Chapitre 38

3 minutes de lecture

Mi-juillet 2017

Le soir du 13 juillet, mes frères sont venus manger à la maison, on a fait à nouveau un barbecue dans le jardin. Puis, à la nuit tombée, on est allés jusqu’au village voir le feu d’artifice. Julia est restée à la maison avec les enfants : ils étaient vraiment trop petits.

A la première fusée, alors que nous avions tous le nez en l’air pour regarder les feux illuminer le ciel obscur, un cri a éclaté derrière moi. Me retournant, je devinai dans le noir Meaza, tremblante dans les bras de mon frère.

Merde ! On n’avait pas pensé à ça. C’est vrai qu’en y réfléchissant, les fusées pétaradant en série ressemblaient à des coups de feu… Nico m’a fait un signe pour me dire qu’ils partaient, et je les ai regardés s’éloigner dans la foule. On les retrouverait après.

« Ça va ? » m’a demandé Clément comme je me rapprochais de lui. Il passa son bras autour de mes épaules, il n’avait rien remarqué, la peur de Meaza, le fait qu’elle et mon frère n’étaient plus derrière nous. J’ai répondu oui et levé les yeux vers le ciel mais le cœur n’y était plus, je ne me sentais plus en phase avec la fête qui pourtant me réjouissait deux minutes avant. Les fusées étaient magnifiques, les couleurs scintillaient dans le noir, éclipsant les étoiles. Pourtant, ce feu d’artifice m’a semblé durer une éternité. Et dès que la dernière fusée a été tirée, lorsque le silence est revenu, que le ciel est redevenu obscur, j’ai sorti mon portable de ma poche. Un SMS de mon frère m’attendait : « Nous sommes à la voiture. »

Clément et Virgile avaient envie de rester un peu sur la place, de faire la fête. J’ai donc couru jusqu’au parking, retrouver Nicolas et Meaza. Assise sur un banc près de la 205 dans laquelle nous nous étions entassés tous les cinq pour venir, Meaza ne pleurait plus mais à la lumière du lampadaire tout proche on devinait ses yeux gonflés, ses lèvres tremblantes. Nicolas la tenait contre lui, l’entourant de son bras.

Je me suis assise de l’autre côté, et elle a tourné la tête vers moi en mordillant sa lèvre :

« Je suis désolée…

_ Ne t’excuse pas… Ça va mieux ?

_ Oui, un peu… »

Nico me regardait : « Où sont les gars ?

_ Partis s’acheter à boire, ils ont envie de rester un peu. Vous faites quoi ? Si vous voulez repartir, on rentrera à pied. »

Ils se sont concertés du regard, Nicolas avait envie de rester lui aussi, de passer du temps avec nous. Je sentais Meaza partagée entre l’envie de rentrer se coucher, se terrer sous sa couverture, et celle de lui faire plaisir. On l’a rassurée : plus de pétards, plus d’explosions, seulement de la musique. Elle a accepté de rester, et nous sommes allés retrouver Virgile et Clément qui faisaient toujours la queue à la buvette. Une fois servis en boissons, on s’est éloignés un peu de la cohue pour boire tranquillement, discutant tout en écoutant la musique. Meaza avait reconnu la Marseillaise, jouée par l’orchestre pendant le feu d’artifice : mon frère l’avait fait se concentrer sur la musique, qu’elle avait déjà entendue, en espérant qu’elle parviendrait à faire un peu abstraction du bruit des explosions. Et elle m’a posé des questions sur les paroles et leur signification qui lui échappait parfois. Je l’ai rassurée : même pour nous, français qui la connaissions depuis toujours, certaines tournures de phrases de Rouget de l’Isle n’avaient rien de naturel.

Après cela, les garçons ayant fini leur bière - pas terrible, d’après eux, nous avions bien fait de nous contenter d’un soda - nous nous sommes rapprochés de la scène et des danseurs. Le but était que Meaza passe un bon moment, qu’elle oublie la frayeur du début de soirée. Et Virgile l’avait déjà désignée volontaire pour garder les enfants l’année suivante : celui-là ne perdait pas le nord !

Serrée dans les bras de Clément, tout contre son grand corps chaud, j’ai fermé les yeux. J’aimais danser avec lui… je ne l’aurais pas cru, mais j’y prenais vraiment plaisir.

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