Chapitre 3: Il m'a fait mal
Je me réveillai doucement, ma petite chérie ouvrit ses yeux à ce moment-là aussi. Ils étaient bleu-gris... comme ceux d'Agathe. Je lui caressai la joue, descendis le long de son bras jusqu'à sa petite main et la lui ouvris. J'y glissai mon index qu'elle agrippa immédiatement.
Je rigolai, elle aussi. Un petit rire, adorable, un rire de bébé.
Elle lui ressemblait tellement, je regrettais presque qu'elle ne me ressemble pas à moi. Pourtant, je ne savais que trop bien dans quelle condition ma douce avait pu tomber enceinte, elle qui m'aimait tant. Je ne savais que trop bien qu'il lui était arrivé la même chose qu'à moi presque un an auparavant.
Un vieux souvenir: Un homme.
Je ne voulais pas me rappeler, je ne voulais me rappeller la suite. Mais la suite vint, s'imposant à mon esprit.
Un homme, le train. Un homme dans le train, le soir, le froid, la fatigue. Un homme dans le train, un soir d'automne. Un soir, peu importe lequel. C'était un soir de novembre. Un soir, je ne voulais pas savoir lequel. C'était un soir, le mardi 12 novembre, il était 21h07. Je me rappelle avoir regardé ma montre presque toutes les minutes, attendant avec impatience le départ du train. En face, il y avait un homme, à un mètre de moi, pas plus, peut-être moins.
Un homme, pas plus, peut-être moins. Son regard était posé là où il ne devait pas l'être. Sur mes seins. Je regardai ma montre. Un homme, pas plus, peut-être moins, là où il ne devait pas l'être, sur mes seins. Le train démarra, il s'approcha. Il s'approcha trop près, se pencha sur moi. Sur mes seins. Il s'approcha encore, il s'approcha trop près. Pas plus, peut-être moins. Je regardai ma montre. Il m'enleva mes vêtements et posa ses mains partout. Là où il ne devait pas l'être. Et posa ses mains partout. Sur mes seins. Il n'épargna pas une partie de mon corps, pas une parcelle de peau, tout y passa. Mon corps, il n'était plus à moi.
Je me rappellait de tout sauf de lui, son visage restait flou à jamais.
Un homme, le train. Un homme dans le train, le soir, le froid, la fatigue. Un homme dans le train, un soir d'automne. Un soir, peu importe lequel. C'était un soir de novembre. Un soir, je ne voulais pas savoir lequel. C'était un soir, le mardi 12 novembre, il était 21h07. Il y avait le tic-tac de la montre et il y avait l'homme, en face, à un mètre de moi, pas plus, peut-être moins.
Et puis il y avait ses yeux de démons, le tic-tac de la montre, ses yeux posés sur moi. Sur mes seins.
Il n'épargna pas une partie de mon corps, pas une parcelle de peau, tout y passa. Mon corps, il n'était plus à moi.
Ce jour-là, j'ai perdu mon honneur.
Ce jour-là, j'ai perdu mon bonheur.
Ce jour-là, il m'a fait mal.
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