Le dernier bataillon de renforts américains, composé exclusivement d’hommes grenouilles, arriva au niveau de la vésicule biliaire avec une bonne heure de retard. Le colonel tenu de les accueillir le fit sur le mode militaire:

- BANDE DE BIGORNEAUX DE FOND DE CASSEROLE !!! VOUS AVEZ MIS UN TEMPS DU DIABLE A VOUS RAMENER VOUS FOUTIEZ QUOI BORDEL ?? LES RUSSES APPROCHENT DÉJÀ DU COEUR !!

Le chef du bataillon de plongeurs lui rendit un regard torve:

- On nage dans la pisse depuis quatre heures, on a fait ce qu’on a pu..

Le passage par les urines n’est jamais une mince affaire mais s’avère très souvent une méthode efficace pour arriver au coeur au plus vite. Les points d’entrées ordinaires sont la bouche, le nez ou les oreilles, mais l’armée russes a récemment développé un système de bouchon artériels sur la base d’une bombe-à-glu, qui entrave le passage de la tête au reste du corps de n’importe quel groupe d’intervention. Dans ce type de cas, les plongeurs sont sollicités pour passer par l’urètre et rejoindre le plus rapidement possible les organes vitaux depuis la vessie. Le colonel repris de plus belle:

- Enlevez vos chaussons palmés à la con et suivez-moi, on doit faire vite !

Ils laissèrent leur matériel de plongée sur place et suivirent leur supérieur comme un groupe de poussins après leurs mère. Ils traversèrent de nombreuses veines dont les coagulants artificiels avaient rendu le passage possible. Au bout d’un certain temps à écumer différents couloirs écarlates, un brouhaha lointain se fit entendre:

- Les cinq sens au pouvoir ! Les cinq sens au pouvoir !

Le chef des plongeurs s’enquit auprès du colonel:

- On arrive déjà au coeur ?

- T’as pas révisé ton histoire-anatomique toi et tes poissons d’eau jaune ? On a même pas fini de passer le foie. Non, ça c’est pas le coeur de Donald crois-moi, c’est ces saloperies de globules blancs et leur slogan à la mords-moi-le-noeud.

Le groupe de nageurs pali. Ces fameux globules, bien loin des leucocytes naturels assignés à la défense immunitaire, sont des humains qui ne connaissent rien au monde extérieur au corps. Il y a de cela plusieurs années un groupe de soldats américains fut dépêché pour une mission de sauvetage du président des États-Unis. Leur objectif était alors la défense de son cerveau, après qu’un gaz transmis par un parfum français trafiqué spécialement pour attenter à sa vie, avaient permis à une troupe d’élite d’un groupe obscure Européen de s’infiltrer par son nez. Suite à ça, il fut décidé qu’un groupe armé serait assigné à la protection du corps du président de façon permanente pour éviter tout autre complication. Triés sur le volet, une fois assignés à leur poste il ne leur étaient plus possible de revenir au monde normal, car aucunes information concernant l’anatomie du président ne devait être dévoilée. Au fil du temps, il fut permis que leurs familles les rejoignent pour rendre plus vivable leur exil. Le seul problème auquel personne n’avait pensé, était que les enfants nés de ces unions et qui n’avait pas connu le monde extérieur, considérèrent le corps présidentiel comme leur terre natal. À ce titre, il créèrent le parti ultra violent des Cinq Sens et militèrent pour ce qu’ils appelèrent: l’intra-démocratie. En d’autres termes, le droit de vote pour les globules blancs.

- Que fait-on colonel ? Demanda le chef des plongeurs.

- On a pas le temps pour ces conneries ! On doit se rendre au coeur et ces puces de burnes nous bloquent le passage. On va contourner par le diaphragme.

A peine eurent-ils le temps de se mettre en route, qu’un groupe de globules apparu. Ces derniers ne cherchèrent guère à discuter bien longtemps, à la vue des soldats, ils se jetèrent sur eux sans sommation. Armés de pavés de cartilage et de barres d’os, leur assaut était désorganisé mais suffisamment brutal et inattendu pour créer la panique au sein du bataillon. Plusieurs militaires perdirent la vie dès les premières minutes. Dans ce chaos total le colonel et le chef des plongeurs furent séparés du reste du groupe qui ne tarda pas à fléchir sous le nombre toujours croissant de leurs assaillants. Ils s’enfuirent laissant derrière eux le son des hurlements des leurs. Loin du conflit, esseulés et sans défense conséquentes hormis leurs armes de service, il se concertèrent:

- Colonel, la parti est finie, il faut sortir du corps en Protocole-Césarienne et prévenir le quartier général qu’on a échoué..

- Quelle honte ! Bataillon d’étrons ! Plongeurs en pissotière !

Entre deux vers de poésie militaire, le chef des plongeurs sorti une radio et contact le quartier général. Quelques minutes plus tard, un tuyau en fonte transperça le plafond cartilagineux de l’alcôve dans laquelle ils avait trouvé refuge. Celui-ci comportait une échelle intérieur, qu’ils empruntèrent pour remonter à la surface. Une fois au bout ils furent prélevés par une pince, posés dans une cuve, et au contact de l’air ils gonflèrent progressivement jusqu’a reprendre leur taille normale. En face d’eux se trouvait leurs généraux, entourant le corps allongé du président des États- Unis, dont ils venaient d’être prélevés. Il était flanqué de sa femme qui leur demanda avec empressement:

- Alors ?? Les russes ont dégagé du corps de mon Donald ??

- Malheureusement non madame.. Les globules nous ont barré le chemin..

- Ah les cons !! Le Peuple et les Russes c’est la même chose, un vrai cancer !