Chapitre 34

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Lenka a filé dès l’ouverture de la porte, et nous l’avons suivie pour la retrouver couchée sur le canapé toujours recouvert d’un drap. Je soupirai : « Chien pourri-gâté… Ça ne va pas être de la tarte de lui faire comprendre qu’elle n’a pas le droit de monter sur le canapé en cuir… »

Clément se mit à rire, indulgent, et s’assit près d’elle en m’attirant sur ses genoux. Je m’installai sur ses cuisses, et passai mes bras autour de son cou tandis qu’il glissait les doigts sous mon débardeur. Je pensais qu’il voudrait qu’on parle, mais il avait visiblement d’autres projets… Il a posé ses lèvres sur mon épaule, et respiré dans mon cou. Il aimait l’odeur de ma peau quand j’avais pris le soleil, je le savais, il me l’avait dit souvent déjà. J’ai senti ses doigts se serrer imperceptiblement, autour de ma taille, et il poussa un petit soupir.

Bien-être ? Doute ?

Je penchais pour le doute, parce qu’il était plutôt du genre à exprimer le bien-être par un grognement extatique, en s’étirant. Alors, pour effacer ça, je cherchai ses lèvres. Mes mains autour de son cou, le bout de mes doigts dans ses cheveux, j’ai attiré son visage à moi et posé ma bouche sur la sienne. Il avait fermé les yeux, et lorsque j’entrouvris les lèvres pour avancer ma langue à la rencontre de la sienne, un petit gémissement s’échappa de sa gorge. Et il resserra son étreinte sur mes hanches, appuyant mon bassin contre lui, contre son ventre, contre son bermuda qui me semblait étroit à l’entrejambe.

« J’ai envie de toi, ma belle… » murmura-t-il entre deux baisers.

Sans un mot, j’ai resserré mes bras autour de son cou, et j’ai un peu mordu sa lèvre aussi. Puis, alors que je laissais glisser ma bouche le long de sa mâchoire, jusqu’à son oreille dont j’aimais suçoter le lobe, je sentis Clément bouger.

« Accroche-toi ! » prévint-il en se levant. Je poussai un petit cri strident, plus pour la forme que par peur ou par surprise, il se mit à rire et raffermit sa prise sur mes fesses. Bras et jambes noués fermement autour de lui, je le laissai m’emmener dans l’escalier, jusqu’à l’étage où il me déposa sur le lit, avant de se redresser :

« Merde… attends, c’est crade ici… »

En riant, on s’est levés pour secouer par la fenêtre le drap poussiéreux qui protégeait le lit, et le remettre dans l’autre sens ensuite. Était-ce vraiment plus propre ? Dans nos têtes au moins, c’était suffisant… et lorsqu’il a envoyé son T-shirt voler dans la pièce avec le mien, je n’ai plus pensé à la poussière. Juste à sa peau contre la mienne, à ses caresses et à ses baisers qui me faisaient perdre la tête… Fébrile, j’ai ouvert son bermuda, tenté de m’en débarrasser, puis j’ai laissé tomber, me contentant de passer une main dedans, sous son boxer, pour caresser ses fesses musclées, un peu rebondies, appétissantes.

On a passé vite-fait sur les préliminaires, pas nécessaires on était déjà bien chauds, et le lit s’est mis à protester. Clément s’est figé un instant, avant de reprendre, mais nous avons fini par éclater de rire. C’était nerveux, sans doute, mais les grincements du sommier au rythme de nos ébats… moi, ça me déconcentrait ! Déjà chez lui, sur son clic-clac, c’était pas terrible, mais là c’était le pompon !

« Bon, viens, on va finir en bas, c’est pas possible là… » proposa-t-il en se levant. Il tendit la main pour m’aider, et faillit s’assommer contre une poutre en reculant. Se frottant l’arrière de la tête, il regarda la poutre, moi, la poutre à nouveau, et m’attrapa par les hanches pour me soulever.

