24 · Les conséquences
Attention, ce chapitre comporte une scène d’abus sexuel dont la brutalité peut détonner avec le reste du récit. À tout moment, si vous ne souhaitez pas poursuivre la lecture, vous pouvez descendre tout en bas de ce chapitre pour plutôt y lire un résumé des évènements importants, sans les détails potentiellement choquants.
--------------------------------
Une nouvelle semaine s’écoula. Pour Eldria, le temps prenait désormais la forme d’une étrange routine dans sa nouvelle vie carcérale. À force de tourner en rond sans but précis dans sa cellule, elle en venait même à espérer avec une impatience paradoxale l’arrivée de son unique jour de sortie. Elle pouvait alors profiter d’un bain, accéder à des toilettes dignes de ce nom, mais aussi – et par-dessus tout – retrouver enfin la compagnie réconfortante de Salini et Karina.
Chaque jour passé dans cette solitude forcée pesait plus lourdement sur ses épaules. Combien de temps pourrait-elle encore tenir ainsi ? Pour ne pas sombrer définitivement dans la démence, elle s’astreignait à garder espoir, se répétant comme un mantra qu’elle devait demeurer forte, patiente, et que tôt ou tard, tout finirait par s’arranger. C’était là son seul moyen de ne pas perdre totalement pied avec la réalité.
Elle entretenait également le mince espoir qu’elle – ou l'une de ses deux amies – aurait bientôt la chance d’être sélectionnée pour quitter cet endroit sordide. Toutes trois s’étaient effectivement fait une promesse : celle qui sortirait mettrait tout en œuvre pour avertir les forces restantes du Val-de-Lune. Les horreurs perpétrées dans ce fort ne pouvaient demeurer impunies, il fallait absolument que la population soit alertée.
D’ailleurs, la prochaine désignation devait avoir lieu lors de leur sortie suivante. Même si Eldria refusait d’y placer trop d’espoir, elle savait déjà ce qu’elle ferait si le destin la choisissait : elle partirait à la recherche de son oncle Daris. Lui saurait quoi faire. Il avait toujours su quoi faire. Il en allait de même pour Yorden, le père de Salini, qui ne laisserait jamais sa fille subir plus longtemps ces traitements inhumains s’il apprenait la vérité.
Comme d’habitude, au petit matin, on vint chercher Eldria pour la conduire aux bains et comme d’habitude, elle y retrouva avec bonheur Salini et Karina. Cette semaine, on les avait dotées, comme le jour de leur arrivée un mois plus tôt, de petits rasoirs en métal ainsi que de mousse. Les trois amies comprirent immédiatement ce qu’on attendait d’elles : qu’elles éliminent une fois encore la fine pilosité qui avait timidement reconquis leur entrejambe. Eldria tint cette fois à accomplir elle-même cette tâche, ce qu’elle réussit avec une certaine fierté, malgré son inexpérience.
Une fois propres et apprêtées, les captives furent rangées cinq par cinq dans la vaste cour intérieure, devant l’estrade non loin de la porte menant à la salle commune par laquelle elles devraient prochainement toutes passer. Toutes, sauf une : elles étaient en effet sur le point d’apprendre le nom de celle qui aurait la chance d’être renvoyée chez elle.
Madame Martone, l’air plus revêche que jamais, vint se planter face à l’attroupement, entraînant derrière elle un silence aussi glacial que le fond de l’air. Salini, Karina et Eldria s'échangèrent un regard plein d’espoir. Elles se tenaient mutuellement la main. À trois sur une quarantaine de prisonnières, il existait une chance réelle que l’une d’entre elles soit appelée.
Sans plus de cérémonie, un garde s’approcha solennellement de Madame Martone en tenant l’habituel plateau d’argent sur lequel reposait le précieux billet libérateur. Une fois de plus, l’atmosphère devint lourde d’une tension presque palpable. Eldria sentit la paume de Salini se serrer un peu plus contre la sienne. La vieille femme saisit lentement le petit papier et fixa longuement le nom qui était inscrit dessus. Puis, après s’être visiblement délectée de les avoir suffisamment fait languir d’impatience, elle annonça d’une voix forte :
– Karina Meeval !
