2 -

4 minutes de lecture

Monsieur Brault s’installe à l’arrière de leur Scénic.
« Je vais pouvoir étendre mes jambes. Je serai plus à l’aise »

Je lui sais gré de ne pas m’infliger des questions sur mes compétences en matière de conduite.
Finalement il n’est peut-être pas si « bas de plafond » que ça.
Il me demande seulement si j’ai déjà conduit ce type de véhicule.
« Oui Monsieur Brault »

« Appelez-moi Guillaume. Nous allons passer un long moment ensemble. Ce sera plus sympa »
« OK Guillaume »

Madame Brault ne desserre pas les dents. Mon retard du matin a vraiment l’air de l’avoir mise en pétard !
Si je veux qu’elle allume la mèche, il va falloir jouer serré !

Elle range les blousons sur la plage arrière de la voiture, et elle trouve une petite place dans le coffre pour mon sac de voyage.

Je me suis peut-être lancé un pari un peu trop gonflé. Finalement, si d’ici Brest j’arrive à commencer à l’apprivoiser ce sera déjà bien !
Non, non, mon petit Guillaume, ne baisse pas les bras si rapidement. Le challenge est dur à relever mais la dame a des arguments !

Outre le cul avenant, elle a une poitrine qui donne envie d'y poser ses mimines et même son visage renfrogné s’illumine quand par mégarde elle s’oublie à esquisser un sourire.
Je lui donne la quarantaine.
La quarantaine baisable.
Les premiers kilomètres, comme prévu, sont difficiles. Les routes sont encombrées et nous avançons au pas.

C’est surtout lui qui parle.
Du temps, de la circulation… des inconvénients d’être profs. Car j’avais bien vu, ils sont profs !
« Nous cumulons les handicaps. Avec nos petits salaires, nous ne pouvons partir que pendant les vacances scolaires, quand c’est le plus cher. Et en prime, avec la foule ! »
Et moi, je compatis bien sur. Je crois que si j’avais un kleenex j’en pleurerais tellement c’est triste !

Il semble prendre plaisir d’avoir trouvé en moi une oreille réceptive, alors qu’elle, me jette des regards plutôt circonspects !

Comme avec ses élèves, elle m'évalue.

Ils sont tous les deux profs d’anglais. Elle à la fac et lui dans un collège.
Et par leurs échanges j’apprends qu’elle se prénomme Carole.

Déjà une heure de route et nous avons à peine fait une cinquantaine de kilomètres !
Nous nous arrêtons pour un plein de carburant. C’est bien sûr moi qui m’y colle.
« Allez Cerise, à la pompe » a cru bon d’ajouter Guillaume !
Toujours aussi fin.
Si j’ai l’occasion je lui conseillerai de cotiser à la Matmut. Il colle plus avec Laspales !

Au moment d’aller payer, Carole nous propose de l’accompagner pour prendre un café.
J’accepte.
Guillaume décline « je vais me fumer une clope »

« Vous devez entendre toujours les mêmes âneries »
Installés chacun devant notre café, je suis surpris de sa remarque. Est-ce qu’elle considère son mari comme faisant partie des ânes ?

« C’est vrai que les discussions sont souvent les mêmes. Mais c’est le lot de la situation, les échanges sont toujours standardisés. Notamment au début de la prise en charge »

« Sans doute. Et vous faites des rencontres plus intéressantes que d’autres ? » Elle s’intéresse à mon boulot ! Ou bien fait-elle, elle aussi, dans la conversation standardisée ?

Son visage s’est adouci. Sans doute l’effet conjugué de notre proximité de l’instant, toute provisoire, et de la conversation amicale que nous entamons.

Yeux noirs, très légèrement maquillée, c’est vraiment un beau petit lot.
Pour le gagner il va me falloir un concours de circonstances !

A moi de chercher l’ouverture… ou de la provoquer.

« Oui. Je rencontre des gens vraiment curieux et il y a des situations insolites, cocasses, amusantes »
Je vois dans son regard qu’elle marque de l’intérêt.
« Quels genres de situations ? »

Je lance un appât :
« Les plus bizarres, c’est quand des femmes essayent de me draguer »

Une lumière s’allume dans ses yeux et son sourire devient plus large.
« Vraiment. Cela vous est arrivé ? »
« Oui, oui. Mais c’est toujours resté à l’état de drague »

Est-ce que cela la change des histoires de collégiens ou d’étudiants mal dégrossis, mais j’ai réussi à capter son attention par mon histoire bidon.
« Vous n’étiez jamais intéressé ? »

Je la regarde dans les yeux.
« Eh bien, disons que la dame ne vaut pas toujours le coup »

Elle rosit légèrement.
Un silence…
Elle détourne la tête.

Par la baie vitrée nous apercevons Guillaume appuyé sur la voiture, qui finit sa cigarette
« Je crois qu’il est temps de se remettre en route » finit-elle pas dire.

Nous nous levons et nous nous dirigeons vers la sortie. J’ouvre la porte et je m’écarte pour la laisser passer en posant, de façon naturelle, la main sur son épaule.

Elle me frôle.
Ma main descend dans son dos et glisse sur ses fesses.

Elle se retourne vers moi et avant qu’elle ait le temps de dire quelque chose je lui demande :
« Et vous, vous fumez ? »
Si ses yeux étaient des lasers, les rayons m’auraient désintégré sur place !
« Pardon ! »

« Heu… fumez…des cigarettes, je veux dire »

Elle me fixe, le regard noir.
« Des cigarettes ? …Non, je préfère les pipes »

Ça me cloue le bec !

Elle rajoute : « Mais je suis difficile sur le tabac, alors la prochaine fois gardez vos mains dans vos poches »

Et elle reprend son chemin vers la voiture.

Je suis scotché et reste à tenir bêtement la porte.
« Merci Monsieur, vous êtes bien aimable » Une personne âgée me tire de mon état second.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 6 versions.

Vous aimez lire valetdecoeur ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0