Chapitre 6

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Le huitième jour, en fin d’après-midi, on commençait à fatiguer et à chercher un coin où bivouaquer quand j’ai vu un panneau « camping à la ferme – 6 km ». Je n’ai pas eu à insister beaucoup pour que Clément tombe d’accord avec moi : ce serait pas mal de bénéficier d’une douche…

J’ai trouvé le numéro de téléphone – vive Internet et les portables connectés – et appelé pour demander s’il y avait encore de la place. On m’a répondu que nous étions les bienvenus, et une heure après nous passions le portail d’une ferme, avec chien, poules, vaches et tracteurs. Nous avons été accueillis par une petite dame âgée mais encore dynamique, en blouse et bottes de caoutchouc, qui sortait de l’étable.

Elle nous a montré le pré où nous pouvions planter notre tente, il y avait seulement un camping-car installé sous un arbre, et fait visiter le bâtiment contenant douches, toilettes, cuisine, et où j’ai repéré un lave-linge.

« Vous restez longtemps ?

_ Pour la nuit seulement, nous repartons demain. » a répondu Clément.

« Deux nuits peut-être ? On pourrait se reposer, faire une lessive… Ça fait une semaine qu’on marche, tout de même… » l’ai-je contredit. Il a convenu que ça pourrait faire du bien de se reposer, et on a payé pour deux nuits.

« Mais vous êtes à pied, vraiment ? D’où venez-vous ? » a demandé Yvonne, notre hôtesse. Elle a ouvert de grands yeux en apprenant qu’on venait de Clermont-Ferrand à pied, pour le plaisir, et que la semaine précédente, nous l’avions passée à arpenter les Alpes. Après nous avoir engagés à utiliser la cuisine, la machine à laver, et les prises électriques, elle est retournée à l’étable.

Je me suis précipitée sous la douche avant même de monter la tente. On finissait de planter les dernières sardines quand un side-car est entré dans le pré et s’est garé près du camping-car. Deux gamins et leurs parents en sont descendus. Nous avons fait connaissance un peu plus tard.

Nous avions fait quelques emplettes à l’épicerie d’un village un peu plus tôt dans la journée, et Yvonne et son mari Bernard nous ont vendu des œufs frais tout juste sortis du poulailler, du fromage et du beurre. Avec tout ça, on a improvisé un bon repas : pommes de terre sautées, saucisson sec et une belle omelette. Le tout préparé dans la cuisine, ça nous changeait de notre crapaud à gaz… Mais on a mangé dans notre vaisselle de randonnée, assis devant notre tente comme chaque soir.

Les enfants sont venus nous voir, curieux de nos gamelles en inox et de nos couverts de campeurs, posant vingt questions à la minute, de ‘pourquoi vous n’avez pas une caravane’ à ‘mais vous auriez pu manger dans la cuisine, il y a une table’. Clément se contentait de sourire tandis que je leur répondais – déclenchant automatiquement une nouvelle salve de questions. Finalement, leurs parents les ont rappelés pour les mettre au lit, et nous avons profité de notre soirée.

Le lendemain – œufs à la coque au petit-déjeuner, avec un verre de lait offert par Yvonne, directement du pis de la vache – on a lavé notre linge, puis on est partis se balader dans les environs. On est rentrés en fin d’après-midi et on a rangé nos vêtements propres et secs, puis je me suis installée à l’ombre d’un arbre, près de la tente, pour dessiner. Notre petite voisine est venue voir ce que je faisais.

« Oh, c’est joli ! Je peux l’avoir ? » me demanda-t-elle, du haut de ses quatre ans, en regardant la page où je venais de dessiner Attila, une fois de plus.

« Non Lola, celui-ci j’ai vraiment besoin de le garder. Mais si tu veux » proposai-je pour consoler sa déception « je peux te faire un dessin rien que pour toi. De quoi as-tu envie ?

_ Des poneys ! »

En souriant, je dessinai sur une page vierge trois jolis poneys derrière une barrière, avec un arbre, et une ferme en arrière-plan. Ensuite, je détachai la feuille et la lui donnai après avoir signé « Lou » dans le coin droit, et derrière « pour Lola » avec la date du jour. Je la regardai partir en courant, toute contente d’aller montrer mon gribouillis à ses parents. Sa mère est venue me remercier un peu plus tard, et m’a confié son intention de faire encadrer mon dessin, pour que Lola ne l’abime pas. Ça m’a fait sourire : ce n’était pas encore la gloire, mais j’aurais déjà une œuvre exposée quelque part !

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