Chapitre 45

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Au milieu de la nuit, je me réveillai en sursaut, un peu nauséeuse, le cœur battant à tout rompre. Je m’assis dans le lit et attendis un peu le temps de reprendre ma respiration. Clément dormait à poings fermés à côté de moi, et je me levai le plus doucement possible, pour ne pas le réveiller. Je me glissai hors de la chambre et descendis l’escalier. Alors que je m’attendais à un accueil en fanfare de la part de Lenka, elle ne bougea pas. En fait, son panier était vide.

Je me servis un verre d’eau au robinet et m’adossai au plan de travail pour le boire. Un petit reniflement attira mon attention dans le salon, et je posai le verre pour aller voir : si c’était Lenka, elle faisait un drôle de bruit…

Je trouvai la chienne dans les bras de Meaza – mais oui, c’est vrai ! Nico et elle étaient restés dormir ! Elle était assise par terre, le dos appuyé contre l’accoudoir du fauteuil, et elle regardait la nuit par la baie vitrée.

« Toi non plus, tu n’arrives pas à dormir ?

_ Non… J’ai fait des mauvais rêves… » dit-elle à mi-voix en caressant Lenka qui l’avait adoptée et ne bougeait pas. « Je ne voulais pas réveiller Nick. » murmura encore Meaza. « Mais je n’arrive pas à me rendormir…

_ Moi pareil… » expliquai-je avant de lui proposer une infusion. J’avais un mélange de plantes agréable à boire, parfait pour une tisane tard le soir, ou au milieu de la nuit : il était 2 heures du matin. Ce que ne manqua pas de nous faire remarquer mon frère en nous trouvant sur le canapé avec nos tasses, quelques minutes plus tard.

« On n’arrive pas à dormir ! » Meaza et moi avions répondu en chœur, et on se mit à rire tous les trois. Nico se servit une tasse aussi, et s’installa avec nous. On a parlé doucement, de cauchemars et de stratégies pour se rendormir après, de psy, de tout ce qui nous tracassait.

Clément nous rejoignit au bout d’un moment, et s’arrêta en nous voyant tous les trois : il devait s’attendre à me trouver seule – sa tenue, un simple caleçon, le confirmait, et Meaza détourna le regard, un peu gênée.

« Hey, vous faites une after ? Vous auriez pu me prévenir ! »

Il se glissa dans le fauteuil en me prenant sur ses genoux, et Lenka vint nous rejoindre.

« Alors, qu’est-ce qui se passe, ici ? »

« Hmm, la rando va faire du bien à tout le monde, on dirait… »

Il avait en effet proposé une petite randonnée rien que tous les quatre, juste sur deux jours avec un bivouac. Nico et Meaza avaient préparé leurs affaires, trouvé de quoi équiper Meaza, et ils étaient revenus dormir à la maison pour partir de bonne heure demain matin.

Je me tordis le cou pour le regarder : « Tu penses vraiment qu’une randonnée ça résout tous les problèmes ? »

Il rit doucement et me serra un peu plus fort.

« Non, ça ne résout rien en soi… Mais c’est le moment idéal pour penser. Même à plusieurs, on est un peu tout seul avec son sac à dos. Loin de tout, de la vie de tous les jours, du travail, du téléphone et d’internet. Tu n’as que ça à faire, quand tu marches : réfléchir. Et puis on se retrouve à la merci de la nature et des éléments, on se souvient qu’on est tout petit, qu’on ne maitrise pas tout. Qu’on ne peut pas tout maitriser. On se remet en question. Ça permet d’avancer… »

Il nous laissa le temps d’enregistrer ça, avant de décréter qu’il était l’heure de dormir si on voulait partir demain matin.

Une fois seuls dans notre chambre, Clément m’attira contre lui et remonta le drap sur nous.

« Ça va, princesse ? C’était juste une insomnie, ou un cauchemar ?