Le cœur d’Eldria manqua un battement. Avait-elle bien entendu ? Elle tourna la tête à toute vitesse vers son amie à la crinière rousse. Karina était bouche bée, pétrifiée, le regard toujours fixé sur l’estrade, comme si elle n’arrivait pas à réaliser ce qu’elle venait d’entendre. Ce fut Salini qui, la première, reprit ses esprits. Elle lâcha vivement les mains de ses deux amies pour se jeter au cou de sa compagne de cellule :
– C’est toi ! Tu as été choisie ! murmura-t-elle dans un sanglot étouffé, les yeux déjà embués d’émotion.
Depuis l’estrade, Madame Martone appela d’un ton mielleux :
– Venez ma chère. Vous allez retrouver votre famille.
Karina sembla enfin revenir à elle. Déjà, un garde s’approchait pour la conduire vers la sortie. Sans lui laisser le temps de prolonger davantage ses adieux, il s’empara de son bras. Karina tendit désespérément la main vers Eldria et Salini, qui ne purent que l’effleurer affectueusement du bout des doigts.
– Je reviendrai vous chercher ! leur promit-elle dans un souffle, avant d’être emmenée sous les regards envieux et résignés de ses semblables.
Quelques secondes plus tard, Karina avait déjà disparu derrière la porte située près de l’estrade. Eldria et Salini échangèrent un long regard, à la fois joyeux mais aussi... mélancolique. Tout était allé si vite. Certes, elles étaient heureuses pour leur amie mais, sans se l’avouer, aucune d’elles n’était dupe : malgré leur promesse mutuelle, qu’est-ce que Karina pourrait bien accomplir dehors, seule, dans un monde ravagé par la guerre ? Quels étaient les réels espoirs de la revoir un jour ? De quatre au début, leur groupe n’était désormais plus constitué que de deux personnes.
Maintenant que la sélection avait eu lieu, elles s’attendirent toutes à voir la porte de la salle commune s’ouvrir. Résignées, les captives entreprirent de se rendre vers l’entrée, mais Madame Martone leur ordonna de rester sur place. Elle-même n’avait pas bougé d’un pouce. À ses côtés, six gardes s’étaient avancés, portant avec peine une imposante structure en bois massif, qu’ils déposèrent sur l’estrade dans un vacarme sourd qui fit vibrer le sol de la cour. L’armature devait bien dépasser deux mètres de haut, et quatre chaînes métalliques pendaient depuis chacun de ses coins.
À la vue de cette sinistre structure aux allures menaçantes, Eldria frissonna instinctivement, sans pouvoir expliquer précisément pourquoi. Lorsqu’elle tourna la tête vers Salini, elle vit la même appréhension dans son regard. Un murmure inquiet parcourut l’assistance.
– Silence, lança sèchement Madame Martone. Je suis certaine que vous vous demandez ce que cela signifie.
Le calme revint, uniquement perturbé par la morsure glacée du vent d’automne. Eldria grelotta, mais ce n’était pas seulement à cause de la température : un sourire mauvais venait de se dessiner sur les lèvres fripées de Madame Martone, et elle savait désormais, par expérience, que cela ne présageait rien de bon.
– Voici ce qui attend chacune d’entre vous si vous avez l’audace de ne pas respecter nos règles, déclara la vieille femme d’un ton venimeux.
Elle fit signe à un garde resté près d’une grille :
– Amenez-la, ordonna-t-elle froidement.
Le soldat, plus grand et mieux protégé que les autres grâce à son armure complète et son heaume dissimulant entièrement son visage, ouvrit la grille d’un geste brusque et agrippa une jeune femme blonde qui se tenait juste derrière. Celle-ci, les mains ligotées et la mine affolée, était encore vêtue de haillons grisâtres, contrairement à toutes ses compagnes qui portaient désormais leurs robes colorées. Elle ne devait pas avoir plus de trente ans.
– Non, pitié ! supplia-t-elle entre deux sanglots. Je vous en prie, je regrette ! Je... je ne voulais pas ! Je ferai tout ce que vous voudrez !
Sans lui prêter la moindre attention, le soldat l’entraîna sans ménagement jusqu’à l’estrade, sous le regard médusé des autres captives. Eldria se souvenait de l’avoir déjà aperçue, sans jamais lui avoir parlé. Pourtant, en cet instant, elle ressentait une vive compassion pour elle, doublée d’une sourde inquiétude : qu’avait bien pu commettre cette malheureuse pour mériter pareille démonstration de force ?