« A moins que… Tu arrives à te tenir, là-haut ? »

Je m’accrochai à la poutre, et croisai les chevilles derrière lui. Il retrouva sa place en moi, et commença à bouger son bassin, je ne saurais trop dire comment, j’étais surtout occupée à me tenir à la poutre. Mes doigts glissaient un peu dans la poussière, et il nous fallut un petit moment pour trouver nos marques, que Clément me soutienne différemment.

« Ça va, princesse ? C’est bon pour toi ?

_ Mmmmhm… oh, ouiiii…

_ Te lâche pas surtout, hein… » me rappela-t-il, ne me quittant pas du regard. Je fermai les yeux, paupières serrées dans l’effort pour maintenir ma prise autour de la poutre, et sans doute ai-je contracté d’autres muscles au passage, parce que je sentis Clément se tendre, ses mouvements se firent plus secs, et il colla son bassin contre moi, se maintenant au plus profond de moi, son corps agité de spasmes de plaisir.

« Je glisse ! Je vais tomber ! Vite !

_ Ça va, ma belle, je te tiens… » souffla-t-il en me tenant contre lui, en effet. Je m’accrochai à son cou tandis qu’il faisait les quelques pas nous séparant du lit, son sexe toujours en moi. Haletant, il me déposa sur le drap froissé.

« T’as pas joui ? » réalisa-t-il alors. Je hochai la tête de droite à gauche en souriant. Lui, si, et ça avait l’air très fort, il planait encore un peu…

J’essuyai mes doigts poussiéreux sur le drap, mais il arrêta mes mains et les bloqua au-dessus de ma tête : « Même pas en rêve tu te les fous dans la chatte, ma belle. J’ai pas envie que tu choppes une saloperie.

_ J’ai trop envie !

_ Laisse-moi faire. »

Je trépignais d’impatience tandis qu’il reprenait son souffle et ses esprits, mais dès qu’il posa ses lèvres et ses doigts sur moi, je me remis à gémir de plaisir. Il releva la tête : « Eh ben, t’es tout proche, on dirait…

_ Oui ! Continue ! » J’appuyai sur sa tête en même temps, et il reprit son ouvrage, faisant croitre les sensations dans mon corps jusqu’à m’arracher un cri entre deux respirations rauques.

« Vas-y, ma belle, tu peux crier, personne t’entend… » murmura-t-il avant d’y retourner, pour me faire gémir encore. Il m’a maintenue dans cet état un bon moment, je ne savais plus où j’étais, à peine comment je m’appelais. Je n’étais plus qu’un corps qui jouissait sans relâche...

Au petit matin, je me suis réveillée dans les bras de Clément qui dormait encore dans mon dos, une couverture sur nous, la chienne à nos pieds. Je ne me souvenais même pas de m’être endormie…

Je me tournai un peu pour regarder Clément, et mon mouvement le réveilla.

« Salut ma belle. Bien dormi ? »

Son sourire entendu me rappela l’orgasme magistral qu’il m’avait donné la veille. Il bougea pour me rapprocher de lui, et le lit protesta.

« Promets-moi un truc, Clé ?

_ Quoi ?

_ On change le lit, hein ? » Il explosa de rire pour toute réponse, et fondit sur ma bouche pour m’embrasser.

« On change tout ce que tu veux, princesse. Mais le lit, oui, ça s’impose ! »

Le sommier grinça encore un peu lorsque je me retournai complètement pour lui faire face et toucher le bout de son nez avec le mien. Il posa sa main sur ma joue, et on est restés comme ça un petit moment.

« Ça veut dire que tu es d’accord pour vivre ici ?

_ Oui. » Je souris.

« Tu n’auras pas peur ? On est loin du village, y’a pas de voisins proches… Moi ça ne me gêne pas, mais toi ? »

Je souris encore. Non, une maison isolée ne me faisait pas peur.