_ Pas vraiment… Je ne sais pas trop, en fait. Ce n’était pas une crise d’angoisse, en tout cas. »

Mon frère avait raison : j’allais mieux depuis que j’étais avec Clément. Et dire que j’avais mis tout ce temps pour m’en rendre compte ! Je me nichai un peu plus contre lui, et fermai les yeux en respirant son parfum. Il embrassa mes cheveux en murmurant je t’aime.

Je me retournai pour la quinzième fois depuis qu’on avait éteint la lumière, et bousculai Clément au passage. Il grogna en se levant sur un coude pour me regarder dans la pénombre de la chambre :

« Ça va pas ?

_ Nan, j’arrive pas à dormir.

_ Tu as trop chaud ? Tu veux qu’on ouvre plus la fenêtre ?

_ Non, c’est… » Je soupirai en m’asseyant. « J’arrête pas de penser à ce que m’a raconté Meaza, et ça me remue… Je crois que… Clément, j’ai besoin de lâcher prise, tu veux bien m’aider ?

_ Euh… hein ?

_ Attache-moi… » murmurai-je en m’allongeant en travers du matelas, les mains au-dessus de ma tête près de la poutre.

La lumière s’alluma, la petite veilleuse au coin du lit qui émettait une lumière diffuse, tamisée. Clément était assis près de moi, et me regardait. Alors que le silence devenait inconfortable, il chuchota : « Lève-toi, ma belle. »

Je fermai les yeux en me redressant, déçue.

« Louise. » dit-il en me prenant par la taille pour me rapprocher de lui. « J’ai pas dit non, Lou. »

Ah bon ?

« Tu es sûre de toi, c’est vraiment ce que tu veux ? Maintenant ?

_ S’il te plait, Clément. J’ai vraiment besoin de ça, il faut que je dorme, et je n’y arriverai pas si je continue à penser, il faut déconnecter mon cerveau, là, je ne sais pas comment faire autrement… Même courir, ça ne suffirait pas…

_ OK. » murmura-t-il, le front posé contre le mien.

Il alla fermer la porte de la chambre à clé, et en revenant me dit doucement : « Viens ici, mets-toi à genoux au bord du lit. »

Je m’exécutai sans broncher, quoi qu’un peu étonnée. Il me demanda de fermer les yeux, et je le sentis s’activer en silence, puis il leva mes bras au-dessus de ma tête, et passa mes poignets dans des cordes qu’il avait dû attacher à la ferme, au-dessus de nos têtes.

« N’ouvre pas les yeux, Louise. Et rappelle-toi que tu peux tout arrêter d’un mot. Ah, et ton frère et Meaza dorment en-dessous : silence. »

Je hochai la tête, bien qu’il exagère un tout petit peu : la chambre d’amis n’était pas tout à fait sous la nôtre. Du moment que je ne criais pas, ça irait.

Les yeux toujours fermés, je sentis ses mains caresser mes bras, mon dos, puis elles passèrent devant moi tandis qu’il posait ses lèvres sur ma nuque. Je penchai la tête en avant pour lui laisser l’accès libre, il embrassait et mordillait mes épaules et ma nuque, tandis que ses doigts agaçaient mes tétons, pinçaient doucement la chair sensible de mes seins.

Je relevai la tête et la tournai pour l’embrasser, déjà hors d’haleine. Nos langues se mêlèrent en une danse sensuelle, et lorsqu’il descendit une main sur mon ventre, je retins mon souffle.

« Respire, ma belle… » murmura-t-il dans ma bouche. « Mmmmh, tu es déjà mouillée… Ça t’excite à ce point, d’être attachée ? »

Oh oui…

Il me caressa longuement, m’arrachant déjà des soupirs de plaisir, puis je sentis son gland glisser contre mes lèvres ouvertes qui lui montraient le chemin, et je dus faire un gros effort, me mordre l’intérieur de la joue, pour ne pas gémir plus fort. Pourtant, il se retira, bien trop tôt. Bien avant que je jouisse, et sans avoir joui lui-même.