L’homme la poussa brutalement sur le devant de la scène, à côté de Madame Martone, la forçant à rester debout face à ses congénères. Ébranlée, elle manqua de perdre l’équilibre et resta là, les poignets liés dans son dos, la tête basse, les joues ruisselantes de larmes. Madame Martone, semblable à un vautour rôdant autour d’une proie affaiblie, la contourna lentement en la détaillant avec mépris.
– Voyez, mesdemoiselles, cette jeune femme a vainement tenté de s’évader la nuit dernière. Nous l’avons retrouvée, lamentablement dissimulée sous un charriot près de l’entrée principale. Elle refuse encore de révéler les détails précis de son plan ridicule, mais nul doute que la punition que nous allons lui infliger lui déliera la langue.
– Je vous en prie... j’ai déjà tout avoué, pleura la captive. Je vous jure que...
– Silence ! la coupa sèchement Madame Martone.
Elle lui assena une gifle si brutale que la jeune femme faillit tomber à la renverse. Ses pleurs redoublèrent.
– Bien, continua calmement Madame Martone. Je tenais à faire de cette pauvre inconsciente un exemple, afin que vous compreniez bien que nulle ne sort d’ici sans que je l’aie autorisé.
Sur ces mots aussi tranchants que des rasoirs, elle fit un signe à l'attention du garde casqué, puis recula de quelques pas. Le garde approcha d’un pas décidé et, à la stupeur générale, dégaina lentement son épée, produisant un crissement métallique inquiétant. Eldria eut un soudain sursaut tandis que Salini, comme plusieurs autres de leurs consœurs, étouffait un cri de terreur en portant ses mains à sa bouche. Toutes redoutaient désormais le pire.
Son instrument de mort levé, passant dans le dos de sa proie sans défense, le garde abaissa sa lame et... se servit du tranchant pour déchiqueter d’un geste sec les haillons qui couvraient encore son corps frêle. Dessous, elle ne portait rien. La malheureuse, sous le regard atterré de ses congénères, se débattit quelques instants avec ses liens comme si elle cherchait vainement à se couvrir, mais sembla bien vite abandonner l’idée. Anéantie, elle finit par tomber à genoux, le visage vermeil, parcourue de frissons incontrôlables. Était-ce la fraîcheur ambiante ou bien la peur qui la faisait trembler ainsi ? Sans doute un peu des deux.
Le simple fait d’être ainsi dénudée et humiliée dans le froid, les bras attachés, devant des dizaines de regards féminins comme masculins, aurait pu constituer une punition suffisamment dissuasive pour faire passer l’envie à quiconque dans l’assistance d’échafauder la moindre nouvelle tentative d’évasion. Toutefois, le militaire de bonne carrure n’en avait vraisemblablement pas fini avec sa captive : il défit les liens à ses poignets, la força à se redresser puis, la saisissant par la taille comme un ballot de paille, la traîna jusqu’à la sinistre structure en bois érigée quelques instants plus tôt par ses collègues. Là, se servant des chaînettes métalliques qui y étaient fixées, il lui restreignit poignets et chevilles, dans une position visiblement très inconfortable qui la forçait à garder les jambes écartées et à pencher le buste en avant, sous peine de ne pas être en mesure de garder son équilibre déjà précaire.
– Pitié, non... implora la jeune femme tandis que sa poitrine se balançait dans le vide d’avant en arrière et qu’elle faisait son possible pour ne pas s’écrouler, évitant ainsi de se meurtrir les articulations du fait de ses attaches rouillées.
Madame Martone, qui n’avait pas loupé une miette de la scène, n’eut cure de ces plaintes étouffées :
– Parfait, commenta-t-elle avec satisfaction en se tournant vers son audience interdite. Préparez-vous à être témoin de ce qui attendra chacune d’entre vous si, par malheur, l’envie vous prenait de défier l’autorité.
Puis, s’adressant au garde en armure, elle adjura froidement :
– Procédez à la punition.
Une fois de plus, elle recula, semblable à une odieuse metteuse en scène prête à savourer son spectacle macabre. Le garde, dans le dos de sa victime impuissante, avait déjà rangé son épée pour la remplacer par un objet que, avec horreur, Eldria reconnut comme une imposante cravache de cuir sombre. S’il ne l’avait pas blessée avec son épée, il n’escomptait apparemment pas faire preuve de la même réserve avec ce nouvel instrument de torture.