« C’était ça, ton plan, en fait ? Me donner tellement de plaisir que je ne peux pas dire non ? » le taquinai-je. Il rit.

« Y’avait pas de plan, ma belle. Mais ça s’annonce plutôt mieux que dans mon clapier : au moins, tu n’as pas fait de crise d’angoisse la première nuit… »

A mon tour de rire, un peu gênée. Mais il avait raison : je me sentais bien, ici, même si le parc était un peu en jungle et que la maison avait besoin d’un sérieux nettoyage. Ce qui n’était pas le cas dans son studio, depuis le début, comme s’il y avait de mauvaises ondes…

Quand Lenka se réveilla et vint nous faire des câlins, Clément se redressa :

« Allez, faut qu’on se bouge, je bosse ce matin et y’a de la route… »

On a ramassé nos habits par terre, embarqué le drap et la couverture pour les laver, et levé le camp, chacun dans sa voiture. C’est Nico qui fut surpris de me voir débarquer, l’air pas réveillée, affamée, vêtements froissés, à 8 heures du matin : il me croyait toujours chez Papa !

Laissant Meaza dormir, on s’est installés dans mon bureau. Assis sur mon lit de fortune – sac de couchage et matelas de rando – le dos calé contre les coussins que j’avais pris pour l’agrémenter un peu, mon frère et moi avons parlé à mi-voix. Je lui racontai mon passage éclair chez notre père.

« … et il m’a dit qu’il préférait Paul ! »

Nicolas se mit à rire, un peu jaune : « C’est bien le seul…

_ Pourquoi ? Tu ne l’aimais pas, toi ? » demandai-je, intriguée.

« Si ! » se défendit mon frère. « Je l’aimais bien, il était sympa. Mais Clément te convient mieux. »

Occupée à analyser ce qu’il venait de me dire, je ne répondis pas immédiatement.

« Sérieusement, Moustique. On s’est tous demandé ce que tu fichais avec Paul. Je veux dire, vous n’aviez rien en commun ! Je peux comprendre qu’il t’ait plu, c’est pas la question, mais je ne suis pas vraiment étonné que ça n’ait pas duré…

_ Mmmh… Mais pourquoi tu ne me l’as jamais dit ? » m’étonnai-je.

« C’était pas à moi de te le dire, Lou… D’abord, tu l’aurais sûrement mal pris, et tu aurais eu raison. Tu avais besoin de faire tes propres expériences, de te tromper peut-être… Mais depuis un an, depuis que tu es avec Clément… Tu es bien. Tu as l’air heureuse. Epanouie. Tu es comme apaisée, tu vois ? »

Je méditai ça quelques instants. En effet, apaisée semblait être le bon terme… Je ne ressentais plus le besoin de me dépenser sans cesse, de courir et de bouger. Cela faisait des semaines que je n’avais pas eu l’envie irrépressible, le besoin vital, d’aller me castagner avec Virgile sur le tatami- .quoique je retourne toujours au dojo avec plaisir. Je ne faisais plus, non plus, de crises d’angoisse aussi souvent qu’avant. La dernière datait de l’accident de bus de Clément, et sur ce coup-là, je m’accordais quand même des circonstances atténuantes… Oui, décidément, sortir avec Clément me faisait du bien.

« Pourtant, au début t’avais pas l’air heureux. » remarquai-je en repensant à leur tête, à Virgile et lui, quand Clément et moi étions partis en randonnée tous les deux, l’été précédent.

« J’ai surtout été surpris, Lou. Mais, tu te souviens ? Je serai toujours du côté de ton bonheur… »

Je lui souris, complice. Nicolas avait toujours su me faire confiance. Je posai la tête sur son épaule.

« Maintenant, je comprends. Je comprends vraiment.

_ Je sais. » souffla-t-il. Justement, Meaza bougeait dans la pièce voisine ; il a posé un bisou sur ma joue, et s’est levé pour aller la rejoindre.

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