Chapitre 4 - Attila

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Le chien monta sans rechigner dans la voiture à la suite de Louise. Il commençait à prendre l’habitude de ces boites exigües qui bougeaient. La première fois qu’on l’avait forcé à monter là-dedans, il y avait passé une éternité à lutter contre son estomac qui se rebellait, tout en restant sur le qui-vive, rapport à ces inconnus débarqués de nulle part qui les avaient emmenés, Louise et lui.

Mais depuis, à chaque fois qu’on le faisait monter dans un de ces trucs, c’était pour une durée beaucoup plus courte. Alors ça allait.

Le chien posa sa truffe sur le genou de Louise, fermant à demi les yeux en savourant le contact de la main douce qui lui caressait la tête et le cou, le gratouillant derrière les oreilles, juste comme il aimait.

De manière générale, ça allait.

Sa gamelle était remplie régulièrement, et les croquettes étaient bonnes. Même la viande était meilleure. L’appartement où Louise l’avait amené était plus grand, et on y montait par un escalier avec des fenêtres, qui sentait l’air frais, pas ces volées de marches interminables et sombres qui puaient la pisse, les odeurs de nourriture et une autre qu’il n’avait jamais aimée et lui grattait la truffe. L’appartement aussi sentait bon, d’ailleurs.

La femme qui criait tout le temps n’était plus là. Les hommes étaient plus jeunes, ici. Et personne ne semblait menaçant.

Attila veillait, tout de même. Pas question de laisser Louise seule, il la suivait partout, au cas où. Mais lorsqu’ils étaient dans la chambre où elle dormait, il se sentait plutôt en sécurité. Personne, jamais, n’y était entré ; parfois on entendait taper doucement deux ou trois fois contre la porte, et l’un des hommes jeunes parlait d’une voix gentille, sans essayer d’entrer, et Louise répondait de la même façon. Ou parfois, elle allait ouvrir la porte et il la suivait dans une autre pièce.

Lorsqu’ils allaient courir, chaque jour – ça n’avait pas changé – ils allaient soit dans un petit parc rempli d’odeurs intéressantes, soit dans un autre, plus lointain et beaucoup plus grand. Attila préférait celui-là : Louise détachait alors sa laisse, et jouait avec lui, le laissant courir et se défouler comme il l’entendait. Il y avait souvent d’autres chiens, là-bas, et aussi des enfants, mais Louise l’emmenait dans des endroits où ils étaient seuls.

En fait, le seul moment désagréable avait été la fois où l’un des hommes jeunes les avait accompagnés jusqu’à cet endroit qui sentait la peur et les produits qui piquent la truffe, et où un autre homme habillé d’une blouse blanche l’avait caressé gentiment en lui regardant les yeux, l’intérieur de la gueule et des oreilles, puis lui avait enfoncé un truc qui pique sous la peau. Oui, vraiment désagréable. Mais pendant tout ce temps, Louise était là, et l’homme en blanc leur parlait gentiment, à tous les deux. Alors, ça allait.

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