Ce n’était pas tout : d’un geste habile, l’homme tira sur une lanière près de sa hanche, sous son plastron, ce qui eut pour effet, dans un grand fracas, de faire tomber au sol la partie métallique de son armure couvrant son entrejambe. En dessous, on put apercevoir le fin tissu gris de ses braies dont, bien sûr, il ne tarda pas à faire surgir sa verge veineuse. En quelques coups de poignet décomplexés, celle-ci atteignit bien vite son plein potentiel érectile. S'il avait, jusqu'alors, subsisté un doute quant à la nature exacte de la punition prévue, celui-ci était maintenant totalement dissipé.
Eldria ne pouvait distinguer le visage du garde à travers les fentes étroites de son heaume, mais elle aurait parié qu'il affichait le même regard malsain que celui du soldat blond lorsqu'il l’avait dévisagée quelques semaines plus tôt. Elle fut gagnée par une vive nausée, curieux amalgame de gêne profonde, de colère intense, mais aussi – et surtout – de compassion sincère pour cette pauvre martyre qui s’apprêtait à être fouettée et, selon toute vraisemblance, violée devant tout le monde. Prête à défaillir, Eldria préféra fermer les yeux et, dans une quête désespérée de réconfort, posa son front sur l’épaule tremblante de Salini. Elle refusait d’être témoin d’une telle abomination. Elle voulait partir loin, très loin d'ici. Mais par malheur, la voix glaciale de Madame Martone résonna une nouvelle fois à ses oreilles :
– Je vois que certaines parmi vous détournent les yeux. Comme c’est touchant... Je vais être claire : je veux que chacune d’entre vous assiste à ce qui va se passer. J’exige donc que tous vos beaux minois se tournent vers votre camarade, afin de bien apprécier la punition qui est réservée aux déserteuses. Toutes celles qui se soustrairont à cette obligation seront conduite ici pour y subir le même sort que la déserteuse. Suis-je bien comprise ?
Aucune captive n’osa lui répondre, le silence pesant étant à lui seul une réponse suffisamment éloquente. Pourtant sur le point de défaillir, Eldria consentit à rouvrir les yeux. Elle savait que Madame Martone ne proférait jamais de menaces en l’air, aussi devait-elle prendre sur elle et observer, impuissante, l’horreur en face.
Et ce qui se déroulait à seulement quelques mètres devant ses yeux écarquillés était digne de ses pires cauchemars : l’homme, la verge dressée, s’approchait de sa prisonnière enchainée. Celle-ci, face à la cour, continuait de supplier d’une voix éteinte qu’on la laisse tranquille, recherchant dans le regard de son public d’infortune un quelconque soutien. Malheureusement, celui-ci ne viendrait jamais : il était trop tard.
Sans une once de douceur, le garde la posséda par derrière, lui imposant le poids écrasant de ses coups de reins virils, la propulsant aussitôt en avant, jusqu’à faire distinctement craquer la structure entière sous la contrainte des chaînes profondément enfoncées dans le bois travaillant. La Sélénienne, le front pissé, poussa un petit cri de surprise contrit, comme si elle ne s’était pas attendue à être ainsi si promptement pourfendue. Elle eut à peine le temps de reprendre son souffle que, déjà, son agresseur lui asséna un violent coup de cravache sur son dos nu. L’écho sec du claquement du cuir contre sa peau exposée résonna dans toute la cour, lui arrachant un hurlement strident.
L’homme ne s’en amadoua pas. Au contraire : il intensifia ses mouvements brutaux, la besognant avec une cadence soutenue qui fit comme rebondir sa pauvre victime sur le métal blanc de ses jambières à chaque impact, remuant erratiquement ses seins pendus dans le vide, tels deux grotesques baluchons de chair pris dans la tourmente d’une tempête.
Ce n’était que la deuxième fois de sa vie qu’Eldria assistait, malgré elle, à un rapport intime entre un homme et une femme. La première fois avait d’ailleurs eu lieu à peine quelques jours auparavant, avec le Comte et la Comtesse de Filis. À son plus grand étonnement, cet acte charnel d’alors avait éveillé en elle le feu d’un désir inavouable, qui l’avait comme consumée tout entière. Pourtant, dans cette morne cour, tout était différent : avec le noble couple Eriarhi, il y avait eu de l’amour, de la passion... là, sur cette estrade morose, il n’y avait que haine, contrainte et décadence.
