantage et se tordit nerveusement les doigts. Avec une détermination soudaine, la Comtesse poursuivit sur un ton légèrement plus directif, comme si elle avait déjà une idée précise de ce qu’elle attendait :

– Bien, maintenant installez-vous sur le canapé, allongée sur le côté. Je vais rappeler mon mari.

Le vin était tiré, il fallait bien le boire. Eldria s’exécuta sans protester. Le contact du cuir froid sur sa peau délicate acheva de lui donner la chair de poule. Suivant les instructions, elle s’allongea de côté, face au lit, posant timidement la tête sur son avant-bras tremblant.

C’était une étrange sensation que d’être là, entièrement nue, exposée dans ce lieu luxueux. À peine une heure auparavant, elle croupissait encore dans la pénombre sordide d’un cachot, et voilà qu’elle se retrouvait désormais dans une suite somptueuse, probablement plus chère que la maison de campagne de sa tante et de son oncle, en compagnie de non moins que deux aristocrates bariolés, venus spécialement d’Eriarh.

– Oh, j’allais oublier ! s’exclama la Comtesse.

Elle se dirigea rapidement vers son sac à main posé près de ses vêtements, et en sortit une petite fiole remplie d’un liquide laiteux. Elle en but la moitié, avant de ranger aussitôt le précieux flacon.

– Voilà, déclara-t-elle enfin, nous pouvons commencer.

À son tour, elle s’étendit de tout son long sur le lit, prenant une pose légèrement aguicheuse. De là où elle était installée, Eldria avait une vue imprenable sur le dessus du matelas, et... sur son occupante qui ne dissimulait rien de ses charmes.

– Mon chéri ! lança alors la Comtesse avec enthousiasme, à haute et intelligible voix. Nous sommes prêtes et n’attendons plus que vous !

La voix étouffée du Comte résonna rapidement à travers la porte :

– Fort bien, je me hâte !

Un instant plus tard, la porte s’ouvrit et l’homme en sortit tranquillement. Il avait profité de sa retraite solitaire pour achever de retirer son caleçon, présentant sa complète nudité à son épouse et, de façon inédite, à leur invitée embarrassée.

L’espace d’une seconde, sans pouvoir s’en empêcher, le regard d’Eldria fut attiré par son pénis flasque, qui pendait mollement au cœur d’une épaisse forêt de poils noirs et gris. Elle détourna cependant rapidement les yeux et sentit ses joues s’embraser. C’était comme si, à chaque fois qu’elle tournait le visage vers le couple, une force implacable guidait inexorablement son regard vers cet attribut masculin fièrement exhibé. Décidément, elle avait vu plus de pénis ces derniers jours qu’elle n’aurait jamais imaginé en voir durant toute sa vie.

En pénétrant dans la chambre baignée d’un lumineux soleil automnal, le Comte posa tout d’abord un regard appréciateur sur sa femme, étendue sensuellement sur le lit, tandis qu’elle le dévorait d’un regard brûlant. Puis, il se tourna lentement vers Eldria, dont les courbes offertes à sa vue, sans filtre, ne manquèrent pas de captiver longuement son attention. Celle-ci baissa aussitôt les yeux en se sentant rougir, s’efforçant malgré tout de conserver une expression impassible. Elle dut par ailleurs réprimer l’impérieuse envie de couvrir ses parties intimes de ses mains, consciente que, au point où ils en étaient, ce geste ne rimait plus à rien.

– N’est-elle pas sublime ? susurra la Comtesse en contemplant elle aussi Eldria.

– Absolument, confirma le Comte dans un souffle, comme s’il venait subitement de manquer d’air.

Sans quitter Eldria du regard, il s’avança vers le lit et s’y installa aux côtés de son épouse.

– Une véritable déesse, reprit-il en tournant enfin le visage vers elle. Tout comme vous, ma chère.

– Oh, vous me flattez à nouveau.

À peine eut-elle prononcé ces mots qu’elle glissa sensuellement sur les draps satinés, jusqu’à positionner son visage à hauteur de l’entrejambe de son mari. Puis, comme s’ils étaient seuls dans l’intimité de leur chambre conjugale, elle empoigna sans préambule son sexe encore souple et le prit en bouche, fermant délicatement les paupières.

Eldria, qui avait déjà été témoin d’une telle scène un peu plus d’un an auparavant, n’en fut que partiellement surprise : à en juger par l’attitude naturelle de la Comtesse, c’était un acte commun pour une femme de... sucer le sexe de son partenaire. Toutefois, cela ne fit rien pour apaiser son trouble intérieur.

Pendant plusieurs minutes, on n’entendit plus que le bruit humide et évocateur de cette succion bucco-génitale. Le Comte, la main glissée dans les cheveux encore impeccablement coiffés de sa femme, observait alternativement le traitement appliqué à son propre sexe et le corps immobile d’Eldria, dont la présence semblait exercer sur lui une fascination certaine.

Finalement, au bout de quelques instants supplémentaires, la Comtesse finit par abandonner ses efforts labiaux. La verge du Comte n’avait pas gonflé d’un pouce... Sans perdre un instant, à la manière d’une cheffe qui ne désirerait pas voir sa sauce tourner, elle empoigna de nouveau ce sexe récalcitrant et entreprit cette fois-ci de le masturber énergiquement, utilisant la salive comme lubrifiant afin de faciliter le mouvement vif de ses doigts sur la chair rougeoyante. Eldria, dont l’expérience limitée se réduisait à de rares aperçus involontaires, remarqua cependant que l’opération ne produisait aucun résultat tangible, contrairement à ce qu’elle avait pu observer précédemment chez des hommes plus jeunes comme Troj, Aran, le soldat blond... ou Dan. Pourtant, la Comtesse n’y allait pas de main morte et redoublait d’efforts en secouant le poignet de bas en haut.