« Noooon… » Il répondit à mon gémissement plaintif, par un « Chut ! » impérieux. Avant de se radoucir : « Désolé, princesse, je suis crevé, je ne vais pas assurer… Mais je vais m’occuper de toi, je te le promets. »

Lorsqu’il s’écarta de moi, le sentiment de froid et d’abandon me donna presque envie de pleurer, j’avais désespérément besoin de son contact, de sa chaleur, de son amour. Et de son sexe en moi !

Bientôt, je sentis à nouveau ses mains sur ma peau, son torse nu contre mon dos, son souffle dans mon cou. Et mon sex-toy s’inséra en moi lentement. Mais il y avait quelque chose d’étrange, il vibrait ! Et il y avait autre chose, qui vibrait, sur mon clitoris, et c’était nouveau, comme sensation, je me sentais bien, dans les bras de Clément, je lui faisais confiance pour me donner du plaisir. Et c’était en bonne voie, je sentais des vagues de chaleur prendre possession de mon corps, aller et refluer, petites pour le moment, comme des frissons. Mais je savais qu’elles allaient grossir, forcir, jusqu’à me submerger tout entière, et je me tendais déjà vers elles.

« Tout doux, ma belle, laisse venir le plaisir, ne sois pas si impatiente. » me dit Clément à l’oreille, et sa voix me fit chavirer un peu plus, je posai ma tête en arrière contre lui. Il me parlait toujours, de sa voix chaude et profonde qui ajoutait à mon trouble, et je sentais le plaisir venir, la boule incandescente dans mon ventre grossissait, et d’un coup tout s’arrêta. Plus de vibrations, mon ventre vide, un manque atroce.

« Nooon… Clément ! S’il te plait, j’ai pas joui !

_ Calme-toi, Louise, arrête de tirer, tu vas te faire mal aux poignets. »

Il me détachait les mains, et c’est vrai que ça tirait sur les bras, mais j’étais davantage préoccupée par mon désir inassouvi.

« Viens là. »

Il me reprit contre lui, mes poignets serrés dans sa main, son autre bras bloquant ma hanche tout en maniant le jouet qu’il glissa de nouveau en moi. Un hoquet m’échappa, et je me cabrai entre ses bras : c’était bon, si bon…

Clément s’employait à faire renaitre en moi les sensations qui m’avaient abandonnées d’un coup, et elles furent de retour, bien plus vite que la première fois. Puis, à nouveau, une insupportable interruption. Juste au moment où j’allais atteindre le point de non-retour.

« Clément ! Pourquoiiiiii ? »

Je me contorsionnais, prête à tout pour aller chercher le sex-toy et me donner moi-même ce fichu orgasme, qu’on en finisse !

« Tout va bien, Louise, fais-moi confiance. Je ne te laisserai pas dans cet état. Tu vas jouir bientôt, ma belle, je te le promets. »

Vaincue par les mots, je me laissai glisser dans ses bras, pantelante de désir et de fatigue.

« Pourquoi, Clément ? » suppliai-je dans un murmure. Il glissa sa langue dans ma bouche en même temps que le jouet revenait en moi, et il le cala à l’endroit qui me faisait le plus de bien, restant là sans bouger. Je ne savais même pas s’il avait augmenté la puissance des vibrations, ou si j’étais seulement de plus en plus sensible. Je voulais une seule chose : qu’il me laisse aller jusqu’au bout, qu’il ne s’arrête pas cette fois !

Ma prière fut exaucée, et je me cabrai sous les vagues de plaisir qui m’assaillaient, la boule chaude dans mon ventre explosait, mon cerveau semblait flotter loin au-dessus de moi alors que Clément lâchait mes mains pour poser ses doigts sur ma bouche et étouffer les feulements qui m’échappaient.

Il accompagna la lente redescente du plaisir, puis j’eus vaguement conscience qu’il me portait à moitié jusqu’à mon oreiller, embrassait mon front, caressait mes mains et mes bras, avant de glisser pour de bon dans un sommeil sans rêves ni cauchemars.

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