Au fond d’elle, Eldria se vit lever le poing, crier au scandale, faire stopper par la protestation non seulement cet acte ignoble, mais aussi tous ceux qui étaient pratiqués dans l’enceinte de ce fort. Pourtant, elle devait s’en remettre à sa raison pure, froide et calculatrice, dénuée de toute notion de compassion : elle n’en avait tout simplement pas le courage. Si elle se révoltait maintenant, ses semblables – à part peut-être Salini – ne la suivraient pas et elle se retrouvait, elle aussi, sur cette scène, abusée et suffisamment humiliée pour le restant de ses jours. Pousserait-elle les mêmes cris déchirants ? Y survivrait-elle seulement ?
Les claquements cinglants des lanières de cuir mêlés à d’aigus gémissements de douleur se répondirent en écho sur les murailles sombres les ceinturant. Privée de tous ses mouvements, n’ayant guère d’autre choix que de présenter son derrière en offrande, la malheureuse ne pouvait que subir les coups de triques répétés de son bourreau, qui ne faisait rien pour la ménager. Le rythme de ses assauts semblait d’ailleurs aller croissant tandis qu’il abandonnait enfin son fouet pour lui saisir plutôt les hanches à pleine poigne, afin de la profaner plus profondément encore. Au terme d’un ultime sursaut, lorsqu’il se retira enfin, un mince filet de sa semence glutineuse suinta depuis le bout boursoufflé de son gland à vif, similaire à celui qui s’écoula aussitôt d’entre les cuisses ouvertes de celle qu’il venait de déshonorer. En ayant de toute évidence terminé, l’agresseur fourra nonchalamment son membre encore humide dans ses braies et ramassa tranquillement, aux pieds de sa victime, la pièce d’amure qu’il avait ôtée quelques minutes plus tôt.
Ladite victime, la tête penchée, ses mèches échevelées s’effondrant en cascade vers les planches, semblait tout juste surgie d’un lac gelé tant elle tremblait. Pourtant, la peau de son dos brûlé était plus rouge encore que son visage tourmenté. Haletante, elle éprouvait visiblement des difficultés pour ne serait-ce que reprendre son souffle. Le sperme de son violeur continuait de s’épancher lentement depuis son intimité si cruellement bafouée.
Eldria pria pour que Madame Martone en ait fini avec cette pauvre infortunée. La punition s’était avérée des plus démonstrative, il ne faisait absolument aucun doute que le message était passé. Et en effet, la vieille femme arborait une expression d’intense satisfaction, comme si rien ne pouvait lui procurer davantage de plaisir que d’assister à une telle avanie. Pourtant, elle claqua énergiquement des doigts, faisant signe à un autre soldat, également paré de son armure, de monter sur l’estrade. Celui-ci obéit docilement, croisant dans les marches son collègue dont il prenait la suite. Avec horreur, elles l’observèrent toutes retirer lui aussi la pièce d’armure lui couvrant le sexe.
– P-pitié, implora une nouvelle fois la prisonnière entre deux sanglots.
Mais personne autour d’elle ne prêta attention à ses supplications. Le nouvel arrivant, après s’être impunément masturbé pour stimuler son début d’érection, s’empara de la cravache laissée sur place par son prédécesseur et en flanqua aussitôt trois puissants coups sur les fesses relevées de la jeune femme, déclenchant ses nouveaux cris aigus. La détonation brute de ces sévices sembla retentir dans tout le fort, et même jusqu’aux alentours. L’homme arqua ensuite légèrement les genoux et se cala contre les hanches qu’il venait de meurtrir. Sans tarder, il darda sa verge et la planta lentement entre ces cuisses soumises à son envie. Il la prit sans scrupule, alternant entre coups de fouet et coups de bassin, les douloureux gémissements reprenant de plus belle.
Face à cette vision indécente, Eldria dut luter de toute ses forces contre la tentation de fermer les yeux et de se boucher les oreilles. Jamais de sa vie elle n’avait assisté à quelque chose d’aussi dégradant. Malgré elle, ces images atroces lui rappelèrent le soir de son arrivée, quand elle avait elle-même manqué de justesse d’être violée par le grand militaire chauve avec un fouet. Elle frissonna en songeant qu'elle n'était alors pas passée loin de subir un sort similaire.
Le calvaire de sa consœur s’éternisa sur plusieurs minutes, qui semblèrent pareilles à des heures. À force d’être ainsi malmenée, la jeune femme s’était pratiquement tue, subissant en silence, plongeant la cour dans un calme morbide seulement brisé par le bruit de la chaire contre l’acier. Lorsqu’il jouit enfin en elle, il la tira violemment par les cheveux, la forçant brièvement à ramener la tête en arrière en lui arrachant un glapissement de détresse. De nouvelles gouttes blanchâtres coulèrent de son sexe, lui souillant l’intérieur des cuisses.