Au bout d’un certain temps, cependant, elle dut se rendre à l’évidence : l’homme, pour une raison qui échappait à Eldria du fait de sa méconnaissance du fonctionnement de l’anatomie masculine, ne semblait pas disposé à lui offrir une érection digne de ce nom. Résignée, la Comtesse se rallongea et haleta :

– Eh bien, ne sommes-nous donc pas suffisamment séduisantes à vos yeux pour susciter votre intérêt ? soupira-t-elle, visiblement déçue. Je pensais sincèrement qu’en venant ici, nous réussirions à dépasser votre... petit souci.

Le Comte eut l’air sincèrement navré :

– Bien sûr que si, répondit-il doucement. Vous l’êtes infiniment, toutes deux. Je suis désolé... Vous savez pourtant qu’à mon âge, ce genre de choses peut parfois s’avérer compliqué.

– Je vois... murmura simplement la Comtesse.

Elle reporta soudain son attention sur Eldria, qui, mal à l’aise, avait gardé l’espoir secret de rester ignorée en demeurant parfaitement immobile.

– Trésor, pourriez-vous avoir l’obligeance de vous caresser devant mon époux ? Vous l’avez constaté, il est... comment dire ? En panne d’inspiration.

Le visage d’Eldria s’empourpra subitement :

– C-comment ? bégaya-t-elle, abasourdie.

– Voyons, mon ange, vous savez comment faire, non ? Nous sommes tous les trois ici, sans rien à cacher les uns aux autres. Quel mal y aurait-il à cela ?

– Heu... je...

Eldria chercha un contre-argument solide, mais aucun ne lui vint à l’esprit. Après tout, ils avaient convenu qu’elle ne serait pas touchée, mais cela ne l’empêchait effectivement pas de se caresser elle-même. Quel que fût l’étrange objectif poursuivi par ce couple aux mœurs exhibitionnistes, Eldria y jouait manifestement un rôle actif. Et plus vite ils en termineraient, mieux ce serait !

Puisqu’elle avait déjà accepté tant de compromis pour éviter les représailles de Madame Martone, il semblait ridicule de tout gâcher par un soudain refus. Enfin, son raisonnement interne lui fournit une justification idéale : cela lui donnait une excuse valable pour masquer son intimité avec sa main, protégeant ainsi cette partie de son corps des regards insistants du Comte.

Elle ferma lentement les yeux et fit le vide complet dans son esprit, tentant de se concentrer sur ce qu’elle ressentait et sur ce qu’elle venait de voir. Elle ne put le nier, tout comme la dernière fois qu’elle avait assisté à une scène aussi érotique... cela l’excitait un peu. Mise en confiance par l’attitude avenante de la Comtesse, après une profonde inspiration pour apaiser ses nerfs, elle posa avec hésitation sa main sur son pubis frémissant et commença à l’effleurer du bout des doigts, omettant volontairement de songer que ses moindres faits et gestes étaient scrutés.

Huit jours après le rasage minutieux effectué par Salini, sa peau était encore globalement lisse, bien qu’elle perçût sous ses doigts tièdes les prémices de la repousse de sa pilosité naturelle. Délicatement, elle commença à se caresser en douceur, prenant soin toutefois d’éviter soigneusement la zone la plus sensible de son anatomie, afin de ne pas risquer de s’exposer davantage à la honte que provoquerait un plaisir trop manifeste devant ces parfaits inconnus. Pour le moment, elle simula simplement l’acte, gardant les paupières fermées dans une expression neutre. La dernière chose qu’elle désirait était de laisser échapper le moindre gémissement compromettant.

– Quelle sensualité... souffla la Comtesse, admirative. Vous êtes d’une beauté envoûtante.

Eldria entrouvrit légèrement les paupières et remarqua avec soulagement que sa petite comédie avait porté ses fruits : la Comtesse avait de nouveau pris le sexe de son époux en main. Celui-ci, pour sa part, ne quittait plus Eldria des yeux. Malgré sa gêne persistante, Eldria ressentit un certain frisson coupable à l’idée d’être ainsi contemplée dans une position aussi vulnérable. Personne ne l’avait jamais vue se livrer à pareille activité de son plein gré.

Cette démonstration, pourtant, eut le mérite de produire l’effet escompté : le sexe du Comte, jusque-là flasque, se redressa peu à peu avec une vigueur inattendue. Encouragée par ce soudain regain de vitalité masculine, la Comtesse intensifia le rythme de ses va-et-vient jusqu’à ce que, au bout d’une quarantaine de secondes, la verge fût vaillamment érigée en direction du plafond.

– Enfin, lança joyeusement la Comtesse, comme si on venait de lui présenter son met favori. Ne perdons pas davantage de temps. Vite !

Joignant le geste à la parole, elle se positionna rapidement à quatre pattes sur le lit, face à Eldria. Le cœur de cette dernière se mit à battre plus fort. Allaient-ils réellement... faire ce à quoi elle pensait ?

Pour la première fois de sa vie, elle s’apprêtait à être témoin direct de l’acte ultime unissant un homme et une femme. Longtemps, elle s’était interrogée, fantasmant souvent sur cet instant d’intimité absolue qu’elle avait si souvent imaginé durant ses moments solitaires. Déployant des efforts colossaux pour oublier momentanément son statut de captive, elle se concentra sur l’instant présent, retenant inconsciemment son souffle. Allait-elle être déçue, ou cela allait-il dépasser toutes ses attentes ?

Sans plus attendre, le Comte vint se positionner à genoux derrière son épouse, le sexe dressé avec impatience. Lentement, il écarta les jambes de sa compagne, empoigna fermement son membre désormais pleinement éveillé, et s’insinua doucement en elle.

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