Chapitre 13

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Nous avons passé la journée à… faire l’amour. Bon, on s’arrêtait parfois pour manger, ou pour sortir Attila, mais l’idée est là.

« Tu es insatiable… » se plaignit gentiment Paul le soir.

« Non, en manque ! » répondis-je en souriant, gourmande. Il était nu, et je laissais courir mes mains et mes yeux sur son corps. J’avais envie de l’apprendre par cœur, de connaitre sa peau, ses grains de beauté, ses cicatrices, tout. Le contraste de ma main couleur caramel sur sa peau blanche me surprenait toujours.

Je fis glisser mon doigt sur son épaule, son bras, et m'arrêtai sur une cicatrice, la peau avait un grain différent, cela formait un drôle de dessin sur la peau.

« Qu’est-ce que tu t’es fait ?

_ Ça ? C’est… le chien de mes grands-parents. J’avais quatre ans. J’ai voulu jouer avec lui, lui prendre son os pour le lancer. J’avais vu mon grand-père faire ça avec un bâton…

_ Hmm. Et celle-ci ? » Mon index s’était arrêté cette fois sur son front, à la limite des cheveux.

« Oh, un poteau électrique : il a traversé la route. C’est ce que j’ai expliqué à ma mère, en tout cas… »

J’éclatai de rire, et lui aussi.

« Tu avais quel âge ?

_ Sept ans, peut-être. J’étais à vélo, on faisait la course avec mes frères, et je me suis retourné pour voir où ils étaient… »

J’imaginai sans mal la suite.

Je continuai mon exploration, et Paul s’y prêta de bonne grâce. Il n’avait pas d’autres cicatrices, ou du moins pas visibles, et je me concentrai sur ses grains de beauté – sur ce point-là, il était servi ! Il me laissa finir, puis voulut faire pareil avec moi, mais je le repousai d’un baiser :

« Il est tard, j’en connais un qui va s’impatienter. »

Attila remuait depuis un petit moment déjà, dans le séjour où nous l’avions laissé. La porte de la chambre était entrouverte mais il n’avait pas essayé d’entrer, je l’entendais seulement bouger, se lever, marcher un peu, aller se recoucher…

Paul me détailla longuement, examinant mon visage, mes yeux surtout dont il m’avait dit un jour qu’ils ne savaient pas mentir.

« Louise, pourquoi tu ne veux pas que je… »

Je le coupai à nouveau d’un baiser : « Un autre jour, promis. » avant de me lever pour m’habiller. Il me regarda chercher mes sous-vêtements, enfiler mon short et mon débardeur. Allongé sur le lit, un bras derrière la tête, il me déshabillait du regard à mesure que je me rhabillais.

« Tu ne viens pas ?

_ Non. Je crois que tu as besoin de te dépenser. Je veux dire, de courir, d’être avec Attila… »

Je souris, et je suis penchai sur lui pour l’embrasser encore. Il comprenait.

Comme j’allais passer la porte, il m’appela : « Louise ! Tu reviens, après ?

_ … Je ne sais pas. » Je baissai le regard. « Je… dans tous les cas, je repasse, j’ai des affaires qui trainent. »

Il se contenta de cette réponse, et j’ouvris la porte de la chambre.

« Tilou ! Viens mon grand, c’est l’heure. » Il avait été extrêmement sage depuis le matin, mais là nous avions besoin de courir ensemble. Une balade rapide autour du pâté de maisons ne suffirait pas.

Deux heures plus tard, un peu essoufflée, je toquai à la porte. Paul m’ouvrit, il avait son tablier de cuisine noué autour des reins, et une fourchette à la main. Attila se faufila entre nous, au moins il se sentait chez lui ! Je déposai un léger baiser sur les lèvres de Paul, qui ne suffit pas à effacer le petit air satisfait qu’il s’était collé sur le visage :

« Je prépare le repas. Tu es obligée de rester, maintenant que j’ai commencé à cuisiner !

_ Toi, tu sais parler à une femme… »

Il s’est marré en retournant à ses fourneaux. Je l’aidai, mais quand il voulut me prendre dans ses bras, je le retins gentiment : « Je suis toute collante, Paul…

_ Tu veux prendre une douche avant de manger ? » proposa-t-il, prêt à baisser le feu sous les casseroles pour m’attendre.

« Non, c’est bon. Si tu peux le supporter… Par contre, je vais rentrer chez moi, ce soir.

« Oh… »

Il était déçu, je le voyais bien.

« Je suis désolée, Paul. J’ai besoin d’être un peu seule. Ça n’a rien à voir avec toi. Et il faut à tout prix que je bosse.

_ Tu peux dessiner ici, si tu veux.

_ Ouais, on sait bien comment ça va finir, hein ! »

Dans un lit, à tous les coups… Il rit lui aussi, et on passa à table. Il n’avait pas tout à fait perdu espoir de me garder avec lui, mais je tins bon. Il m’aida à ramener mes quelques affaires et celles d’Attila jusque dans mon appartement, et comme il semblait avoir du mal à me quitter je m'accrochai à son cou – en me serrant un peu contre lui – pour lui murmurer à l’oreille :

« Va dormir, tu as besoin de te reposer. Parait que je t’ai épuisé… » Et, pour enfoncer le clou : « Reprends des forces pour demain…

_ Allumeuse ! » dit-il en partant, un sourire tendre au coin des lèvres.

Je nourris Attila, me fis couler un bon bain chaud, et avant de me coucher je regardai mes mails. Rien d’urgent, heureusement. Le lit me parut bien vide, sans Paul à côté de moi, mais en même temps c’était mon lit. Et j’avais besoin de mon indépendance, de me retrouver seule avec moi-même, aussi.

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