Toutes espéraient que la punition allait enfin en rester là. Elles se trompaient. Un troisième garde prit place sur l’échafaud.
– N-non ! Pas là ! s’égosilla la jeune femme blonde alors que le nouveau venu se positionnait à son tour dans son dos.
Il ne l’écouta pas plus que les autres et la saisit par la taille. D'abord son gland, puis finalement l'ensemble de son membre disparurent bientôt dans le bas-ventre de la malheureuse. Un hurlement perça les cieux, faisant s’envoler les quelques oiseaux qui batifolaient jusqu’alors gaiement dans les arbres. Elle continua de vagir tandis que l’homme entamait les habituels mouvements de va et de vient, avec de toute évidence plus de difficulté que ses collègues avant lui. Il cracha sur son propre sexe.
Avec effroi, Eldria aurait préféré ne jamais comprendre pourquoi la pauvre prisonnière enchaînée se contorsionnait soudainement avec tant de ferveur : son fourbe agresseur l’avait pénétrée... par l’autre trou. Choquée, elle plaqua les mains devant sa bouche. Elle n’osa pas la regarder par crainte de contrevenir aux ordres, mais même Salini, à ses côtés, semblait particulièrement troublée.
Comme ses collègues avant lui, l’homme éjacula dans les entrailles de sa victime en soufflant tel un immense porc en rut, lui griffant au passage le côté des fesses pour mieux la maintenir en place alors qu’elle se débattait. Et ce n’était pas fini : derrière lui, tandis qu’il se retirait à peine, un autre bourreau attendait tranquillement son tour. Apparemment nullement gêné de passer après ses compatriotes n’ayant aucunement pris la peine de nettoyer les traces de leurs passages, il prit leur place. Puis un autre, et encore un autre après lui, chacun n’hésitant pas à lui asséner de nouveaux coups de cravache partout sur le corps.
Finalement, après pratiquement une heure de supplice et à force de s’époumoner, la jeune femme finit par perdre connaissance. Son corps – toujours retenu par les quatre chaînettes – pendait désormais mollement au-dessus du sol. Pourtant, cela n’empêcha pas deux derniers Eriarhis de venir, chacun à leur tour, déverser eux aussi leurs fluides dans les entrailles de leur victime inconsciente, dont le corps basculait désormais tout entier d'un même bloc au rythme des coups de reins et de fouet qu'il subissait.
Ce ne fut qu’après tous ces viols successifs que, enfin, on daigna la détacher. Deux gardes vinrent retirer les chaines autour de ses membres, que le métal avait mordus jusqu’au sang. Toujours évanouie, ils la transportèrent, telle un vulgaire morceau de viande, vers la grille par laquelle elle était entrée un peu plus tôt.
Eldria eut tout juste le temps d’apercevoir d’importantes quantité de sperme lui maculer l’intérieur des cuisses et des fesses. D'inquiétantes contusions étaient également apparues sur son dos ainsi qu’à divers endroits de son corps. Toujours impuissante, elle ne put qu’espérer que les tourments de cette pauvre femme étaient finis... mais elle ne se faisait pas vraiment d’illusion.
--------------------------------
Résumé pour celles et ceux qui n’auront pas souhaité lire le chapitre :
Une semaine s’est écoulée. Eldria, Salini, Karina et leurs camarades prisonnières sont conduites dans la cour centrale, comme d’habitude. À la surprise des trois amies, Karina est désignée comme ayant le droit de quitter le fort. Elles ont à peine le temps de se dire au revoir que, déjà, Karina est emmenée hors de vue d’Eldria et Salini, les laissant seules, heureuses pour elle, mais tristes de la perdre. Elles craignent de ne peut-être jamais la revoir.
Elles s’attendent ensuite à être conduites dans le hall hebdomadaire, mais Mme Martone fait monter sur l’estrade une camarade prisonnière en piteux état. Mme Martone annonce que la jeune femme a tenté de s’évader, et entend faire d’elle un exemple pour prévenir toute nouvelle tentative de rébellion parmi ses captives, en la faisant torturer physiquement et sexuellement devant ses camarades.
Eldria et Salini sont révoltées mais, sidérées, elles n’osent pas intervenir, de peur de subir le même sort.
Annotations