Introduction
Assis seul dans le car, il regarde vers l’horizon. Autour de lui, un léger vent s'est levé, faisant frissonner les feuilles des arbres. Au loin, des voix semblent s'inquiéter sur leur terminus mais peu lui importait. Il recherche le silence.
À plusieurs kilomètres de là, se trouve une ancienne maison. Des rumeurs circulant depuis des décennies semblent indiquer qu’elle date des temps napoléoniens mais nul ne le sait réellement. En revanche, une information est sûre : elle est habitée. Bien que l’occupant soit des plus discret, tout le village était au courant.
Depuis six mois, la maison subit travaux sur travaux. Lorsque le propriétaire est arrivé, elle était en piteux état. Le jardin à la française d’autrefois a laissé place à une friche remplie d’herbes folles et d’adventices. Les barrières rongées par la rouille s'effondraient les unes après les autres, de même que les murets. De l’extérieur la maison semblait dans le même état désastreux. Porche à demi effondré, marches décrochées de leur socle, fenêtres si sales qu’on ne pouvait y voir son reflet, tuiles manquantes sur le toit… Les défauts ne manquaient pas. Pourtant un homme y a élu domicile et s’acharne à lui redonner une seconde vie.
Le car arrive dans le village de la maison. Les passagers descendent un à un sous les croassements des corbeaux. Aaron détache lentement ses yeux du paysage et descend à son tour. Dépassant les autres passagers, il se dirige vers une rue adjacente. Il sait exactement où il se rend. À l’ancienne maison. Engagé par l’actuel occupant, il occupera le poste d’homme à tout faire.
Avec son mètre quatre-vingt quinze, sa chevelure noire et ses yeux verts, il attire les regards des quelques passants. Les rues sont grises, sans couleur et semblent d’une tristesse et d’une monotonie affligeante. La maison perchée sur le haut de la seule colline, semble veiller sur les habitants.
Arrivé à la maison, il est accueilli par un homme d’environ quatre-vingts ans. Lui souhaitant la bienvenue, il se présente comme étant le propriétaire et se nomme Heath Wheeler.
L’intérieur est un total contraste avec l’extérieur. Propre et soignée, elle a gardé toute sa splendeur d'antan. Des tableaux et des bustes ornent les murs blancs du vestibule. Dans les pièces principales, tout semble dater d’une autre époque. Les meubles sont en bois massif parfaitement entretenus, les rideaux en une lourde tenture rouge contrastent avec les moulures des murs, des plantes fleurissent un peu partout et aucune technologie en vue. Seule une télévision à tube - une antiquité donc - trône dans le salon, face au canapé et au fauteuil. Un coup d'œil lui suffit pour remarquer qu’ils sont d’un cuir d’une excellente qualité et que le fauteuil, bien plus élimé que le canapé semble avoir servi de longues années.
Le tour fait, il se voit confier ses tâches de la semaine et sa chambre. L’homme lui semble d’une douceur extraordinaire mais aussi si fatigué…
Le soir venu, après avoir partagé un repas, les deux hommes se retrouvent dans le salon. Aaron partage son quotidien, sa famille et ce qu’il l’a amené ici, l’arrêt de ses études. Heath l’écoute en silence, jusqu’au moment où il évoque l’arrêt de ses études. Il lui demande pourquoi il a arrêté. Étudier l'aéronautique lui semblait passionnant et ne comprenait pas ce choix. Pour Aaron c’était simple : un manque d'intérêt. Il explique à son hôte qu’il s’est dirigé dans cette voie pour ses parents et ses amis mais qu’au fond de lui, il ne le souhaitait pas. Et un jour, il a lâché. Les résultats n'étaient pas là, il n’arrivait pas à socialiser, il n’aimait pas ses études donc il répondu à son offre. Aller dans un endroit perdu au milieu de nulle part lui semblait la meilleure solution pour repartir de zéro.
L’homme comprend son point de vue. Après plusieurs jours de silence à écouter parler Aaron, il lui proposa de raconter son histoire. Une histoire pour le moins étonnante, dit-il. Aaron, intrigué, accepte et promet à l’homme de ne jamais répéter ce qu’il s’apprête à lui révéler.
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